KIRBY, itinéraire d’une Golden Lady
Kirby Lauryen dite KIRBY (aussi connue sous le pseudo Kirby Dockery) s’auto-proclame Granddaughter of Soul. Un surnom ambitieux qui rappelle, tout de suite, l’immortel Godfather of Soul James Brown, disparu en 2006. Difficile dans ces conditions d’être à la hauteur de l’appellation. Pourtant, la filiation existe bel et bien. Portrait.
Une bourreau de travail
Début 2020 (une éternité par les temps qui courent), KIRBY a publié son premier projet officiel, Sis. Mais la native de Memphis n’est pas vraiment une débutante et a de sérieux accomplissements à son actif. Interprète, musicienne, auteure, compositrice, KIRBY est repérée, d’abord, pour sa plume. En 2013, plutôt que d’attendre que le show-biz la remarque, KIRBY abandonne son boulot et se lance un défi : poster chaque jour sur YouTube, pendant une année, une nouvelle composition piano/voix. L’histoire est improbable mais KIRBY explique qu’elle n’avait tout simplement rien à perdre…
Je me suis dit : « OK, j’ai démissionné de mon boulot, j’ai vendu ma voiture et je suis retournée vivre chez mes parents : c’est la musique et rien d’autre ». Et je pense que quand tu ne te laisses aucune autre option, qu’il n’y a aucun plan B, alors tu te donnes toutes les chances pour réussir.
Son projet – titanesque – A Song A Day trouvera écho plus tôt que prévu. Au 275ème jour, Jay Brown, co-fondateur du label new-yorkais ROC NATION spécialisé dans la recherche de nouveaux talents, la signe. Et, on le comprend : comment laisser filer une créativité si débordante ?
Vous savez ce qu’on dit : les plus grandes idées et inventions naissent lors des temps difficiles. Et bien je pense que « A Song A Day », c’était exactement ça. […] Les tout derniers jours de décembre 2011, j’ai commencé à réaliser que si je ne commençais pas à faire un véritable effort, mes rêves ne se réaliseraient jamais. Et ça, je ne pouvais pas l’accepter.
Dans l’ombre des autres
Alors, du jour au lendemain, les opportunités se multiplient. Elle est partout. Elle participe, dès 2014, à la composition de chansons commandées pour des artistes pop comme Christina Aguilera (« Accelerate », « Twice »), Kat Dahlia (« Crazy »), Demi Lovato (« Tell Me You Love Me »), Ariana Grande en feat. avec Childish Gambino (« Break Your Heart Right Back »), Brandy (« Beggin’ & Pleadin’ ») ou encore Beyoncé pour une ode à sa fille Blue Ivy (« Die With You »)… Des opportunités exceptionnelles pour la jeune femme à peine sortie de l’ombre. KIRBY entre dans la cour des grands, par la porte principale.
La seule personne avec qui je suis encore en contact, c’est Brandy. Nous avons développé une relation spéciale et plus qu’une artiste dans ma vie, c’est un mentor.
La rencontre providentielle
En janvier 2015, son statut d’auteure-compositrice prend un tournant miraculeux. Elle participe à l’élaboration de LA ballade pop de l’année 2015 : « FourFiveSeconds ». Le morceau est calibré pour séduire les radios mainstream et réunit Rihanna, caution pop urbaine, Kanye West, pour courtiser les amateurs de Rap et Paul McCartney, pour un public plus âgé ; il faut bien l’avouer. Le casting XXL laisse rêveur. La chanson se placera 4ème du Billboard Hot 100 Singles.
C’était très intimidant, j’ai dû réécrire cette chanson plusieurs fois. Kanye me disait « Euh… non » et je recommençais. J’ai littéralement abandonné la fac à cause de College Dropout, ça m’a énormément inspiré. Donc je sentais que j’avais beaucoup à prouver quand j’étais dans la même pièce que lui.
Mais la chance poursuit KIRBY et l’aventure ne s’arrête pas là. Elle a acquis la confiance du très sélectif Kanye. En 2015 et en 2016, elle co-écrit deux chansons pour le kid de Chicago : « Only One », down-tempo autotuné écrit comme la lettre posthume de Donda West (décédée en 2007) à sa petite-fille North West (née en 2013), et l’efficace « Wolves » tiré de l’album The Life of Pablo, en duo avec Sia.
Au premier plan
En 2016, KIRBY a démontré sa légitimité à rejoindre ROC NATION. Elle peut voler de ses propres ailes et exposer enfin son patrimoine musical, le fleuron de la Soul, du Funk, du Jazz et du Disco : Otis Redding, Gladys Knight, Isaac Hayes, Anita Baker, Nina Simone… Finie l’époque où elle devait coller aux attentes d’un autre artiste, aussi prestigieux soit-il. KIRBY n’est plus une machine à tubes.
L’artiste adopte alors une image plus colorée et old-school, en adéquation avec les références esthétiques de ses pairs. Des looks glamour et flamboyants dignes d’une Diana Ross ou d’une Betty Wright (paix à son âme) aux sommets de leurs gloires… Elle publie son premier titre solo, « Loved by You », ballade portée par une guitare grasse aux accents Blues. Le morceau sonne comme un classique du genre. Une chanson d’amour déchu qui sublime la voix de KIRBY tantôt aérienne, tantôt craquelée. S’ensuivent des chansons du même calibre qui posent les premières pierres d’une carrière naissante : « Vain », « All My Love »…
Prête à prendre la lumière
Sis. sort donc le 31 janvier 2020. L’EP de 7 titres confirme qu’une bonne fée s’est penchée sur le berceau de KIRBY. « Leon » introduit, en douceur, une succession de titres groovy. Elle y clame son amour pour un certain Leon et prouve qu’elle est une vocaliste confirmée capable d’atteindre le whistle register comme son ainée Minnie Riperton. Sur « Kool Aid », elle se montre séductrice et se dit aussi sucrée qu’une confiserie ; le tout sur un rythme entêtant. Sur « Velvet », KIRBY (jamais à court de surprise) montre que sa palette vocale est variée. Elle y prend une intonation rocailleuse proche de celle de Macy Gray et ses mots sont peu articulés. Elle enchaîne avec « Apple », mid-tempo qui montre la largesse de ses influences musicales.
KIRBY peut toucher à tout et maîtriser différent style. Sur « Penny », elle pose sur un instrumental funky. Son message est clair : elle est indépendante, sûre d’elle et n’a besoin de personne. « We Don’t Funk » est définitivement notre coup de cœur car le revival 70’s y fonctionne à merveille. La conclusion, « Don’t Leave Your Girl », est un hymne à l’indépendance. KIRBY envoie valser un prétendant envahissant et l’invite à s’occuper de sa femme. Elle le répète : un homme serait de trop dans sa vie.
Ce premier essai est convaincant du début à la fin. KIRBY y impose un univers sonore riche qui la propulse sur la planète de musiciens nostalgiques comme Anderson .Paak, PJ Morton ou encore Mayer Hawthorne. On lui souhaite le même avenir que ces derniers. Elle a semble-t-il fait le même vœu. Affaire à suivre…
Mon but est de rendre la Soul Music cool à nouveau. Je veux que les enfants de 13 et 17 ans chantent des histoires, et pas seulement des fragments. Je veux qu’on entende ma musique lors des baby showers, à l’anniversaire de mariage de tes grands-parents et à la radio !