Il est rare qu’on parle de Hip-Hop sur nos vieilles radios nationales pourtant, la semaine dernière, l’émission de France Culture « La Fabrique de l’Histoire » présentée par Emmanuel Lorentin a livré un magnifique reportage sur l’arrivée du Hip-Hop en France au début des années 80.
Au cours de ce très beau documentaire d’une cinquantaine de minutes, ceux qui ont amené et bercé le mouvement Hip-Hop à Paris nous racontent les premiers disques arrivés d’outre-atlantique, l’ambiance des premières soirées et quelles étaient les premières places fortes du Hip-Hop dans la capitale.
Tout semble commencer là-bas, à NYC, au début des années 80 quand le journaliste musical Bernard Zekri prend en pleine gueule les premières manifestations du mouvement : ces mecs qui breakent à Union Square, ces trains qui arrivent du Bronx recouverts de graffitis et cette énergie que possèdent des mecs comme Bambaataa ou Flash. Il décide alors d’emmener tout ce petit monde en Europe pour la première tournée Hip-Hop de l’Histoire: le New-York City Rap Tour.
Arrivent donc en France des légendes telles que le Rock Steady Crew, Afrika Bambaataa, Grand Mixer DST et Futura 2000. Les premières soirées se feront au Bataclan, qui restera pendant longtemps le QG officiel du Hip-Hop à Paris. Solo, du groupe Assassin raconte comment le Hip-Hop a agrandi son public avec les danseurs Sugar Pop et Mr Freeze qui, l’été, amusaient les touristes au Trocadéro avec leur figures de pop-and-lock et de breakdance. Le public de ce qui n’est alors qu’une mode est « parisien/branché » ou « banlieusard/trainard » comme le raconte Gabin Nuissier, danseur pour Aktuel Force. On nous rappelle aussi l’impact du film Flashdance (1983) par lequel la majorité des Français découvrent le Hip-Hop dans cette scène mythique avec les danseurs de Rock Steady Crew.
En 1984, Sidney, alors animateur sur Radio 7 est engagé par TF1 pour lancer la première émission Hip-Hop au monde : H.I.P. H.O.P. C’est sous les conseils de Bambaataa que chaque dimanche, il emmènera les Français dans la rue pour leur enseigner la danse Hip-Hop et les valeurs du mouvement. Le Hip-Hop a alors le vent en poupe, toute la jeunesse est conquise par cette drôle de mode pleine d’énergie et les médias profitent de cet enthousiasme pour utiliser le mouvement à des fins publicitaire.
Mais rapidement, les médias se lassent, l’émission de Sidney est arrêtée et le Hip-Hop retombe dans l’anonymat.
Heureusement, dans l’underground, là où il était né, la ferveur Hip-Hop est toujours intacte, portée par les graffeurs et des DJ du terrain vague de la chapelle comme Dee Nasty et Mode2. Cet endroit mythique dont les gens de mon âge n’ont entendu parler que dans des morceaux d’NTM et d’Assassin. C’est dans ces premières block parties parisiennes que vont se former les premiers groupes d’une autre composante de la culture Hip-Hop qui avait jusqu’ici laissée aux Américains : le rap. Un rap en français poussé par l’héritage historique de la chanson revendicatrice dans l’hexagone. Le rap, la voix de ceux qui auparavant n’en avaient pas, allait devenir le genre musical numéro 1 d’une grande partie de la jeunesse de France pour les 10, 20, 30 prochaines années…still counting
Crédits Photo: Yoshi Omori
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