Salut Davodka, dans un premier temps comment ça va ? Je te pose la question car tu n’es pas le rappeur le plus médiatique.
Je n’ai pas l’air en forme c’est ça (Rires) ?
Non plus sérieusement j’avoue que je n’aime pas trop m’exposer sur les réseaux, montrer ce que je fais et comment je vais, ce genre de choses. Mais ça va très bien. Je suis très content d’être ici et de commencer cette nouvelle tournée.
C’est une nouvelle année qui sonne comme un nouveau départ pour toi ?
Je ne dirai pas un nouveau départ, mais oui il y a un gros coup de fouet pour cette année. On prépare de belles choses, la tournée et forcément la sortie d’un nouvel album.
On met tout en place pour pouvoir préchauffer le four, aller à la rencontre du public et arriver avec quelque chose de consistant.
Tu fais plein de dates cette année dans toute la France et tu termines presque chez toi au Cabaret Sauvage à Paris.
Oui on finit au Cabaret Sauvage le 5 décembre. Ce n’est pas tout de suite, mais on attend ça avec impatience. J’avais fait le Bataclan, la Cigale, la Maroquinerie et maintenant le Cabaret Sauvage, c’est fou !
Les dates parisiennes en général c’est toujours la folie et comme tu dis je reviens un peu au fief. J’ai grandi à coté dans le 18ème donc ce sont les quartiers dans lesquels j’ai rodé forcément. On s’est forgé là-bas quoi.
Maintenant que tu n’habites plus à Paris, est ce que ça t’arrive de revenir parfois ?
Bien sûr tout le temps ! Dès que j’ai l’occasion je retourne à Paris, c’est chez moi et j’ai tous mes repères.
Je vais voir la famille et j’ai tous mes frérots qui habitent là-bas. J’ai aussi plein d’amis kickers de groupes de rap comme L’uZine à qui je passe faire un coucou à chaque fois.
Pour revenir à l’actualité, tu sors bientôt ton 7ème album studio. Après avoir sorti de nombreuses mixtapes à tes débuts notamment avec tes groupes Mentalité Sons Dangereux et Soleil Noir, as-tu aujourd’hui le même processus de création qu’avant ?
Le 7ème t’es sur haha ? Tu sais je ne compte même plus aujourd’hui mais je suis content comme un enfant à chaque fois qu’un projet est sur le feu.
Au début, j’ai commencé à faire tout moi-même. Je ne voulais pas me lancer dans la musique pour percer, c’était un bon passe-temps, un bon loisir, et surtout ma manière de pouvoir se réunir avec des potes. Et puis forcément le challenge de faire son propre CD soi-même, passer par la pochette, passer par le mixage, passer par l’enregistrement, etc… Cette vision globale m’intéressait vraiment. Je l’ai fait le temps des deux, trois premiers projets et puis j’ai dû déléguer à des personnes autour de moi qui étaient beaucoup plus qualifiées lorsque c’est devenu un peu plus sérieux.
Ça fonctionnait beaucoup avec le streaming gratuit. On a sorti une flopée de mixtapes gratuites via MySpace, Skyblog, sur tous les sites de l’époque qui permettaient de diffuser facilement donc c’était facile. On devait avoir une bonne dizaine de mixtape à disposition.
Est-ce que t’avais senti venir cette hype du streaming gratuit à l’époque ?
Franchement pas du tout, je voyais que ça commençait à voyager un peu mais après que ça atterrisse de la manière dont c’est maintenant, non j’avoue que je ne m’y attendais pas trop.
Je n’étais pas trop là-dedans. Même encore aujourd’hui je préfère le physique, l’objet : CDs et vinyles. Mais je trouve ça bien parce que tout le monde peut avoir à disposition les sons.
C’est très raccord avec ta personne et ton projet finalement ?
Si c’est par rapport à mon style et à ma manière de créer, c’est sûr. J’ai ce coté un peu artisan, indépendant, parce que ma musique est un peu connoté boom bap à l’ancienne avec mes freestyles etc… J’ai une manière de fonctionner qui est assez simple tout comme ma manière de fonctionner au quotidien je pense !
Est-ce que tu retrouves dans le paysage actuel du rap français et la nouvelle génération de rappeur·se·s ?
Evidemment je ne m’inscris pas dans un genre qui fait le plus d’audience aujourd’hui. Je trouve qu’on privilégie beaucoup plus la mélodie, l’attitude, les gimmicks et que ça manque parfois de fond, de textes approfondis.
Ce n’est pas le cas de toute la nouvelle génération bien sûr, je pense à Lesram que je kiffe en ce moment, ou à Bekar avec qui j’ai eu l’occasion de collaborer et qui monte en puissance de fou. Je ne pense même pas que ce soit une question de génération, tant qu’il y a du texte alors je m’y retrouve.
Très récemment tu as sorti « S au S », le premier single de l’album…
Ce n’est pas un single ! C’est un cadeau de préchauffage. En fait on ne voulait pas tout dévoiler et arriver avec une cartouche directement de l’album. On avait des morceaux de côté, je voulais plutôt marquer mon retour avec un exercice de style comme je l’ai fait dans « S au S » et réserver des cartouches un peu plus personnelles pour ce qui suivra.
Dans le refrain tu te dis conscient que l’histoire que tu écris ne « marquera pas les pages« . Est-ce que tu te demandes où tu en es aujourd’hui ?
J’ai fait l’état des lieux dans ce morceau c’est sûr. Mais c’est un morceau que j’ai écrit il y a à peu près un an et demi, deux ans déjà. D’ailleurs je lâche « 7 milliards sur cette planète » alors qu’aujourd’hui on est au moins 8, du temps a passé (rire)… Donc c’est un morceau qui date et qui fait un peu l’état des lieux de cette période de vie après mon album Procès Verbal. Mais en vrai j’ai cette réflexion à chaque fin d’album , je l’écris comme si c’était le dernier.
Tu dis ça parce que tu penses arrêter un jour et faire totalement autre chose ?
Non jamais, on fera toujours du son parce que ça ne s’arrêtera pas. Je ne peux pas arrêter le rap, ce n’est pas possible. Peut-être que ce ne sera pas dans la même forme, juste pour freestyler avec les potes, écrire des textes, mais ça reste une passion, je ne m’arrêterai pas.
Justement, tes textes sont engagés. Tu parles de politique et de justice sociale et tu reprends les fondations du rap. Je fais le lien avec ce festival qui met à l’honneur cette culture sous toute ses facettes et qui, en plus de la musique, s’engage sur beaucoup de sujets de société... J’imagine donc que ce n’est pas un hasard que ta tournée passe pour cette occasion. As-tu déjà songé à mobiliser ton art en dehors de la musique, pour des actions culturelles par exemple ?
Si on me propose un jour et qu’on me donne les moyens, bien sûr avec grand plaisir. Il y a des sujets comme l’enfance et le handicap qui me touchent beaucoup et dans lesquels ce n’est vraiment pas impossible qu’à travers ma musique je vienne plus tard sur des actions culturelles spécifiques comme ici.
En plus ce n’est pas ma première fois à Hip Opsession, j’étais venu en 2019 et c’était l’été sous les chapiteaux en extérieur, un très bon souvenir. Content de faire l’hiver en salle ce soir.
Dans quel état d’esprit tu es quelques heures avant le concert ?
Je suis très excité évidemment. La scène c’est vraiment un truc qui est assez magique chez moi. Je suis quelqu’un d’assez réservé de base et la scène ça permet de casser cette barrière là. C’est pour ça que c’est génial parce que j’ai l’impression de me dépasser à chaque fois, encore maintenant alors que ça doit faire 10 ans qu’on rôde sur scène. C’est toujours un challenge mais le plaisir de revoir le public ce soir est inégalable. On va casser la salle, on va casser la baracasse (la salle La Barakason à Nantes NDLR) !
Je te le souhaite, on y sera ! Merci pour ton temps.
Avec plaisir, merci à toi.
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Merci à Davodka pour cette discussion.
Remerciements à Nolwenn et Mélody pour avoir organisé cette rencontre et nous avoir accueillis.
Merci à Margaux Martins pour les clichés du concert.
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