Grande première sur le site qui ouvre aujourd’hui ses portes à la contribution libre. En guise d’inauguration, on vous propose de découvrir un dossier en 3 parties consacré au rap féminin, envoyé par Marie-Ange a.k.a M.A.J. Vous trouverez ci-dessous la première partie de ce bel article qui se propose de mettre en avant les pionnières du rap US féminin.
Messieurs, quoi que vous ferez, quoi que vous entreprendrez, il y aura toujours une femme qui pointera le bout de son nez. Le rap n’échappe pas à la règle, pour le meilleur et pour le pire. La preuve en est avec cette rétrospective qui commence fin des années 80 aux Etats-Unis et qui s’étendra jusqu’à nos jours.
Nous sommes au milieu des années 80 et, depuis quelques années déjà, le message du hip-hop véhicule haut et fort des valeurs universelles : respect des autres, dénonciation des injustices sociales, authenticité. Cette culture hip-hop s’oppose à la violence et à la pauvreté qui règnent dans des quartiers défavorisés des métropoles américaines et devient une réelle porte de sortie pour bien des jeunes de ces communautés. Et pas seulement pour les jeunes hommes mais aussi pour des femmes, agitées par une soif d’expression qu’elles peuvent désormais assouvir grâce à l’écriture, grâce au rap.
Contrairement aux idées reçues, les femmes dans le hip-hop ne sont pas que des égéries du sexe et du bling-bling. On y trouve des passionnées, des engagées, des enragées, des poétesses et surtout des artistes qui ont l’ambition et l’envie de montrer qu’elles peuvent elles aussi s’imposer dans le monde du rap, dominé par la gente masculine.
Ce dossier a pour modeste ambition de vous présenter une série de portraits originaux de rappeuses américaines à travers les époques. Dans cette première partie, nous nous pencherons sur la première génération de femcees (la contraction de « female emcees »). Celles qui ont eu la lourde tache d’imposer au monde l’idée que le rap n’était pas uniquement une affaire de mec. Hommage.
Les premières femcees n’étaient pas extraverties, extravagantes ou encore provocantes. Elles étaient très « garçon manqué » au niveau du style vestimentaire. Elles étaient aussi « ghetto » que leurs frères, cousins ou amis. Preuve en est dans le clip de Roxanne Shanté « Go On Girl », première rappeuse américaine reconnue ou encore dans ceux de Yo-Yo et de Da Brat.
Ceci-dit, même si elles ne dévoilent pas encore leur féminité, elles avaient autant de flow et de rythme que leurs confrères. Les prods disco/funk fusent et font le bon jeu des textes de ces jeunes rappeuses. Certaines vivent un véritable amour envers cette culture qu’elles respirent jour après jour et qui permet de révéler leur talent. Les filles montrent qu’elles peuvent aussi s’amuser, tout en disant ce qu’elles pensent parce que c’est bien d’expression qu’il s’agit. D’autant plus que c’est encore plus dur pour une fille d’avoir cette liberté.
Confrontées aux mêmes problèmes que leurs homologues masculins : exclusion, chômage, proches en prison, agressions verbales et sexuelles, arrestations, problèmes de scolarisation, situation défavorisée, certaines ont voulu se mesurer à la scène pour déverser leur haine. Pour elles, rapper était un véritable challenge afin de dépasser leur condition et les aider à s’affirmer, déterminer leur personnalité et surtout se placer comme représentante d’une génération oubliée.
Le hip-hop était plus un moyen qu’une finalité d’où une certaine pudeur et même un détachement par rapport à la féminité. Avec les années, le style va évoluer et faire place à une véritable féminisation du rap. L’objectif, à travers cette rétrospective, est de montrer qu’il existe beaucoup, beaucoup de rappeuses. En faire un inventaire ne serait pas constructif mais rendre hommage à leur présence sur la scène hip-hop, c’est reconnaître que cette culture est une culture ouverte, respectueuse et que le plus important n’est pas une question de sexe mais d’expression, d’ambition de créativité et surtout de passion. Et la passion n’a pas de genre …
Petit tour d’horizon des pionnières du rap version underground.
Lolita Shanté Gooden, née le 9 novembre 1969 dans le Queens, à New-York est à l’origine du mouvement rap féminin US. Elle avait tout juste 14 ans lorsqu’elle a commencé a lancé ses premières punchlines. Déterminée, elle arrive à convaincre le rappeur/producteur Marley Marl de la prendre sous son aile. En 1986, « Roxanne’s revenge » est le premier disque de clash (en réponse au tube du groupe UTFO « Roxanne Roxanne ») enregistré par une fille. Le single se vendra à 250 000 exemplaires rien qu’à New York. Elle décroche par la suite des featurings avec des stars du rap des années 80 comme Biz Markie et rappe sur des beats à la Public Enemy.
À 25 ans, Shanté se retire de l’industrie musicale. Elle continue à apparaître brièvement lors de performances live et comme mentor de jeunes artistes hip-hop féminines.
Salt’N’Pepa est aussi originaire du Queens à New York. Le groupe, composé de Cheryl « Salt » James, de Sandra « Pepa » Denton, et à l’origine de Latoya Hanson remplacée par Deidra « DJ Spinderella » Roper, est formé en 1985. Salt’N’Pepa contribue à la scène hip-hop comme premier groupe de rap féminin. Le groupe changera la perception du hip-hop de par leur look et paroles suggestifs mais également par leurs pensées franches concernant les hommes. Leur chanson « Let’s Talk About Sex » est un succès. Preuve que la première ambition des femcees est de se révolter contre l’emprise des hommes sur la vie des femmes.
MC Lyte commence à chanter à l’âge de 12 ans. Elle est l’une des premières stars du rap féminin. Depuis son premier album en 1988 Lyte as a Rock, elle a réalisé plus d’une dizaine d’albums. Son plus grand succès Bad As I Wanna B datant de 1996, a été vendu à plus de 500 000 exemplaires et a été nommé pour les Grammy. C’est une des artistes de l’époque qui reste encore pro-active sur la scène hip-hop.
Cette pionnière du rap féminin débute dans le groupe Ladies Fresh à la fin des années 1980. Son premier album All Hail the Queen sort en 1989. Ce mélange de soul, reggae et hip-hop alternatif instaure une véritable révolution dans le monde machiste du hip-hop. La diva est reconnue pour ses textes politiquement engagés. Elle connaît le succès avec son troisième opus Black Reign, sorti en 1993. Son single « U.N.I.T.Y » remporte le Grammy Award de la meilleure performance rap la même année. Avec MC Lyte et Queen Latifah, le mouvement des femcees prend sa place dans l’univers du hip-hop et les installe au rang d’artistes engagées, impliquées et combatives. Elles ne se placent pas seulement en tant que rappeuses mais en tant que révoltées du système américain qui fait bien trop souvent de l’ombre aux révolutionnaires engagés, féministes et personnes d’origine afro-américaine…
Yo-Yo, de son vrai nom Yolanda Whitaker, est née le 4 août 1971 à Compton, Californie. Protégée du rappeur Ice Cube et artiste engagée, elle a souvent dénoncé le sexisme dans l’industrie du hip-hop et plaidé pour l’émancipation des femmes. C’est en 1990 que Yo-Yo fait sa première apparition sur le titre « It’s a Man’s World », extrait de l’album AmeriKKKa’s Most Wanted d’Ice Cube. Le rappeur lui retourne la faveur en faisant un featuring sur « You Can’t Play with My Yo-Yo », morceau présent sur le premier album studio de Yo-Yo, Make Way for the Motherlode, qui sort en 1991.
Elle publie son second album, Black Pearl, en raison des messages positifs qu’il véhicule, contrastant avec les sujets habituellement abordés dans le gangsta rap. Mais en dépit de la présence de producteurs de renom (Sir Jinx, DJ Pooh, DJ Muggs), Black Pearl ne rencontre pas le succès auprès du public et les ventes se révèlent très décevantes. En 2011, la rappeuse crée la Yo-Yo’s School of Hip-Hop, un programme destiné à la jeunesse dont la vocation est d’utiliser l’art pour éduquer des enfants de 7 à 17 ans. En 2013, elle rejoint les Hip Hop Sisters, une fondation créée par MC Lyte, et dans laquelle on retrouve d’autres artistes qui fait la promotion de femmes d’origines ethniques diverses dans des domaines très divers.
The Lady of Rage, de son vrai nom Robin Yvette Allen (née le 11 juin 1968 à Farmville, Virginie), est connue pour ses nombreuses collaborations avec des rappeurs de Death Row Records tels que Dr. Dre et Snoop Dogg sur leurs albums respectifs The Chronic et Doggystyle. Elle est considérée comme l’une des rappeuses les plus talentueuses, dotée d’un flow caractéristique et de lyrics hardcore. C’est en 1994 que The Lady of Rage sort son premier tube « Afro Puffs » (tiré de la bande originale du film Above the Rim) qui atteindra la cinquième place du classement Billboard des meilleurs singles rap. Son premier album solo, Necessary Roughness sort en juin 1997 et atteint la septième place du classement Billboard des meilleurs albums R’n’B.
Da brat fut repérée par le producteur Jermaine Dupri, qui fut bluffé par son phrasé énergique et ultra rapide lors d’un concours de rap organisé pendant la tournée des Kris Kross en 1992. Dès l’année suivante, elle enregistre son premier album studio intitulé Funkdafied entièrement produit par Dupri. Le mélange de gangsta rap, de funk et son air de garçon manqué feront le succès de cet opus vendu à plus d’un million d’exemplaires, un record à cette époque pour une rappeuse. La notoriété grandissante de Da Brat lui permet de collaborer avec des rappeurs et chanteurs américains de renom tels Notorious B.I.G., Lil’ Kim ou encore Missy Elliott. Da Brat sort son second album Anuthatantrum en 1996 avec presque autant de succès que le précédent.
C’était donc la première partie du dossier « 30 ans de rap US au féminin », une contribution libre de M.A.J (que vous pouvez retrouver sur Twitter) que nous avons choisi de publier sur The BackPackerz. Suivez-nous sur Facebook ou inscrivez-vous à notre newsletter pour être informé de la sortie de la seconde partie de ce dossier. Et si vous aussi voulez tenter d’être publié sur The BackPackerz, n’hésitez pas à nous envoyer vos articles via notre page de contact.
En complément, vous retrouverez sur chaque partie de ce dossier, une playlist dédiée aux artistes présentées. La playlist sera complétée au fur et à mesure de la sortie des articles.
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C'est bien comme façon rendre hommage au rap mais dommage que cela soit concentré que sur les USZ. Y a d'autre Femcees qui ont commencé en 87 et dont vous ne citez pas les références comme Neneh Cherry qui a commencé sa carrière bien avant Queen Latifah, Monie Love, Salt'n'pepa... voilà.