Plus de 20 ans maintenant après ses premiers placements sur les projets de Snoop Dogg, il ne fait aucun doute que Jelly Roll n’a pas forcément eu toute la reconnaissance qu’il méritait. Et pourtant, il a réussi au début des années 2000 le véritable exploit d’exister en tant que producteur West Coast au niveau mainstream, aux côtés des références que sont Dr. Dre et DJ Quik. Formé par une autre légende Californienne en la personne de Battlecat, c’est avec la prod « Party With A D.P.G. » pour Snoop que Jelly va lancer sa carrière et poser les bases de son style.
Grosses basses, caisses claires clinquantes, influences funk évidentes. C’est tout un univers que Jelly Roll va décider de mettre en place dans une période où le G-Funk vit ses ultimes instants et se cherche désespérément un nouveau souffle. Une patte rapidement reconnaissable remplie d’éléments en tout genre très marqués West Coast qui va vite faire le bonheur des fans de cette région. Pour compléter sa panoplie, il ne va pas hésiter non plus à prendre le micro sur ses productions pour livrer des refrains marquants dans la lignée des plus grands crooners habituels comme Nate Dogg, Kokane et Butch Cassidy.
Présent sur la plupart des projets de Snoop du début des années 2000, très proche d’Xzibit, adoubé par Dr. Dre et producteur préféré de The Game, Jelly Roll va donc se retrouver sur un certain nombre d’albums importants de cette époque. Une emprunte qui ne va pas se limiter seulement à la scène West Coast puisque New-York cédera également à son talent avec des demandes de Busta Rhymes, Jadakiss, Method Man, Foxy Brown ou encore du G-Unit avec Olivia et Lloyd Banks.
Extrait de l’album No Limit Top Dogg (1999)
Débutons logiquement par le commencement avec donc ce premier gros placement de Jelly Roll. Une production réalisée dans les studios de Battlecat et que ce dernier s’empressera de faire écouter à son ami Snoop Dogg. Le rappeur de Long Beach tombe tout de suite sous le charme de cette composition taillée pour son flow. Résultat, un sublime morceau qui s’inscrit comme l’un des titres piliers du 4ème album de Snoop. Une introduction de quatre mesures qui plante le décor West Coast avant l’arrivée de cette mélodie complètement entêtante qui porte le morceau du début à la fin. Cité deux fois dans le premier couplet de l’auteur de Doggystyle, Jelly Roll ne pouvait rêver meilleure publicité avec en prime l’honneur d’avoir plus d’une minute d’instrumentale pour finir brillamment ce titre. Une collaboration qui peut compter également sur un refrain accrocheur qui sample habillement une partie du fameux « Shining Star » d’Earth, Wind & Fire.
Extrait de l’album Man vs Machine (2002)
Derrière ce groupe se cache donc trois rappeurs talentueux avec Xzibit, Ras Kass et Saafir. Pour l’anecdote, le nom original de leur crew était Golden State Warriors jusqu’à que la NBA leur interdise pour des raisons évidentes d’utiliser cette dénomination appartenant à l’une des équipes de la ligue. Tiré du 4ème album de X To The Z, cette collaboration est peut-être ce que Jelly Roll a fait de mieux pour des MC’s de cette trempe habitués à martyriser le micro. Des rimes aiguisées sur un beat costaud porté par une ligne de basse dévastatrice qui réchauffe tout de suite l’atmosphère. Les trois rappeurs voulaient pour ce titre une production qui bounce, ils ont été visiblement entendus ! Finalement, l’une des trop rares collaborations d’un groupe très prometteur dont l’album ne verra jamais le jour…
Extrait de la soundtrack du film The Wash (2001)
Quelle meilleure façon d’être adoubé par Dr. Dre qu’en faisant l’ouverture d’un de ces projets. Avec le titre « On The Boulevard », Jelly Roll s’assure une nouvelle fois un placement XXL sur la soundtrack du film The Wash avec le duo Dre et Snoop au micro. Un morceau important à plusieurs égards puisque Jelly y fait une apparition remarquée sur le refrain dans un domaine dans lequel il excellera au fil des années. Chanteur avant d’être producteur, le natif de l’Oklahoma arrive donc à mélanger ses deux passions pour un rendu qui fera chavirer les fans d’un son West Coast en pleine régénérescence.
Extrait de l’album Tical 0: The Prequel (2004)
Changement de région maintenant avec un tour du côté de New York en compagnie de Method Man. Figure emblématique du Wu-Tang Clan, le rappeur de Staten Island a eu l’idée courageuse pour son 3ème album d’aller chercher des sonorités totalement différentes de ce qu’il nous avait habitué. Une prise de risque pas forcément payante, ni même très convaincante dans son ensemble, mais qui offre quelques bonnes surprises dont ce « Who Ya Rollin Wit ». Une allure très rythmée pour cette prod de Jelly Roll que Meth challenge sans trop grande difficulté, tout en n’oubliant pas de dédicacer son auteur : « I jam like L.A. traffic, Jelly Roll behind the wheel ». Au final, un très bon morceau qui se laisse écouter sans grande difficulté.
Extrait de l’album Tha Last Meal (2000)
On retrouve une nouvelle fois Snoop Dogg dans cette liste pour un morceau qui va connaître finalement deux vies. Une première sur ce 5ème album du rappeur de Long Beach et une seconde, l’année suivante, sur le projet Personnal Business de Bad Azz. Deux artistes qui vont donc se partager la garde de ce titre à l’impact mémorable et qui, malheureusement, est revenu sur le devant de la scène dernièrement avec l’annonce du décès de Bad Azz en 2019. Côté musique, encore une fois, la recette mise en place par Jelly Roll est redoutable avec une très forte identité West Coast assurée dans le refrain par Kokane et Lil ½ Dead. Pour ce titre, un clip sera même tournée dans le cadre de la promo de l’opus de Bad Azz pour lequel Jelly Roll produira également 5 autres morceaux. Pour revenir sur l’album Tha Last Meal de Snoop, vous y retrouverez aussi deux autres prods de Jelly avec les « Bring It On » et « I Can’t Swim ».
Extrait de l’album Kiss of Death (2004)
Pour ce morceau, Jadakiss n’a pas fait les choses à moitié en allant chercher le package Westside complet. Une production redoutablement efficace, encore une fois très représentative du style percutant et bouncy d’un Jelly Roll également présent au refrain. Et pour les invités, deux guest-stars locales avec DJ Quik et Snoop Dogg, pour un voyage direct vers la côte ouest. Une collaboration de haut vol qui ne brille peut-être pas par son contenu lyrical mais dont l’intérêt se situe finalement bien ailleurs avec cette vibe juste irrésistible !
Extrait de l’album Doctor’s Advocate (2006)
En convoquant le duo Tha Dogg Pound sur ce type de production, The Game ne pouvait pas faire meilleur choix. Charismatiques au micro, Kurupt et Daz se lancent aux côtés du rappeur de Compton dans un échange des plus rythmés où les intervenants s’entremêlent dans un plan à trois parfaitement exécuté. La production de Jelly Roll sur-mesure leur offre un terrain de jeu idéal pour du gangsta rap assumé en guise d’ADN musical. Un titre qui porte finalement très bien son nom, détonation assurée !
Extrait de l’album Full Circle (2006)
Xzibit et Jelly Roll ont toujours eu une alchimie particulière. Après avoir partagé ensemble une tournée mondiale au début des années 2000, les deux artistes sont devenus vraiment très proche. Déjà auteur de quatre collaborations sur les deux précédents albums de X, le producteur se retrouve une nouvelle fois réquisitionné sur le projet suivant où il occupe également le rôle de producteur exécutif. Parmi ces quatre nouvelles contributions sur cet album, difficile de ne pas choisir ce fameux morceau d’ouverture « Invade My Space ». Comme l’a déjà démontré le beatmaker à plusieurs reprises, sa présence au micro apporte une plus-value indéniable et lance parfaitement ce titre sur un piano-voix poignant. Arrive ensuite Xzibit sur un beat musclé qu’il apprivoise de la meilleure des façons. Une réussite pour un album sous-estimé sur lequel on retrouve également une autre collaboration marquante des deux compères avec le tout aussi excellent « The Whole World ».
Extrait de l’album Harms & Hammers (2011)
Avec ce titre du Strong Arm Steady (trio composé de Krondon, Phil Da Agony et Mitchy Slick), on retrouve une nouvelle fois Jelly Roll au refrain dans un rôle qu’il a appris à affectionner. Efficace dans un style smooth et laidback à souhait, le crooner colle parfaitement à l’ambiance de sa création sonore et donne le ton pour les couplets suivants. En effet, le style du refrain et le rythme de la prod forcent au final les trois rappeurs à adopter un flow particulier que chacun aborde à sa façon. Un défi lancé par le producteur que les rappeurs relèvent avec un certain entrain.
Extrait de l’album The Big Bang (2006)
Et pour conclure, certainement l’une des prods les plus emblématiques de Jelly Roll dans sa carrière. Le destinataire ? Un Busta Rhymes signé à l’époque sur le label Aftermath de Dr. Dre qui se servira donc de cette véritable offrande pour compléter sa déjà longue collection de love songs. Un duo avec au refrain la voix suave d’une LaToyia Williams qui excelle toujours dans ce genre d’exercice avec ce grain vocal unique si particulier. Le thème principal joué par une flute enivrante s’inscrit rapidement dans les têtes quand les quelques notes de basses placées ici et là nous rappellent la patte caractéristique de son auteur. Un titre dur à oublier au moment d’aller se coucher avec ces accords entêtants, voire obsédants, qui reviennent sans cesse. Du très, très grand Jelly Roll pour finir !
Et pour ceux qui voudraient fouiller un peu plus dans le catalogue de Jelly Roll, ci-dessous un listing de 10 autres titres qui auront marqué également sa discographie, allant d’une collaboration avec le groupe Tha Eastsidaz en 2000 à ce fameux « Death Row Chain » de The Game plus récemment.
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