« 9th Wonder, Grammy-award producer, DJ, College professor, member of Universal Zulu Nation, husband and father, CEO of IWWMG, NAACP, friend, enemy, that’s who I am ». C’est avec ses quelques mots d’introduction que Patrick Douhit, plus connu sous le nom de 9th Wonder, entame le documentaire The Wonder Year. Réalisé par Kenneth Price, un pensionnaire de l’Université de North Carolina, ce documentaire filmé entre Décembre 2009 et Janvier 2011 documente une année de la vie de l’ex-membre de Little Brother.
Le film se présente comme une longue interview de Douhit, entrecoupé de scènes diverses captées tout au long de l’année de tournage. The Wonder Year étant le titre du film, celui-ci a logiquement été divisé de manière symbolique en 12 chapitres. Chaque volet a pour thème un aspect majeur de la vie de l’artiste (enfance, premier album, parenté…etc.). Ce montage est un procédé assez astucieux de la part de Price, puisqu’il lui permet de segmenter artificiellement l’interview.
L’une des autres forces du film, c’est d’alterner séquences d’interview et nombreux moments captés par Price lorsqu’il a suivi Douhit dans son quotidien. Ces passages, très variés, vont de sessions de beatmaking en studio aux témoignages d’autres artistes à propos du protagoniste du film. Pas toujours intéressants, ils ont au moins le mérite d’offrir des petites bouffées d’air frais tout au long du documentaire. Celui-ci, bien que long d’environ 1 heure et quart, reste ainsi très fluide dans son déroulement et ne souffre que très rarement de longueurs.
Le format du documentaire, avec ses longues séquences d’interview, se focalise essentiellement sur son sujet. Price à délibérément choisit de se mettre en retrait, n’apparaissant jamais tout au long du film, pas même en tant qu’intervieweur. Sa seule narration se limite à 3 phrases au début expliquant les circonstances ayant amené à l’élaboration du documentaire. 9th Wonder a donc une large place pour revenir en personne sur sa vie.
On peut diviser les 12 chapitres en deux catégories. La première est celle qui contient ceux qui reviennent sur le parcours de l’artiste. 9th Wonder revient ainsi sur son enfance en Caroline du Nord, son appartenance à un orchestre de musique, ou encore le premier album de Little Brother. On ne sait si les thèmes abordés sont apparus naturellement ou si ils l’ont été à l’instigation de Price, mais toujours est-il qu’ils se révèlent très pertinent pour mieux comprendre qui est « réellement » 9th Wonder. Par exemple, c’est lorsqu’il revient sur sa scolarité que celui-ci explique en partie ce qu’il l’a poussé à devenir l’enseignant qu’il est aujourd’hui. Alors au collège, il est pris en charge par un programme pour enfants issus de minorités chargé de s’assurer qu’ils aillent jusqu’à l’université. 9th Wonder exprime alors toute son admiration pour celui qui a été à l’origine de ce programme, le Dr Ernest Wade et son désir de reproduire un tel impact pour d’autres enfants.
La deuxième catégorie correspond à la vision que l’artiste a de lui même et du monde qui l’entoure. 9th revient ainsi par exemple sur les difficultés à jongler entre son rôle de père de famille et d’artiste, sur l’héritage qu’il désire laisser ou encore sur sa vision du rapport entre artiste et internet. Deux des points abordés sont les plus intéressants à mes yeux, car ce sont deux aspects où il a pu être particulièrement critiqué. Le premier est la définition qu’il fait de sa musique : de la « life music », de la musique que le beatmaker lambda peut faire mais qu’un producteur aguerri est capable de respecter. Le second est le fait qu’il ait effectué la grande majorité de sa musique avec l’aide d’un seul logiciel, Fruity Loops. Bien qu’il n’y puise aucune fierté, il n’a aucun problème à assumer ce fait :
« It’s not the machine, it’s the man behind the machine »
Le principal intérêt de « The Wonder Year » réside donc dans ce qu’il nous apprend sur la personne qui existe derrière l’artiste. On y découvre quelqu’un extrêmement humble, les pieds sur terre, très attaché à ses racines. On y voit surtout un individu habité d’une farouche volonté de perpétrer la culture dont il a hérité, que ce soit à travers les artistes dont il s’occupe à travers son label Jamla ou par le biais de ses fonctions d’enseignant. Le documentaire recèle en plus de nombreuses anecdotes comme sa rencontre avec Jay-Z. Au final, bien qu’uniquement indispensable pour les seuls fans de l’artiste, il reste tout de même assez intéressant pour tout amateur de hip hop puisqu’il revient de manière concise sur l’une des personnalités majeures du hip hop des années 2000.
Vous pouvez télécharger The Wonder Year sur le site officiel du film pour 10 dollars (un peu moins de 9 euros).
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