Mounika, le sample dans la peau

Mounika, le sample dans la peau

On continue notre série sur les beatmakers français qui gagnent à être connus, avec Mounika, originaire de Poitiers. Nous l’avions rencontré quelques semaine avant la sortie de son dernier EP Seagulls. Il nous raconte son parcours, sa façon de travailler et ses aspirations pour le futur.

The BackPackerz : Mounika, peux-tu te présenter brièvement à ceux qui ne te connaissent pas encore ?

Mounika : Je suis, comme beaucoup, un passionné de musique, farfouillant les méandres d’Internet afin de trouver le plus de pépites possibles et en constante recherche du sample parfait. Je me suis lancé dans la musique avec un groupe de musique au lycée, Sweet Bang, et petit à petit, Mounika est né d’une envie de me mettre au sampling et à l’auto-production. Je suis à la base de Poitiers, une magnifique bourgade où les gens se motivent pas mal pour la musique. Mais je viens de bouger à Orléans, je découvre la ville et je pense qu’il y a un gros potentiel ici.

Quel est ton parcours plus précisément ?

Comme je disais, tout est né grâce à un groupe de potes. On voulait faire de la musique en s’inspirant de nos groupes préférés de l’époque, on a donc testé beaucoup de styles différents du rock a l’electro en passant par le trip hop. Je me suis mis aux synthétiseurs et j’ai eu mes premières expériences avec un sampler, une SP 404 sx, cette machine est assez incroyable. Je me suis ensuite mis au beatmaking par pur hasard, je ne savais pas encore quel style de musique allait me motiver pour un projet solo. J’ai testé différentes choses mais le beatmaking était clairement ce qu’il y avait de plus sympa, je me suis lancé dedans un peu a l’aveugle en m’inspirant d’Al’Tarba, Proleter, Wax Tailor, Chinese Man.. et tous les géants de la production.

https://www.youtube.com/watch?v=pUlp5Kikb0U

On compte 7 projets aujourd’hui sur ton Bandcamp, pourrais-tu nous décrire un petit peu chaque projet ? On commence avec Basket Sound 1 & Basket Sound 2.

Alors les Basket Sound ce sont des albums qui me tiennent à cœur, ce sont des projets évolutifs. Une fois une production finie, j’ai le choix de le mettre de coté pour un EP ou de le mettre en ligne. Avec ces albums je me permets de les mettre en ligne sur Soundcloud et je le rajoute directement sur l’album Basket Sound via Bandcamp. Donc j’y rajoute les morceaux que je souhaite, et quand je veux. C’était une façon de ne pas avoir les problèmes de l’attente d’un EP, car je suis quelqu’un de relativement impatient, une fois la production faite j’ai envie qu’elle soit en ligne directement. J’ai conscience qu’avec ce procédé les morceaux peuvent avoir des chansons qu’y n’ont vraiment rien à voir les uns des autres. Mais j’avais besoin de trouver une solution à mon impatiente compulsive.

Dead Wrong (And love Marie Laforet) est quant à lui un petit projet qui rend hommage à Marie Laforet. Peux-tu nous en dire plus ?

J’ai voulu lui rendre hommage car j’avais trouvé une bonne vingtaine de samples à travailler juste avec cette chanteuse/actrice. C’était une vraie mine d’or ! C’est mon deuxième coup de cœur après Mireille Mathieu, et je m’étonne de pas avoir fait un EP juste pour elle d’ailleurs… Mais Marie Laforet a été un peu oubliée par les beatmakers, c’était donc une vraie aubaine.

Il y a également d’autres projets comme Beats Volume 1, qui a d’ailleurs une magnifique cover. Qui les réalise ? Comment procèdes-tu ?

Alors les covers, c’est un ami qui bosse dans le design qui s’en occupe. Il sait utiliser Photoshop comme s’il l’avait fait et je l’exploite un peu pour ça. J’ai déjà essayé d’utiliser ce logiciel pour des covers, et il faut dire que c’est plus simple à dire qu’a faire.. Celle de Dead Wrong (And Love Marie Laforert) est faite par mes soins par exemple… On ressent une nette différence. Big up a lui.

« Plage Beat-Tape » sur Piano dans le sable est le premier morceau de toi que j’ai écouté et il me fait penser à « Common Ground (feat. The Mic Jordan) » de Kognitif, tu vois pourquoi ?

J’étais justement à un de leurs concerts a Orléans quand j’ai entendu la chanson pour la première fois. J’avoue qu’à la première écoute c’était assez troublant ! Mais dans le monde du sampling c’est assez dur d’en trouver qui ne sera jamais utilisé, ce serait trop simple sinon. C’est pour cette raison qu’il faut être en constante recherche…

7 projets en un an et demi, c’est plutôt très productif. Tu fais du son à plein temps ? Est-ce que tu vis de la musique ?

Comme beaucoup de producteurs, j’ai développé une certaine faculté à ne pas dormir le soir et faire de ce temps libre un moment de productivité. Faire de la musique demande beaucoup de temps ce n’est pas un secret.. Mais quand on a une passion autant en profiter le plus possible.

J’aimerais en vivre, mais c’est assez dur. Je gagne un peu d’argent grâce aux dons sur le Bandcamp (Ce qui me touche énormément au passage) même si tous mes projets sont gratuits. J’ai fait mon premier live il y a peu, je pense que pour pouvoir en vivre il faut multiplier les lives et les productions, et là pour le coup c’est un boulot a plein temps.

Beatmaking et cinéma sont intimement liés. Comment pourrais-tu définir ton rapport au cinéma ?

Il est certain que le beatmaking et le cinéma ont un lien assez marqué. Le beatmaker qui regarde un film sera toujours intrigué par la B.O ou le texte des acteurs pour dénicher un petit sample. On peut bien sûr penser aux films de Godard notamment. On remarque aussi que nombre de chanteurs/chanteuses ont eu des aventures avec le monde du cinéma (Marie Laforet, Brigitte Bardot, Gainsbourg…) C’est toujours intéressant d’y jeter un coup d’œil car on ne sait jamais sur quoi on peut tomber. Sans oublier les interviews des acteurs, c’est ici que l’on peux trouver de très bons samples vocaux et des anecdotes a prendre en compte.

Tu écoutes quoi en ce moment ? Quelques artistes ou morceaux à nous conseiller ? Un album marquant ?

En ce moment j’écoute un style un peu different, mais le dernier album de HNNY Sunday (Omena), sinon je ré-écoute des artistes qui m’ont marqués, Desmond Cheese, Air, Tokimonsta, Moby… Donc rien de tout neuf. Si je devais vous conseiller un morceau, ce serait « Baby » de Donnie & Joe Emerson. A écouter avec sa dulcinée.

As-tu des liens avec d’autres beatmakers/artistes ? Avec qui aimerais-tu travailler si tu avais le choix ?

J’ai quelques liens avec des beatmakers oui. Je pense a Faelix, Mr Woox, Azare et d’autres… Apres si je devais idéalement faire une collaboration avec un artiste ce serais bien sur avec Beyoncé. Je pense que vous vous doutez pourquoi !

Que faut-il surveiller dans les semaines et mois qui viennent dans ton actualité ?

J’ai rarement de deadlines, je mets en ligne quand bon me semble, donc le plus simple serais de revenir régulièrement pour les plus curieux. Même si j’ai un EP en préparation je n’ai aucune idée d’une possible date de sortie. J’essaie de tenir informer le plus possible grâce aux réseaux sociaux. Après il m’arrive de mettre une chanson en ligne durant une heure pour avoir quelques avis et la supprimer par la suite, j’évite alors de prévenir mais je propose toujours le téléchargement pour les plus rapides.

Vers quoi souhaites-tu te diriger ? La scène, les concerts ?

C’est en préparation, pour l’instant je n’ai qu’un live  à mon actif mais je compte bien prévoir des dates avant la fin de l’année. Ma première date ce passera dans un bar de Poitiers, au « WC » comme promis avec le patron !

Quid de Bandes Originales de films ?

Je suis en train de bosser sur un court-métrage, mais c’est plus pour l’aventure. Je ne pense pas spécialement m’orienter la dedans.

Et de la production pour des artistes ? Il existe de plus en plus de configuration de type « un beatmaker vs 1 rappeur » comme cela a pu être le cas avec Al’Tarba et Lord Lhus, ou Mani Deiz et Lucio Bukowski. Le rap t’intéresse ou tu en es assez éloigné ?

Le rap m’intéresse ! Mais j’aime toujours plus les productions qui s’écoutent en arrière que les textes qui se posent dessus. Ce sont deux mondes différents même s’ils s’assemblent parfaitement. Et ça m’embête un peu de sortir des exclus pour des rappeurs sans pouvoir en faire profiter les autres, du coup je mets toujours mes productions en ligne et qui veut se sert ! Mais si un jour j’ai un gros coup de cœur pour un artiste, pourquoi pas envisager une formation beatmaker / MC.

Retrouvez toute l’actu de Mounika sur sa page Facebook et sur son compte Bandcamp.