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Black Milk, rappeur avant-gardiste

Après une fantastique performance sur la scène du Batofar, Black Milk a accordé à TBPZ une bonne trentaine de minutes de son temps. Le temps pour le rappeur / producteur de Detroit de revenir pour nous sur ses débuts au sein de la florissante scène Hip-Hop de Detroit des années 2000. Mais aussi des différents tournants artistique qu’il a connu au cours de sa carrière. Une rencontre passionnante avec un véritable accro à l’innovation artistique.

The BackPackerz :  Pour commencer, pourrais tu nous dire quand tu as réalisé que tu voulais te consacrer pleinement à ta carrière d’artiste ?

Black Milk : Autour de mes 17-18 ans. Jusque là, rapper était plus un hobby. J’ai débuté à ce moment à la création de beats, toujours pour le plaisir. Mais petit à petit, j’ai commencé à vraiment m’intéresser et m’investir dans le processus de production.  C’est là que c’est devenu plus sérieux, jusqu’à un point où je me suis dit : « J’ai envie d’en faire quelque chose, je veux faire carrière ! ». C’était vers le début des années 2000, à Detroit.

Comment décrirais-tu la scène musicale locale d’alors ?

C’était tout simplement la meilleure période ! D’un côté, tu avais Eminem qui rencontrait un succès dingue. De l’autre, Dilla qui tuait tout, produisait un nombre incalculable de sons et avait une influence considérable sur le Hip-Hop d’alors. Et plus localement, il y avait tellement de gars qui défonçaient tout comme par exemple Royce Da 5’9’’. Il existait sans conteste une telle énergie, une telle dynamique, qu’il en découlait une réelle émulation, des producteurs aux rappeurs. Tout le monde se tirait mutuellement vers le haut. Indubitablement, c’était une époque dorée pour le Hip-Hop à Detroit.

Les fameuses heures de gloire du Hip-Hop Shop (ndla: célèbre boutique de Detroit qui a fait sa réputation sur ses compétitions d’open mic) ? C’est un lieu que tu fréquentais beaucoup ?

C’est dingue que tu connaisses ce truc ! Je ne pensais pas que le Hip Hop Shop était connu jusqu’en France. J’étais un petit jeune au moment où çà marchait le plus. J’y suis allé qu’une seule fois. C’était avec mon cousin, qui lui s’y rendait tout le temps.

Le truc cool, c’est que la seule fois où je suis allé là-bas est l’un des « classiques » des « Hip Hop Shop Saturdays » : Eminem était opposé à ce MC qui s’appelait La Peace. Em’ n’était pas encore connu à l’époque, il avait juste une petite réputation locale. Je ne savais pas qui il était. Mais il a rappé comme un dingue ce jour, il a tué le mec d’en face et à impressionné tout le monde présent. A Detroit, c’est une des ces battles qui est considérée comme historique, et je pourrais dire que j’étais présent ce jour là !

Eminem vs. Kuniva « Freestyle Battle » (February 17, 1996)

Qu’en est-il de la scène rap de Detroit maintenant ?

Je pense qu’elle est toujours hyper solide. Je veux dire, c’est un tout autre univers maintenant, ça n’a plus grand chose à voir. Tout a beaucoup changé, dans le monde de la musique et du hip-hop. C’est devenu beaucoup plus expérimental dans un sens.

J’adore le fait qu’il existe des artistes comme Danny Brown, Quelle Chris ou encore Denmark Vessey. Ils représentent tous ce nouveau son de Detroit, qui a conservé l’esprit, l’essence de Detroit mais qui s’est adapté au changement. Donc oui, j’adore ça.

En parlant d’évolution, c’est un phénomène qui semble très important dans ta carrière. On peut d’ailleurs clairement dégager différentes « périodes » dans ta discographie et ton son semble ne jamais cesser d’évoluer. Peux tu nous en dire plus à ce sujet ?

C’est difficile de mettre des mots dessus, puisque c’est clairement un processus qui s’est effectué naturellement. Je n’ai jamais forcé cela. Depuis le début j’ai toujours voulu essayer de nouvelles choses, constamment chercher de nouveaux sons pour chaque projet, chaque morceau. Je pense que tout ça est en grande partie liée à ma plus grosse influence : Jay Dee. C’était aussi sa mentalité : il était toujours en train de « switcher » de son. Si tu vivais à Detroit et que t’avais une des ces Beat Tapes, aucune ne se ressemblait vraiment.

J’ai toujours eu le même genre de feeling vis-à-vis de la musique : je ne veux pas toujours utiliser le même pattern de batterie, le même sample. C’est comme un défi, comme s’il fallait naturellement que je me challenge moi même : est-ce que je peux toujours aller plus loin dans mon son ? Ça ne marche pas toujours… Parfois tu te rates. Mais parfois tu réalises quelque chose de vraiment grand. Donc je n’ai aucun problème à prendre des risques. C’est la seule manière de dépasser ses limites.

« Je n’ai aucun problème à prendre des risques.

C’est la seule manière de dépasser ses limites »

Sur cette question de prendre des risques, j’ai l’impression que Tronic est un parfait exemple. Il marque une vraie rupture avec le précédent album (Popular Demand) et représente un tournant dans ta musique. Je me rappelle que, pour ma part, quand il est sorti j’ai eu du mal. Mais quand je l’ai réécouté quelques années plus tard, j’ai pris une vraie claque et j’ai réalisé à quel point il était en avance sur son temps, vraiment précurseur.

Merci mec ! Je vois exactement ce que tu veux dire. Quand j’ai fait Tronic, j’étais entouré d’artistes, rappeurs comme producteurs, qui étaient dans un état d’esprit particulier, très avant-gardiste dans un sens, comme futuristes. On voulait par exemple sampler plus de trucs électroniques, faire plus de beat « up-tempo », ce genre de choses. Alors qu’a l’époque, la tendance était vraiment aux samples de jazz. C’était quelque chose de cool hein ! Mais je ne sais pas, à ce moment, il y a avait une grosse influence électro sur la scène musicale de Detroit, même hip-hop. Et dans le même temps, les chemins, les influences se croisaient. Tout le monde écoutait la musique de tout le monde : un mec qui faisait de la house pouvait être à fond dans le hip-hop, et un producteur hip-hop se passionner pour l’électro. Chacun était aisément influencé par d’autres styles, les frontières étaient vraiment poreuses.

Black Milk – The Matrix (Ft. Pharoahe Monch, Sean Price et DJ Premier)

Et as-tu eu des retours de mecs venant de la scène techno-électro à propos de Tronic ?

Bien sur mec ! C’est bien évidemment des producteurs plus « électroniques », plus orientés « expérimental », qui ont kiffé ce que j’avais fait. Ça a vraiment été une super récompense. Après, au final, j’ai toujours eu de bons retours pour chaque projet que j’ai fait.

Venons-en à un autre album qui semble avoir aussi été un moment majeur dans ta carrière : No Poison No Paradise. Les critiques ont été globalement positives, et dans la majorité de celles que j’ai lu à son sujet, une chose revenait très souvent : il marquait un réel progrès dans tes capacités de rappeur et de lyricist. Comment peux-tu expliquer un tel changement ?

Je ne sais pas si on peut parler d’un truc vraiment spécial. Disons simplement que tu vieillis. Tu commences à voir les choses différemment et t’envisages certains trucs sous un autre angle. En tant qu’artiste, cela à indéniablement une influence sur ce que tu veux exprimer à travers ton art et ta manière de créer.

No Poison No Paradise c’était une sorte d’album sombre, comparativement à mes autres albums. J’ai fait une longue pause d’environ 3-4 ans après l’album précédant (Album of the Year, ndla). Ce break, c’est parce que il se passait pas mal de trucs dans ma vie et je devais faire face à de nombreuses événements compliqués. Cela a notamment eu pour conséquence de traverser une passe complexe créativement parlant, comme une sorte de conflit intérieur.

NP NP, c’était l’occasion parfaite d’exprimer ce que j’avais pu voir, vivre, expérimenter à Détroit en tant que gamin : parler d’où je venais, tout simplement. Et donner aux gens de quoi s’identifier. Et sur ce point ça a été un succès : beaucoup de fans m’ont dit que NP NP était le premier album où ils pouvaient réellement s’identifier à mes propos. Il a été en quelque sorte mon premier album concept. Et qu’il ait connu une si bonne réception, cela m’a vraiment fait chaud au cœur.

If There’s a Hell Below, mon dernier album, est aussi un album concept. Donc j’ai clairement dû évoluer durablement. Peut-être tout simplement le fait de vieillir comme je te disais.

Black Milk – Sunday’s Best / Monday’s Worst (Video)

Et ce côté identification, est-il purement fictif ou alors vraiment personnel ? Parce que j’avais par exemple lu que pour le morceau « Story and Her », c’était un mix entre les deux.

C’est vraiment un mix entre les deux oui. Je n’ai pas envie de vendre la mèche totalement, mais pour « Story and Her« , disons que l’histoire a été grandement enjolivée. Quand je l’ai écrit, arrivé à la première moitié je me suis dit « Je peux arrêter ou… je peux écrire un vrai film ! ». Et vu comment était l’ambiance de l’album, je trouvais que ça déchirait que l’histoire prenne un tournant de fou et en faire quelque chose de vraiment différent. Donc oui, au final je l’ai fait et les gens ont kiffé. Pas de regrets donc ! En tout cas, ça me motive clairement à faire plus de morceaux de ce type à l’avenir.

Black Milk – « Story and Her »

Un autre truc marquant avec No Poison No Paradise : une très grosse influence jazzy, un vrai côté organique. L’album sort en 2013, et quelques années plus tard, c’est une grande partie de l’industrie rap qui prend le virage jazzy dans la foulée de To Pimp A Butterfly.

T’as raison, il est vrai que ce qu’on a fait sur NP NP, le son de l’album, pas mal de gars font des trucs similaires aujourd’hui. Je ne pourrais pas dire si j’ai eu une influence réelle, j’en sais rien. Si c’est le cas, c’est génial ! Et le bonus dans cette histoire tu sais ce que c’est ? C’est que ça me met de nouveau dans une position où je vais devoir encore innover, encore trouver de nouvelles choses [rires].

C’est quoi le prochain style ? La salsa ?

Ahah, qui sait ? Allez, je vais me mettre à faire ça (rires) !

Dernière chose sur No Poison No Paradise : il marqué un tournant musical, mais aussi « graphique » à mon sens ? La couverture est sensiblement différente des précédents albums, avec un visuels vraiment particulier, très fort.

C’est vrai. Pour NP NP, qui est un album plus sombre, je voulais vraiment avoir un certain visuel, qui évoque celui d’un vieux Parliament-Funkadelic. Quand je vivais à Dallas, j’ai rencontré un mec qui s’appelle Joonbug. Un super artiste, et il a vraiment réussi à saisir et retranscrire ce que je désirais. L’intérieur du vinyl de NP NP est aussi dingue, il a vraiment fait un taf de fou. Y’a toute une symbolique, tout un tas de références à des morceaux de l’album lui-même disséminées un peu partout.

If There’s a Hell Below est un album un peu moins sombre mais malgré tout dans la même lignée que NPNP. Cet album représente d’une certaine manière le fait pour moi de sortir de l’obscurité. Je voulais une couverture qui ressemble à celles que pouvaient avoir des vieux groupes de prog-rock des années 70 comme 10CC ou King Crimson, avec des visages de fous. C’est le même type qui a fait le visuel, Joonbug.

Il y a aussi un côté ancienne illustration japonaise, un peu de Kabuki. il était vachement dessus à cette période. J’adore vraiment ces deux couvertures. Je fais vraiment attention aux visuels de mes albums.

Tu as bougé de Detroit depuis un petit bout de temps, et si je ne me trompe pas tu t’es installé à Dallas…

(Il coupe) Plus maintenant, je vis en Californie désormais. Ces derniers temps je passe mon temps entre Los Angeles et Detroit.

Ah oui ? J’ai l’impression que pas mal d’artistes de Detroit ont déménagé à L.A. ces dernières années.

Pas faux. Sans doute pour capter d’autres vibes. L.A est une ville tellement différente. Detroit c’est industriel, très col bleu, gris, c’est la « Motor City » quoi ! De l’autre côté t’as L.A, chill, laidback et palmiers. Donc c’est clairement cool de profiter un peu de cette énergie et voir comment cela t’affecte, toi et ta musique. J’adore L.A. mec !

Aaaah ! Alors ça serait peut-être du G-Funk au lieu de la Salsa ?

[Il éclate de rire] Ahah non mec, aucune chance !

Qu’est-ce tu penses du fait de produire pour d’autres rappeurs?

Ce que j’en pense ? Je suis chaud. Tout particulièrement maintenant, j’ai vraiment envie de produire pour d’autres artistes. Je ferais toujours ma carrière solo, mais cela me motive pas mal d’entendre d’autres artistes sur mes productions. Je suis en contact avec quelques personnes, connues et moins connues. Vivre à L.A est vraiment utile sur ce plan là, car cela te permet d’être plus proche des « gros noms ». C’est plus facile de rentrer en contact avec eux, de créer une connexion. Et dans le même temps, cette ville regorge tellement de talents qu’il est très facile de dénicher des inconnus super doués.

Pour en revenir à ta question initiale, il y a de grandes chances que vous entendiez prochainement de telles collaborations. Je ne peux pas lâcher de noms, ça sera une surprise. Soyez prêts.

Si je t’ai posé cette question c’est parce que je suis un grand fan de The Preface, l’album d’Elzhi que tu avais entièrement produit. Et je ne désespère pas de vous revoir collaborer ensemble.

Elzhi ft. Black Milk, Guilty Simpson, Fatt Father, Danny Brown, Fat Ray – « Fire Remix »

Il y a de bonnes chances ouais. Tu sais, pendant un temps, El’ a fait son truc de son côté. Il a connu un hiatus, créativement, spirituellement. Et on l’a tous laissé faire sa sauce à sa manière, qu’il puisse élaborer son album comme il le sentait, à son rythme. Maintenant que Lead Poison est sorti, et qu’El’ est de retour, c’est certain qu’on va collaborer de nouveau ensemble.

Il semble que ta carrière ait connu une autre évolution ces dernières années : tu as depuis multiplié les « petits » projets, tels Glitches in the Break ou Synth or Soul. Qu’est-ce qui a motivé cela ?

Je ne sais pas, je crois que j’aime aussi vraiment les projets plus petits. Ils me permettent d’expérimenter un petit peu, de tenter de nouvelles choses. Je peux montrer une autre facette de ma musique.

Pour ce qui est de The Rebellion Sessions, l’histoire est particulière : cela fait maintenant plus de 6 ans qu’on joue ensemble avec le Nat Turner Band. Mais jamais on avait enregistré quelque chose, et d’une certaine manière c’était super frustrant. Notamment après les concerts, où les gens venaient nous voir pour demander si on allait sortir un album live.

Donc l’année dernière, j’étais déterminé à remédier à cela : on s’est tous réunis en studio pour une semaine, et on a joué, joué et encore joué, essayant d’enregistrer le plus possible en si peu de temps. J’ai vraiment adoré la manière dont ce projet à été fait, la spontanéité qui l’habite. Et il a un truc vraiment spécial, qu’aucun de mes autres projets n’a. Les gens ont l’air de vraiment avoir accroché. J’ai aussi pu m’ouvrir à une autre audience, moins hip-hop et plus jazz, plus instrumental.

Tu as aussi fait quelque chose de plutôt inhabituelle pour un artiste hip-hop : deux Boiler Room.

Aaaaah oui mec ! Tu sais c’est marrant, parce qu’à l’origine Boiler Room m’avait contacté pour que je vienne et que je joue des beats, tout simplement. Pas de rap, juste jouer des choses que les gens n’auraient pas eu la chance d’entendre avant. Et c’est le genre d’aventure qui me tente. Donc j’y suis allé, et j’ai vraiment adoré ça.

Juste avant, j’étais en tournée avec Slum Village. Et je faisais plus ou moins le même genre de performance : quasi-exclusivement jouer des beats avec seulement quelques morceaux de raps de temps en temps. J’adore sincèrement faire ce genre de sets, presque autant que les autres concerts, parce qu’ils me donnent l’opportunité de jouer des choses que quasiment personne ne peut connaître. Avec le Band, je joue des morceaux issus des albums, mais les beat-sets, j’ai carte blanche pour envoyer des morceaux que les gens aiment. Et les voir bouger leur tête, s’ambiancer dessus sans pour autant pouvoir y accoler  un nom, c’est un vrai plaisir.

Qu’est-ce que tu écoutes actuellement?

Un peu de tout en ce moment. C’est marrant : la seule fois où j’ai l’opportunité d’écouter vraiment ce que font les autres c’est quand je suis en tournée. Parce que je ne peux vraiment créer dans ces conditions, ça me laisse donc du temps pour voir ce qui se fait ailleurs.

Je kiffe bien le dernier Kaytranada, 99,9%. Il y a un beat dessus qui défonce vraiment tout. C’est quoi le nom déjà… il a même sorti un clip avec un robot…

« Lite Spots » !

Ouais, c’est ça. Bordel, il me rend fou ce morceau !

Sinon, j’ai beaucoup aimé le dernier The Internet, le dernier Anderson .Paak… c’est à peu près tout dans les sorties récentes. En vrai, j’écoute énormément de choses anciennes. Beaucoup de Sly and The Stones, Parliament-Funkadelic, ce genre de choses.

Prince aussi ! Beaucoup de Prince ces derniers temps, depuis sa disparation. J’en écoutais déjà beaucoup avant, mais depuis son décès, j’en écoute non-stop. J’aime vraiment la première partie de sa carrière, ses 6-7 premiers albums, de For You à Around the World in a Day. Je n’ai jamais trop vraiment accroché à ce qu’il a pu faire par la suite, dans la fin des années 80, début des années 90. Enfin, j’adore quand même des trucs comme Sign o’ the Times.

OK. Et pour ce qui est de tes futurs projets ?

Déjà, première chose, finir la tournée et rentrer à la maison, pour me remettre à mes projets. Le deuxième opus de Glitches in the Break est en cours, et puis je prévois de faire un 45 tours spécial avec des inédits de Nat Turner. Il y aura aussi probablement quelques featurings à droite à gauche. Voilà ce que vous pourrez écouter dans les mois à venir.

Merci à Black Milk pour son temps sa gentilesse. Nous remercions également nos partenaires du Batofar pour avoir rendu cette interview possible.

Crédits Photo : Antoine Monégier 

Arthur Delaborde

L'un des seuls à apprécier Danny Brown à sa juste valeur. Supporter malheureux du Stade Rennais, il espère tous les ans voir ses favoris gagner les AWARDZ, nos trophées du rap.

View Comments

  • merci pour l'interview Black Milk m'a l'air d'être toujours en train de se remettre en question, ses concerts sont différents de ses albums, qui sont tous différents les uns des autres... à mon avis, il sera tjs là dans 15 ans, comme Madlib ... je suis aussi un grand fan de "The Preface"

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