S’insurger, se révolter, s’exaspérer… autant de mots pour décrire les réactions primitives des humains à l’ère des réseaux sociaux. Il est triste de constater que les initiatives les plus créatives et positives se trouvent être, à tort, sous le feu ardent des critiques d’individus qui n’ont que pour seul mérite de s’être connecté à une plateforme virtuelle. La dernière victime en date des chevaliers de l’ordre 2.0 est le brave Joyner Lucas. Ce talentueux MC signé sur le label Atlantic Records (talent et Atlantic Records n’étant pas encore un oxymore) attire les projecteurs sur lui à chaque sortie de clip. En effet, son travail musical et visuel porte constamment un message fort et poignant.
Dans sa dernière réalisation « I’m not Racist », mise en ligne le 28 novembre 2017, Joyner Lucas aborde avec intrépidité le sujet des tensions raciales aux Etats-Unis. Sont mis en scène un homme blanc fervent supporteur de Trump qui exprime la frustration des siens, face à un jeune afro-américain marqué par la souffrance d’une communauté injustement opprimée. En ressort un dialogue de choc qui met en évidence les clichés et les barrières opposant les deux camps. Une multitude de points sensibles sont abordés : l’usage du N-word, le mouvement « Black Lives Matter », l’impact de la culture hip hop, la politique sociale, la vente de stupéfiants etc.
Tous les éléments sont réunis pour que la discussion agitée se termine dans le sang. Pourtant, Joyner Lucas en a décidé autrement. En effet, au terme du premier couplet, après avoir vociféré sa haine déguisée, le profil type de l’américain blanc conservateur se dit curieux de savoir ce que son compatriote malgré lui, ressent. Ce dernier fait preuve d’une ouverture similaire en espérant que les deux puissent se manifester respect et compréhension. Une accolade conclut alors la bataille.
C’est à ce moment même que les chevaliers de l’ordre 2.0 ont enclenché leur marche militaire. Certains se sont offensés de la « fin facile et utopique » du clip. Ils ont clamé « la vision idéaliste » de l’artiste en l’accusant d’affaiblir ou de négliger la gravité du sujet. Ces propos m’ont amené au titre de ce papier. Pourquoi tirer sur l’ambulancier Joyner Lucas ? Oui, pourquoi blâmer un artiste qui mène le beau combat ?
N’oublions pas qu’une chanson ou un clip est un format relativement court. Dans un temps imparti, il faut réussir à transmettre une émotion, un message, une volonté ; à dépeindre une réalité parfois des plus complexes. Il est donc difficile de disséquer un thème et l’ensemble de ses nuances, en l’espace d’un track. De plus, l’âme artistique s’offre la liberté de transcrire des idées par le biais de symboles : le dénouement du clip de Joyner Lucas est une figure d’espoir, d’unité, lorsqu’il y a écoute et humanité.
En comparaison à celle d’un médecin, la contribution d’un ambulancier est peut être minime. Elle est pourtant essentielle, car elle permet à un blessé de gagner du temps sur une mort qui semble approcher à grand pas. A la manière d’un ambulancier, Joyner Lucas se hâte et fait le nécessaire afin que la discussion autour des tensions raciales continue d’exister. L’objectif étant de bouleverser d’autres acteurs plus qualifiés, ou de rassembler le grand nombre, et de les impliquer dans le parcours de soin. La société a besoin d’être pansée de ces maux que sont discrimination et racisme.
Chevaliers de l’ordre 2.0, cet article n’est pas une déclaration de guerre. Votre participation est essentielle pour dénoncer et attirer l’attention sur les malfaçons de ce monde. Vous régulez, dans bien des cas, la folie dangereuse de l’internet. Cessez alors de porter atteinte à votre crédibilité, en combattant les dernières lueurs de positivité qui brillent dans l’obscurité ambiante. Cessez d’attaquer les artistes qui utilisent avec noblesse une de leurs ressources vitales : leur créativité.
Pas de repos, on garde la même dynamique avec un beau programme de sorties. Denzel…
https://youtu.be/ji2lbYIB1gI?si=l9Ky5IGAm3Km-86V Si quelqu’un se posait encore la question de qui pouvait prétendre au titre de…
Tracklist de la semaine Titre Artiste(s) Album "FAUT PAS QU'ON VRILLE" RVMY (Single) "Ego" Josué…
Encore un programme de qualité côté sorties, à commencer par un nouvel album signée Ab-Soul…
Comment tu te mets à la musique? J’ai commencé la musique très jeune. À 3…
Un tag iconique, une patte reconnaissable entre mille et une formule qui navigue entre hits…