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Isha : « J’ai envie de parler d’autre chose que de mon spleen »

Isha a connu en l’espace de quelques années une seconde vie, et pas des moindres. Fort du succès d’estime des deux premiers tomes de sa trilogie LVA, le rappeur belge a pris une place énorme dans le cœur et les oreilles des auditeurs. Car derrière ses qualités d’interprétations et sa présence sur scène comme devant la caméra, Isha est aussi un artiste touchant qui a su émouvoir ceux qui ont visionné ce documentaire mettant en scène son échange avec un psy, dévoilant une sensibilité à fleur de peau bouleversante.

Il est donc normal d’attendre beaucoup du retour de ce talentueux artiste, qui semble avoir opté pour une voie différente de celle de ses compères belges. Celle d’une intégrité musicale et textuelle totale, sans compromis, d’une transparence envers son public sur ses émotions, ses peurs, ses doutes. Et le public ne s’y trompe pas, en sachant exactement quoi chercher en retour chez lui. C’est donc un artiste prêt à tourner une page importante de sa carrière que nous avons rencontré, et qui a accepté de revenir sur cette période récente, la conception de La Vie Augmente 3, son amour de la scène, ses casquettes de directeur artistique et de producteur, ainsi que sa relation si particulière avec son manager et ami Stan, également présent lors de cet interview.

BACKPACKERZ : Pour commencer, tu as participé à deux échanges portés sur ton état psychologique : Vice Therapy et Première Consultation avec YARD. C’était important pour toi de tester ce type d’expériences ?

Isha : J’ai toujours attendu ce moment où je serais invité dans une interview pour parler d’autre chose que de ma musique. Dans ma musique, je parle beaucoup de moi mais je trouve que les interviews sont vraiment l’endroit idéal pour compléter mes propos. Dans les morceaux, tu plantes des petites graines mais en vérité on pourrait en parler des heures, donc les interviews s’y prêtent bien. J’étais d’ailleurs moi-même demandeur : il y a un an et demi déjà, nous avions contacté Yerim pour organiser un interview de ce genre, mais ça ne s’est finalement pas fait. Et au final, quelques mois après, c’est venu à nous. Je cherchais vraiment quelqu’un qui pouvait me pousser dans mes retranchements. Il y a une interview qui m’avait marquée, c’était Lomepal, qui parlait dans une chambre d’hôtel de plein de sujets, et c’est à ce moment que je me suis dit que le rap était enfin ouvert à des formats différents. Sans ces interviews, je n’aurais pas pu réellement clôturé La Vie Augmente.

Qu’en as-tu retiré ? Est-ce que tu peux dire aujourd’hui que tu tu es libéré de tes démons, que cette période un peu noire correspond aux trois volets de LVA ?

Isha : C’est plus mon entourage qui pourrait le dire. C’est vrai que les retours qu’ils me font vont plutôt en ce sens en ce moment.

Stan : Je confirme que oui. La musique, les interviews ainsi que des changements dans sa vie qui font qu’aujourd’hui, Isha est beaucoup plus serein et positif.

I : Après, à l’intérieur, ça bouillonne toujours autant, mais je le gère beaucoup mieux qu’à l’époque. La thérapie passait par la musique et par les interviews car j’adore parler. Je pense qu’une page va se tourner, j’ai envie d’évoquer d’autres choses que mon spleen. A un moment donné, tu as tout dit, si je regarde de manière objective ce qu’il se passe autour de moi, j’ai pas mal de choses positives à raconter, j’ai envie de parler de bons moments avec mes potes, etc.

Tu ne veux pas avoir l’étiquette du rappeur qui trimbale son spleen…

Non. Et puis c’est le concept de La Vie Augmente. Le challenge, c’est faire augmenter la vie puis de passer à autre chose. Donc si je reste fidèle à ce principe, les objectifs ont été atteints et à présent, il faut parler d’autre chose.

Combien de temps t’a pris l’élaboration de LVA3 ?

Depuis la sortie du volume 2, donc un an et demi environ. “Magma” a été rajouté tard, il y a un mois et demi, mais certains morceaux ont plus d’un an. “Idole” a été écrit au Sénégal il y a bientôt deux ans.

Tu souhaitais à la base le sortir plus tôt. A quoi est dû ce retard ?

J’ai mis du temps à remettre le projet, et ensuite on devait commencer à clipper le projet avant même de l’avoir terminé, mais au final ça a capoté pour différentes raisons. A la base, on voulait faire tous les clips avec une même prod mais ça n’a pas tenu, ce qui explique en partie le retard de la sortie.

Qu’est-ce qui, selon toi, dans LVA3, a changé dans l’approche par rapport au LVA1 et 2 ?

Je l’ai réécouté hier, j’ai l’impression que j’ai plus chanté sur ce troisième volet. Là où je proposais “MP2M” ou “Rien” timidement, on peut aujourd’hui considérer que j’affirme plus le truc, que j’assume plus le chant, je maîtrise mieux l’autotune. Je pense que les gens vont comprendre que ces morceaux du volume 2 préparaient quelque chose. Pour l’album, je vais proposer encore plus de chant, j’ai des chansons où j’essaie de faire de bons chœurs, des harmonies… J’aimerais proposer un album avec 70% de chant et 30% de bon rap.


Isha vu par Sofiane Pamart

« Isha et moi nous sommes pareils. Lorsque nous créons, nous sommes des spontanés. Quand il m’a proposé le featuring sur « Décorer Les Murs », il m’a envoyé le son en même temps. Je lui ai renvoyé ma partie deux heures plus tard car j’étais en studio à ce moment-là et le morceau était fait. Nous avions déjà eu le plaisir de collaborer par le passé ensemble, sur le morceau « Clope Sur La Lune » et aussi à la Cigale, nous avions joué « La Vie Augmente » sur scène en version piano-voix. »


L’écriture à la première personne est vraiment une de tes marques de fabrique. Très peu de titres dérogent à la règle. C’est inévitable pour toi ?

Je pense que oui. Tout ce que je vois, c’est à travers mes yeux, même si souvent mon “je” peux vouloir dire “nous”.

Parlons du titre « Les magiciens » : sur une prod plutôt légère et dansante de Katrina Squad, tu abordes le sujet très sérieux de l’évangélisation forcée. C’est un sujet qui t’a marqué ?

Déjà, le thème me tenait à cœur, mon père était historien, il a écrit des livres sur le Congo belge. Ma mère s’intéresse aussi beaucoup à ça, toute la situation des Africains en Europe. Tout découle de ça : l’esclavagisme, les colonies, la langue, les pertes de repères et d’identité… ce qui nous amène à cette jeunesse parfois déboussolée. Je me sens hyper concerné par ce sujet. Même si ça date, j’ai l’impression de l’avoir vécu car j’ai été éduqué par des gens qui m’ont élevé comme des colonisés élèvent leurs enfants. Notre génération est encore hyper concernée, c’est encore tout chaud, je le vis à travers mes oncles, mes parents. Mon père a tenu à ce qu’on ait tous des noms africains par exemple, et cette histoire qui est la mienne, j’avais besoin de la romancer. Pourquoi ce nom de “magiciens” ? C’est quand tu vois tout le mal que la colonisation peut faire et qu’en même temps, il continue à y avoir un respect quasi religieux envers les colons, cela signifient que ces derniers agissent comme des magiciens ! Pour faire autant de mal à un pays et avoir autant de respect de la part des pays colonisés, c’est juste hallucinant. Ça va prendre du temps et je pense que ça va passer. Aujourd’hui on passe beaucoup de temps à dire aux blancs qu’ils ne sont pas supérieurs mais il faut aussi dire aux noirs qu’ils ne sont pas inférieurs, le travail est à faire partout.

© JuPi

Nous avions posé la même question à Dinos car dans ses textes la condition de l’Homme africain revient souvent. Toi aussi, c’est quelque chose qui te marque ?

Oui totalement. Je ne parle pas la langue mais pour autant, j’ai vraiment été éduqué et sensibilisé par des gens qui étaient au cœur de ces problématiques.

Avec Dinos justement, as-tu conscience que vous incarnez ces rappeurs qui ont une force d’interprétation supérieure à la moyenne ?

Ce que je réalise, c’est que Dinos est un des rares mecs pour qui je me dis, en écoutant ses morceaux, que j’aurais pu les écrire. Je vois des similitudes au niveau des références, il y a aussi chez lui une dualité qui résonne avec la mienne. C’est clairement un artiste avec qui je pense pouvoir facilement faire un projet collaboratif.

Un featuring du projet était plus inattendu : PLK. Comment s’est faite la connexion ?

C’est le genre de connexions qui se fait sur un concert. En l’occurrence, c’était au concert de JeanJass et Caballero à Bruxelles. Il était sur place, on a échangé, il m’a dit qu’il aimait bien ce que je faisais et qu’il aimerait bien faire un morceau avec moi. Ce n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd, j’ai attendu d’avoir un son qui me parlait, je lui ai envoyé et il a posé sa partie assez rapidement de son côté, nous n’avons pas eu l’occasion de bosser le morceau ensemble en studio.

Une autre connexion est beaucoup plus évidente, celle avec Sofiane Pamart. Comment s’est passée l’élaboration de ce morceau ?

J’ai du mal à travailler avec la personne présente. Si tu veux travailler avec moi, donne-moi le truc, on en discute et je sais ce que je dois faire. Donc je travaille toujours à distance. C’est intéressant car pour l’album, on prévoit justement de faire des résidences, donc peut-être qu’alors je me nourrirai d’une autre énergie. Mais pour le moment, je suis plus efficace dans mon coin.

Sur le travail du choix des prods, comment as-tu fonctionné ? Tu as reçu des prods ou ce sont de vraies collaborations avec les beatmakers pour chaque morceau ?

Je reçois des palettes de prods et je fais un gros travail de sélection. Je peux aussi écrire sur une prod que je n’aime pas réellement en me disant qu’on retravaillera la prod plus tard. En revanche pour l’album, j’imagine de réellement travailler en collaboration avec des beatmakers sur l’élaboration de chaque morceau.


BBL nous raconte l’élaboration du morceau « Bad Boy »

« J’ai rencontré un producteur qui s’appelle Twenty Two avec qui j’ai l’habitude de faire des prods, lui aux mélodies et moi aux drums. Lors d’une session, nous avons eu envie de tester un autre type de prod, plus dansant, plus pop même, sur laquelle on imaginait voir poser une chanteuse. Je connaissais déjà bien Isha pour qui j’avais pas mal produit sur LVA2, et un jour par hasard on se croise au studio, et c’était l’occasion pour moi de lui envoyer mes dernières prods en stock. Des semaines plus tard, le producteur d’Isha me demande si j’ai entendu ce qu’Isha venait de poser avec Green sur ma prod. Dès l’écoute, je me prends une claque, déjà parce que je ne les attendais pas en feat ni sur cette instru, et j’ai vraiment été surpris du résultat. Par la suite, on s’est revu pour finaliser ce morceau mixé par NKF, donc la qualité y est ! Nous sommes donc tous les deux avec Twenty Two très heureux de voir notre track sur le projet, en plus Isha et Green sont vraiment deux gros artistes. Tout ce que je souhaite à LVA3 c’est que le projet prenne le plus possible et que les gens apprécient ce track.« 


Un mot sur la pochette : quelle en est la signification par rapport aux deux premiers volumes ?

J’avais cette idée de base, mais j’ai été très surpris des nombreux retours d’idées, de croquis que j’ai reçus. L’idée, c’était que la radio de LVA2 était réalisée avant une opération à venir et donc la pochette de LVA3, c’est le résultat post-opératoire. Petit à petit, mon travail c’est d’affronter le monde comme un robot, d’essayer de rester froid, de ne pas toujours être comme une feuille trimbalée par le vent. Et ça annonce donc le changement à venir, avec cette page tournée par cette trilogie…

Tous les artistes n’ont pas la même relation avec leur manager, toi avec Stan c’est une proximité particulière, intense. Il est même ton backer sur scène. Tu peux nous parler de votre relation ?

On s’est connu vers 15-16 ans, on était deux rappeurs d’un groupe de potes. On a toujours évolué en parallèle, on avait le même studio, c’est mon ami de toujours…

Stan, de ton côté, accompagner ton artiste jusque sur scène, c’est quelque chose d’important ?

C’est le seul moment où je peux vraiment lâcher prise. Comme je suis toujours dans le calcul pour qu’Isha soit à l’aise dans son métier, je suis toujours en train de réfléchir à tout. Donc sur scène, je suis juste là pour rapper. D’autant que ça me parle, ce qu’il dit dans ses textes, je ne l’aurais pas aussi bien dit mais c’est très souvent ce que je pense, c’est comme si je l’avais fait, donc c’est un vrai moment de plaisir.

Du coup, est-ce que tes interventions lors de création de titres vont plus loin que celles d’un manager ? Est-ce que tu penses à la scène, à comment tu pourrais le backer par exemple ?

S : J’y pense en effet. Au bout de trois écoutes, je sais exactement quels backs je vais faire mais je ne l’influence pas du tout, il est son propre DA et je sais que, quand il écrit, il sait exactement comment ça va se passer, dans la structure, si c’est un bon morceau de live ou non.

I : Parfois, je suis surpris de la complicité. On fait les mêmes mouvements aux mêmes moments. Je ne te le dis pas toujours mais je trouve ça drôle de voir comment on réagit de la même manière sur scène.

La scène est importante pour vous : pensez-vous les morceaux en vous projetant sur le live ?

I : Sur un projet de 10 titres, c’est sûr qu’on va viser 2-3 bangers pour la scène.

S : Ses concerts ressemblent à ses projets. Il y a des moments où l’on va sauter tous les deux et des moments où je vais être en retrait pour le laisser en intimité avec le public, parfois sur pied de micro par exemple. Les concerts sont construits vraiment comme ses projets.

J’ai réalisé en assistant à plusieurs de tes concerts que tu as énormément de morceaux taillés pour la scène…

I : Oui, même les morceaux intimistes au final comme “Yipiya”, où j’essaie de faire de l’interprétation sur scène, où je ferme les yeux limite en transe, sont au final les morceaux qui rendent le mieux sur scène, alors que je ne m’étais pas du tout dit que ce serait celui-là.

S : D’ailleurs, tu as très souvent envie de ne pas jouer ce morceau…

I : Oui, car je veux faire ce titre sur scène uniquement s’il y a un bon éclairage et que les gens connaissent, c’est seulement là que je sais que ça va bien passer.

© JuPi

Vous êtes apparus tous les deux sur une campagne de pub Ralph Lauren. Comment s’est déroulée cette collaboration ?

Les marques sont de plus en plus présentes aux côté des artistes. Tous les labels ont une cellule branding et s’occupent de collabs avec les marques. C’est cool que les marques comme ça s’intéressent à nous, à notre travail.

Avec Green Montana qu’on retrouve sur le projet, vous semblez aussi très proches. Vous êtes des amis avant d’avoir le même manager et tu es en partie responsable de sa professionnalisation dans la musique…

I : Green faisait déjà sa musique dans son coin mais il n’avait pas encore conscience du talent qu’il avait, je lui ai trouvé un endroit où il pouvait enregistrer et se perfectionner puis on a décidé de le produire d’abord avec Stan et moi puis Sixt est venu en renfort car avec LVA1 puis LVA2 nous avons senti que nous serions vite débordés donc il fallait un troisième homme pour couver Green pendant nos absences. Au final, aujourd’hui c’est Sixt son DA et nous avons crée notre label North, et on a commencé à bien se répartir les tâches entre nous. Dernièrement, nous avons eu le deal avec 92i.

S : Isha reste producteur et co-DA de Green avec aussi Booba qui est maintenant rentré dans la boucle.

Son projet arrive prochainement, doit on s’attendre à te retrouver dessus comme lui est sur le tiens ?

I : Non. C’était voulu même avant l’arrivé de B20, je ne voulais pas être dessus car j’estimais qu’il fallait quelqu’un de plus gros avec plus d’exposition. Maintenant avec Booba, on a ce qu’on veut donc c’est différent. C’est juste un talent que j’ai croisé, que j’ai eu envie de produire et qui m’a donné envie d’être producteur. On a déjà d’ailleurs d’autres artistes sur lesquels nous sommes déjà en train de travailler pour la suite.

S : Nous ne voulions pas non plus que Green soit toujours rattaché à Isha et qu’il apparaisse comme son parrain, c’est un talent à part entière et qui doit s’exprimer ainsi.


Green Montana nous parle de sa relation avec Isha

« Isha c’est la famille, nous travaillons ensemble depuis le début. C’est un honneur de pouvoir être sur un morceau avec lui. Sur ce titre qui a une prod différente de ce qu’il a l’habitude de faire, c’était pour lui une évidence que je sois avec lui dessus. Travailler avec Isha est un plaisir, c’est un gars simple et naturel, il est super franc, il va dire direct s’il n’aime pas quelque chose. J’apprécie sa musicalité, je le suis depuis le début, c’est un bonheur de travailler avec lui. Ce morceau va plaire car c’est une nouvelle facette d’Isha, c’est un titre plus grand public et c’est quelque chose qu’il fait très bien. « 


Tu viens de dire quelque chose d’intéressant en parlant d’artiste avec « plus d’exposition ». As-tu conscience d’avoir passé un réel cap en terme de notoriété dans le rap aujourd’hui ? Que tes sorties sont de plus en plus attendues et scrutées…

Honnêtement je ne m’en rends pas compte même s’il y a des signaux comme les remplissages de salles. L’année dernière j’ai fait le Botanique, une salle à Bruxelles de 700 personnes que je ne pensais pas remplir et au final je l’ai fait. Maintenant il y a l’Ancienne Belgique et la Machine du Moulin Rouge qui arrivent. Une fois ces deux salles remplies je pourrai éventuellement réaliser le changement de statut. Mais à ce stade, je n’en sais toujours rien même si je vois bien que je fais plus de streams et de vues, la jauge reste les salles de concerts. On était toute une vague belge avec les ascensions que l’on connaît de certains, et c’est vrai que j’ai toujours tendance à me comparer même si je sais que ce n’est pas forcément l’exercice à faire. Et quand tu vois l’ascension de certains, je me dis qu’il y a encore du boulot donc je ne peux pas être satisfait d’où j’en suis pour le moment, je peux être reconnaissant mais je trouve qu’il y a moyen de faire beaucoup mieux.

Vas-tu marquer une coupure pour réaliser ton premier album ou comptes-tu enchaîner rapidement ?

Je vais essayer de l’enchaîner vite et ainsi tenir la promesse initialement faite entre LVA2 et LVA3. Je pense qu’au mois de septembre, on pourrait déjà annoncer une date, avec un premier single au mois de juin et un second en septembre, pour une date de sortie en octobre.

JuPi

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