IDK : « Je suis prêt à répondre à tous ceux qui m’attaquent »
A l’occasion du festival Paris Hip Hop, l’équipe de BACKPACKERZ s’est mise en tête de promouvoir la ribambelle d’artistes venus démontrer leur habileté au micro. Parmi eux, IDK, rappeur de la middle class, s’est produit sur scène au Hasard Ludique pour effectuer sa première date parisienne. Une chance pour nous de rencontrer le bonhomme du Maryland et lui poser quelques questions, notamment pour en savoir plus sur son prochain album, ISHEREAL.
BACKPACKERZ : Pour ta première vraie tournée en Europe, qu’as-tu pensé de ton public ?
IDK : L’énergie est plus folle ici, peut-être parce que le public vient voit un rappeur anglophone. En tout cas, je sens que le Hip Hop est quelque chose de très apprécié, même en dehors des Etats-Unis. J’avais déjà eu l’opportunité de venir en France deux fois lors que je faisais la première partie de Denzel Curry et Joey Bada$$.
Iwasverybad, ton dernier album studio sorti en 2017, se voulait être personnel en se basant sur une période très dure pour toi, notamment lorsque tu étais en prison. Pour Ishereal, ton prochain album, tu dis de lui qu’il sera encore plus émouvant. Comment penses-tu créer une émotion encore plus forte ?
Il faut savoir que d’autres faits très personnels se sont déroulés dans ma vie… Je ne peux pas en parler ici mais l’album traitera de ces sujets. Certes, les événements dont j’ai déjà pu parler font partie ma vie, mais ils ne représentent qu’un infime morceau de tous les sujets que je souhaite aborder.
Tu as créé un site pour nous permettre voir la progression du projet et, actuellement, il semble être à 25 %. Qu’est-ce que cela représente dans le processus de création ?
En fait, on se situe plutôt autour des 75 %. Le logiciel qui nous permettait de le mettre à jour à crashé. Il ne faut pas se fier à cette barre de progression, on est loin devant et Isheral ne va pas tarder à sortir.
Récemment, tu as dit vouloir mettre à l’épreuve tes cordes vocales. Est-ce chose faite ?
Oui, les refrains vont partir vers cette direction pour Ishereal sans devenir Pop ou « commercial ». Je n’ai pas encore essayé de faire un morceau avec seulement du chant, mais j’y pense de plus en plus.
Tu as toujours eu un large panel de collaborateurs durant ta carrière. Que ce soit MF Doom ou Chief Keef, tu a démontré une grande variété dans tes choix. Est-ce que tu t’es recentré sur toi-même pour cet opus ?
J’opère majoritairement en solo sur celui-ci car je veux vraiment raconter une histoire personnelle. Je suis le mieux placé pour rapper ces aventures, et donc je ne peux pas me permettre de faire rentrer trop de personnes dans mon récit. Mais j’ai tout de même réservé quelques surprises…
Je n’ai pas encore essayé de faire un morceau avec seulement du chant, mais j’y pense de plus en plus.
Vas-tu continuer à travailler avec le label Adult Swim ?
Non, mais j’aimerais revenir vers eux pour créer certains visuels car ces gars-là ont du talent. Il suffit de voir leurs cartoons totalement barrés comme Rick & Morty ou Family Guy.
Tu travailles beaucoup avec le producteur Kal Banx, qui est aussi présent sur ton dernier morceau en date, « Digital ». Comment vous êtes-vous rencontrés ?
C’est durant une tournée et par le biais de Wale que j’ai pu le connaitre. On s’est bien entendu et on a passé quelques temps ensemble en studio. Ça fait maintenant trois ou quatre ans que l’on traîne tout les deux.
Le légendaire producteur Mike Dean a également beaucoup aimé ta musique et a voulu bosser avec toi. Où est-ce que cela en est ?
J’ai quelques titres qui traînent dans l’ordinateur ! Mais ils ne sortiront pas tout de suite car ils ne sont pas cohérents avec Ishereal. Je les réserve pour plus tard.
Avant la musique, tu voulais être informaticien. Est-ce que cela te pousse à produire des morceaux par toi-même ?
En ce moment, je mets la main à la pâte et j’ai enregistré quelques démos. Après, les études ne m’ont pas vraiment servies pour acquérir ce genre de compétences, malheureusement.
Dans « Trigger Happy », tu dis ne pas avoir peur de te clasher avec d’autre rappeurs. Est-ce du pur egotrip ou y a-t-il une démarche provocatrice derrière ?
Non, j’étais vraiment sérieux en déclarant cela. Je suis prêt à répondre à tous ceux qui m’attaquent. La preuve avec Logic. Il vient lui aussi du Maryland, l’Etat d’où je viens, et il m’a fait des coups bas que je n’ai pas trop appréciés. Je n’ai pas hésité à le dire sur ce morceau.
Je sais que tu es un gros fan de Gorillaz, et Damon Alban a travaillé avec des nouveaux rookies sur Humanz. Tu as essayé de le contacter ?
Oui, carrément ! J’avais essayé de voir avec son label ! Mais j’avais totalement oublié qu’il fallait que je m’en occupe. D’ailleurs, tu viens de me le rappeler ! [rires]
Tu as monté un mouvement nommé HXLY TRiBE, quel est le message que tu souhaites propager ?
C’est pour ceux qui se sentent détestés et incompris par les autres mais qui veulent s’aimer tels qu’ils sont, quelles que soient leurs différences. Ceux qui rejoignent la cause ne souhaitent pas avoir la même trajectoire que tout le monde, et veulent faire ce qui leur plait. Finalement, cela fait écho à mon histoire.
Certains pronostics te placent en bonne position pour faire partie des XXL Freshman. Est-ce que c’est quelque chose qui t’attire ?
A l’époque, j’aurais bien aimé y être étant donné que j’ai pu y voir défiler mes rappeurs préférés. Mais maintenant, je ne pense pas que j’ai besoin de passer par cette case pour réussir. Au contraire, cela peut nuire à mon image et je pourrais ne devenir qu’un rappeur oubliable, comme tant d’autres.
Finalement, ta musique te permet d’exorciser le passé ou t’en rappeler ?
Les deux. J’ai besoin de me rappeler du passé pour écrire, alors je me dois de ne pas l’oublier. Parfois, j’écris sur le futur, mais ce n’est qu’une réflexion découlant du passé. Donc j’ai besoin de cette essence. En le comprenant, je fais de meilleurs choix et gagne en maturité pour prendre des décisions cohérentes.