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Finaliste du dernier Buzz Booster, Misa est prêt à prendre son envol

Bien que né à Metz, c’est à Marseille que Misa pose ses valises à 6 ans avec sa famille. C’est donc dans la cité phocéenne que ce dernier goûtera pour la première fois au rap, autour de ses 15 ans: « J’avais une super prof de français qui m’a donné le goût de l’écriture au sens large. Mais un texte comme « Mon texte le savon » d’AKH m’a vraiment donné envie de rapper. On se retrouvait alors entre potes, à jouer à la console et à s’amuser à rapper. C’est là où j’ai écrit mon premier vrai texte, un story-telling, je m’en souviens très bien. »

C’est finalement son entourage et certaines rencontres décisives qui vont pousser Misa à aller plus loin, à gagner en technique pour pouvoir proposer quelque chose de plus structuré: « J’ai beaucoup écrit dans ma chambre entre mes 15 et 19 ans avec un pote et mon entourage voyait que je kiffais le truc et m’incitait donc à sortir des choses. Mais c’est surtout ma rencontre avec Kevin Zephyr (réalisateur pour de nombreux artistes comme Népal, Panama Bende ou encore plus récemment Zamdane) en janvier 2019 qui a tout débloqué. Je lui avais envoyé un titre, il m’a dit qu’il kiffait et m’a proposé de descendre sur Marseille pour le clipper. On s’est retrouvé pour en parler et on ne s’est plus lâché depuis. Pour ce premier clip, il m’a été d’une grande aide car tout était nouveau pour moi et il a su m’indiquer les choses à faire et à ne pas faire. Par la suite, nous avons eu l’occasion de nous retrouver au Maroc ensemble avec Zamdane, notre relation avec Kévin s’est renforcée lors de ce séjour et c’est à notre retour que nous avons officialisé notre relation manager-artiste. »

Son dernier projet en date intitulé 200% offre un ensemble cohérent et efficace, l’artiste s’y dévoilant avec franchise comme dans l’introduction du projet intitulé « Immersion » où se dresse un premier bilan de ses premières années d’existence. Un recul sur son vécu qui peut surprendre étant donné le jeune âge du rappeur et qui détonne quelque peu dans le paysage rap d’aujourd’hui:  « Pour cette intro, je me suis réveillé à minuit pour écrire et à 4h du matin, Jack Lean m’appelle et me propose de faire du son et en une heure le morceau était plié. C’est dans ce genre de mood que j’arrive le mieux à transmettre mes émotions et mes sentiments ».

Aux commandes du projet, on retrouve Jerzey, un beatmaker toulousain avec qui Misa a passé trois jours à Toulouse à faire du son après que Jack Lean, un ami de longue date et également producteur, a organisé la rencontre: « Tout glisse avec lui donc c’était logique que ça soit lui derrière mon projet. »

Pour ce projet justement, Misa a fait le choix de proposer au public uniquement des titres solos, pour ne pas s’abriter derrière quiconque, à rebrousse poil de ce qu’on peut voir en ce moment dans le rap et qui témoigne de la grande maturité de l’artiste. Misa se montre donc entier, sans tricher et sans personne à qui se raccrocher: « J’ai failli mettre un featuring mais au final j’ai réalisé qu’il ne devait y avoir personne sur 200%. Même à court terme pour la suite, je souhaite montrer seul ce que je sais faire, sans être poussé par qui que ce soit. »

@JuPi

En écoutant le projet, force est de constater qu’un travail important a également été fait au niveau des mélodies. Misa s’essaye à de nombreuses reprises à l’exercice avec énormément de maîtrise: « C’est très loin de mon bagage musical, je suis plus focus à la base sur les textes. Les premières fois où j’ai touché aux mélodies, c’était justement en studio avec Zamdane, à l’écouter travailler, à lui suggérer des idées. C’est ainsi que j’ai pris goût à l’exercice et que je suis beaucoup plus décomplexé sur le sujet aujourd’hui. »

Un projet abouti qui sonne comme un vrai coup de sifflet de départ à la carrière du jeune artiste. A la question de savoir ce qu’il souhaite faire progresser par la suite, Misa répond la tête froide: « Travailler sur les émotions, être plus concis, moins évasif, améliorer mes images dans l’écriture, être moins crypté. Au niveau des visuels aussi, j’ai envie de proposer des choses beaucoup plus singulières. Mais je n’ai pas encore vraiment trouvé où je voulais aller, c’est pour ça que je teste un peu toutes les sonorités, les styles. 200%, ce n’est pas une palette de ce que sais faire à proprement parler, la plupart des morceaux sont cohérents, il y a un mood global, je l’ai travaillé comme un mini album. »

Misa vient de terminer finaliste du dernier Buzz Booster national. Une expérience unique qui lui a vraisemblablement permis de passer un cap dans sa musique et aussi dans sa manière d’appréhender la scène: « C’était une manière de me mesurer aux autres. J’avais déjà fait pas mal de scène mais là, ça me permet de mesurer à des MCs de toute la France. Ça m’a permis aussi de bien travailler justement la scène, entouré de mon équipe: Zéphyr et Flo (également membre de l’équipe de Misa), ils m’ont aiguillé sur l’enchaînement des tracks, Yeuz Low qui est mon backeur m’a également beaucoup accompagné sur tout l’aspect musical. »

Une édition un peu particulière puisque, COVID oblige, les prestations ont été réalisées à distance et filmées, puis envoyées au jury pour votes. « Je n’ai pas rencontré de réelles difficultés, même si le format de cette année, filmé sans public, est une expérience particulière. Je n’avais aucun retour du public, d’autant que ce qui me fait vraiment kiffer, c’est justement l’échange avec le public. » Un public que Misa, comme tous les autres artistes, ne reverra pas de si tôt et qui pousse ce dernier à se focaliser sur la suite en attendant de pouvoir défendre 200% sur scène. En considérant la détermination de Misa et le sérieux de son équipe, nul doute qu’on entende très vite parler de lui… A suivre donc.

JuPi

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