Peu de temps avant son concert à La Bellevilloise, le rappeur/producteur de talent Oddisee est venu répondre à nos questions. L’occasion pour nous de revenir sur sa carrière, de ses débuts dans le Hip-Hop à son déménagement à Brooklyn en passant par la création du label Mello Music Group. L’occasion aussi d’en apprendre plus sur sa ville natale, Washington mais aussi de savoir que J. Cole aimerait bien des fois se balader en vélo.
The Backpackerz : Cela fait maintenant plus de 10 ans que ta carrière a commencé, et, bien que tu te sois aujourd’hui bâti une solide réputation, on en sait au final globalement assez peu sur tes débuts. Comment en es-tu venu à faire du Hip-Hop ?
Oddisee : Ce sont mes cousins qui m’y ont amenés. Ils faisaient à l’époque beaucoup d’aller-retour à New York d’où ils ramenaient beaucoup de disques et de magazines. Je les retrouvais alors dans leur chambre, à me délecter des trouvailles qu’ils avaient rapportées.
TBPZ : Et par quoi as-tu commencé : le rap ou la production ?
O : J’ai commencé par le rap. Puis, un jour, j’ai rencontré un mec plus âgé que moi, Sean Born, au réfectoire de l’école un midi. Il m’a proposé d’aller chez lui pour qu’on fasse de la musique ensemble. C’est seulement une fois là-bas, quand j’ai vu comment il faisait des beats, que je suis en quelque sorte tombé amoureux de la production. Je lui ai alors demandé de m’apprendre comment il faisait. C’est ainsi que je me suis à la prod.
TBPZ : En 2002, tu fais une apparition sur le morceau « Musik Lounge » de l’album de Jazzy Jeff The Magnificient. Qu’est-ce-que cela a représenté pour ta carrière ?
O : Le début mec ! Ça a été le premier morceau pour lequel j’ai obtenu de l’argent. Et une fois que je l’ai fait, je me suis dit « je suis capable de faire ça de nouveau ». Donc oui, ça a été le début, c’est certain !
TBPZ : Et quelles ont été les réactions ? As-tu commencé à avoir des bons retours sur ta musique ?
O : J’ai toujours eu de bons retours de la part des gens. Je pense que le meilleur moyen de se convaincre que ce qu’on fait est bien est lorsque on a de bons retours. Je dis toujours aux gens qui me demandent « comment savoir si je suis prêt ? Pourrais-tu écouter ce que je fais pour me le dire ? » : « Tu n’as pas besoin de moi spécialement pour te dire si t’es prêt, tu le seras simplement par le nombre de personnes qui viennent t’en parler ». C’est aussi simple que ça. Si tu appelles plus de gens que tu n’es appelé par eux, cela signifie que tu n’es pas prêt, tout bêtement. Après le morceau avec Jeff, il y a eu indéniablement plus de reconnaissance. Donc plus d’e-mails, d’appels… L’engrenage s’était mis en route.
TBPZ : Et comment en es-tu venu à collaborer avec Jazzy Jeff ?
O : Grâce à Kev Brown. Kev avait créé The Low Budget Crew, un groupe dont je faisais partie. Et Kev connaissait Grap Luva, le petit frère de Pete Rock. Grap Luva a joué des morceaux de Kev à Marley Marl. Marley Marl à mis Kev sur son album Re-entry.
Marley Marl a joué le morceau à Pete Rock. Pete Rock l’a ensuite joué à Jeff, qui a ensuite contacté Kev. Kev est allé à Philly (ndlr : Philadelphie, la ville de Jazzy Jeff) et m’a appelé pour me dire de venir. Jeff a alors écouté ce que je faisais, et voilà !
TBPZ : Washington semble avoir une place très importante dans ta musique et tu y fais référence très souvent. Quel type d’influence le fait de grandir à D.C a eu sur ta musique ?
O : Je pense que grandir à D.C. a joué un rôle extrêmement important dans ma carrière. Principalement du fait de sa nature particulière: c’est la ville qui regroupe le plus de riches Afro-Américains mais c’est aussi celle où l’écart entre riches et pauvres est le plus grand. Cette dichotomie te rend d’une certaine manière extrêmement au fait de ce qui t’entoure. Mais dans un certain sens, elle t’encourage aussi à faire ce que tu as envie de faire. Et çà, c’est extrêmement rare aux États-Unis: en effet, les enfants afro-américains ne sont pas élevés avec cette idée, tout simplement parce que c’est la dure réalité. La plupart d’entre eux seront toujours considérés comme issus de minorités, grandiront dans des systèmes scolaires qui n’auront que faire d’eux, et à terme devront sans cesse se battre pour des jobs qu’ils n’auront jamais… Mais d’où je viens, le maire est noir, le professeur est noir, le conducteur de bus est noir, la serveuse au McDo est noire, ton voisin est noir, tout le monde est noir ! Du junkie dans la rue au président à la Maison Blanche ! Partout, dans la rue, sur les magazines, les affiches je me voyais ! Ça m’a permis de me dire : « je peux faire ce que j’ai envie de faire ». Et ce n’est pas donné à tout le monde. Donc pour rien au monde j’aurais grandi ailleurs.
TBPZ : Pourtant il est étonnant de noter que la scène rap à D.C. reste relativement limitée comparée à d’autres grandes villes comme New York, Los Angeles ou même Atlanta. À ton avis, à quoi cela est-il dû ?
O : D.C est… (Il s’interrompt. Juju Rogers, l’artiste qui assure la première partie du concert rentre dans la loge). (A Juju) Viens, rentre donc, pose-toi !
(Après les salutations d’usages avec Juju Rogers, Oddisee reprend l’interview)
Donc je disais, D.C. est une cité unique géographiquement parlant. Du fait de la présence du gouvernement en son sein, le district de Columbia et ses alentours (ndlr : ce qui représente grosso modo l’agglomération de Washington) n’a jamais connu de récession. Quand le reste du pays connaît une crise économique majeure, D.C. en est épargné. Cela a par exemple été le cas durant les années Bush, où elle a même prospéré. Les gens continuaient de venir s’y installer. Un exemple frappant à ce sujet: j’ai vu des franchises que je n’avais connu qu’en Angleterre ou en Allemagne s’installer à D.C., et pas à New York ou L.A. Washington est vraiment à part.
Le revers de la médaille de cette « bénédiction » est que la ville est comme maudite sur le plan artistique. Et c’est parce que tout y est focalisé sur le lobbying, la loi, l’économie le commerce, mais aucunement sur l’art. Autre chose: D.C. se trouve à la limite de la ligne Mason-Dixon, la frontière historique qui séparaient les États unionistes des États confédérés lors de la guerre de sécession. On est donc pas tout à fait sudiste, pas tout nordiste. Et par conséquent, on aime la trap autant que l’on aime Roc-a-Fella. Un exemple qui illustre parfaitement cela: durant un « open mic’ » je me suis retrouvé avec Fat Trel. Les deux MMG, Mello Music Group et Maybach Music Group, réunis à l’occasion d’un seul évènement. Impensable ! Sauf à D.C., car Fat Trel et moi on a grandi au même endroit. Cela montre bien l’influence de la situation géographique si particulière de D.C a eu sur sa scène locale. C’est autant un atout qu’un inconvénient, car cette diversité n’a pas été synonyme d’émulation, mais de concurrence, empêchant ainsi D.C. de se fabriquer sa propre identité.
TBPZ : Et est-ce pour cela que tu as déménagé à Brooklyn ? Pour profiter de sa scène artistique sans doute plus importante ?
O : Non. Je dois admettre que je préfère celle de Washington. Mais il n’y a pas d’industrie musicale, de compagnies publicitaires, de major… Cependant ses artistes, qu’ils soient rappeurs, peintres ou photographes sont incroyables, et surtout, ils se préoccupent avant tout de leur art, pas de devenir célèbres. Je ne peux pas en dire autant de pleins d’autres villes où je suis allé et où les artistes se focalisent d’abord sur l’apparence: leur site web tout comme leur Instragram sont magnifiques, et chacune de leur photo a l’air tirée d’un magazine mais ce qu’ils font est merdique ! À D.C., c’est totalement l’inverse : c’est le packaging qui est à chier. Par conséquent tout le monde s’en fout (rires).
J’ai donc déménagé à New York pour le côté business, car il n’en existe pas à D.C. Les journalistes musicaux, les photographes, les réalisateurs, les designers, les boîtes de communication, ils sont tous à deux pas de chez moi maintenant, en caricaturant je dirais même que je peux les voir de ma fenêtre. Et c’est en partie grâce à eux que je gagne ma vie. C’est pour ça que j’ai bougé à New York, et surement pas pour la scène artistique. Je n’ai même pas collaboré avec un seul artiste là-bas depuis que j’y ai emménagé. Je fais toujours appel aux musiciens de mon groupe de D.C. pour travailler sur chacun de mes albums. A l’exception des cuivres. J’ai deux joueurs qui viennent de N.Y. mais c’est tout.
TBPZ : Tu préfères sans doute collaborer avec des gars qui viennent d’Allemagne (ndlr: Juju Rogers est allemand) ?
O : (Rires) Oui ! Mais disons plus simplement que je préfère collaborer avec des artistes avec qui j’ai déjà eu vraies conversations et que j’apprécie en tant qu’être humains.
TBPZ : Pour revenir à ce que tu disais juste avant: c’est intéressant de noter à quel point musique et promotion sont connectées. Quand tu ne travailles pas dans le secteur de la musique, que tu es simple auditeur, tu ne t’en rends pas forcément compte.
O : Pfff, mec, regarde, en une seule année, celle-ci, je suis devenu le rappeur sous-coté et « under the radar » préféré de tout le monde. C’est fou ! Et c’est là que tu vois à quel point ça joue. Rien que cette année j’ai été sollicité par Nike, Carharrt, EA Sports, Roland-Garros (ndlr : That’s Love était la musique utilisée comme générique par la chaîne ITélé à l’occasion de l’édition 2015), des documentaires et la liste continue. Je suis sous-coté ? Pas de soucis ! Tant que ça ne m’empêche pas de bien gagner ma vie. Et c’est bien pour cette raison que j’ai voulu déménager à New York.
Mais c’est vrai, comme tu le dis, le public ne se rend pas forcément compte du lien entre la musique et sa promotion. Et honnêtement, je préfère que ça soit ainsi. Je pense que c’est super. Laissons l’art et le business être deux choses distinctes et séparées dans la tête des gens.
TBPZ : Tu as dit que tu avais pleinement conscience d’être considéré comme sous-coté et que cette situation te convenait parfaitement. Sur ce point, ton couplet sur « Outro Flow » semble résumer parfaitement ton opinion sur ce sujet : rien à faire de la gloire, tant que le frigo est plein et que tu as suffisamment de temps pour faire ce qu’il te plait. Sans être incroyablement singulière, cette vision est loin d’être la norme dans le milieu du rap. Quelle en est l’origine ?
O : Hmmm…(il réfléchit) je ne connais pas de réponse simple pour cela, si ce n’est que j’ai toujours été plus ou moins le même depuis mon enfance.
Je pense que tout cela est lié à mon éducation, le fait d’être moitié afro-américain, moitié soudanais. Mon père m’envoyait au Soudan chaque été. Et je passais de Washington D.C, lieu formidable d’influence sur l’identité afro-américaine, au Soudan, où la grande partie des gens autours de moi vivait sous le seuil de pauvreté. Et je pense que cela a eu un impact profond sur ma vision du monde.
S’ajoute à cela le fait que ma mère vient d’une famille extrêmement pauvre d’un des pires quartiers de D.C. J’étais élevé en semaine par mon père en banlieue (ndlr : aux Etats-Unis, à l’inverse d’un pays comme la France, les banlieues ou suburbs sont là ou résident les classes moyennes) et par ma mère le samedi et le dimanche. Donc, je passais ma semaine dans les suburbs, mes week-ends dans le ghetto et mes étés dans un pays du tiers-monde.
Je pense que tout cela m’a doté d’une perception particulière qui faisait que certaines choses qui importaient pour les autres n’avaient pour moi aucune importance. Rien n’est important ! Cette interview n’a aucune importance ! Combien de personnes vont véritablement la lire ? Cependant, on se doit de la faire ! Tu poses des questions, j’ai envie d’y répondre. On est passionné donc c’est normal. Mais au final, est-ce réellement important ? Non, clairement. Ce soir, je fais un show qui est quasiment complet. Mais combien d’autres personnes vivent à Paris ? Des millions ? Ce soir combien de personnes ? 400, grand maximum ? Donc quel impact ai-je réellement ? Au final, les seules choses qui importent dans ce monde sont celles qui le sont pour toi. C’est ce que j’ai découvert. Si c’est important pour toi, ça compte. Par contre, toutes les autres merdes auxquelles on peut donner de l’importance…
Bref, tout cela a eu une importance primordiale dans ma vie. Par conséquent, alors que certains de mes amis veulent que leur nom soit connu, qu’ils puissent rentrer dans toutes les boîtes de nuits et club rien que parce qu’on les connaît, moi je m’en fous. Je m’en fous qu’on connaisse mon nom, je m’en fous d’être reconnu et respecté par mes pairs, légendes comme débutants. Ça n’a aucune importance : je suis heureux. Et les conditions de ce bonheur ont été façonnées par des événements bien spécifiques de ma vie : voir la mort de mes yeux dès mon plus jeune âge, être au contact de la pauvreté la plus extrême, et connaître alors ce qu’est signifie vraiment le privilège. Tout ça m’a rendu assez peu concerné par pas mal de choses. Et c’est vraiment difficile pour beaucoup de gens de croire au fait que j’en ai sincèrement rien à faire. Mais plus on en parle ensemble, et plus ça leur semble au final plausible.
Par exemple, je le disais il y a peu à Juju : j’ai pas un seul de mes disques chez moi. Pas un seul. J’ai grandi au sein d’une culture où on ne célèbre pas les anniversaires. Je n’ai jamais eu de gâteau ou de cadeau. Je suis vraiment contre l’autocélébration. Je veux juste avoir de la nourriture dans le frigo et suffisamment d’argent sur mon compte. C’est les seules choses qui m’importent… Et ça fait un bout de temps que c’est le cas. Donc, le reste, c’est cool, super (ndlr : en français dans le texte) mais je ne cours pas après.
A ce sujet, j’ai eu une anecdote marrante avec J.Cole alors que je bossais sur son dernier album. Je me trouvais à D.C et il faisait un concert avec Drake, Waka Flocka Flame et 2 Chainz. J’y suis allé en vélo. Après le concert, il m’a fait « Hey, ca te dirait de faire une virée dans le tour-bus et d’écouter les morceaux qu’on a déjà fait ? ». « Ok » lui-ai-je dit. Je suis monté et on a fait cette virée. A la fin, J.Cole me propose de me déposer chez moi en bus. Je lui dis « Ah non, t’inquiètes ! J’ai mis mon vélo dans la soute du bus. Si on peut juste s’arrêter que je le reprenne ça ira. ». « Qu’est-ce que tu veux dire ? T’es vraiment venu en vélo ? ». « Oui ». Et il me répond : « Ooooh mec ! J’aimerais tellement pouvoir simplement me balader en vélo n’importe où ! ». « Mais enfin tu peux ! ». Il était vraiment choqué par le fait tout bête que je puisse me balader en vélo. Si c’est ce qu’implique le fait de passer dans une autre dimension, non merci ! Je suis clairement mieux là où je suis, c’est sur ! Je veux pouvoir prendre mon vélo ! (Rires)
TBPZ : Tu as mentionné avant le label Mello Music Group, un de nos favoris sur The Backpackerz. Tu étais présent à sa création non ? On voulait donc te demander comment tout cela a commencé ? Comment as-tu rencontré Michael Tolle (ndlr : le président et fondateur du label) ?
O : Par téléphone. Un simple coup de téléphone. Mike Tolle était en train d’acheter des beats auprès de producteurs et des couplets auprès de MC. Il n’avait pas réellement de stratégie bien établie sur ce qu’il allait en faire exactement, mais il essayait de créer un album sur lequel collaborerait des artistes qu’il voulait vraiment voir réunis. Il avait déjà acheté des beats à Dj Roddy Rod et Kev Brown. Kev m’appelle, me raconte ce que Tolle fait et me dit qu’il lui a suggéré de me contacter pour m’acheter à mon tour des beats.
Quelques temps après, Tolle m’appelle effectivement pour ce motif. Et il s’est avéré que j’ai été la première personne à lui demander ce qu’il comptait faire avec ces beats. Il m’explique qu’il compte en faire une compilation. Je lui dis alors « Ok ? Mais t’as prévu comment tu vas la distribuer ? T’as un label ? Est ce que tu as pensé à la cohérence de ta compilation ? ». Il me répond qu’il n’a pas encore envisagé ces aspects. Je lui propose alors de m’inclure dans le projet afin de l’aider sur ces points, ce qu’il a accueilli avec plaisir. Je l’ai donc assisté dans la production exécutive de la première compilation Mello Music Group et je l’ai aidé à assurer une bonne distribution pour l’album. Ça a bien marché et c’est comme ça que ça a débuté.
Après cela, il m’a proposé d’enregistrer un disque ensemble, chose que j’ai accepté. J’ai ensuite ramené Kenn Star, DTMD, Sean Born et bien d’autres artistes originaire de la scène de D.C : yU, Diamond District…etc. Il a par la suite ramené d’autres artistes à son tour. Pendant des années on a travaillé ensemble main dans la main sur le label : lui se chargeant principalement du côté business et moi de la partie artistique. Mais cela fait maintenant quelques temps que je ne m’en charge plus réellement, et désormais Mike est quasiment en charge de tout. Aujourd’hui, je suis simplement un artiste sur le label.
TBPZ : J’ai vu que tu as réalisé Tangible Dream alors que tu résidais à Neukölln en Allemagne…
O : Oui. (En désignant Juju) C’est là que je l’ai rencontré. (En s’adressant à lui) Tu te rappelles de ces moments.
(Juju acquiesce et les deux rient)
TBPZ : Tu as aussi fait un album entier autour du concept du voyage (ndlr : l’album instrumental Travelling Man, sorti en 2010). Il semble que tes voyages ont eu une grande place dans ta musique.
O : Oui bien sûr. Mais pas que sur moi. Je pense que voyager est important pour n’importe qui. Je pense même que le voyage est au cœur de l’humanité. Regarde donc l’impact qu’il a eu sur nous et notre monde : on partage tous 4 ancêtres, on a tous en commun 4 marqueurs génétiques, mais parce que nos ancêtres ont décidé de voyager, on est tous si différent.
Voyager c’est incroyable. C’est à ce point incroyable que cela peut affecter notre vision des choses, notre regard sur le monde au bout d’un temps. Chaque pays, chaque ville à une palette de couleurs, goûts, bruits et odeurs qui lui est propre. Par exemple, le bleu n’est pas le même à Londres qu’à Paris. Tu vois ce que je veux dire ? Et si tu perçois cette différence, le monde est incroyable, une source intarissable et constamment renouvelée d’inspiration. Seulement si tu fais attention à tous ces petits détails.
C’est pour çà que j’adore voyager. Car il y réside toute l’inspiration dont j’ai besoin. Juste me balader, sans rien dire, à observer autour.
TBPZ : Et existe-t-il un endroit dans le monde qui t’a vraiment impressionné sur le plan musical ?
O : Pas vraiment. Un chauffeur de taxi turc m’a dit un jour alors qu’il m’amenait à l’aéroport « Le monde est très vaste mais c’est quand tu voyages beaucoup que tu te rends compte qu’il est finalement assez petit ».
Il n’y a pas véritablement d’endroit qui soit radicalement différent d’un autre, mais chacun à sa spécificité propre. J’adore Londres pour sa capacité à fusionner les genres, j’adore les Antilles pour l’impact qu’elles ont eu sur le son britannique, la rencontre des deux ayant donné naissance à des styles comme la jungle ou le dubstep. J’adore l’influence qu’on eu les migrants italiens sur la musique de leurs pays d’adoption et d’origine. J’adore le fait que la Scandinavie soit si isolée et qu’il fasse si froid car c’est pour sûr la raison pour laquelle il y a tant d’excellents musiciens là-bas : parce qu’ils ont tellement de temps pour faire de la musique (rires). Bref, la liste continue encore et encore : le soleil et la chaleur ont façonné la musique de la Côte Ouest comme le G Funk, là où les grands espaces et la culture de la bagnole dans le Sud ont abouti à la trap.
J’adore écouter de la trap à Atlanta comme j’aime écouter du gangsta rap à L.A, de la techno à Détroit et Berlin, de la fusion music à Londres ou du jazz à Paris. J’aime tous ces styles. Lequel pourrais-je sélectionner au dépend des autres ?
TBPZ : Très bien. Pour finir, quels sont tes projets à venir ?
O : J’ai un album instrumental qui va sortir au début de l’année 2016 appelé The Odd Tape. Je vais remettre prochainement à bosser sur mon nouvel album. Et il y a d’autres choses, mais je ne peux pas en parler maintenant car rien n’est certain là-dessus.
TBPZ : Ok. Et qu’est-ce qu’écoute Oddisee en ce moment ?
O : Hmmm. (Il sort son téléphone et fait défiler les artistes présents sur son iTunes). Drake, Feist, Hudson Mohawke, Kendrick Lamar, Metronomy, Thundercat, The Weeknd, Van Hunt, White Boiz. Ma chanson favorite en ce moment est « Them Changes » de Thundercat.
Mais mon album préféré actuellement c’est Love Letters de Metronomy. Je l’ai énormément écouté et je ne m’en lasse toujours pas…
Merci à Oddisee et Free Your Funk pour cette longue interview. Si vous êtes passé à côté, ne manquez pas notre chronique de The Good Fight, le dernier album d’Oddisee et continuez à suivre The BackPackerz pour être au courant de l’actualité de cet artiste.
Photos : Martin Crossouard
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