Cela va faire un mois que l’EP est sorti. Quels sont un peu les retours que vous avez eu ?
Rami : La réaction était bonne, beaucoup mieux que ce que l’on pensait car cela faisait quand même deux ans qu’on n’avait pas sorti de projet. Dans notre tête, ce projet, c’est vraiment quelque chose qu’on a sorti parce qu’il fallait qu’on sorte quelque chose. Ce n’est pas un projet dans lequel on a mis tout notre potentiel. C’était plutôt pour le fun, pour montrer aux gens qu’on pouvait faire différents types de sons.
Tony : La réception a vraiment été bonne! Il y a des gens pour lesquels on ne s’attendait pas à ce qu’ils partagent ou qu’ils écoutent. Même dans certaines parties du monde, on a été écouté donc ça nous a vraiment fait plaisir. Comme Rami l’a dit, ce projet, c’est juste un avant-goût, on travaille sur du lourd! Mais que les gens aient apprécié juste ce qu’on a fait là, c’est un super bon feeling.
Comment s’est déroulé l’enregistrement de l’EP? J’imagine qu’avec les conditions actuelles, ce n’était pas forcément tout le temps très pratique.
R : On s’est juste dit une semaine en avance qu’on allait faire ce projet. On a réservé le studio dans lequel on est actuellement et ça s’est fait. A la base, on voulait bosser sur 3 beats, on se disait qu’on voulait sortir un ZZZ Vol. 2 (la suite d’un EP qu’ils ont sorti en 2018). On a fini par produire 6 beats en 3 jours, Tony a écrit les paroles et les trois jours suivants, on a enregistré puis mixé le tout.
T : Gros shout-out à JMF (Jean-Michel Frédéric, multi-instrumentaliste qui a co-produit l’EP) et Roby (leur ingénieur).
Même si c’est un court projet, on sent que le groupe évolue mais surtout que votre son et votre groove évolue. Depuis votre premier projet, Planet Giza EP en 2015, il y a donc 6 ans, quel regard portez-vous sur votre progression?
Doom : Je pense que c’est une progression particulière. Le truc, c’est qu’avant on était juste des beatmakers. C’est l’approche qui est différente. Par la suite, on a ajouté l’élément clé du groupe qui est Tony, qui rappe, donc finalement je pense que ça a plus été un développement artistique. On essaye de laisser plus de place à la voix de Tony, on essaye de ne pas trop en faire sur les beats. On est vraiment passé de beatmakers à producteurs et Tony a pris cette place de vocaliste.
Il y a eu le projet Détour : Zayad City en 2017 où on se disait vraiment que c’était le projet qui allait vous faire décoller mais il y a eu quelques soucis de samples. Pouvez-vous nous expliquer un peu cette histoire?
R : On voyait ce projet plus comme une mixtape. A l’époque, c’était nouveau pour nous les plateformes de streaming comme Spotify. Le projet est tombé pile dans la période où les plateformes de streaming ont commencé à monter. Nous, dans notre tête, on pensait qu’on pouvait mettre le projet sur les plateformes aussi facilement et que ça allait passer. Notre manager nous a dit que ça ne marchait pas comme ça et qu’on devait clearer les samples (rires). L’histoire, c’est qu’eux avaient précédemment eu une histoire avec un autre artiste qui avait mis sa mixtape sur les plateformes. Deux ans après, ils l’ont rattrapé en lui disant que ses morceaux ne pouvaient pas être sur les plateformes de streaming. On a donc décidé de mettre le seul beat ou il n’y a pas de sample (« Ladies Move« avec Da-P). Finalement, ça correspond à peu près à nos débuts sur les plateformes de streaming aussi. Ça nous a permis de sortir ZZZ (en 2018) puis c’est ce qui a amené la sortie de Added Sugar où on s’est dit qu’on arrêtait les samples.
T : C’est drôle que tu dises que tu pensais que c’était le projet qui allait nous faire exploser parce que nous on pensait la même chose! C’est drôle aussi parce que quelques années après, ça a explosé sur Youtube donc tu vois, on sait jamais ce qui peut arriver!
Racontez-nous un peu votre rencontre et comment le groupe s’est formé.
T : Je jouais au basket avec Rami. Moi j’étais la star de l’équipe (rires). Puis Rami, lui, était super fort aux 3 points donc ça finissait toujours dans une compétition entre lui et moi où on essayait chacun de mettre le plus de 3 points possibles! Franchement, le coach, nous a regardé en mode : “Vous, c’est sur que vous êtes dans l’équipe! ». Après ça, on s’est recroisé aux cours d’été que j’avais au secondaire (équivalent du collège en France) et je voyais sur Facebook qu’il faisait des instrus. Je lui ai posé plein de questions et il m’a appris la base de la production. Avec les bases qu’il m’avait montrées, j’ai commencé à faire des instrus moi aussi. Quand j’étais au collège, j’ai rencontré Jason (alias Rowjay, rappeur québécois). Rowjay lui, connaît Doom depuis toujours. Il savait que Rami et moi faisions des instrus, que Doom faisait des instrus et lui aussi en faisait. C’est comme ça que l’alchimie s’est créée, on faisait des instrus tous les jours. Puis un jour, on s’est rassemblé tous les trois, on a fait un beat, on l’a partagé et ça a super bien marché. On s’est dit qu’on avait trouvé la formule magique! (rires)
R : Ouais c’était en 2008, saison 2009. Moi, c’est la première fois que je collaborais avec d’autres producteurs. Je trouvais personne qui faisait le même genre de beat ou du moins qui voulait faire ce genre. C’est juste venu naturellement.
Et le groupe The North Virus (ancien groupe de Doom X et Tony Stone) ? Le collectif COB65 ?
R : C’était un groupe mais pas vraiment. Dans ce groupe il y avait Rowjay, Andrike$ Black, nous… Je dirais plus que c’est un truc de groupe d’amis. Mais c’est vraiment notre clique.
Alors on en parlait tout à l’heure, il y a eu la sortie d’Added Sugar avec la présence d’un morceau co-produit par Kaytranada. Comment voyez-vous l’influence d’un artiste comme lui sur vous?
R : En effet, c’est sur « Timeless » qu’il avait produit, le reste étant uniquement produit par nous. Il y en a eu beaucoup qui nous ont co-sign mais lui nous a vraiment donné l’opportunité de nous exprimer par des showcases et il nous a fait ouvrir pour lui sur plusieurs scènes. Finalement, nos deux styles se rencontrent à pas mal de niveaux donc le rapprochement était naturel et presque inévitable dans un sens.
Comment voyez-vous son explosion (il vient de remporter deux Grammys pour l’album R&B de l’année, BUBBA et la chanson R&B de l’année, « 10% » avec Kali Uchis) et quel impact a t’il eu sur la scène montréalaise?
T : C’est une inspiration pour notre ville. Il vient d’où on vient tu vois. Puis là, avec les Grammy Awards, ça nous montre vraiment que c’est possible que tout ça se réalise et que ce n’est pas forcément qu’un rêve.
R : C’est vraiment ça, on se dit que ça peut se faire un jour!
D : C’est ça! C’est une inspiration pour notre ville.
C’est vrai qu’il avait sorti un sacré album avec des feats toujours bien choisis. En parlant de featuring, vous avez ramené Mick Jenkins sur Added Sugar et Cousin Stizz sur votre dernier EP. Quel est votre processus pour déterminer une bonne collaboration?
D : Je pense que ça dépend des tracks. On tient vraiment a avoir au moins une collaboration lorsqu’on fait un projet. Donc lorsqu’on fait un son, on se demande quel rappeur pourrait potentiellement poser dessus. Avec Mick Jenkins, on est dans le même management donc ça aide! On a fait un son, « Brk Fmn Nrml », ça nous a fait penser à lui donc on a demandé à un de nos managers de lui demander s’ il était partant pour poser dessus et il l’était! Il est venu à Montréal puis on a enregistré ça.
C’est cool car Mick Jenkins est quand même devenu un artiste reconnu avec les années et je me rappelle qu’a l’époque je m’étais dit que c’était une grosse collaboration. Toujours sur les collaborations, est-ce que vous en avez à venir, que ce soit pour Planet Giza ou pour vos projets en solo respectivement?
R : Pas en solo. Mais en tant que groupe, on avait déjà commencé à travailler sur un long projet qu’on a mis en pause pour sortir Don’t Throw Rocks At The Moon. L’idée, c’est de revenir sur ce projet avec nos nouvelles idées et de nouvelles vibes. On a des tracks qui vont sortir cet été. En fait, on a pas mal de tracks qui sont déjà prêts, on a toujours trop de musique en stock! On a du merch qui arrive également.
On a vu que vous avez lancé Mellow Yellow Radio il y a quelques mois (le groupe a décidé de lancer sa chaîne radio sur Youtube). Pouvez-vous m’en dire plus sur le concept et l’idée derrière?
R : On essaye de prendre nos amis. Tous les artistes qui passent à Mellow Yellow sont tous des artistes avec lesquels on a déjà collaboré, c’est déjà nos potes. Le but de Mellow Yellow, c’est vraiment d’avoir une discussion avec l’artiste, on parle du game, de nos rappeurs préférés… Finalement, ce que j’ai remarqué, c’est que les personnes qu’on invite ne sont pas forcément super ouverts et excentriques à la base. Le format fait qu’ils sont sûrement plus à l’aise.
T : C’est le genre d’artistes et de producteurs habituellement plutôt silencieux sur leur vie. Puis c’est aussi pour leur faire des big ups et des shout-outs. C’est également une plateforme qui nous permet de faire écouter nos dernières productions pour voir ce que les gens aiment. C’est vraiment un beau projet. D’’autres épisodes sont à venir !
Justement, je repensais au premier épisode où l’invité était Kaytranada et où on a pu entendre une nouvelle collaboration. En parlant de nouveautés, quel est votre son préféré du moment?
D : Celui que j’ai plus écouté dernièrement moi, c’est le Brent Faiyaz et Tyler the Creator, « Gravity« .
T : Moi, c’est « Leave the Door Open » de Silk Sonic (Anderson. Paak et Bruno Mars)
R : Moi aussi, j’irais pour « Gravity » comme Rami!
Dernière question : si vous deviez conseiller un artiste de Montréal à nos lecteurs, lequel serait-ce?
D : Da-P !
T : Big shout out à Lou Phelps, allez checker son projet!
R : Moi, je vais dire mon boy Andrike$ Black.
Pas de repos, on garde la même dynamique avec un beau programme de sorties. Denzel…
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