DJ Scratch, une rétrospective en 10 productions
Sans aucun doute l’un des DJ les plus doués de sa génération, avec une longévité à toute épreuve dans ce milieu, DJ Scratch a su également au fil des années s’imposer comme un beatmaker de premier plan. Retour sur quelques pépites dont il est l’auteur à travers une sélection de 10 productions aussi différentes qu’efficaces.
Rapidement devenu le DJ du duo EPMD et donc par la même occasion le 3ème membre non officiel du groupe aux côtés d’Erick Sermon et Parrish Smith, le natif de Brooklyn ne pouvait pas rêver meilleur début de carrière. Tout en continuant de sévir derrière les platines lors de compétitions prestigieuses, DJ Scratch se rapproche naturellement par la suite du monde de la production. Ses premiers placements marquants se retrouvent sans surprise sur les projets du duo New-Yorkais ainsi que sur ceux des artistes du collectif Hit Squad. Les années passent et la signature sonore de Scratch se met ensuite en place, et par la même occasion les collaborations se multiplient.
C’est aux côtés de Busta Rhymes, notamment, que les plus belles pages de sa carrière de beatmaker vont s’écrire. Une complicité évidente qui va permettre au producteur de placer pas moins de 16 beats sur les quatre premiers albums de Bus-A-Bus (sur les dix albums solos de Busta à ce jour, on retrouve au moins une prod de DJ Scratch sur huit d’entre eux). Une association prestigieuse qui va permettre en parallèle au producteur d’étoffer son carnet d’adresse et de se construire une solide discographie dont un tout petit aperçu, mais représentatif, vous est présenté ci-dessous.
EPMD – « Put On »
Cette sélection ne pouvait que s’ouvrir par une prod de DJ Scratch pour le duo EPMD. Après voir produit des morceaux comme « Funky Piano » ou « Scratch Bring It Back (Part 2 – Mic Doc) » sur les deux albums précédents, c’est sur Back In Business en 1997 que nous sommes allés chercher ce « Put On ». Une production entêtante qui rappelle à quel point l’association de Sermon et Parrish est efficace sur ce genre d’ambiance, quasiment 10 ans après leur début et même après quelques années de brouille.
Flipmode Squad – « To My People »
La suite logique nous amène à Busta Rhymes et plus particulièrement du côté de son crew Flipmode Squad. Leur unique album The Imperial paru en 1998 possède pas moins de 8 beats de DJ Scratch qui au final produit la moitié de ce projet. Le morceau d’ouverture « To My People » est l’une des meilleures expressions de la puissance de frappe du groupe et de leur alchimie avec le beatmaker. Au micro, par ordre d’apparition : Spliff Star, Baby Sham, Rampage, Rah Digga et enfin Busta.
Pharoahe Monch – « Right Here »
A l’approche du nouveau millénaire, comme beaucoup de producteurs du début des années 1990, DJ Scratch décide d’apporter quelques changements à son style pour suivre la grande révolution sonore qui est en marche dans le hip-hop. « Right Here » est certainement le morceau qui incarne le mieux cette approche avec au final l’un des titres les plus marquants du premier album Internal Affairs de Pharoahe Monch. Un titre très différent de l’intro de ce projet, signé également par Scratch, qui sample brillamment le remarquable « Blues and The Abstract Truth » d’Oliver Nelson.
Q-Tip feat. Jessica Rivera – « Do It »
Sur ce « Do It » de Q-Tip extrait de son album Amplified, DJ Scratch a utilisé un sample que personne n’avait vu venir. Il est allé piocher une partie du morceau « La biguine des enfants du bon dieu » du chanteur martiniquais Kali. Une boucle très répétitive qui s’étend seulement quatre fois pour nous laisser découvrir les deux mesures d’introduction du morceau original.
Busta Rhymes – « Salute Da Gods!! »
Des morceaux de Busta Rhymes produits par DJ Scratch, ce n’est pas ce qui manque… Le choix fut donc très compliqué et c’est finalement le grandiose « Salute Da Gods!! » qui l’emporte. Extrait du 4ème album Anarchy de Bus-A-Bus, ce titre réinterprète à sa façon le « Betcha by Golly Wow! » du groupe The Stylistics pour une entrée juste monumentale qui donne envie de suivre Busta dans son élan anarchique.
Sticky Fingaz feat. X-1 & Still Living – « Why »
Si les premiers albums du groupe Onyx ont connu un certain engouement, bizarrement les carrières solos de ses différents membres n’ont pas suscité la même passion. A deux doigts de signer sur le label de Dr. Dre, c’est finalement sur Universal que sort le premier projet Black Trash: The Autobiography of Kirk Jones de Sticky Fingaz. Une œuvre brillante qui raconte les aventures d’un personnage nommé Kirk Jones qui vient juste de sortir de prison. Sur cet opus, DJ Scratch place trois productions dont « Why », un storytelling prenante entre les personnages interprétés par Sticky et X1. Encore une fois, la mélodie principale construite par Scratch donne tout son sens à l’univers de ce morceau.
LL Cool J feat. Kandice Love – « L.L. Cool J »
Tout comme DJ Premier quelques années plus tôt, DJ Scratch s’est également emparé du morceau « I Put a Spell On You » de Screamin’ Jay Hawkins pour donner vie à une version différente de celle que la moitié de Gang Starr avait offerte à The Notorious B.I.G. pour son fameux « Kick In The Door ». L’un des sept morceaux produits par Scratch qu’on peut retrouver sur l’album G.O.A.T. Featuring James T. Smith The Greatest Of All Time de LL.
Tha Liks feat. Busta Rhymes – « Bully Foot »
Discographie beaucoup trop méconnue et pourtant brillante, le trio Tha Alkaholiks (Tash, J-Ro et E-Swift) a rarement déçu sur un album. Leur quatrième essai, X.O. Experience, regorge de bijoux sonores complètement déjantés comme ce « Bully Foot » en compagnie de Busta Rhymes et enregistré visiblement lors d’une soirée bien arrosée (bien évidemment pour rester fidèle à leur nom de groupe). Ce morceau est un compromis parfait entre le son East Coast revendiqué par DJ Scratch et celui d’une scène underground de Los Angeles qui a pris le relais suite à la fin de l’ère G-Funk.
DMX – « The Rain »
Pour ce morceau de DMX extrait de son cinquième et dernier bon album Grand Champ, DJ Scratch est allé chercher une nouvelle fois un sample qui a lui tout seul fait la différence. En samplant le « Will She Meet The Train In The Rain » de Greg Perry, le beatmaker offre à X une offrande pour l’esprit et permet par la même occasion au rappeur d’enfiler sa tenue de pasteur pour un style de morceau où il excelle toujours. Après l’écoute de ce morceau, il vous sera difficile de ne pas siffloter cette mélodie sous la pluie en repensant à cet extrait répété de façon entêtante dans ce titre : “Now I know only I can stop the rain”.
Method Man & Redman – « Dis Iz 4 All My Smokers »
Déjà auteur du morceau « 1,2 1,2 » sur le premier projet du nom, on retrouve également DJ Scratch sur cette suite Blackout! 2 sortie dix ans après l’album original. Si le volume 2 n’arrive pas à la cheville du premier, la collaboration de Method Man et Redman avec Scratch est, elle, au niveau de la première. En rebouclant l’intro du morceau « Ain’t No Sunshine » de Nancy Wilson, le beatmaker rend tout de suite accrocheur sa prod qui permet à nos deux compères de parler d’un sujet qu’ils connaissent sur le bout des doigts (ou plutôt des lèvres) : « This is for, all my smokers !!!!!! ».
Et pour ceux qui voudraient fouiller un peu plus dans le catalogue de DJ Scratch, voilà un listing de 10 autres titres qui auront marqué également sa discographie.
- Guru feat. Angie Stone – « Keep Your Worries »
- 50 Cent – « I’m A Hustler »
- Onyx – « Conspiracy »
- Method Man & Redman – « 1,2 1,2 »
- Talib Kweli – « Shock Body »
- Cassidy feat. Nas & Quan – « Can’t Fade Me »
- Erick Sermon – « I Do Em »
- Beanie Sigel feat. Bun B – « Purple Rain »
- Busta Rhymes – « New York Shit »
- Rampage – « Hall of Fame »