On se souvient tous avoir joyeusement remué la tête sur « Pursuit Of Happiness », qui passait en boucle un peu partout il y a déjà 5 ans. Néanmoins, le titre de cette chanson ne reflétait pas vraiment ce qui allait suivre pour le Kid Cudi… En effet, on s’énervait d’impatience il y a quelques semaines de ne pas voir sortir Passion, Pain & Demon Slayin’ quand la terrible nouvelle fut publiée le 5 octobre sur sa page Facebook.
Dans un verset d’une trentaine de lignes, Kid Cudi révèle avec sincérité le mal qui le ronge : la dépression et, au-delà de ça, l’envie qui n’avait jamais autant présente d’en finir. Il se dit honteux de faire cette révélation aux fans qui l’admirent mais ne peut manifestement plus dissimuler « la violente tempête qui se déchaîne dans son cœur en permanence » et s’est d’ailleurs, à ce titre, fait hospitaliser.
Honnêtement, il est peu probable que les gens aient été surpris par cette annonce. Au-delà du fait qu’il laissait entendre une descente aux enfers depuis plusieurs années, on associe assez bien le rappeur de Cleveland à cette mélancolie particulière qui se dégage de ses instrus et lyrics. La raison principale de ce mal être : c’est un mec qui ne sait tout simplement pas gérer la pression de la célébrité et ce depuis 2008, quelques temps après la sortie de sa mixtape A Kid Named Cudi qui l’a rendu célèbre, avec notamment le titre « Day ’n’ Nite ». Et ça ne s’arrangera pas par la suite quand il signera sur le label de Kanye West, G.O.O.D. Music.
Ainsi, à travers quelques titres de sa discographie (qui, soyons honnête, n’est pas vraiment une ode à la joie) nous avons tenté de décrypter de manière chronologique les prémices de cette dépression, qui n’a finalement jamais cessé.
Dans Man of the Moon, Kid Cudi parle de sa dépendance à la cocaïne et parlera d’ailleurs plus tard dans Man of the Moon II »> de comment il a vaincu cette dépendance par la consommation de weed. Avec les premières paroles de « Day ‘N’ Nite », Cudi annonce direct la couleur en expliquant son incapacité à trouver la paix intérieure.
« I toss and turn, I keep stressing my mind, mind
I look for peace but see I don’t attain »– « Day ‘N’ Nite«
Il récidive avec « Pursuit of Happiness » qui, sous ses airs enjoués, dénonce le mal-être qui se dissimule derrière cette envie incessante de faire la fête.
« 5 A.M., cold sweats waking’ up to the sky
Tell me what you know about dreams dreams
Tell me what you know about night terrors nothing »– « Pursuit of Happiness »
Dans Man of the Moon II, Cudi sort un de ses morceaux les plus sombres : « Mister Rager ». Il reviendra sur cette chanson au cours d’interviews en expliquant qu’il s’agissait de lui dans une période particulièrement auto-destructrice, en recherche perpétuelle de sensations fortes.
Une mixtape et un album confidentiel (WZRD) plus tard, Cudi sort son troisième album studio en collaboration avec pas mal d’artistes du label G.O.O.D. Music alors que, paradoxalement, il est sur le point de quitter définitivement le label.
Il en sortira l’excellent et enfumé « Just What I Am » avec King Chip. Le Kid y explique qu’il gère sa déprime et n’a pas besoin de passer par un psy, il complétera d’ailleurs ces propos dans une interview en disant qu’il ne croit pas à la thérapie.
“I diagnose my damn self
These damn pills ain’t working fam
In my spare time
Punching walls, fucking up my hand
I know that shit sound super cray
But if you had my life you’d understand”– « Just What I Am » ft. King Chip
Satellite Flight: The Journey to Mother Moon est un album surprise pour lequel Cudi annoncera sa sortie la veille pour le lendemain. L’accueil est mitigé face à ce nouveau voyage dans l’espace.
On y relève « Too Bad I Have To Destroy You », qui nous replonge dans ses pensées torturées et ses sentiments face aux critiques. La rancœur y est d’ailleurs accentuée par un flow mi-rappé mi-marmonné doublé d’une prod très dark :
« Middle finger up to the people who don’t like you
Who have no valid reason to say they never liked you »– « Too Bad I Have To Destroy You »
Il continuera sur sa lancée avec « Internal Bleeding », un morceau encore plus cafardeux, pour lequel le coeur saigne et les yeux pleurent des larmes de sang !
« I done tried it all, Tried it all, Hey
Done tried it all, I can’t stop this internal bleeding
And my heart is leaking, heart is leaking out »– «Internal Bleeding »
Scott Mescudi réitère l’axe artistique engrangé avec Indicud et Sattelite Flight avec son cinquième opus Speedin’ Bullet 2 Heaven, et se reprend les critiques de plein fouet. Pourtant, il y a un vrai parti-pris, très rock voir punk, mais on est très loin de l’univers de Man on the Moon et ça ne passe pas auprès de la grande majorité des fans et critiques.
Speedin’ Bullet 2 Heaven n’a pas la bienveillance de nous offrir un horizon final plus heureux que ses œuvres précédentes : la solitude, la résignation et la conscience terrible que nos démons ne nous quitteront jamais ! Grosse ambiance donc avec notamment le morceau « Wedding Tux ».
« Just an emotional slave slut
She push and pulls, uses me for what she needs
Just an emotional slave slut
Been tossed aside like rotting meat
While the maggots and vultures feast
I can’t wait to be rotting meat »– «Wedding Tux »
L’antinomie dans ce septième opus est que l’artiste avait avoué à un fan il y a plusieurs semaines qu’il n’y aurait aucune chanson sombre, “juste de la lumière”, et c’est pourtant l’album qui a fini par le faire interner.
On a tout de même hâte qu’il nous revienne et dévoile la suite de Passion, Pain & Demon Slayin’ qui pourrait être excellente au vu de la qualité du pénétrant « Frequency » et du plus festif « Surfin' ».
En tout cas, son rétablissement semble sur la bonne voie puisque le cudder est remonté sur scène à plusieurs reprises ces dernières semaines… Il a donné un concert début novembre au ComplexCon, accompagné de Travis Scott et Pharrell, pour ensuite faire une apparition surprise sur la scène volante du concert de Kanye West, alors que les deux semblaient embrouillés ces dernières semaines.
Coïncidence : Kanye est rentré en rehab dans la foulée… Si la dépression n’est pas contagieuse, il semblerait qu’elle soit inhérente à la vie d’artiste, et ce malgré le succès et la fortune.
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