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Charles X, new American Crooner

Charles X, certainement l’un des crooners américains les plus francophiles, émoustille depuis quelques mois les oreilles de ses fans. Si à chacune de ses sorties il draine un public de plus en plus nombreux, c’est simplement que son talent ne peut plus se cacher et qu’il fait parler. Voici d’ailleurs ce qu’en dit l’une de ces admiratrices dont nous ne pouvions que publier la prose.

Avril 2015, une retransmission d’un live à la radio, une voix groove sur les ondes. Elle charme par son timbre  : un crooner… Il continuera à nous allumer en montant la note avec le son mélodieux du tendre et transportant « The Letter« . Ambiance feutrée au son des baguettes qui frottent la caisse de batterie porté par le tempo d’un métronome… Pour la suite du show, on reste à écouter ce mec qui enchaîne par un rap vif sur fond de contrebasse  et d’instrums hip-hop. Étonnantes productions teintées de soul et de jazz, brouillées par la console de DJ Vex et le talent du beatmaker Redrum. Son énergie et sa bonhomie transpirent au travers du poste. Dales Anthony Doss a.k.a Charles X (prononcez EX) impose son style, nous fait hocher la tête et onduler la nuque.

Charles X – « The Letter »

Originaire de la côte Ouest, ce californien de 26 ans a décidé de s’installer à Bordeaux pour rejoindre le label Tentacule Records qui travaillait déjà avec Redrum et qu’il a découvert sur Soundcloud. Ensemble, ils concevront trois albums. Leur première mixtape, Beats & Beast, sortie en 2013 marquera d’ailleurs le lancement de la production made in France et surtout la formation d’une équipe gagnante. S’en suivront deux EP à moins d’un an d’intervalle (The Revolution …And The Day After et Sounds Of The Yesteryear). Beats & Beast est particulièrement marqué par son choix de samples très jazzy, old school. On retiendra surtout les instrus ainsi qu’une voix brute et cassée.

The Revolution …And The Day After, et Sounds Of The Yesteryear sortiront respectivement en 2015 et 2016. Il est bon de s’attarder sur les deux derniers opus qui couvrent une large palette musicale et confirment que Charles X est à l’aise sur bien des registres. The Revolution …And The Day After est un album plutôt paisible, où on se laisse transporter de track en track, idéalement lové dans un canapé moelleux et une pièce légèrement enfumée. « Headfukt « , un rap somnolent qui pourrait appeler à la défonce ne peut nous empêcher de nous replonger dans un cosmos façon Cypress Hill, en moins rythmé. On se laisse vite embarquer, et on s’enlise dans ce morceau avec un grand plaisir. « The Rope of Judas » est également intéressant, avec un rap couché sur un sample trouble et nostalgique. C’est envoûtant, court et incisif. Une atmosphère particulière se dégage, il parle de Makaveli, on peut imaginer une référence à Tupac et son mystérieux album. Ce son est robuste et en impose tout en restant équivoque.

Son second LP, Sounds Of Yesteryear, s’ouvre sur le single très stimulant et balancé « Can You Do It« , résolument soul qui se veut assez mainstream. Ça claque des doigts, les hanches dodelinent pendant un long moment, on se laisse à imaginer un orchestre en arrière, ça swingue sur les dernières secondes du morceau. L’écoute est focalisée sur le rythme et le timbre de voix fluctuant de Charles X. Sur scène, il exulte et nous aussi. Puis on fouille parmi les quatorze pistes de l’album et on découvre quelques pépites. « Performance Art » est vraisemblablement le morceau le plus varié qui dévoile l’agilité vocale de Charles X. C’est un peu comme un voyage, quelque chose de doux, avec des sons bruts qui soutiennent cette tranche musicale. Ça groove, ça rappe, c’est voluptueux, presque charnel. Cet enregistrement à l’esprit soul permettra sans doute une ouverture à un plus large public.

En vrac, on découvre encore plusieurs saveurs musicales, avec un gros coup de cœur pour le très hypnotique « At The Crossroads« , alternance d’une ambiance suave balancée sur un rap rapide et énervé (mais qui ralentit pourtant considérablement l’instru utilisée par Drake sur « 0 To 100 / The Catch Up« ). Un son urbain, acide, à l’instrumental qui frôle avec le trip hop, où l’on décèle un artiste plus ténébreux. Charles X n’en finit pas de nous surprendre et on est impatient de découvrir l’entendue des talents de ce jeune artiste prometteur.

Charles X – « Live in Bordeaux »

Même si on ne le voit pas sur cet extrait, l’artiste aime reprendre en live « Stand By Me » du soulman des 60’s Ben E. King. Quand on lui demande pourquoi, il répond que cette chanson parle de désastre et de fin du monde mais démontre surtout que si on prend soin les uns des autres, tout ira bien. Un petit côté « peace and love » assumé loin du Gangsta Rap West Coast, un sourire au style de crooner, il se montre généreux et brillant sur scène. L’âme soul expatriée du rappeur, un équilibre vocal entre rap et chant, les beats hip hop de Redrum : il ne reste plus qu’à se laisser porter.

Mais au risque de décevoir les friands de neo-soul, la très séduisante comparaison à D’Angelo parait hasardeuse. Il est tentant de voir une similitude avec le D’Angelo de « Brown Sugar« . Charles X et D’Angelo partagent des influences musicales proches et une admiration commune pour Jimi Hendrix. Malgré la base soul commune aux deux artistes, l’un se révèle plus R’n’B et le petit dernier un brin Woodstock. Mais on ne peut que lui souhaiter la même carrière.

Et si vous êtes un peu curieux, n’hésitez pas à laisser traîner vos oreilles du côté des productions de Redrum et du très bon Dogbeats

Écoutez Revolution…And The Day After de Charles X :

Cet article est une contribution libre de Hélène T. qui avait envie de partager sa passion pour cet artiste et que nous avons choisi de publier sur The BackPackerz. Si vous aussi voulez tenter d’être publié sur The BackPackerz, n’hésitez pas à nous envoyer vos articles via notre page de contact.

La Rédac

BACKPACKERZ, c’est une grande mif de NERDZ réunis par l’amour du son et le goût du partage. Une équipe d’explorateurs passionnés, qui sillonnent la galaxie rap et les nébuleuses voisines, à la recherche de ses futures étoiles.

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