Pour les explorateurs aguerris ayant un tant soit peu vadrouillé sur le grand continent du rap francophone, le nom d’Hippocampe Fou ne leur est en aucun cas étranger. À pseudonyme original, personnage original. Les expressions édulcorées ne manquent d’ailleurs pas pour décrire l’animal : électron libre, emcee modulateur de flow, freestyleur à tout heure, apprenti crooner, artiste aquatique. Ancien membre ovniesque de La Secte Phonétik, passionné par le septième art, parti en solo, puis à New York emportant avec lui toute une petite famille dans son sac à dos, la vie et le parcours de Sébastien Gonzalez est tout sauf un long fleuve tranquille. A l’occasion de la sortie de Terminus, son troisième album solo qui conclut sa trilogie des éléments (eau, air, pour finir sous terre), Hippo, de passage à Paris, nous a gratifié d’un long entretien bien au chaud, à l’abri d’un Paris maussade.
The BackPackerz : Comme annoncé, ton nouveau projet Terminus est sombre. Tu as toujours cette plume douce amère qui te caractérise mais j’imagine que lorsqu’on en vient à l’introspection, on aborde une œuvre différemment. Comment tu t’y es pris pour la conception de cet album ?
Hippocampe Fou : Il y deux choses fondamentalement différentes dans l’approche. D’abord, c’est le fait d’avoir dû trouver le concept avant. Celui d’Aquatrip (premier album) je l’avais, c’était au niveau musical que c’était un peu plus fouillis. Pour Céleste (son second), je l’ai trouvé en cherchant un lien avec le premier. Je me suis dis que le troisième devait être la suite du voyage : la pluie qui tombe des nuages et arrive dans une rivière souterraine. Mais le souterrain c’est quoi ? C’est un huis clos, c’est chez moi, c’est mon terrier ; donc introspection ; donc besoin de sincérité et par conséquent besoin d’adopter un seul point de vue. Il y a beaucoup plus de textes à la première personne.
Il y a un morceau qui s’appelle « Triste » dans l’album. J’ai mis beaucoup de temps à l’écrire parce qu’il fallait que ça soit vraiment des choses qui me touchent. Je ne voulais pas faire semblant parce que sur scène ça se serait senti. Dans ce morceau, j’ai essayé de partir de moi pour m’ouvrir au monde, pour voir ce qui me touchait. Quand on croise un SDF ou une prostituée dans la rue, on se pare d’une sorte de carapace. Ce n’est pas qu’on ne les remarque pas, mais on a cette forme de pudeur, sinon on pleurerait à longueur de journée. Je me suis rendu compte qu’une fois chez moi, avec tous ces sentiments contraires emmagasinés en moi, cette émotion rejaillissait lorsque je m’y attendais le moins, comme devant un simple film par exemple.
La deuxième chose, c’est d’avoir fait appel à un seul compositeur, même si au final il y en a trois sur l’album. Le but étant d’avoir quelque chose de cohérent musicalement du début à la fin, tout en variant les rythmes et les influences. Il fallait qu’il y ait de l’acoustique sur chaque morceau. Certains sonnent reggaeton au niveau du rythme, mais on s’est dit qu’on allait ajouter de la contrebasse, un peu de trombone pour rendre le morceau plus « organique », donner de la chaleur et qu’elle soit présente tout au long de l’album.
Je suis arrivé chez le compositeur avec des thèmes en tête, limite scénarisés, avec une phrase ou une punchline et en disant : « J’aimerais bien faire un morceau un peu jazz ou salsa ». C’est comme de la musique de film, c’est de la composition sur commande. Je ne fais pas que poser mon texte sur une instru, c’était bien plus personnel et collaboratif. J’étais là quand le spermatozoïde a fécondé l’ovule. C’est un vrai mélange texte-musique.
Tu n’as pas d’invité au mic sur l’album…
Non. J’ai voulu inviter Kacem Wapalek, parce que j’adore ce qu’il fait. J’ai un gros coup de cœur pour son écriture et la manière qu’il a de pousser l’allitération. Il me fait penser à des Georges Perec, ce genre d’artistes qui se creusent la tête pour pondre des textes extra. Malheureusement ça ne l’a pas fait. Je lui avais proposé de poser sur le thème d’ »Underground ». Et en fait le thème m’a tellement inspiré que j’ai écrit un long texte, et finalement c’était compliqué pour se synchroniser dans nos agendas. Je me dis que ça sera pour une prochaine fois.
Le fait de ne pas faire de featuring m’a permis de me concentrer sur moi. De toute façon pour ce projet il m’aurait fallu un artiste avec une personnalité similaire ou totalement opposée à la mienne pour que ça tienne la route.
Plusieurs styles musicaux se croisent sur l’album : de la salsa cubaine, à la valse, en passant par du coupé décalé ou encore plusieurs sous genres du jazz. Peux-tu nous parler un peu des personnes derrière la composition ?
J’ai choisi deux compositeurs. Il y a Max Pinto qui a fait pratiquement tout l’album, il a fait neuf morceaux sur les douze. Y’en a quelques-uns qu’on a co-composé dans le sens où j’amenais des mélodies et lui les retravaillait. Il y a aussi Lucas Dorier. Les deux m’accompagnent sur scène maintenant. Ils sont multi-instrumentistes. Ce sont des mecs qui ont aussi bien fait du jazz, de la soul, ou de la salsa, que du hip-hop. Ils ont accompagné pleins de groupes dans des styles différents, donc ils ont une palette ultra riche. Pour quelqu’un comme moi qui aime bien varier les styles, c’est jouissif. J’arrive, je leur dit : « Non, fais moi un truc un peu plus salsa. » Les mecs ont l’habitude, ils ne vont pas me dire : « Ah, ça je sais pas faire, c’est pas mon style… »
Par exemple Max Pinto lui, ça fait des années qu’il compose, il a fait de la musique de film, il accompagnait Beat Assaillant, et plus récemment Ben l’Oncle Soul. Il a plein d’instruments chez lui, donc c’est génial ! Tu lui demandes de la flûte et au lieu d’aller en chercher une dans sa banque de son, il va te sortir une flûte et en jouer. En plus c’est le genre à freestyler. Il te fait un solo de trois minutes, on réécoute puis on choisit la partie qui nous plait. Ce n’est pas le genre de mec qui reste des heures et des heures à chercher. Et moi je suis un peu comme ça dans l’écriture, j’ai besoin d’improviser, de dire n’importe quoi. Du coup, je pense qu’en live ça va être mortel, on a prévu pas mal de freestyles et des trucs un peu inédits…
Donc la cohérence de l’album vient d’eux…
Disons que j’ai trouvé des gens qui étaient complémentaires, l’un et l’autre sur scène d’abord, mais aussi par rapport à moi. J’ai composé quelques instrus, mais si je l’avais sorti tout seul ça aurait été pourri. J’ai réalisé les bases, les mélodies, de certains des morceaux, je les ai donné à Max et je lui ai dis : « Vas-y, fais un truc bien ! »
Pour « Fallait pas rigoler », à la base c’était une mélodie d’un beat que j’avais proposé à La Secte Phonétik, y’a des années. On n’en avait jamais rien fait, et cette mélodie je la gardais dans un coin de ma tête. Du coup, quand je l’ai rejoué chez Max, je lui ai dit : « Il faudrait un instrument un peu ridicule tu vois ? » Et il m’a répondu : « J’ai la flûte à bec de ma femme » et là il me sort le truc… Lourd ! Il y a un aspect un peu décalé de base, t’as envie de rigoler quand t’entends cet instrument. Ça te met tout de suite dans une ambiance où tu te dis : ok, là ça va être rigolo comme morceau.
Tu avais fait un morceau intitulé « New York » avec Luciole en 2011 où tu idéalisais beaucoup la ville…
Ouais j’étais jamais allé à New York à l’époque. (rires)
Aujourd’hui, tu habites là-bas. L’avant-dernier morceau de l’album « Le Mal du Pays » témoigne d’un passage à une réalité assez abrupte…
En fait le morceau en question répondra à toutes les questions que tu pourrais me poser ! J’ai déménagé là-bas l’été dernier avec ma femme et mes enfants, et c’était les vacances à New York tu vois, pour moi c’était lourd ! On se balade ! Wahou, les grattes ciels ! Et d’un coup : bim, rentrée des classes. Ma femme commence le travail et je me retrouve tout seul à la maison. Je ne peux pas taffer, j’ai qu’un visa d’accompagnant. Je me balade dans le quartier, mais je n’ose pas aller au devant des gens.
Quand tu fais le métier que je fais, lorsque tu pars en tournée les gens viennent te voir, ils te connaissent et viennent naturellement te parler. Mais là c’est à moi d’aller parler au gens. Ça me replonge dans une époque où je devais aller démarcher moi même du genre : « Salut, je suis un rappeur français » et des choses comme ça. Mais écrire ce morceau m’a fait du bien parce que comme je dis dedans : « Tout reconstruire, c’est plus long qu’écrire une chanson. » Au moins je dis tout ce que j’ai à dire, j’exorcise mes démons.
Ce qui est mortel, c’est que je connais un des Procussions : Stro Elliot. Il est tous les soirs au Jimmy Fallon avec The Roots, et c’est juste à côté de chez moi. Je prends le métro, et j’y suis. Mais j’ose pas dire « Salut Stro, tu m’invites ou quoi ? J’aimerais bien faire une tof avec Black Thought voire un freestyle… » Mais je ne l’ai pas encore fait. Je me suis dit c’est pas le moment, chaque chose en son temps. Pour l’instant ça se passe en France, on va voir comment prend l’album. De toute façon, je suis encore parti pour un an et demi voire deux ans et demi là bas.
Je trouve qu’il y a un parallèle intéressant entre « Langue Paternelle » et un vieux morceau à toi « Vertiges de la Maturité » sur lequel ton père joue de la gratte. Dans ce morceau, tu racontais un rêve dans lequel un enfant montait à une échelle et dont les barreaux, une fois dépassés, se retrouvaient sciés. Maintenant que c’est toi le papa, que dirais-tu au petit Hippo en aval ? Ça fait si mal que ça de grandir ?
(Il réfléchit) Je sais pas… T’avais raison mec ! En fait le moment où tu deviens papa, je pense qu’il y a une part de toi qui meurt et y’a quelque chose de nouveau qui nait. Moi j’ai ressenti ça. Après il y a des gens que ça ne bouleversent pas, je comprends. Mais pour moi, tu enterres ton moi égoïste, l’adolescent qui ne vit que pour lui-même. D’un coup tu deviens le soutien, les épaules, le pilier d’une nouvelle génération.
Il y a un morceau de Fuzati qui me fait chialer à chaque fois : « Le Commencement » sur son album La Fin de l’espèce. Dedans il dit : « On peut changer les prénoms, mais c’est toujours la même histoire qui se répète, même si au fond on sait qu’elle ne mènera nulle part. » C’est le cycle de la vie… Je le dis aussi dans « Le Mal du Pays » : « Y’a plus que mes enfants qui m’émerveillent. » Plus tu vieillis, moins il y a de choses qui t’émerveillent, car il y a moins de nouveauté. Mais être parent ça me permet d’avoir des nouveaux thèmes comme « Dormez-vous »…
Ton père a donc composé le dernier morceau de l’album « Langue Paternelle » dans un registre très personnel…
Le thème, je l’ai depuis trois-quatre ans. Je l’avais juste après Aquatrip. À sa sortie, je me suis dit que j’aurai dû faire un morceau sur ça. Je l’avais encore sur Céleste, mais cet album je l’ai fait très vite, un peu comme un EP. Pour Terminus, j’avais un peu plus de temps alors je me suis dit : « Celui là, il rentre dedans. » Et ça s’est fait comme ça, j’étais à New York et je lui ai dit : « Bon j’arrive dans trois semaines à Paris, on va faire un morceau ensemble. » Car je suis toujours dans l’urgence, toujours à la bourre. Et il a commencé à m’envoyer des trucs.
Donc c’est lui qui a commencé a composer ?
J’avais quelques phrases, mais j’attendais ce qu’il allait me proposer. Et en fait il me sort ce morceau avec des structures complexes, un truc qui accélère, qui ralentit ; une composition digne d’un musicien classique. Je lui ai dit : « Wahou c’est dur ce que tu m’as fait là, papa. » Et j’ai galéré à écrire le truc. Je l’ai fini dans le taxi en arrivant au studio. (rires) Je le pose, on essaie de l’enregistrer tous les deux en simultané. Entre temps, je finis les autres morceaux de l’album et je le réécoute après. « Ah, c’est pas super maitrisé, c’est dommage ! » Simplement parce que j’avais fini de l’écrire pour le jour même. Donc on l’a refait quelques jours plus tard, je l’avais taffé, et au moins cette fois mélodiquement c’est juste.
Et puis même pour le ton employé, c’est assez nouveau pour toi, non ?
Après il y a eu un déclic sur cet album, c’est quand j’ai enregistré « Triste ». Tous mes projets jusqu’à Aquatrip, j’enregistrais, j’étais souvent foncedé, et si j’avais bu une bière, je m’en foutais. Puis sur le deuxième, je suis devenu bon élève : je me fais mon échauffement vocal le matin, je ne bois pas, je ne fume pas. Et là comme j’enregistrais chez Max, je dormais chez lui, y’avait ce côté cocon chaleureux. On a bu quelques bières et grillé quelques clopes et je me suis dit : « Vas-y je vais poser ‘Triste’, rien à foutre c’est une maquette » On le réécoute et je me dis : « Wahou j’avais jamais posé comme ça… » un peu crooner, vachement proche du micro. Je ressentais quelque chose que j’avais pas forcément ressenti sur d’autres morceaux.
Après je suis tombé sur un reportage qu’avait partagé Dabaaz, un programme sur la voix qu’avait fait Arte. C’était sur les chanteurs et l’évolution des techniques de prise de voix. Ça allait de l’apparition du micro, où les gens disaient : « Ah c’est un faux chanteur, il a besoin d’un micro sur scène, c’est de la merde ! » à l’autotune « Ah c’est un faux chanteur, il a besoin d’un logiciel ! » Et puis ils se mettent à parler du crooner. Ils montrent Gainsbourg dans une interview qui dit : « Un jour Brel est venu me voir et m’a dit : ‘le jour où tu vas comprendre que t’es un crooner, tu vas t’envoler.’ » Et je l’ai un peu pris pour moi.
C’est vrai que je n’ai pas une voix de ouf. Je ne suis pas un soulman, je peux pas faire des trucs dingues, c’est pas mon registre. Ma voix n’est pas faite pour ça. Mais sans tomber dans ce que font des Delerm ou des Biolay, même si j’apprécie quelques morceaux d’eux, je me suis dit que je pouvais faire quelque chose s’en rapprochant, pas forcément avec mon coffre mais dans la justesse, et jouer aussi sur la proximité avec le micro.
Cet album boucle ce que tu appelles une trilogie. Mais il y a quatre éléments…
Oui, mais trilogie dans le sens le cycle de l’eau, donc y’a pas de feu. C’est le voyage de l’eau de la mer qui se transforme en nuage ; il pleut ; ça retombe sur terre ; petite rivière souterraine et hop retour à la case départ. La boucle est bouclée et tout va recommencer. Comme pour un terminus, le train arrive et repart dans l’autre sens. En plus Nekfeu a fait son album Feu, il a pris le feu c’est mort quoi ! Moi je reste dans l’eau !
Des morceaux comme « Dormez-vous » ou « Mes Voisins » sont assez scénarisés. Le septième art baigne dans tes œuvres depuis le début. Est-ce qu’à un moment tu comptes passer derrière la caméra ?
T’inquiète c’est le plan, c’est prévu ! Mais chaque chose en son temps. Je pense qu’il faut amener les choses en douceur. Mais ce côté de scénariser chaque album et de faire du storytelling habitue les gens à ce que je leur raconte des histoires.
J’ai un autre projet, on en parlera en temps voulu, qui fera le pont entre le cinéma avec une narration du début à la fin, et le côté spectacle vivant, concerts comme je fais actuellement. Pour mes lives, j’essaie toujours de ne pas rentrer dans le délire concert style : « J’ai écrit ce morceau… Je vais vous interpréter un morceau… » La plupart du temps je m’en bats les couilles quand un artiste dit ça, sauf s’il y a vraiment une histoire forte derrière. J’ai déjà écouté ton album, j’ai pas besoin que tu me dises les titres ! (rires) Non, mais c’est un petit tacle gentil ! Mais à ce genre de concerts en général, je trouve qu’il y a un manque de mise en scène et de scénographie.
Tu as de bons exemples, à l’inverse, en tête ?
Par exemple PNL. Je ne suis pas fan, il y a deux-trois trucs que j’ai trouvé sympa tu vois, je les enterre pas et je ne dis pas que c’est génial non plus, mais la scénographie à Bercy j’ai fait « Whoa ! Chanmé ! » Je me suis dit que c’était mortel. Là pour le coup, respect à eux parce que tu viens, tu as payé cher ta place, et tu t’en prends plein les yeux.
Après moi je suis dans ce truc un peu plus bricolé, artisanal. A La Cigale, j’avais invité un ombromane (ndlr : Patrick Beau), parce que j’aime bien l’idée de faire des choses un peu incroyables avec peu de moyens. Tu lui mets juste un spot, et c’est aussi beau que certains trucs qui auraient pris six mois de travail. De toute façon j’ai pas les moyens. Je préfère laisser le show, le too much aux Beyoncé(s) qui font ça mieux que moi.
Tu fais un crochet par le Trianon à la fin de l’année pour ton Terminus Tour. Pour faire écho au live mémorable de la Cigale, est-ce que tu as prévu deux lamas cette fois ?
(Rires) Non, non je me suis fait un peu clashé par quelques gens présents dans la salle. C’était des commentaires que j’ai eu sur facebook du genre : « Ah je t’aimais bien mais là franchement le pauvre lama il avait rien demandé. » Et j’avais envie de répondre, mais je ne l’ai pas fait car je n’avais pas envie de rentrer dans une polémique. J’avais envie de répondre que quand tu regardes un épisode de Game Of Thrones et que tu vois un cheval tomber par terre, tu dis pas : « Le pauvre cheval ! Je regarde plus cette série. » Et ce lama, il a été dressé pour participer à des tournages. Je ne dis pas que c’est son métier, il ne l’a pas choisi évidemment, mais c’est pas non plus le métier du cheval de te porter quand tu vas faire de l’équitation. Il faut voir aussi dans la globalité.
Pour moi l’idée c’était pas du tout de ridiculiser cet animal ou qu’il se sente mal, c’était simplement d’amener quelque chose d’inédit, d’imprévu, d’insolite, pour que les gens n’oublient pas ce moment de sitôt. Et le lama, ben, il n’a tué personne, il va très bien, il se porte bien, il m’envoie des petits messages sur snap de temps en temps. (rires) Enfin, le but c’était vraiment pas de me moquer d’un animal ou qu’il se sente mal. Justement, j’avais demandé aux gens qui m’entouraient de trouver des lamas expérimentés et de pas aller le chercher au Pérou, ou je sais pas quoi, et de le balancer dans le dix-huitième !
En tout cas cette fois il n’y aura plus d’animaux. Vivants en tout cas ! Après moi je suis très rat taupe nu. D’ailleurs, j’avais demandé de pouvoir aller tourner aux Maisons-Alfort, l’école vétérinaire, ils font des recherches sur cet animal parce qu’il est fascinant. C’est l’animal souterrain qui vit le plus longtemps. Donc quand on a fait le visuel (de l’album), j’ai dit : ok la tracklist, on la met dans un terrier, et je veux que mon avatar, le personnage qui joue Hippocampe Fou, ce soit un rat taupe nu. Je voulais faire un shooting à l’école vétérinaire, je me disais : « Ah je ferais trop un truc avec des rats taupe nu sur les épaules ! » Evidemment on m’a dit non. Ils avaient un peu peur d’ouvrir leurs portes.
Tout ça pour dire que les animaux c’est quand même toujours mon délire. En fait pour cet album, je me suis demandé quel serait l’équivalent de l’hippocampe en sous-sol. Je n’allais pas mettre un hippocampe en train de s’étouffer dans le souterrain ! Sur le deuxième album, j’apparaissais moi-même. J’imagine que l’hippocampe semi-humain d’Aquatrip, est parti du fin fond de la mer, s’est mis sur l’échelle, et il est devenu qui je suis, Hippocampe Fou, avec les petites étoiles et tout ça de Céleste.
Après l’idée c’est que le panneau terminus, une fois que t’as déplié le livret, ce soit une échelle. Et là, je me transforme à nouveau en rat taupe nu. Mais bon c’est trop complexe, ça c’est pour les gars qui aiment creuser. Ce ne sont pas les trucs les plus vendeurs mais pour moi ça met un côté enfantin. D’ailleurs, le parti pris de cette pochette se situe entre le livre pour enfant et Claude Serre (ndlr : dessinateur de BD).
Ce que j’aimais bien dans l’idée de Terminus avec ce trou, c’était pas le fait que ça soit dans un terrier et que ça rappelle qu’on va tous finir sous terre. Même si c’est vrai qu’au premier coup d’œil c’est ce qu’on peut se dire. Je ne vois pas ça comme la fin de la vie mais comme le début d’un nouveau voyage.
Est-ce qu’il y a des projets avec la Secte Phonétik ?
Non, il n’y a pas de projet, on n’est plus vraiment en contact…
Parce que tu continues quand même pas mal à les name-dropper.
En fait c’est juste que je me suis rendu compte que le groupe buzzait post-rupture, à titre posthume on va dire. Je vois des vidéos mises en ligne par NiVü qui gère encore le truc, il a balancé des vieux dossiers ! Des sons qui datent de 2009-2010 maximum. Mais non, il n’y a rien eu depuis.
Effectivement, il y a pas mal de morceaux qui ont été remis en ligne récemment.
Ouais, et du coup, les gens se disent : « Ah ils reviennent ! » C’est vrai qu’on était en train de préparer un album au moment où on s’est séparé. C’était un moment où, mentalement, je n’étais pas là, et puis je pensais à faire mon truc. C’était aussi une histoire d’emploi du temps. Donc on s’est séparé. Mais on s’est recroisé quelques fois…
Le son « Bienvenue (dans la secte) » a dû être re-balancé sur YouTube il y a sept, huis mois, le truc a fait un million de vues. Je me suis dit : « C’est un son qu’on a écrit en 2008, ça a dix piges ! » Et dans les commentaires tu lis des trucs du genre : « je suis adepte ! »
Ça marque les gens encore aujourd’hui. Et puis je ne serais pas qui je suis aujourd’hui sans eux. J’étais un petit peu l’OVNI du groupe, mais j’ai appris énormément avec eux, notamment sur le plan de la technique vocale : le chant, les harmonies. Je ne suis pas chanteur pro, j’ai bien pris quelques petits cours, ce qui fait qu’aujourd’hui je sais gérer le travail de l’harmonie à l’oreille surtout grâce à eux.
Ils avaient ce désir de faire quelque chose de très chorégraphié, très mis en scène. Ça m’a saoulé au bout d’un moment, j’ai voulu revenir à quelque chose de plus franc, plus brut. Et je me rends compte que je reviens doucement vers ça. Je me dis qu’ils avaient raison, on était sur la bonne voie… Mais c’était juste pas le bon timing.
Terminus, le troisième album solo d’Hippocampe Fou est sorti le 9 mars et est disponible ici.
Photos : Thomas Lang
Remerciements : Alexandre Santiago, Chez Céleste, l’Entre Potes.
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