Le nouvel album de Kendrick Lamar, To Pimp a Butterfly, a clairement marqué les esprits, et ce à plusieurs niveaux. Si ses paroles engagées et politiques ont rappelé les plus belles heures de Tupac, le projet fascine tout autant par son incroyable richesse musicale. Hip-Hop bien sûr, mais aussi jazz, soul, funk…C’est un véritable voyage à travers la Black Music que nous propose K-Dot. Pour arriver à un tel résultat, le rappeur de Compton a su s’entourer d’une équipe de producteurs géniaux mais pourtant encore peu connus du grand public, qui n’ont laissé que quelques miettes aux stars du beatmaking que sont Pharrell Williams ou Boi-1da (une prod’ créditée chacun). On vous propose donc d’en savoir un peu plus sur ceux qui ont construit l’identité sonore unique de TPAB.
A produit : Wesley’s Story
FlyLo n’est crédité que sur un seul morceau de l’album. Pourtant, son influence est omniprésente dans T.P.A.B. Le producteur a d’ailleurs annoncé sur Twitter que le concept global de l’album était né lors d’une tournée durant laquelle Kendrick se serait isolé pour étudier des compositions de Flying Lotus (il aurait même enregistré plusieurs couplets sur ces instrus). Autre preuve évidente de l’influence du producteur du label Warp sur K-Dot: le morceau « Never Catch Me », point d’orgue du dernier album de Flying Lotus, You’re Dead, sur lequel on pouvait apercevoir les prémisses du chef d’oeuvre To Pimp a Butterfly. Une chose est sûre, l’association du nouveau king du rap US avec le génie du beatmaking expérimental n’a pas fini de faire des miracles. On rêve déjà de l’album collaboratif….– 2one
A produit : King Kunta, Alright, Hood Politics, Complexion (A Zulu Love), Mortal Man
Également crédité sur : Wesley’s Story, These Walls, u, For Sale?
Sounwave a en fait 14 crédits en tout sur l’album, soit le plus gros contributeur derrière Kendrick himself. Producteur maison de TDE, il fait aussi partie du groupe Digi+Phonics. Il est surtout connu pour avoir produit « Bitch Don’t Kill My Vibe » et « m.A.A.d City » sur l’album précédent de K-Dot, mais aussi « There He Go » de ScHoolBoy Q. Sur To Pimp a Butterfly, on retiendra entre autres son super crescendo en mode Boléro de Ravel (arrivée de couches instrumentales successives) sur « King Kunta » et ses basses rebondissantes et funky à souhait. À noter que lorsqu’il est crédité sur l’écriture des chansons, il prend son nom civil: Mark Spears. – H20
A produit : For Free? (Interlude), These Walls
Également crédité sur : King Kunta, For Sale? (Interlude), Complexion (A Zulu Love), The Blacker the Berry
Né d’un père jazzman et d’une mère chanteuse de soul, Terrace Martin baigne dans la black music depuis l’enfance. Bien qu’il ait choisi le rap, les influences jazz de Coltrane et funk de Parliament transparaissent dans la musique du jeune rappeur / producteur californien. C’est d’ailleurs dans ces 2 styles qu’il s’illustre sur TPAB. Tout d’abord avec le vibrant « For Free? »: véritable envolée free jazz qui offre à Kendrick l’opportunité de démontrer qu’il est capable de rimer sur n’importe quel rythme. Sur « These Walls« , Terrace Martin offre un récital de claviers P-funk à la sauce smooth, le tout accompagné par la basse de Thundercat et la voix suave de Bilal. Celui que l’on retrouvait déjà sur Section.80 (« Ab-Soul’s Outro« ) et GKMC (« m.A.A.d city ») semble être un ingrédient essentiel de cette nouvelle recette Kendrick Lamar. – 2one
A produit : Hood Politics, Complexion (A Zulu Love)
Également crédité sur : Wesley’s Story, King Kunta, Mortal Man
Stephen Bruner a.k.a Thundercat, grand compère de Flying Lotus (avec qui il a fondé le label Brainfeeder) est sûrement, avec cinq apparitions, un des musiciens les plus crédités sur To Pimp a Butterfly. Une surprise pour ce bassiste de renom qu’on a rarement vu associé à des projets rap. Un excellent choix néanmoins lorsqu’il s’agit d’insuffler à une composition un caractère P-funk grâce à sa basse ronflante telle qu’on peut l’entendre sur « Wesley’s Story » ou « King Kunta« . Fort de son travail avec Erykah Badu, tout porte à croire que Thundercat a également contribué à la touche soul de certains morceaux, magnifiquement portée par les chanteurs Bilal et Anna Wise. Pour vous convaincre de l’impact de ce musicien hors pair sur l’atmosphère de TPAB, il suffit d’écouter un morceau tel que « Return to The Journey » (extrait de son premier album The Golden Age of Apocalypse) à retrouver dans la playlist en bas de l’article. – 2one
A produit : Institutionalized, i
Rahki, Columbus Smith III de son vrai nom, signe selon moi deux des plus importants moments de TPAB: « Institutionalized » étant pour moi LE meilleur de l’album et « i » étant le tube qui aura marqué l’année 2014 (best rap song et best rap performance au Grammy’s). Derrière ces deux monuments se cachent un producteur de studio déjà habitué aux grandes cérémonies puisqu’il détenait déjà 2 Grammy Awards avant de travailler avec Lamar: un pour Recovery d’Eminem et un autre pour Gravity du rappeur Lecrae. Mais celui qui est également à la base du hit « Stigmata » d’Ab Soul n’est pas qu’une simple « hit machine ». C’est un vrai artisan du son qui a parfaitement su comprendre et s’intégrer au projet artistique de Kendrick Lamar. C’est d’ailleurs à mon sens la grande prouesse de cet album, l’incroyable alchimie que le chef d’orchestre K-Dot semble avoir fait naitre entre les multiples producteurs de To Pimp a Butterfly (un résultat qui nous rappelle l’association Large Pro, Q-Tip, DJ Premier, Pete Rock sur un certain Illmatic…) – 2one
A produit : u, Momma, For Sale? (Interlude)
Peut-être l’un des producteurs les moins connu de cette liste, mais pourtant, Taz Arnold roule sa bosse dans le hip-hop depuis presque 20 ans. Ancien protégé de Kanye West, signé sur G.O.O.D. Music, le natif de LA fait partie du collectif Sa-Ra Creative Partners avec lequel il a produit des sons pour Dr. Dre, Jill Scott ou encore Erykah Badu. Artiste complet (il possède également sa ligne de vêtements, Ti$A), son style oscillant entre nu-jazz et funk colle parfaitement à l’ambiance de To Pimp a Butterfly, ce qui explique en partie ces nombreux crédits sur l’album. – H20
A produit : Momma
Knxledge (prononcer Knowledge) est sûrement le beatmaker le moins connu de To Pimp a Butterfly. Bien qu’il vienne d’être signé chez Stones Throw, le natif du New-Jersey était encore il y a quelques mois un des milliers de producteurs qui alignent les beat-tapes sur Bandcamp, à l’abri des oreilles du grand public. Sauf que Knxledge a tout de même de jolis noms sur son CV avec des prods placées sur des mixtapes de Capital Steez, Joey Bada$$ ou encore les anglais Hawk House. Arrivé depuis peu à LA pour s’immerger dans la culture beat locale (lire notre article sur le mouvement Low End Theory), on imagine sa tête lorsque le crew TDE lui a annoncé qu’il lui achetait un beat pour le prochain Kendrick. Kudos pour l’enfant prodige de Compton, qui, malgré le succès commercial, continue d’être à l’écoute de la scène indé ! Si l’instru jazzy glitch de « Momma » vous a plu, on vous invite à écouter notre petite sélection de beats de Knxwledge, dans la playlist en fin d’article. – 2one
A produit : How Much a Dollar Cost, You Ain’t Gotta Lie
C’est LE mystère des crédits de To Pimp a Butterfly. En réalité, personne ne sait vraiment quoi que ce soit sur ce LoveDragon, à part qu’il a un nom vraiment cool. De ce fait, chacun y va de sa théorie, plus ou moins plausible. Certains disent que c’est un nouvel alias de Dr. Dre ou de FlyLo ou bien celui de K-Dot en tant que producteur, d’autres pensent qu’il s’agit du nom issu de la collaboration entre Terrace Martin et Josef Leimberg, d’autres encore affirment qu’il s’agit simplement d’un des nombreux producteurs de l’ombre de la maison TDE. Bref, personne ne sait vraiment, mais en tout cas, le boulot de ce LoveDragon sur « How Much a Dollar Cost » et le plus jazzy « You Ain’t Gotta Lie » est tout bonnement remarquable. – H20
A produit : Hood Politics
Comme Sounwave, Tae Beast fait lui aussi partie du groupe de producteurs Digi+Phonics à l’intérieur du crew TDE. Présent sur quasiment toutes les releases du label depuis des années maintenant, il est connu en particulier pour avoir produit les morceaux « Her Pain » et « His Evils » sur le tout premier album studio de Kendrick Lamar, Section.80. Sur To Pimp a Butterfly, il n’est crédité « que » sur « Hood Politics » en compagnie de Sounwave et Thundercat. – H20
Pour compléter le tout, on vous a concocté une petite playlist composée des meilleurs morceaux produits par ceux de la liste ci-dessus :
Bonus: pour aller plus loin, ne manquez pas cette vidéo de nos amis de chez Complex, qui décrypte les principaux samples utilisés pour To Pimp a Butterfly.
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Très intéressant cet article. Je (re)découvre Sounwave du coup, qui a quand même pondu l'énorme "there he go" de Q.
D'une manière générale, on sent que l'album est travaillé quasi à l'extrème, les prods sont super léchées, colle parfaitement à K.dot. Great!
Hello Nak,
Yes c'est clairement l'idée de l'article on a également découvert pas mal de choses en préparant l'article. Notamment qu'on retrouve des atmosphères très proches de T.P.A.B sur les albums de Terrace Martin (3chord Fold) et Robert Glasper (Black Radio, Black Radio 2).
Bizarre d'ailleurs que Glasper ne soit crédité nul part sur l'album...
comme j'aime beaucoup lire certains avis et chroniques de sagittariushh apparement du moins parait que Dre a un nom caché donc peut être c'est lui le producteur mystère......va savoir
Hello Nsia,
Possible en effet que Dre soit davantage présent sur l'album que ce pour quoi il est crédité mais tout porte à croire que le mystérieux LoveDragon serait un alias de Terrace Martin puisqu'il est crédité sur les 2 morceaux produits en question...
On en saura sûrement plus d'ici quelques temps ;)
Big up !