Il y a quelques mois, on a eu la chance d’échanger avec Mani Deïz, un beatmaker-producteur bien connu des amateurs de rap français (notamment pour ses collaborations avec Lucio Bukowski et Paco). À l’occasion de la sortie de son dernier projet Cupcakes : The Jazz Rapper’s Factory, Mani revient pour nous sur son parcours, ses précédents travaux et ses futurs projets pour 2015.
Comme souvent chez les hommes de l’ombre, la présentation n’en est que plus sobre : « Mani Deïz, 32 ans. j’ai commencé par le rap vers 1998 entre potes du quartier puis j’ai arrêté pour essayer de faire des prod’ avec les moyens du bord. »
Afin de situer le contexte, sachez que Mani Deïz bosse avec ses potes sous le label Kids of Crackling.
« On est une équipe de potes avant tout : Cristo, Fef’, Rakma, Metronom et Nizi. Kids, c’est un collectif dans lequel tu rentres et dont tu ne sors jamais. T’es Kids à vie… Peu importe ce qui se passe. Les autres n’ont pas la même lumière, ou pas autant de sorties, mais, chacun dans leur style, j’ai rarement entendu aussi fort et je le pense vraiment. »
Pour vous aider à cerner le bonhomme voici son rapport récent à la musique :
« Je me tiens au courant des sorties en général, en français ou en US. J’aime bien l’équipe Pro Era, surtout CJ Fly et Joey Bada$$. Dans la voiture, je n’écoute que des vieux CDs de rap français. Hier, j’avais un long trajet, je me suis fait par exemple L432, Fat Taf, Weedy, Prodige Namor… Puis j’écoute forcément en majorité les vinyles que je sample. Souvent je laisse tourner la galette sans rien récupérer, par plaisir. »
En terme de carrière, comment cela a débuté ?
« Je faisais de la musique dans mon coin, j’avais pas un rond, un logiciel craqué et des enceintes bas de gamme, je composais des trucs, je samplais des trucs. Je n’attendais que le moment d’avoir une rentrée d’argent pour pouvoir prendre ma première MPC… Et ce moment est enfin arrivé et ça a tout changé pour moi. »
Autistic Machine
On est en 2013, c’est la beat-tape instrumentale de 19 tracks devenue une source. De quoi pousser certains rappeurs au freestyle. C’est comme si tu avais déjà fini le jeu ?
« À force, en se croisant aux concerts, en ayant des amis communs, et bien.. un réseau de potes se développe tout simplement. Quand ils m’appellent pour un truc, je suis là et inversement. Ça se passe à la cool, là pour Autistic, je leur ai tous demandé un petit freestyle pour faire la promo du projet et ils ont répondu présent directement. »
« Before The Rain » avec les Lyonnais de l’Animalerie
The Cassette Sunday
J’aurais pu me contenter de la description des vidéos Youtube : « La cassette du dimanche, c’est des petits beats vintages concoctés sur du hardware et enregistrés sur des K7 audio. Bien crado c’est ça qu’on aime. » Mais non j’ai quand même voulu en savoir un peu plus…
« J’avais acheté un enregistreur cassette à un truc comme Cash Converter pour faire passer mes samples dedans. Et puis un dimanche matin, je me suis levé, j’ai fait une prod avec. J’ai mis ce beat en ligne et je l’ai appelé The Cassette Sunday… J’en ai fait un deuxième, troisième et puis au bout du huitième j’ai décidé d’en faire un projet… »
Il y a aussi des projets plus intimistes, je pense à PACMAN avec Paco ou plus récemment La Noblesse de l’Echec et … avec Lucio Bukowski. Explique nous un peu comment ça se passe. Qu’est-ce qui te plait dans ce type de configuration : 1 beatmaker vs 1 rappeur ?
« Moi j’aime bien quand le MC me fait confiance. Je n’ai pas la prétention de savoir ce qui est bon pour lui mais je sais sur quoi j’aimerais l’écouter. Et si ça va me plaire, il y a des chances que ça plaise aussi à d’autres personnes. Paco, j’ai fait tous les beats presque les uns après les autres. Il m’a fait confiance complètement, et on a sorti PACMAN très rapidement. Lucio c’est pareil, La Noblesse… je me suis dit qu’il allait rapper sur ce style de prod’ et il a dit « ok ». Puis, j’ai tout recommencé car je n’aimais plus le style. J’ai changé, puis rechangé. Des fois, ça peux être une galère car la cohérence d’un projet est très importante pour moi. «
Cupcakes : The jazz rapper’s factory. Un projet est sorti le 8 décembre… on a des indices mais concrètement il faut s’attendre à quoi ?
« Des boucles de jazz graineuses avec un petit coté mélancolique, on ne se refait pas totalement. Drums sur MPC 60 et mélodie sur MPC 1000. Très brut. »
A surveiller en 2015, la scène peut-être ?
« Non pas sur scène, enfin rien de prévu. Je tournais avec Paco en tant que backeur mais j’ai préféré arrêté. La scène n’est pas mon truc, je le faisais pour dépanner mon pote avant tout. Là je veux me concentrer sur mes prochains projets comme mon premier EP d’influence abstract, B.O. de film, bizarre… Appelons cela comme on veut. Il devrait sortir en début d’année avant de passer à l’album. Il va y avoir plusieurs EPs non déclarés encore, l’album avec Lucio certainement. L’album de H.A.M., Carte Blanche, après il y a l’album de L’Hexaler dans lequel j’ai pas mal de prods et pleins d’autres trucs, j’ai même plus les noms de tout. »
Tes instrus se retrouvent dans des projets/concepts comme La Poignée de Punchlines pour Give me 5 Prod., dont une vidéo taquine les 300k vues avec Lacraps qui cite même ton nom dans le son. D’autres exemples peuvent être trouvés. Reconnaissance des Mcs ou simple politesse ?
« J’en sais rien. Moi tu sais je suis simple et j’essaye d’être cool et de rester droit. Je traîne avec tout le monde de la même manière, un mec totalement inconnu ou une trogne plus connue. Et si je peux aider, j’aide toujours, quand je ne peux pas c’est que… je ne peux vraiment pas. Lacraps, je ne le connaissais pas, on avait un peu discuté, il avait l’air cool, il m’avait envoyé son ancien projet. J’ai trouvé ça sympa. Plus tard, il m’a dit « je dois faire une poignée tu aurais pas une prod? ». Il n’avait pas encore le suivi de maintenant mais je l’ai traité comme tout le monde, comme si c’était un pote. Je lui ai passé une prod’ qui pour moi est plutôt cool, pas un fond de tiroir. Et bim, ça a beaucoup tourné. Content pour lui c’est un bon gars. »
Une question que tu aurais aimé que je te pose, et la réponse qui va avec ?
J’aurais aimé que tu me poses comme question : « Une question que tu aurais aimé que je te pose, et la réponse qui va avec« . Et j’aurais répondu tout simplement : j’aurais aimé que tu me poses comme question : « Une question que tu aurais aimé que je te pose, et la réponse qui va avec« . Oui je pense que j’aurais aimé.
Haha ! Merci Mani ! Vous pouvez suivre l’actualité bouillante de Monsieur Deïz sur sa page Facebook et également retrouver tous ses projets sur Bandcamp.
Je vous laisse avec notre playlist consacrée au bonhomme.
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