Si vous êtes fan de rap West Coast, vous n’êtes sans doute pas passé à côté de l’excellent Larry June. Son nom sent bon l’insouciance d’une nuit d’été. Le natif de la Baie de San Francisco, marche sur les traces de Dom Kennedy et s’offre actuellement un succès au rythme croisière. Ni tout à fait dans l’ombre, ni tout à fait dans la lumière, Uncle Larry sort pourtant des projets à faire tourner la tête. Tant par leur fréquence que par leur rondeur.
De fait, en un an à peine, il revendique environ 6 projets, parmi lesquels Cruise USA, Adjust to the Game, Product of the Dope Game, Out the Trunk, Mr. Midnight, et The Port of San Francisco. Pour la plupart, les morceaux qui composent ces multiples projets, ont tous une unité de style, permettant de les distinguer entre mille et ainsi de mieux cerner la petite entreprise Larry June. Car sur le fond, Larry June a un profil artistique comparable à celui de Curren$y. Notamment si l’on considère sa capacité à délivrer dans des temps courts, son sceau artistique atypique et enfin, sa nonchalance, façon vieux de la vieille. Les deux compères ont par ailleurs collaboré ensemble, notamment sur « Oranges on a Jet » ou « Mojito Music ».
Sur Cruise USA, Larry est toujours fidèle à lui-même. Etre ostentatoire n’est jamais une option chez lui, sinon sa marque de fabrique. Tout est ainsi résumé dans « Rolex Truffles », puis porté magnifiquement dans le clip « Green Juice in Dallas » où, à la trivialité d’une partie de Uno, s’oppose l’esprit raffiné d’une voiture de luxe.
Sorti mi-mai, Cruise USA, est une mixtape collaborative terriblement réussie. Pour les 8 titres, Larry June a fait appel au producteur très prisé, Cardo aka « Cardo Got Wings ». Sur ce nouveau projet, Larry June s’impose en chef de la ride, en offrant 25 minutes de chill où l’on se rêve à un barbecue, grisé par l’alcool. La mixtape s’ouvre sur « Green Juice in Dallas » où le rappeur harangue son pote Cardo et l’auréole de succès.
Sur ce même titre, on ne peut s’empêcher de voir une mise en abyme des plus habiles, lorsqu’il lâche “I was just gon’ do one verse, but Cardo, this beat too clean.”. La complicité est mimée jusque sur le beat, avec une bonhomie déconcertante. Comme si finalement, l’EP n’était qu’une franche partie de rigolade entre deux frangins. C’est d’ailleurs tout l’esprit de la cover où Larry et Cardo apparaissent aux volants de coupés-cabriolets, dans un décor désertique où l’on devine la Californie. Bien loin de l’esthétique visuelle du style « Boulevard de la mort », les deux rappeurs sont plutôt sur le boulevard du kiff.
De fait, Cardo est un producteur qui fait florès dans le rap game depuis quelques années. Déjà en 2016, il s’était démarqué avec ses contributions sur les singles « THat Part » de Schoolboy Q et « Levitate » de Kendrick Lamar. Plus récemment, le producteur était à la manoeuvre sur « Waze » titre issu de l’album Insomnia de Skepta, Chip et Young Adz. Enfin pour Larry June, travailler avec Cardo n’a rien d’une grande première puisqu’ils avaient déjà collaboré sur Mr Midnight. C’est donc un talent qui se mesure dans la réciprocité, tant Larry et Cardo se complètent parfaitement.
Larry June a San Francisco au cœur, au cas où vous en doutiez encore. Les quelques artistes qu’il invite sur le projet sont tous des artistes de Los Angeles ou des environs. C’est le cas du rappeur de Los Angeles, Dom Kennedy sur « Orange Juice Wit Dom », ou encore de Black C sur « Meet me in Frisco », mais aussi de Herm Lewis sur l’excellent « Still Learning » où les inflexions de voix nous rappelleraient presque Notorious B.I.G. Sur ce dernier titre, sans doute considéré comme l’un des grands incontournables du projet, Black C reprend quelques références du titre « She Neva Seen » du rappeur californien Mac Dre.
Le casting, autant que les titres des morceaux de Larry, sont de vrais dédicaces à S.F et L.A. En plus d’être capable de nous construire une ambiance phonique californienne, il parvient à réveiller l’imaginaire de tout bon auditeur, par des titres accrocheurs. Aussi, « Highway 5 Chronicles » est un clin d’oeil à l’une des plus belles routes de la Californie, reliant le sud du Canada à la frontière mexicaine et tout compte fait, on se verrait bien rouler sur ce son.
Cette passion West Coast, est incarnée jusque dans les textes comme sur « Meet me in Frisco » ou sur « Organic Tokens ». En plus d’incarner l’esprit « G-Funk » à plein, le titre est une déclaration d’amour métaphorique. Car, Larry June admet presque pratiquer une forme de chauvinisme, jusque dans ses relations avec les femmes « I like bitches from Brentwood (Brentwood) Oakland, ‘Frisco, to Inglewood (Inglewood) » tel qu’il l’évoque dans « Organic Tokens ».
Sur le fond Cruise USA est une mixtape solaire qui accompagnera votre été plus que de raison. C’est aussi une énième preuve du talent de Larry June, qui risque bien de rafler à Dom Kennedy, la carrière à laquelle il était promis.
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