James The Prophet évoque ‘Unimaginable Storms’, son nouveau projet
A l’occasion de la sortie de son deuxième projet intitulé Unimaginable Storms, James The Prophet nous a parlé de ses ambitions, de la conception de son album et de psychanalyse.
Le premier confinement fête bientôt son anniversaire et c’est un mauvais souvenir de cette période qui revient dans nos têtes en général. Quelques mémoires positives de ces mois étranges subsistent tout de même telle la découverte d’artistes comme James The Prophet. Adepte de la langue anglaise, le jeune homme s’est révélé sur Instagram avec de fougueux freestyles, allant jusqu’à être partagé par Booba. C’est une couleur ensoleillée que l’artiste a ensuite développé avec son premier projet nommé Summer Archives.
Depuis, James s’est montré comme un véritable OVNI en termes d’influences musicales. Prêt à sortir de sa zone de confort, il apprécie particulièrement des rappeurs comme Westside Gunn capable de kicker sur des beats d’une lenteur conséquente. Ce dernier lui a inspiré le tempo de son prochain album. On y retrouve un rappeur confiant, qui livre ses émotions à propos du monde qui l’entoure. James livre ainsi un album de qualité au fil conducteur paradoxal. Un projet axé sur les relations humaines et particulièrement sur une certaine psychanalyse.
Ton père a fréquenté Adam Yauch (Beastie Boys) lorsqu’il était au collège. As-tu toujours été bordé par le rap ou c’est quelque chose qui s’est développé avec le temps ?
C’est quelque chose qui s’est développé avec le temps. Je suis arrivé à Paris à l’âge de 13 ans et c’est là que j’ai commencé à m’y intéresser. Je faisais déjà beaucoup de graph auparavant donc cela m’a facilité mon entrée dans cette culture. Bien que mon père était proche des Beastie Boys, il a toujours préféré le rock au rap. C’est donc une passion qui s’est développée seulement chez moi et non par ma famille.
J’ai vu que tu partageais du contenu de MF Doom sur les réseaux sociaux. Quels sont les artistes qui t’ont marqué à travers le rap ?
Je suis un peu Old School. J’adore MF Doom, Nas, Outkast, Biggie mais j’écoute aussi des artistes comme Saba et Smino dans la nouvelle école.
Avec ce nouveau projet, te sens-tu prêt à passer un cap ?
Ouais, ça fait deux ans que je travaille avec mon label et que je suis à fond. Et puis petit à petit, je vois des portes s’ouvrir et je sens que je suis prêt. Je suis content car tout cela ne s’est pas fait du jour au lendemain. Tout va très vite, j’ai des featurings qui s’annoncent dont un avec Lord Apex prochainement.
Tu as bénéficié d’une exposition médiatique importante avec des passages chez Quotidien et Taratata, comment expliques-tu le fait que ces médias t’aient relayé aussi vite ?
La situation peut paraître un peu chelou c’est vrai. En fait, il y a eu un concours de circonstances. J’avais sorti une série de freestyles où je reversais tous les fonds à une association caritative. Mon label a donc poussé cet argument pour me promouvoir au sein de ces médias. A chaque fois cela se faisait à 2 ou 3 jours près car il y avait des annulations. C’est grâce au travail de mon label que j’ai pu bénéficier de ces opportunités en fin de compte. Certaines personnes ont pensé que c’était un grand complot mais il n’en est rien de cela. Ma famille n’est pas dans la musique, c’est juste une histoire entre mon label et moi et un peu de chance au final.
Peux- tu me parler du titre de ton album (Unimaginable Storms) qui est, entre autres, un hommage à ton grand-père ?
Mon grand-père était psychanalyste. C’était un homme très intéressant, qui m’a appris beaucoup de choses étant jeune. Je me souviens que quand je me comportais mal, il ne me grondait pas mais m’expliquait les raisons de mon agissement. Le titre du projet évoque aussi l’idée des perceptions des sentiments. L’idée de ne pas savoir ce que ressent son prochain, de se tromper sur sa situation mentale.
Ton morceau avec Kalash Criminel est très engagé. C’était une évidence pour toi de le ramener sur ce projet ?
Plus ou moins. De base ce morceau était un solo de ma part mais je n’étais pas satisfait de la plupart des parties. J’ai écouté Sélection Naturelle (le dernier album de Kalash Criminel) et je me suis rendu compte de la puissance de ses textes. C’était quelque chose qui était passé inaperçu à mon égard mais j’ai pris conscience de la force qu’il donnait. J’ai obtenu son accord pour un featuring et il a réalisé un couplet extraordinaire.
En tant que parolier anglophone, quel est le marché que tu vises le plus ?
C’est une situation très intéressante. Logiquement et dans mon cœur, je dirais les États-Unis mais c’est tellement difficile. Quoi qu’il se passe il faudra beaucoup d’investissements de ma part pour percer sur le continent américain. On commence à s’ouvrir aux States avec mon label mais il fallait avant que mon nom soit reconnu en France. J’ai d’ailleurs des concerts de prévus prochainement aux Etats-unis. On voit aussi que la France n’est pas fermée à ce style de musique avec des mecs comme Rilès par exemple. Donc ça va, je ne suis pas un OVNI.
Tu pars en tournée avec Mos Def à partir du mois d’avril. Est ce que tu réalises ?
Ouais j’ai réalisé car je suis vraiment dans ce truc old school. Certains de mes potes ne comprennent pas mais je leur ai fait réaliser le truc que je vais vivre. Pour moi, c’est incroyable. C’est malheureux que le COVID ait annulé cette tournée l’année dernière. Maintenant, je sais que cela va se faire et j’en suis ravi.