Après avoir traversé les années 90 dans un certain anonymat en tant que producteur et DJ, c’est aux côtés de T.I. que DJ Toomp se révèle aux yeux (et aux oreilles) du grand public. Les deux artistes d’Atlanta posent les fondations d’un style qu’ils nomment Trap Muzik et immortalisé à jamais dans le titre du second album de Tip paru en 2003. Sur ce projet, le morceau « 24’s » devient le premier single de T.I. et Toomp a figuré dans le fameux classement Billboard Hot 100. L’année suivante, les deux compères se signalent une nouvelle fois avec le hit « U Don’t Know Me ». Une collaboration qui se rapproche un peu plus du style qui va permettre ensuite à Toomp de décrocher son ticket d’entrée dans le milieu mainstream. Arrive ensuite, en 2006, la consécration avec cet énorme tube « What You Know ». Un succès planétaire qui propulse le rappeur et le beatmaker dans une autre dimension et marque surtout le début d’une série de morceaux références, et populaires, produit par Toomp.
Avant de vous présenter notre sélection, essayons de définir ce qui a fait le triomphe de DJ Toomp dans ces années 2000. Avant de devenir le producteur star qu’on connait, il a fait ses gammes dans les années 90, d’abord en tant que DJ, puis ensuite en tant que beatmaker en devenir. Il a pris le temps de se familiariser avec la fameuse boîte à rythme Roland TR-808 et étudier toutes les caractéristiques de sa première MPC, la 60 II. C’est au début des années 2000 que le workflow de Toomp va évoluer avec une nouvelle utilisation de son sampleur Ensoniq ASR-10. Il va se servir d’une bonne partie des effets et filtres de ce dernier pour transformer ses sons de synthés (tirés notamment des JV-880 et XV-5080) pour obtenir de toutes nouvelles textures. Un procédé qu’il appliquera également à ses samples de violons et orgues pour se démarquer de la concurrence.
En parallèle, DJ Toomp garde aussi comme ADN une construction rythmique très influencée par les fanfares populaires du sud des États-Unis. Ses sons de synthés travaillés remplacent au final les tubas et autres trombones entendus lors de ces parades. Et enfin, le style de Toomp ne peut être dissocié de ces fameuses cymbales (notamment la cymbale ride) qu’il aime placer sur tous les temps. Une véritable marque de fabrique qu’on retrouve dans pas mal de ses hits et passée à la postérité grâce à une collaboration mythique avec un rappeur de Chicago.
Extrait de l’album By Any Means Necessary (2004)
Avec ce « Ridin’ Big », DJ Toomp offre à Pastor Troy l’un de ses plus grands tubes. Un titre qui fait un carton sur les radios locales et permet également au beatmaker de se faire remarquer une nouvelle fois avant le succès du « U Don’t Know Me » de T.I. quelques mois plus tard. Un tube Crunk qui sample intelligemment le « Theme of the Mack » de Willie Hutch, l’énergie du Pastor faisant le reste.
Extrait de l’album King (2006)
Pour ce morceau, DJ Toomp raconte qu’il a tenté pendant des jours de sampler le « Gone Away » de Roberta Flack sans y parvenir. Au final, ne voulant pas abandonner son idée, le beatmaker décide avec l’aide de son ingé son Wonder Arillo de tout rejouer en utilisant un énorme son de synthé qui va faire au final le succès de ce titre. Le résultat, on le connait avec cette performance de T.I. qui aboutit à l’un des plus grands hits des années 2000 et un titre qui permis également au producteur d’Atlanta d’étoffer son carnet d’adresse.
Extrait de l’album Thug Motivation 102: The Inspiration (2006)
« A ce stade de ma carrière et après mes hits avec T.I., je devais vraiment prouver à tout le monde que je pouvais aussi produire pour d’autres artistes. Et c’est avec ce morceau de Young Jeezy que j’ai passé ce cap ». Voilà comment DJ Toomp décrit l’impact de ce titre de Jeezy. Un single efficace réalisé avec ce son typique du Roland Fantom et sans aucun sample cette fois-ci. We Luv It !
Extrait de l’album Wood Work (2006)
Certainement le morceau le moins connu de cette liste, et pourtant cette collaboration du duo Da BackWudz avec Killer Mike n’en reste pas moins l’une des préférés des fans de DJ Toomp. Un son typiquement sudiste extrait d’un projet beaucoup trop sous-estimé en dehors des frontières de la Géorgie. Le côté fanfare évoqué précédemment est bien palpable dans cette production qui pourrait réveiller un mort.
Extrait de l’album Release Therapy (2006)
Avec ce banger pour Ludacris, le producteur d’Atlanta signe un placement important de plus. Encore une fois marqué par ces sons de synthés typiques du Dirty South, DJ Toomp sort la grosse artillerie pour l’un des meilleurs titres du 5ème album de Luda. Et pour la première fois dans cette liste, vous pouvez enfin entendre ces fameuses cymbales ride qui reviendront ensuite de façon beaucoup plus régulière dans ses productions.
Extrait de l’album Port of Miami (2006)
Cette collaboration de DJ Toomp avec Rick Ross est symbolique à plusieurs égards quand on connait le CV du beatmaker à Miami. En effet, dans les années 90, Toomp a été le DJ de plusieurs stars locales comme MC Shy-D ou le groupe Poison Clan qui ont porté la Miami Bass sur les radios américaines. Retrouver donc Toomp sur le premier album officiel de ce qui sera le rappeur superstar de M-I-A lors de ces années 2000 est un joli clin d’œil de l’histoire. Bizarrement, depuis la sortie de morceau, aucun président Américain n’a eu la bonne idée de sélectionner ce morceau pour son investiture…
Extrait de l’album Graduation (2007)
C’est en écoutant le morceau « I Got Money » de Young Jeezy que Kanye West imagine pour la première fois ce que sera ensuite « Can’t Tell Me Nothing ». Complètement fan de la programmation de drums et notamment de ces fameuses cymbales ride, le producteur de Chicago demande donc à Toomp l’autorisation d’utiliser les différentes pistes de sa prod. Les deux beatmakers se retrouvent plus tard en studio et décident de ralentir le tempo de la batterie tout en gardant au passage quelques ad-libs précieuses de Jeezy. Ensuite, sont rajoutées la partie orchestrale, cher à Ye, puis cette voix féminine qu’ils veulent présenter comme un sample avec ces nombreux effets (et pourtant ça n’en est pas un). Au final, un hit énorme pour les deux artistes qui marquera à jamais leurs discographies respectives.
Extrait de l’album Nigger (2008)
Fan de rhythm and blues, DJ Toomp a toujours aimé sampler de superbes arrangements de cordes. Ce morceau central tiré du fameux album Nigger de Nas en est le parfait exemple avec cette reprise d’une partie du magnifique « We’re Just Trying to Make It » du groupe The Persuaders. Une rythmique trap et quelques cymbales plus tard, nous obtenons un morceau puissant qui encore aujourd’hui trouve une résonance particulière, notamment avec cet extrait : « anytime we mention our condition, our history or existence / They calling it reverse racism ».
Extrait de l’album LAX (2008)
Dans l’esprit de DJ Toomp, il ne faisait aucun doute que ce beat qui rejoue la mélodie principale du « Real Niggaz Don’t Die » du groupe N.W.A. allait trouver preneur du côté de la Californie. Et c’est donc The Game qui hérite de cette production pour en faire un hymne à sa ville de Compton. Comme pour le hit « What You Know », Toomp part d’un sample brillant pour y apporter sa touche avec ce son de synthé imposant qui occupe une bonne partie du spectre sonore. Sans surprise, The Game fait du The Game avec du name dropping et du gangsta rap à gogo.
Extrait du projet Definition of Fuck Shit Pt. 2 (2011)
Sur cette production pour Alley Boy on retrouve bien ici l’amour que porte également DJ Toomp pour ces arrangements de cordes très orchestrales. Un titre porté par cette programmation de hi-hats qui se baladent de gauche à droite pour soutenir un beat typé très old school. Quelque chose de totalement différent par rapport à ses gros hits et qui méritait également de figurer dans cette liste.
Extrait de l’album B.O.A.T.S. II: Me Time (2013)
Et pour finir, en extra, le morceau qui referme ce second projet de 2 Chainz et qui semble parfait pour conclure cette liste. Un titre marqué par la performance de Sunni Patterson qui commence a cappella pendant que cette production orchestrée par DJ Toomp se met en place mesure après mesure. Un beat qui pour l’occasion reprend une partie du morceau « Long Red » du groupe Mountain et dont l’ajout d’une guitare électrique est aussi un hommage au style blues rock du titre original.
Et pour ceux qui voudraient fouiller un peu plus dans le catalogue de DJ Toomp, voilà un listing de 10 autres titres qui auront marqué également sa discographie.
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