« Contre le vent, je ne fais pas le poids, ma plume n’a qu’une masse dérisoire », chante 20syl en 2010 dans « Équilibre ». Contrairement à l’artiste francophone, écrire est ce qui semble fournir à Flo The Kid un équilibre vital. Portrait d’un français anglophone à l’univers low-fi, influencé par le hip-hop d’hier et d’aujourd’hui.
Floris Yvinou alias Flo The Kid, natif du Val d’Oise, parisien adoptif et américain fantasmé. Trois mots simples pour décrire un personnage pluriel et réfléchi. Enfant, Floris rêve d’être acteur, chanteur ou cosmonaute. Comme acteur, il se voit bien jouer « le sixième homme du match » dans Space Jam. Comme astronaute, il s’imagine aller « le plus loin possible », pour expérimenter l’infini. Repousser les frontières et soigner la contre-attaque sont justement des talents qu’il maîtrise. La preuve avec Get To Know The Kid, un EP en forme de match retour suite à sa première mixtape Introduction To The Kid.
Le rap, Flo The Kid l’écoute en VO depuis tout petit. En CP, son père lui offre une compilation qui l’initie à ce style et le pousse petit à petit vers l’écriture. « Fatalement, des réflexes sont venus, en anglais », confit-il. Une plume à l’instinct anglophone, nourrie par la musique, le cinéma et les voyages. D’abord outre-Manche, puis à Boston et dans le Mississippi, où il étudie plusieurs années. Il y rencontre de multiples producteurs, dont Stwo, avec qui il forme alors un groupe éphémère. Armé de quelques bases en production et d’un bon accent, il se lance en solo dès son retour en France.
Accéléré par plusieurs rencontres clés, le développement de Flo The Kid est rapide. « Les premiers à avoir joué un rôle sont The Geek et Vrv. » Lorsqu’il écrit sur une de leurs chansons et leur demande l’autorisation de poster le titre, ils lui répondent que la musique est faite pour être partagée. « J’ai trouvé ça super cool ! » L’artiste contacte ensuite Møme par l’intermédiaire du duo, alors que ce dernier cherche à collaborer avec un rappeur. « Lorsqu’il est parti chez Universal, il m’a proposé une tournée. » Voilà comment Floris se retrouve propulsé au Zénith et à l’Olympia, invité par le compositeur niçois.
Sur scène, il est comme un poisson dans l’eau. « Quand tout le monde crie, tu ressens une sorte d’énergie. L’état dans lequel ça te met est puissant ! » Souvent sur la route, il n’oublie pas malgré tout le studio, qui reste à ses yeux un instant créatif privilégié. « C’est le moment où tu t’exprimes, où tu donnes forme à tes idées. » Producteur à ses heures, Flo The Kid concentre majoritairement ses forces sur l’écriture, et se révèle par ailleurs un excellent curateur. Logique, sachant que l’artiste partage régulièrement ses découvertes musicales dans le magazine Beware!
Son univers, il l’a façonné d’une manière identique, à force de chercher de la musique sur les plates-formes. Un état d’esprit très DIY, qui lui offre le choix parmi un catalogue sonore quasi-illimité. « Même si les faces B sont des titres existants, qui n’ont pas été écrits spécifiquement pour ton album, Soundcloud compte tellement de musique que tu trouves forcément celle qui te correspond. » La cohérence entre les titres se trouve ensuite renforcée par la voix et les paroles, souvent orientées vers la fumette et les potes, deux éléments que notre artisan numérique semble combiner à merveille.
Indépendant, Flo The Kid l’est jusqu’aux bouts des doigts, y compris dans la distribution et le financement. La preuve par « a » plus « b » avec Get To Know The Kid, un EP produit intégralement grâce à Kiss Kiss Bank Bank. Sa curiosité le force à faire les choses dans l’ordre, et à bien comprendre le fonctionnement de l’industrie du disque. « Quand j’ai lancé le Kiss Kiss Bank Bank, j’ai pris un mois pour être calé sur le sujet. » À force d’observer ses pairs, l’artiste apprend sur le tas, et réussit à placer organiquement ses titres dans des playlists convoitées, comme les Spotify’s Freshmen.
Pur extrait de sonorités low-fi, Get To Know The Kid révèle en douceur ses arômes variés. Chez Flo The Kid, créer rime avec sélectionner. « Typiquement, sur cet EP, il y a un titre jazz, un titre qui sonne merengue, comme une danse de salon latine, et un qui est complètement électronique, voire future. » Le single « Love Me », en duo avec la chanteuse Jen Simoes, est paradoxalement le plus éloigné de son univers de départ. Pourtant, bien que Flo The Kid soit un disciple de Mos Def, A Tribe Called Quest et Common, ses contemporains Kaytranada, Hudson Mohawke ou Drake ne lui échappent pas non plus.
C’est justement cette ouverture qui l’amène à inviter sur son EP des producteurs des quatre coins du monde, parmi lesquels le parisien Fitzroy, le norvégien Sensi, l’argentin South Vibe ou encore l’américain A-Rayz, producteur pour Cousin Stizz et Michael Christmas. Sur cet EP, Flo The Kid raconte une histoire d’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. « La rencontre avec une fille, et la musique, qui prend de plus en plus de place, jusqu’à occulter la relation amoureuse. » Au fur et à mesure, le protagoniste réalise que « le professionnel ne permet pas de s’épanouir à 100% », et finit par trouver l’équilibre.
Raconter une histoire de A à Z, c’est donc l’ambition réussie de Get To Know The Kid. Comme toute première histoire, elle est forcément auto-biographique. Pour trouver l’équilibre, Floris doit jongler entre ses différentes casquettes. « À coté, j’ai un boulot, je fais du basket, j’écris pour un magazine. C’est compliqué de tout faire ! » avoue l’artiste. Son mérite n’en est que plus grand. Flo The Kid affirme désormais son univers, et aspire à gagner la reconnaissance du milieu. Avec une carte de visite comme celle-ci, il a d’ores et déjà gagné notre estime.
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