Trapo ou la relève du Midwest

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Trapo ou la relève du Midwest

Trapo ? Disons qu’il pourrait s’agir d’un pari. Ou disons qu’on mette en lumière un petit jeune du cru qui est apparu sur nos radars il y a un peu plus d’un an maintenant. Qu’est-ce qui a attiré notre attention ? Somme toute des choses assez classiques : son univers et sa voix. Presque les préceptes du Bushido, le code moral des samouraïs. Même si on ne parle pas de la même (voie) mais que les deux peuvent se rejoindre.

Il faut dire qu’à 18 ans a peine, l’urgence n’est peut être pas là. Ou qu’à l’inverse, cette tension à se découvrir crée une réelle excitation. Ou qu’enfin son âge ne soit qu’une simple donnée mathématique. Quoiqu’il en soit, Trapo a ébranlé sa fibre artistique et s’est mis en marche. Et le gamin vient de sortir son second EP, SHE, quelques mois seulement après un premier acte de 9 tracks (The Black Beverly Hills) sur lequel Allan Kingdom prête son flow (« Raisin In The Sun ») et où il s’était fait remarquer avec le sulfureux « Cards and Conversation » dont la production était assurée par P.Soul.

Trapo – « Cards and Conversation »

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Il l’affirme, son dernier EP a vocation à lui offrir une thérapie par l’énumération. Il y relate avec ses mots (justes ou non, là n’est pas le propos) son rapport aux femmes. Avec un peu de condescendance et certainement une pointe de niaiserie, on serait tenté de se dire que les péripéties sentimentales d’un gamin de son âge nous importent peu. Ou sont assez banales. Pas faux. Ce qui est pourtant intéressant dans son approche, c’est qu’autour de la figure féminine et son prisme personnel, il décrit le monde dans lequel il vit. Il dénonce par exemple le racisme héréditaire que peuvent parfois nourrir les Noirs-Américains envers les Blancs et vice-versa, il explore la mécanique des sentiments et s’interroge sur la manière dont les relations se tissent puis se défont.

Trapo – « Bad Gal »

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Si un texte s’enrichit et se nuance toujours de maturité, on ne pourra jamais lui reprocher sa démarche introspective, signe d’une certaine précocité dans sa justesse.

Côté production, Trapo semble avoir la main sur tout, à l’exception de quelques morceaux. Au niveau du style, que dire si ce n’est qu’il s’inscrit dans une approche très syncrétique ? Il le dit lui-même : il a été bercé au gospel, est un grand fan de R&B et son artiste préféré est Isaiah Rashad. Le résultat est vraiment plaisant puisqu’il est capable d’alterner des morceaux au rythme très lent et aux basses lourdes et profondes avec des morceaux à la rythmique plus enlevée comme l’illustrent les deux extraits de cet article.

Au final, comme nous l’évoquions il y a quelques lignes, ce qui est remarquable chez cet artiste à peine sorti de l’adolescence, c’est cette capacité à faire vibrer les cordes de son univers sur des harmoniques réalistes : tantôt sombres et empruntées tantôt légères et lumineuses. Comme sa musique, ses prods et sa prose. S’il n’en est qu’au balbutiements de sa carrière, il est aussi à la tête d’un capital de maturité prometteur pour son âge et son art. Disons que c’est un pari…

Ecoutez le dernier EP de Trapo, SHE :

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