Ozhora Miyagi ne vous est sans doute pas inconnu, du moins son travail a forcément été jusqu’à vos oreilles. Celui qui vient de souffler ses 27 bougies possède déjà une carrière forçant le respect, avec des placements chez les plus grands artistes français (Booba, SCH, Dosseh, JeanJass & Caballero…) mais aussi américains (A$AP Ferg, Tory Lanez, Lil Wayne…). Une liste donnant le tournis et qui montre à quel point le jeune belge a su se démener durant toutes ces années pour atteindre cette notoriété. Car Ozhora n’a rien volé à personne et c’est à force d’abnégation et de travail qu’il a su se hisser aujourd’hui parmi les plus grands. Nous avons donc voulu en savoir plus sur cet acharné de travail que tout le monde s’arrache aujourd’hui en lui demandant de revenir, selon lui, sur les titres phares de ses 10 années de production.
10 ans de métier au compteur donc et Ozhora compose toujours dans sa chambre, comme à ses débuts, même s’il a tenté l’expérience studio dont il n’a pas aimé l’acoustique. Le beatmaker porte d’ailleurs un regard rempli de lucidité sur son parcours: « Je commence à être un vétéran. Je me dis que je dois commencer à changer ma façon de faire. Je commence à vieillir, il vaut mieux que je me concentre sur certaines choses, mon label, mes artistes… Il faut passer à l’étape deux. Je vais placer pour des artistes mais aussi produire des artistes. » Il faut dire qu’Ozhora a commencé comme beaucoup au culot, en contactant des artistes par mail ou sur les réseaux sociaux, pour leur soumettre ses compositions: « Je suis en Belgique, je suis ni en France ni aux USA donc je suis obligé de faire beaucoup à distance ». Un travail fastidieux qui a fini par payer, puisque depuis de nombreuses années maintenant, le producteur a le privilège de collaborer avec les plus grands, aussi bien aux USA qu’en Europe.
Mais force est de constater que l’artiste reste ouvert et ne rechigne pas à travailler également avec des rappeurs plus confidentiels. Ainsi, le CV d’Ozhora présente aussi bien des collaborations avec Booba ou SCH qu’avec Sopico ou Kobo. Et c’est sûrement là sa force première: ne s’imposer aucune barrière, aucune limitation, que ce soit musicalement ou bien en terme d’univers artistique.
Bosser avec Sopico c’est comme jouer au foot avec ses potes.
Aujourd’hui, les choses ont changé pour le producteur même si, pour les US, la manière la plus simple de travailler à distance reste par e-mail. Ozhora avait même planifié d’aller s’installer aux USA pour être au plus proche des artistes américains avant que son projet tombe à l’eau avec la pandémie mondiale. Un changement de programme qui l’obligea à revoir ses plans et qui engendra une crise d’inspiration durant ces mois de confinement. A la question de savoir comment s’organise ses collaborations avec les rappeurs francophones, le beatmaker nous offre un éclairage intéressant: « Paradoxalement, je passe plus de temps en studio avec les américains. Les français n’aiment pas trop passer du temps en studio avec moi (rires). Les américains ont le contact plus facile, les français sont plus gênés, doivent checker avec leur équipe… C’est beaucoup moins fluide qu’avec les américains. »
Si la place du producteur a depuis quelques temps changé en France et en Belgique, c’est en grande partie grâce à des personnes comme Ozhora, qui à force de persévérance, ont réussi à faire respecter et valoriser le travail du compositeur comme le confirme le Belge: « Je me suis beaucoup battu pour ça. J’ai été un activiste longtemps, j’ai même fait une grève de placements, je sentais que c’était important même si ça m’a aussi ramené des problèmes. Je faisais un métier mais je ne me sentais pas respecté dans ce que je faisais ».
Un travail qui a donc payé et qui a placé le producteur mais aussi la Belgique sur le devant de la scène: « On a tellement été mis de côté que quand Stromae a entrouvert la porte, tout le monde s’est engouffré. Sur mon Instagram, je partage sans cesse les rappeurs belges. On a souvent entendu: « Les belges, vous êtes forts » mais sans rien derrière. Les belges, c’est avant tout des fans de rap français qui ont assimilé le truc tout en créant leur propre délire. On a pas mal d’influences, hollandaises, anglaises, françaises et bien sûr US. On est à la croisée de pas mal de cultures et d’influences, ce qui fait indéniablement notre force et notre richesse. »
« C’est un de mes sons les plus importants. Lil Wayne j’essaye de bosser avec lui depuis le début, c’est l’aboutissement de 10 ans de taffe. J’ai bossé sur Carter V, j’avais 4-5 titres dessus mais au final lorsqu’ils ont fait la tracklist, il a repris l’album qu’il devait sortir initialement. Ce titre fait partie des 5 titres qu’on a fait ensemble donc potentiellement il y a encore 4 titres qui peuvent sortir avec lui. Lil Wayne, c’est un des premiers artistes avec qui j’ai placé mais tout de suite après il a eu ses problèmes avec Birdman donc rien ne sortait. Moi dans l’intervalle, j’en avais parlé à tout le monde donc personne ne me croyait! Le fait que ce titre sorte enfin, c’était un vrai aboutissement pour moi. Déjà pour la collaboration, ensuite pour prouver que je n’étais pas un menteur (rires). Lil Wayne a eu beaucoup de problèmes de leak donc il est très parano, une fois je me suis retrouvé en studio à Miami avec lui, il a refusé de me faire écouter les sons! Donc j’ai découvert le titre comme tout le monde, je me souviens quand le son est sorti j’étais chez Yseult, je pense qu’il y a des vidéos de moi en train de me rouler par terre. C’est clairement l’aboutissement de ma carrière à ce stade. »
« C’est le premier morceau que j’ai fait en sortant de ma dépression liée au confinement. Je devais aménager aux USA et tout est tombé à l’eau à cause de la crise, je me suis retrouvé chez moi à prendre du poids, à ne plus faire de prod car plus aucune inspiration. J’ai pris des vacances à la mer du Nord en Belgique et l’inspiration m’est revenue d’un coup: faire une drill RnB. J’ai découvert Yung sur la mixtape de Dreamville, je lui ai envoyé la prod, elle a kiffé direct. Un mec de l’équipe de 6lack m’écrit pour me dire qu’il a kiffé le son de 6lack en feat avec Yung Baby Tate, c’est comme ça que j’ai découvert que ce serait au final un featuring! Depuis je bosse avec 6lack, on a déjà des sons de coffrés ensemble. C’est le son que j’ai fait qui s’est le plus rapidement concrétisé en un morceau sorti. »
« Lorsque j’ai écouté son projet MVP, j’ai été très agréablement surpris et dans la foulée, je l’ai contacté pour lui proposer de bosser ensemble. Il m’a répondu tout de suite qu’il était super chaud de travailler avec moi donc je lui ai direct envoyé une prod et il a posé dessus dans la foulée. Ensuite, pour la réédition, il a organisé un séminaire auquel il m’a invité pour que l’on peaufine le son. Des mecs comme Mister V, c’est vraiment intéressant car ça se sent qu’il a assimilé 10 ans d’écoute de rap et qu’il en maitrise les ficelles. Même s’il s’est fait connaitre par autre chose que du rap, aujourd’hui à mon sens il a toute la légitimité du monde à rapper et à sortir des albums, j’aime beaucoup son travail et sa manière d’appréhender la musique. »
« Frenetik, c’est avant tout un rappeur que je respecte énormément, humainement il est vrai. Je le suis depuis longtemps, je me souviens du texte où il avait réussi à caser un code GTA et ça c’était très fort. Humainement, c’est l’une des meilleures personnes que j’ai rencontré. Pour ce titre, j’ai envoyé une palette de mes prods à Krisy, Frenetik était là, il a kiffé un titre et me l’a pris immédiatement. Depuis ce jour, on ne cesse de se croiser, de passer du temps ensemble. La Belgique c’est petit, on se voit souvent en studio, même en dehors de la musique on finit toujours par se retrouver quelque part. De plus, ce morceau est important à mes yeux car j’ai un son signature en plus de mon tag, que j’utilise dans mes instrus et c’est dans ce titre que je l’ai mis pour la première fois. »
« C’est ma première prod zumba, ça montre que je suis assez polyvalent en terme de styles. Je suis un fan de musique, j’écoute de tout. Ce fut un gros hit aux Pays-Bas, il est resté numéro un pendant 32 semaines, multi disques de platine, ça me fait une certification dans un pays de plus après les USA et la France, donc je suis très fier de ce son à plus d’un titre même si côté francophone, ce n’est clairement pas le titre que les gens retiendront de moi. »
« Sopico et moi, on a dû faire plus de 30 sons ensemble. Pour le projet Episode 0, Sopico a monté une grosse équipe très hétérogène autour de lui dont je faisais partie avec Frixx, Loubenski, Hash 24… C’était vraiment très familial, on a réalisé ce dernier en une semaine, c’était peut-être mes meilleures sessions. Chacun apportait son avis, sa patte. « Sans titre » s’est fait comme ça par exemple, c’est parti sur un malentendu, Jerzeÿ avait fait une première version, Sopico a posé dessus mais il trouvait qu’il manquait des choses donc on a trituré des drums pour arriver au morceau final. Puis on a bossé sur son projet. A un moment, il y avait 120 titres sur le tableau et sur ces 120 j’en ai fait 35. J’espère que ces sons sortiront, on a au final 7 albums ensemble! Bosser avec Sopico, c’est comme jouer au foot avec ses potes, c’est fluide, sans prise de tête. Tout le monde se respecte, Sopico est ultra créatif, il ne veut pas faire comme tout le monde, il veut apporter son propre truc. »
https://youtu.be/ji2lbYIB1gI?si=l9Ky5IGAm3Km-86V Si quelqu’un se posait encore la question de qui pouvait prétendre au titre de…
Tracklist de la semaine Titre Artiste(s) Album "FAUT PAS QU'ON VRILLE" RVMY (Single) "Ego" Josué…
Encore un programme de qualité côté sorties, à commencer par un nouvel album signée Ab-Soul…
Comment tu te mets à la musique? J’ai commencé la musique très jeune. À 3…
Un tag iconique, une patte reconnaissable entre mille et une formule qui navigue entre hits…
En préparant cette interview, je me suis rendu compte que tu en avais déjà fait…