Hash 24 sort de l’ombre avec sa mixtape ‘Le poids de mon âme’

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Le Poids de Mon Ame

Hash 24 sort de l’ombre avec sa mixtape ‘Le poids de mon âme’

Rappeur prolifique (déjà son 14ème projet!), Hash 24 est loin d’être un arrivant dans le paysage rap hexagonal. Originaire de Normandie, le rappeur a vite saisi l’opportunité de se rapprocher d’une nouvelle génération de rappeurs parisiens alors en pleine effervescence. Il vient de sortir une nouvelle mixtape, sa plus aboutie, Le Poids de Mon Âme.

Avec ce nouveau projet, intitulé Le Poids de Mon Âme, Hash 24 nous offre une mixtape dense, personnelle et planante, qui sonne comme le prequel d’un premier album à venir. Nous avons jugé le moment opportun pour interroger un artiste en constante mutation, évoquer ses débuts, son intégration au collectif de la 75eme Session mais aussi simplement sur sa vision du rap. Rencontre avec un artiste aguerri, sincère et ultra productif.

Comme beaucoup d’artistes de sa génération, Hash 24 découvre le rap avec l’album de Sniper, Du Rire Aux Larmes, qui lui a donné l’envie de rapper mais c’est véritablement l’album de SinikLa Main Sur Le Coeur, qui pousse le jeune normand vers l’écriture alors qu’il est à peine âgé de 15 ans. C’est justement dans sa Normandie que Hash fera ses premières armes dans le rap, les premières rencontres qui lui permettront de structurer sa musique et commencer à travailler sur des projets: « J’ai fait un groupe avec des gars de ma ville. Un jour, un autre rappeur de ma ville, nommé Herka, a posé un texte lors de la Fête de la Musique sur l’instru « 9-4 » de Rohff. Je suis devenu ouf! Je me suis rapproché de lui car il avait tout le matos pour enregistrer chez lui. Chez moi à cette époque, j’ai un ordi avec un petit micro pour MSN et je me souviens avoir vu sur les forums que le logiciel Audacity était bien pour s’enregistrer. Je prenais du coup la fin des morceaux pour faire une boucle et je rappais dessus. C’était la merde, je ne savais même pas ce qu’était un BPM, c’était les premiers moments. »

Déjà, le rappeur fait preuve d’une ouverture d’esprit qui ne l’a jamais lâché depuis, en cherchant à se mélanger, pour développer sa musique et son univers: « Herka c’était un skater, il avait son crew de skater, ça se mélangeait pas trop. Mais j’avais cette envie d’aller chercher d’autres trucs et voilà pourquoi je suis allé vers lui. Il m’a ouvert la porte immédiatement et m’a aidé à mettre la main à la pâte. On a sorti une mixtape intitulée Entre Deux puis la mixtape Way Tape, car on était à la campagne, c’était la tape des chemins! »

Sopico, c’est le frère de ma génération que je n’ai pas eu avant.

Petit à petit, Hash prend de l’ampleur et gagne en maturité artistique. Tout jeune bachelier, il enchaîne avec la fac mais ne lâche pas le rap. Bien au contraire. Pour autant, le fait de vivre loin de la capitale demeure bloquant pour l’artiste, qui passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux pour découvrir, suivre et se rapprocher d’autres artistes ou groupes. C’est à ce moment que le rappeur normand fera une rencontre déterminante pour la suite: « Je commence la fac et je mets en parallèle un freestyle sur Facebook. Au même moment, je découvre L’Entourage et je commence à parler avec Nekfeu sur Facebook et là il partage mon freestyle sur sa page. On a continué à échanger et même lorsqu’il commençait à percer, il continuait de prendre du temps pour moi. Un jour il m’invite à un de ses premiers concerts à Paris, pour la Fête de la Musique à la Mairie du 15ème. Il m’a alors présenté Alpha Wann, Georgio, 2Zer et c’est là que j’ai compris l’émulation de la scène parisienne. C’est vraiment Ken qui m’a ouvert les bras en me présentant comme un rappeur de Rouen et en me faisant découvrir toute cette scène en pleine ébullition. »

@JuPi

Pour Hash, la rencontre est un élément déclencheur pour la suite de sa carrière. Il prend conscience de la puissance de cette nébuleuse qui prenait forme devant lui et souhaite alors capter cette énergie: « Je vois à quel point ils sont organisés en équipe, à quel point ce sont des gros charbonneurs mais aussi qu’ils sont très portés sur le partage et l’entraide.«  Témoin de cet état d’esprit, un souvenir que nous évoque Hash: « A ce moment-là, des open-mics étaient organisés à Bercy. Je me pointe là-bas seul et je tombe sur Ormaz et PLK, qui me proposent de m’inscrire à leurs côtés car ils avaient déjà leur équipe d’inscrite. A cette époque, ils devaient avoir tous les deux autour de 15 ans. C’est un de mes premiers gros souvenirs rap sur Paris. »

Si Nekfeu et L’Entourage ont été le premier contact parisien du MC, il fut une rencontre, certes liée, des plus déterminantes pour Hash. Quelques temps après son arrivée dans la capitale, l’artiste se rapproche d’un collectif parisien encore jeune: la 75ème Session. « Je découvre le travail de la 7-5 au travers de la série de freestyles anonymes des John Doe, notamment ceux de Népal, puis de FA2L. C’était Sheldon qui partageait ça sur Facebook. Je l’ai contacté en me présentant et il m’a proposé de venir faire du son avec eux. En parallèle je rencontre Krimsa qui venait de sortir un son avec Nekfeu intitulé « La Main Sur Le Mic »  et avec qui je sympathise. Nous sortons ensemble un projet commun intitulé Union Parallèle dans lequel je contacte pas mal de gars de la 7-5 dont Limsa et Sanka qui acceptent direct de venir poser sur le projet. Au fur et mesure, on s’est tous rapproché et un jour, Népal et Doums m’ont proposé de faire un John Doe et ce fut ma carte d’entrée dans ce collectif. »

Des souvenirs par milliers, des fous rires et des larmes aussi. C’est tout cela l’expérience vécue par Hash avec ses potes de la 75ème Session. Une véritable expérience de vie, une seconde famille dont l’artiste a réalisé la force il y a peu : « J’ai compris qu’on était une bande désorganisée mais qu’on était capable de faire de belles choses comme aller coller des affiches dans tout Paris pour l’album de Népal. Là, ça m’a particulièrement ému, cette union autour du travail de mémoire, quand il s’agit de faire des choses importantes. Clairement, on est là. » Car la force de ce collectif, c’est indéniablement de dépasser les frontières de la musique: « A la base, on est une bande de pote, on se retrouvait à la 7-5 pour discuter, se retrouver, c’est comme une famille. On s’est vite rendu compte qu’on avait de la chance d’avoir un lieu pour se retrouver, d’unir nos forces. C’était une unité rap, mais c’était plus que ça. »

Au cours de ces nombreuses années passées aux côtés des autres membres du collectif, Hash n’en néglige pas la poursuite de son apprentissage. Ainsi, chaque échange, chaque atelier de travail, permet au normand d’apprendre, de gagner en maturité comme il en témoigne volontiers: « La 7-5 m’a appris qu’un projet passait par des étapes. Heureusement que des gars comme Limsa, Sheldon, Paul et d’autres étaient là pour me canaliser, m’expliquer les étapes à ne pas négliger. Ils m’ont appris que la patience était une vertu. » Pour autant, le rappeur n’en garde pas moins une fraîcheur et une spontanéité qui peut parfois faire défaut dans le monde du rap. Hash semble vouloir avancer vite, très vite, sans trop calculer ce qu’il se passe autour de lui: « Si demain je me fais renverser par une voiture et que je ne peux plus rapper, je serais content d’avoir fait ce que j’ai déjà accompli. C’est de la spontanéité car tout peut s’arrêter très vite. Je pense justement que la spontanéité se perd un peu de nos jours, on veut tous mettre des morceaux de côté, avoir de beaux visuels etc. Jul m’a vraiment touché justement par sa spontanéité. Si je fais de la musique, c’est avant tout car ça me rend heureux, donc il n’y a pas de raison que ça change. »

Une autre étape importante du parcours déjà bien rempli de Hash a lieu au sein de l’aventure 75ème Session. Sopico, alors membre actif du collectif, se voit proposer une tournée. Hash devient alors son backeur sur scène, naturellement, par le lien fort et précieux qu’ils ont su tisser ensemble : « Lorsqu’on s’est rencontré, c’est tout de suite l’artiste avec qui je me suis senti le mieux, ça a été tout de suite comme un frère. C’est avec lui que j’ai passé le plus de temps au Dojo, c’est le premier mec avec qui j’ai fait un projet en commun après Krimsa. C’est le premier qui m’a montré qu’on pouvait être diversifié dans le rap. Il m’a toujours dit que s’il lui arrivait quelque chose de bien, je ferais partie de ce bonheur. Dès qu’on lui a proposé de faire une tournée, il m’a directement dit de venir avec lui. J’ai alors mis ma vie de côté pour partager ces moments de bonheur avec lui. Je suis devenu son backeur, par affinité, par voix naturelle. C’est le frère de ma génération que je n’ai pas eu avant. Je suis aujourd’hui toujours aussi fan de lui. Il m’apporte beaucoup plus qu’il pourrait me prendre et il n’attend strictement rien en retour. »

Il n’y aurait pas de Hash 24 sans Sheldon, personne ne m’aurait écouté sans lui. Je lui dois beaucoup.

Bien que dévoué en tournée à Sopico, Hash n’en oublie pas pour autant sa musique et enchaîne les projets avec cette régularité et cet acharnement qui le caractérisent. Autant de projets qui permettent de mieux comprendre l’artiste tant il aime s’y dévoiler de manière pudique: « Tous ces projets sont des fragments de ma vie, des photos de voyage. Hell Paradise, je l’ai fait confiné chez ma mère, DNA comporte des morceaux comme « Lundi Gris » où je me suis beaucoup intéressé au rapport familial. Il y a de moi dans chacun de mes projets ». Une motivation sans faille que Hash semble conserver en tout temps: « Personne ne m’apportera sous mon nez un plateau repas tout fait. C’est à moi d’aller chercher l’inspiration, à moi d’aller créer. »

Affamé de savoir et véritable touche à tout, Hash passe son temps au Dojo à observer Sheldon travailler, apprend de lui dans tous les domaines possibles: enregistrement, mix mais aussi beatmaking. Hash est en effet également producteur. Logique quand on connait la bonne habitude qu’a pris la 75ème Session à pousser tous ses membres à être pleinement autonome dans leur processus créatif : « J’ai commencé grâce à Sheldon. Sheldon, peu importe avec quel artiste il bosse, il pourra être au milieu d’une session, ça ne le dérangera pas que je sois dans ses pattes, à regarder ce qu’il fait, donner mon avis, poser des questions. Sheldon, il est aussi au mix de tous mes projets depuis que je suis à Paris. Sheldon m’a presque tout appris, à changer de flow, à faire de la trap, à aller chercher mes derniers retranchements dans ma voix. Il a formé Yung Coeur qui a sorti son premier son ensuite avec moi, il s’appelait Kairos à l’époque, le Dieu du temps, c’était normal de faire du son avec Hash 24! On a fait le morceau « Eve » ensemble, on a co-signé la prod d’ailleurs, j’ai fait le piano, Yung Coeur le reste. »

Son premier placement marquant se retrouve catapulté comme morceau d’introduction du projet de Lesram G-31 avec le titre éponyme, un honneur pour Hash qui admire le travail du membre du Panama Bende: « Je sais faire une prod mais ce n’est pas suffisant pour proposer à des artistes comme Lesram. Je produis essentiellement pour lui, je suis fan de cet artiste et de cette personne. Il est entier, bien éduqué, il a une belle manière d’exprimer sa musique. Je lui ai un jour proposé une prod, « G-31 » et comme elle n’était pas assez carrée, j’ai proposé à Nachos (producteur et ingé son au Blackbird studio de DJ Elite) de co-produire avec moi et ce titre s’est retrouvé en premier titre du projet éponyme de Lesram. » A la question de savoir si Hash souhaite en faire un aspect récurrent de son travail à côté de celui de rappeur, le MC nuance : « Je me vois continuer de produire pour Lesram, Aladin 135… Mais le plus important pour moi, c’est de poursuivre ma collaboration avec Lesram sur le long terme. Je ne vois pas l’intérêt de placer des prods dans tous les sens pour pleins d’artistes, pour gratter un bout de Sacem. Mon approche reste avant tout artistique mais surtout humaine. »

 

Aujourd’hui, l’artiste dévoile une mixtape aboutie, intitulée Le Poids De Mon Âme et qui semble se rapprocher d’un premier album, tant sur sa forme que sur le fond. Hash nous raconte l’historique de ce projet : « Ce projet devait sortir avant Hell Paradise qui est plus récent mais la Covid m’a ralenti. J’étais en Normandie donc je n’avais pas de lien avec Sheldon pour les mix, ni avec Georgio alors qu’on devait re-poser notre featuring. Donc il a fallu temporiser. Ce projet, c’est ce qui se rapprocherait le plus d’un album. » Particularité du projet, il est co-réalisé par deux beatmakers (88 Wavy et Cezario Keyz) à la signature de toutes les prods (sauf l’intro que l’on doit à Sheldon) aux cotés de Hash : « Ce sont des gars qui m’ont contacté sur Internet et qui m’ont proposé de faire un titre ensemble. On a sorti le titre « Mektoub » ensemble et le destin, justement, a fait qu’on devait faire plus ensemble. On a alors fait 5 puis 30 sons et on a gardé les meilleurs pour faire ce projet. C’est une véritable collaboration sur ce projet, ils se sont beaucoup engagés sur les prods et les mixs et de mon côté j’ai investi sur les clips notamment ». 

Sur le projet, ce qui frappe tout d’abord, c’est cette facilité avec laquelle Hash alterne chant et rap au sein d’un même morceau: « Il y a des gens qui pensent qu’on utilise l’Auto-Tune pour cacher notre voix, en réalité pour ma part je l’utilise pour m’entraîner à aller dans des sonorités musicales autre que le rap et j’espère qu’à terme, je n’aurai plus besoin d’informatique pour faire valoir ma voix dans ma musique. J’essaie de faire une chanson qui arrive à prendre aux tripes au même titre qu’un son rap, rock ou pop. »

Un projet entier, où l’artiste a beaucoup investi de sa personne pour voir naître ces textes si personnels, parfois sombres. Ceux qui connaissent Hash dans la vie s’accorderont à dire que sa musique contraste parfois la personne qu’il est: « Ce projet, j’y ai mis tout mon cœur et ça permettra aux auditeurs de découvrir une autre partie de moi. Je suis d’humeur très euphorique dans la vraie vie mais dans ma musique, c’est l’autre face de la pièce. Quand tu écoutes le projet, c’est l’Ouzbékistan, toutes ces angoisses, l’amertume, l’ennui, que j’ai envie de transformer en puissance dans ma musique. Pour moi, le charbon c’est le plus important, c’est ce qui te permettra de faire de belles choses dans la vie. »

@JuPi

Le charbon donc. Comme pour encore plus appuyer sur ce point, Hash ne se contente pas de passer son temps en studio. Il possède un boulot à plein temps en tant que responsable d’un centre de loisir. Un équilibre dur à trouver, mais l’artiste semble pourtant s’en accommoder: « Quand je vais au taff, j’écris, dès que j’ai une pause, j’écris, quand je rentre du taff, j’écris et ensuite je l’enregistre au studio le soir. »

Dans ce projet, Hash y invite ceux qui ont toujours été la pour lui: Georgio et Sheldon, deux artistes comptant énormément dans le cœur du rappeur : « Georgio c’est comme un frère, une histoire d’amour. On a une histoire particulière, on a vécu énormément de choses ensemble. C’est d’ailleurs mon premier featuring avec lui. Quant à Sheldon, c’est mon rituel. Sheldon est souvent à la fin de mes projets, il ferme la boucle. Je suis en admiration devant son travail. Sheldon m’a dit un jour : « La réussite est une succession d’erreurs ». Cette phrase m’a traumatisé. Ça veut dire qu’il faut que je fasse 100 séances studio pour en avoir une bonne. Il n’y aurait pas de Hash 24 sans Sheldon. Personne ne m’aurait écouté sans lui. Je lui dois beaucoup. »

Un autre invité sur le projet peut sembler plus surprenant. Quesse, un rappeur indépendant du Maryland, a été introduit par le biais des deux beatmakers de la mixtape : « 88 Wavy et Cezario Keyz ont fait un projet avec des rappeurs américains. Quand ils m’ont fait écouter le projet, j’ai kiffé Quesse, on s’est connecté et on a direct bossé ensemble. C’est un super gars, c’est la première fois que je faisais une connexion outre-Atlantique et c’est une super expérience. Deux indépendants qui taffent ensemble, ça sonne vrai direct c’est pas comme les arrangements entre maisons de disque ou autre. »

Dans la dernière ligne droite qui séparait les auditeurs de la mise en ligne du projet, Hash a offert chaque soir à toutes les personnes ayant pré-commandé le projet un nouveau son inédit constituant ainsi un mini-projet intelligemment intitulé Sablier. La générosité et le travail, encore et toujours. Ce qui nous pousse inévitablement à interroger Hash sur la suite, ne doutant pas qu’il ne s’arrêtera pas en si bon chemin: « Mon prochain projet sera un EP de 6 titres avec Yung Coeur à la direction artistique pour octobre ou novembre si tout se passe bien. J’attends beaucoup de ce projet mais je n’en dis pas plus ». Nul doute que Hash aura beaucoup à nous offrir d’ici là.

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