Après presque vingt ans de carrière dans la musique, on ne peut pas dire que Kanye West soit aujourd’hui celui qu’il était quand il a commencé. Plus que la personnalité devenue au fil des ans de plus en plus insupportable, c’est avant tout l’évolution artistique d’un vrai génie du Hip Hop que nous avons voulu analyser dans le dossier suivant.
L’entrée de Kanye West dans l’industrie du disque n’a rien de conventionnelle : The College Dropout, son premier album, en sera le journal. Mauvais élève à l’université de Chicago malgré le soutien de sa mère professeure d’Anglais, Kanye West décide d’abandonner ses études pour embrasser sa carrière musicale. Bien lui en pris, mais, en 1997, Donda West est déçue : son fils, se jeter ainsi dans un environnement où tout lui est étranger ? À la fin des années 1990, le rap a toujours cette image sulfureuse dans son sillage, et peu nombreux sont les élus qui peuvent en vivre durablement. Son entrée dans l’industrie du rap est un combat d’ego : s’il échoue, comment trouver grâce, pas seulement aux yeux du monde, mais surtout à ceux de sa mère ?
Kanye West commence à se faire un nom dans le milieu musical au cours des années 90. Il produit alors pour quelques gros noms de l’époque, tels que Foxy Brown, Beanie Sigel ou encore Goodie Mob. C’est à ce moment qu’il rencontre Ernest Dion Wilson, plus connu sous le nom de No I.D. Ce producteur de Chicago invite Yeezy à des sessions d’enregistrement et devient en quelque sorte le mentor du jeune beatmaker.
C’est à partir de 2001 que s’arrête le travail dans l’ombre. Le 11 septembre, Jay-Z sort son sixième album The Blueprint, sur lequel Kanye West produit quatre titres, parmi lesquels « Takeover », diss track violent envers Nas et Mobb Deep qui sera un énorme succès, mais également le single « Izzo (H.O.V.A) » ou encore « Never Change ». Si tous ces titres furent une réussite, la participation de Kanye n’y est pas pour rien. Il y développe un style soulful assez particulier, acquis auprès de No I.D., grâce à des samples pitchés de grands noms de la soul qu’il couple à des drums marquants. L’album est un succès et le maestro semble en avoir trouvé la recette.
Pourtant bien installé chez Roc-A-Fella aux côtés de Jay-Z grâce à ses productions sur The Blueprint, West doit malgré tout prouver à ses collègues qu’il a toute la légitimité pour rapper, quand ces derniers ne voient en lui qu’un génial, certes, mais inoffensif producteur de bonne famille. « Last Call », le dernier morceau de The College Dropout, s’arrête longuement sur les difficultés de West pour s’imposer dans l’industrie du rap.
« Ain’t nobody expect Kanye to end up on top
They expected that College Dropout to drop and then flop
Then maybe he stop savin’ all the good beats for himself
Roc-A-Fella’s only niggas that helped »
« Last Call », 2004
Si l’ego de Kanye West est présent dès The College Dropout, et sera si solide dans la suite de sa carrière, c’est surtout après cette entrée délicate dans le Hip Hop, bien plus difficile que celle au sein des fraternités de l’époque université (« School Spirit »). D’ego, il serait plus juste de parler de fierté, mâtinée d’arrogance comme l’indique lui-même West sur « Last Call », encore : « Now I could let these dream killers kill my self-esteem/Or use my arrogance as the steam to power my dreams ».
Pendant la première partie des années 2000, le soulful est à l’honneur et Kanye va continuer à exploiter cela sur ses propres opus. Toujours inspiré des plus grandes références de la musique soul telles que Otis Redding, Aretha Franklin, Marvin Gaye ou Curtis Mayfield, Yeezy fait de la production son principal atout. Il reproduira l’ambiance de The College Dropout sur Late Registration, son deuxième album sorti en 2005.
Dès le début de sa carrière, Kanye a très vite compris l’importance d’utiliser la voix comme un instrument à part entière. C’est pourquoi on retrouve parmi les samples qu’il utilise de nombreux samples vocaux, qui viennent participer au rythme du morceau ainsi qu’à son aspect mélodieux. Le rappeur/producteur popularise notamment la « chipmunk soul », surnom donné à l’utilisation de voix pitchées au point de ressembler à des voix de petits animaux de dessins animés. Une technique qui deviendra une vraie marque de fabrique pour Ye.
Les productions de Yeezy ont un tel potentiel pour transformer de simples titres en singles en puissance qu’à partir de 2003-2004, un grand nombre de rappeurs vont s’arracher ses beats. C’est ainsi qu’on retrouve le petit prodige de Chicago sur les albums de Dilated Peoples, The Game ou même Nas. Mais c’est sur le chef-d’oeuvre de Common, Be, que Kanye a exposé tout son génie en matière de production soulful. Il a réussi à travers son style habituel à créer des titres mélancoliques, pleins d’esprit et de vie qui collent parfaitement au rap de Common, le tout couplé aux beats tout aussi somptueux de J Dilla.
Pour son troisième opus Graduation, Kanye commence à varier sa production, changer de style sur certains titres. Cela s’explique notamment par ses collaborations avec d’autres producteurs et des featurings issus d’horizons multiples. C’est le cas sur « Stronger », qui reprend le titre mondialement célèbre des Daft Punk, pour le transformer en un hit de rap. Encore une fois, les expérimentations paient puisque l’album est acclamé par la critique et terrasse l’opus de 50 Cent, Curtis, sorti le même jour, en termes de ventes. La puissance de Graduation, c’est donc ce mélange entre des productions plus « classiques » de Kanye West et des titres plus « electro » sur lesquels il a choisi de jouer des mélodies au synthétiseur, plutôt que de sampler des disques de soul comme à son habitude.
Avec cette trilogie autour de l’Université, Kanye créé une cohérence entre ses albums, à la fois en terme de contenu mais également de production. D’ailleurs, c’est après Graduation qu’il va complètement changer de style musical.
C’est donc sur son quatrième album 808s & Heartbreak que la musique de Yeezy va prendre un vrai tournant artistique. Derrière ce virage à 90°, il y a une explication : à la fin de l’année 2007, Donda West, la mère de Kanye, décède. Celle à qui il avait dédié le morceau « Hey Mama », celle qui avait été sa plus grande source d’inspiration, qui l’avait soutenu et encouragé toutes ces années venait de le quitter, alors qu’il subissait déjà les affres d’une séparation difficile avec sa fiancée de l’époque. C’est à travers son nouvel album que Kanye partage son deuil et sa grande tristesse avec le public. Il met son cœur à nu et à travers des morceaux lents, mélancoliques et chantés, il expose son état d’esprit aux yeux des gens. Des morceaux chantés ? Oui. Toujours en considérant la voix comme un instrument majeur, Kanye a choisi de réaliser cet album entièrement avec l’aide de l’Auto-Tune. Ceci lui valut les critiques de nombreuses personnes et l’album ne fût pas forcément bien reçu à sa sortie. Pourquoi un projet qui dénote autant de tout ce qu’il avait pu faire auparavant ?
808s & Heartbreak est aussi l’album qui marque le passage de Kanye West beatmaker/producteur à Kanye véritable architecte sonore et superviseur de la production. Il y assure la production aux côtés d’un autre beatmaker sur la plupart des morceaux, en la présence de son mentor No I.D. entre autres. Mais malgré l’omniprésence d’Auto-Tune, il s’avère que Kanye West a utilisé cet outil à merveille pour en faire une véritable source de créativité et d’originalité. Rien à voir avec ce qu’on connaissait de ce procédé via T-Pain ou Lil Wayne (pour ne mentionner que les plus connus), Yeezy a parfaitement jaugé l’équilibre du logiciel de correction vocale, de sorte que cela n’en devienne pas ridicule mais au contraire très cohérent. 808s ouvre la porte du rap mainstream à des thématiques autrefois réservé au R’n’B, il parle de souffrances amoureuses et psychologiques de manière très ouverte.
Sur un plan artistique, 808’s est ainsi une formidable leçon d’humilité pour West : lui qui sortait d’une période bénite se retrouve soudain à nu, avec un son dépouillé et un ego en morceaux. On identifie facilement Kanye West avec un ego surdimensionné, et il s’agit le plus souvent d’une simplification malhonnête. Pour commencer, il suffit de remarquer qu’il n’a jamais mis son visage sur une de ses pochettes, preuve que cette affection pour l’ego, évoquée ci-dessus, ne s’arrête pas à un bêta narcissisme béat.
Si 808s est mélancolique, West ne délaisse pas pour autant une des composantes principales de son rap, l’humour, qui contrebalance souvent chez lui cette tendance à l’arrogance. « It’s Kanye, but some of my plaques, they still say Kayne », constatait-il déjà, mi-amusé, mi-dégoûté sur « Diamonds Are Forever » en 2005. Même 808s fait cette écriture paradoxale : « You wait a couple of months, then you gonna see/You’ll never find nobody better than me » promet Yeezy sur « Heartless », quand il ne compare pas son ex à Robocop sur la chanson du même nom.
Sans aucun doute possible désormais, l’écriture de Kanye West est sienne, unique et belle : l’amour du bon mot, de la meilleure tournure la transfigure. « I’m killin y’all niggas on that lyrical shit/Mayonnaise colored Benz, I push miracle whips » a peut-être fait marrer les rappeurs quand West l’a sorti pour prouver qu’il pouvait faire mieux qu’eux, mais il prédit un potentiel rare. Celui de ne pas limiter ce qu’un rappeur peut dire et faire à ce qu’on attend de lui. Plus que jamais, c’est le cas sur 808’s.
Après trois ans d’absence, c’est en 2010 que Kanye West fait son retour, de nouveau torturé par un passage délicat de sa vie privée : sa séparation avec le mannequin Amber Rose. En plus de la tristesse, c’est la mégalomanie qui transparaît sur son nouvel album, My Beautiful Dark Twisted Fantasy. En terme de production, il s’agit probablement là de son projet le plus créatif. Les instrumentaux ne ressemblent à rien de ce qui se faisait à l’époque et on peut difficilement leur attribuer un style bien défini comme on aime tant le faire nous autres journalistes. Pour réaliser cette pièce unique, Yeezy a réuni pas moins de onze producteurs différents qui ont travaillé en collaboration sur les treize titres qui composent l’album. Les plus connus d’entre eux ne sont autres que No I.D., RZA ou encore Bink (qui a entre autre produit plusieurs titres sur The Blueprint de Jay-Z lui aussi).
Ici encore, Kanye utilise l’Auto-Tune à la fois pour les couplets mais également comme une partie de l’instrumental, ainsi que de nombreux chœurs qui donnent aux morceaux un dynamisme sans pareil et une dimension très impérieuse, à l’image de titres comme « Power » ou « Lost In The World ». Les productions magistrales de « Hell of a Life » ou « All of the Lights » sont contrastées par des titres plus mélancoliques à l’image de « Runaway » et « Blame Game ». Il y mélange Auto-Tune et rap plus « classique », MBDTF est la fusion parfaite entre 808s et ses albums précédents. Inspiré sur tous les plans, Yeezy sort même un court-métrage, histoire d’illustrer ce sublime album.
L’esthétique soignée et les thèmes de l’album sont au service d’une vision plus large. Avec cet album, West signe le Shining du rap US, un Mulholland Drive musical, une bande originale qui se concrétise avec ce court-métrage. Après MBDTF, il devient évident que chaque album de West doit être considéré comme une frontière que West franchit. Aucun album de sa discographie ne se ressemble, c’est simple : d’une trilogie sur les années étudiantes, où chaque album a sa propre particularité sonore (soul et voix pitchées, orchestration puis sons électroniques), il passe à une série d’albums concepts, un sur la rupture amoureuse, un sur la monstruosité, un sur le péché, et un dernier, à ce jour, sur la rédemption.
Yeezus : œuvre incomprise ? Encore un coup de génie ? Kanye chamboule tous ses fans avec son sixième album qu’il sort en juin 2013. Il prend la casquette de véritable directeur artistique et pousse la co-production encore plus loin que sur My Beautiful Dark Twisted Fantasy en invitant vingt-cinq producteurs sur dix morceaux. Il renouvelle notamment sa collaboration avec le duo français des Daft Punk mais invite également le légendaire Rick Rubin (dont la liste des productions tient désormais peu près autant de pages que l’ensemble des tomes Harry Potter réunis). Yeezus se distingue de tout ce qu’a pu faire Kanye West auparavant par une orientation résolument plus électronique : des mélodies plus génériques jouées sur des synthétiseurs, des basses profondes, un rythme soutenu et très peu de samples.
Véritable OVNI, l’album peut être considéré comme avant-gardiste tant il se démarque de ce qui se fait à l’époque et vient établir de nouveaux codes dans le rap new school/trap comme on peut le noter sur les morceaux « New Slaves », « Send It Up » ou « Black Skinhead » par exemple.
Bien moins présente dans 808s & Heartbreak (2008) et My Beautiful Dark Twisted Fantasy (2010) : Yeezus signe aussi, et dès son titre, que la religion fait son grand retour dans le rap de Kanye West. Les références au Tout-Puissant et à la religion, d’une perspective musulmane ou chrétienne le plus souvent, sont légion dans le rap, surtout américain. Mais l’originalité de West, c’est qu’il les articule en permanence avec le matérialisme, l’autre Dieu, le Dieu Argent. Cet aspect religieux dans la musique de Yeezy, on le retrouve en filigrane sur les productions. La présence, depuis ses premiers albums, de chorales gospel sur certains refrains (« Two Words ») ou même au cœur de l’instrumental (« Power », « Celebration ») ne sont pas sans rappeler des messes de gospel.
Le rap ne s’est jamais privé d’évoquer l’argent et la consommation, et Kanye ne se fait pas prier pour suivre le mouvement : dans son premier The College Dropout, il cite le joaillier Jacob, le bijoutier Cartier, les parfums Jean-Paul Gaultier, les baskets Air Force One et Jordan, les marques de luxe Versace (« Ver-say-see »), Louis Vuitton et Gucci, les vêtements Banana Republic, Old Navy et Pelle Pelle, les voitures Benz, Lexus, Yukons, Altima et Maybach, les boutiques Gap, le service de location Avis, les boissons Pepsi et Cristal, le grossiste Sam’s Club, le site de rencontres BlackPlanet, les processeurs Pentium, les montres TechnoMarine, Grand Seiko Diver et Rolex Diver, les restaurants Cheesecake Factory, le magazine The Aurora, les boissons protéinées Boost et Ensure, la chaîne MTV, les assurances GEICO, la mayonnaise Miracle Whip et un lit Ikea… Et on en oublie sûrement !
« Je suis à fond dans Louis Vuitton. J’aime la culture pop. Populaire. J’aime Disney, Coca, Nike. Je veux que les gens pensent à moi comme si j’étais une marque. Comme si j’étais Nike. »
Kanye West à une session photo pour The Fader, cité dans Kanye West – Black Jesus de Karim Madani, Don Quichotte, p.109.
Toute la discographie de West est une publicité géante pour des dizaines, probablement une centaine de marques, qui permettent aussi au rappeur et à l’auditeur d’identifier des époques, des personnages, des caractères. West ne les débite pas n’importe comment. Il les considère juste comme des métaphores, des outils d’écriture comme les autres. « Beggars can’t be choosers, bitch this ain’t Chipotle » (« THat Part », ScHoolboy Q) n’est pas que du name dropping pour la chaîne de restauration américaine spécialisée dans la nourriture mexicaine, c’est une manière de signifier qu’il n’y a pas d’alternative possible à sa domination. Inutile de souligner l’influence de Kanye West sur les placements de produits dans le rap : en citant plus volontiers des marques de haute couture que des calibres de flingues, il a entraîné avec lui toute une partie de l’industrie vers les fashion weeks et le luxe.
Prétendre que West oppose le domaine du religieux à celui de la consommation serait abusif, voire tout simplement faux. Tel les bâtisseurs de cathédrales, Kanye West n’exclut pas le clinquant et le spirituel : à un moment, il se baladait avec une énorme tête de Jésus autour du cou, sa « Jesus Piece », fétiche parfait pour un rap qui n’en manque pas.
On voit venir les critiques : au fil des albums, le rap de West serait devenu mercantile, plus tourné vers Prada et les défilés de mode que vers le ghetto et les droits civiques. Pourtant, dès The College Dropout, il a su évoquer les deux thématiques en une ligne (« Even if you in a Benz, you still a nigga in a coupe », « All Falls Down »), et il le fait toujours sur Yeezus. « Black Skinhead », « New Slaves », « Blood on the Leaves » : West s’interroge plus que jamais sur la condition de l’homme noir en Amérique, ses paroles en témoignent.
« You see it’s broke nigga racism
That’s that « Don’t touch anything in the store »
And it’s rich nigga racism
That’s that « Come in, please buy more” »
« New Slaves », 2013
Yeezus est l’album où la critique sociale de Kanye West apparaît le plus brutalement : la lutte des classes résonne dans ces instrus souvent brutales et impitoyables, comme les pornos que regarde West en studio. On retrouve ainsi, dans l’hymne au fist fucking qu’est « I’m in it », cette sérénade : « Put my fist in her like a civil rights sign ». La critique sociale est partout… même là où on ne l’attend pas.
Après s’être dit fils de Dieu, voire Dieu lui-même (« I am a God » sur Yeezus), West décide de rendre des comptes au Tout-Puissant avec The Life of Pablo. Sa messe, il l’a organisé comme une listening party au Madison Square Garden retransmise en live partout dans le monde, une tracklist évolutive et une cover faite sous Paint. Malgré une communication quelque peu chaotique, l’album provoque une fois de plus une véritable déferlante sur Internet et bat même des records de téléchargements. Dans la continuité de ses deux albums précédents, il y invite une quantité phénoménale de producteurs pour un rendu toujours sans précédent. Cette fois, sans véritable ligne directrice, The Life of Pablo apparaît plus comme une sorte de medley qui retrace les différentes périodes musicales de Yeezy, une compilation de toutes ses humeurs: « No More Parties in LA » ou « Real Friends », qui ne sont pas sans rappeler ses premiers opus, « FML » et « Wolves » qui se rapprochent un peu d’un 808s ou un MBDTF, ou encore « Facts » et « Feedback » qui auraient pu avoir leur place sur Yeezus.
Étant donnée la cohérence propre à chaque album, aussi bien sur un plan textuel que sonore, les efforts de West pourraient paraître hermétiques : ce serait passer au travers des nombreuses toiles que tisse Yeezy dans ce tunnel discographique. Il y a d’abord des événements marquants de sa vie, évoqués à la mesure de leur importance : l’accident de West en Lexus est évoqué à plusieurs reprises entre The College Dropout (« It’s funny how wasn’t nobody interested/’Til the night I almost killed myself in Lexus », « Last Call ») et The Life of Pablo (« The ultimate Gemini has survived/I wasn’t supposed to make it past 25 », « Saint Pablo », deux lignes qui font elles-mêmes référence à « We Don’t Care », aussi sur The College Dropout).
La mort de sa mère Donda West, ses ruptures amoureuses, sa famille, la paranoïa, la société de consommation et la place qu’elle réserve aux Afro-Américains… West propose ce même traitement sur le long terme pour un certain nombre de thématiques, travaillant à un lifetelling affûté. Tout ce que raconte Kanye West lui est arrivé, c’est ce que pense naturellement l’auditeur attentif : force est de constater que West, même quand il en fait des tonnes, semble sincère. On attend l’avis de Taylor Swift sur le sujet…
Cette manière dont les textes de West se répondent et se font écho, particulièrement présente dans The Life of Pablo, rend l’écoute des différents albums évolutive : plus on connaît son rap, plus on connaît son rap, en somme. West s’en amuse sur l’interlude « I Love Kanye », un des plus drôles de sa discographie (et la plupart sont excellents). « I miss the old Kanye, straight from the Go Kanye/…/I hate the new Kanye, the bad mood Kanye » rappe-t-il en reprenant le discours de ces fans nostalgiques pour de mauvaises raisons. À ceux-là, il propose de réécouter encore une fois ses albums, un par un. Parce que chaque écoute, chaque mixtape, chaque playlist révèle son lot de connections, comme dans une oeuvre d’art totale.
Après avoir innové sur quasiment chacun de ses projets et avoir sans cesse cherché à explorer de nouvelles sonorités, il nous tarde de savoir vers quoi Kanye West va s’orienter pour ses prochains projets… Mais une chose est sûre : même si elle devait s’arrêter demain, la carrière de Kanye West aurait déjà amplement sa place au Panthéon du Hip-Hop, n’en déplaise aux haters…
Article rédigé par RZOM et Lex Luthor
Haters ou hardcore fans, vous êtes tous invités à célébrer la riche carrière artistique de Yeezy que nous tenterons de retranscrire en 3 DJ sets thématiques pour notre Kanye Party, ce jeudi 23 février à La Place.
Cover : Alexander Grahovsky
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