Ugly Heroes – Everything In Between

Juin 2016

Ugly Heroes

Everything In Between

Note :

Mello Music Group, le label de Mike Tolle peut s’enorgueillir d’une nouvelle galette de qualité à proposer à son catalogue : Ugly Heroes, le groupe d’Apollo Brown, Verbal Kent et Red Pill régale les oreilles des amateurs avec son dernier projet Everything In Between.

2 MCs and 1 DJ. Verbal Kent, Red Pill et Apollo Brown. Ces noms ne peuvent qu’être familiers pour les suiveurs attentifs de l’actualité du label de Tucson, Arizona. Pourtant, Everything In Between est seulement le second projet de Ugly Heroes, le groupe qu’ils ont formé en 2014 à l’occasion de la sortie d’un EP éponyme. Bien que chacun des compères se soit déjà essayé à la production, on reconnaît bien la patte élégante d’Apollo Brown qui va finir par connaître la France mieux que certains tant il parcourt les scènes du pays.

La production justement. Soyons francs, elle ne réserve pas de surprise particulière. Apollo Brown a une patte reconnaissable entre mille et qui répond aux attentes de son public. C’est lui-même qui l’affirme et ce nouvel opus ne peut qu’enthousiasmer sa fanbase. Basé sur des samples de vieux morceaux soul dont on entend distinctement le passage du diamant sur le sillon du vinyle et les samples de voix lancinantes, AB y appose une rythmique limpide et puissante parfaitement plaquée aux arrangements dont il a le secret et à un énorme travail de sampling.  Le tout offre à chaque morceau une ambiance particulière, hors du temps, où seuls les flows des MC sortent l’auditeur d’une torpeur qui a marqué certains des projets solos du producteur.

Dans l’album, les thèmes abordés sont bien marqués par l’origine de nos protagonistes. Issus du Midwest (Detroit et Chicago), ils témoignent des villes déshéritées de leur grandeur industrielle d’antan et abandonnées au chômage, au crime et à la pauvreté. Sans dépeindre une critique sociale (quoique…), le groupe s’attache à décrire un quotidien et des situations empreintes de résilience et d’optimiste inspirés de leurs expériences. Ils expliquent ainsi comment cet environnement a pu influencer leur comportement.

Ugly Heroes – « Can’t Win For Losin’ »

La suite ? C’est un plaisir pour les oreilles, à l’image de ce morceau. Il faut dire qu’AB a su bien s’entourer. Si la carrière de ses deux compères s’écrit encore dans l’underground, leur talent est évident. On se souvient d’ailleurs des précédents opus de Red Pill et notamment de son dernier EP (Day Drunk EP), qui en décembre dernier, livrait en six morceaux, un bel aperçu de ce dont il était capable MIC en main. Si tous les morceaux n’étaient pas réussis, ils avaient au moins l’avantage de placer l’auditeur dans le quotidien désillusionné du rappeur. Pour les curieux, mentionnons quand même le délicat « Day Drunk »  qui avait su attirer l’attention des amateurs de MMG.

Au rayon critique, il faut reconnaitre de nouveau que cet opus n’offre pas véritablement de nouveautés ou de prise de risque de la part des lascars. En poussant la provocation, ce serait peut-être révéler l’essentiel de l’album que de reproposer le premier extrait qu’avaient diffusé Mello Music Group, « This World ». Une boucle d’orgue imprime la mélodie, le beat est lourd et puissant et les arrangements de nouveau de très belle qualité. En gros, quand Apollo Brown prend en main une prod, il ne cherche pas forcément à se renouveler mais il maitrise sa technique et il distille des beats aux petits oignons.

Ugly Heroes – « This World »

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Au final, que dire de cet opus ? Qu’il s’inscrit dans la continuité de la carrière des Ugly Heroes. S’il n’apporte pas de réelle nouveauté musicale, il faut dire que l’album est d’excellente facture. Les productions sont particulièrement maitrisées, les thèmes abordés sont graves et bien racontés, et les flows de Verbal Kent et Red Pill y sont bien calés.  En 14 morceaux, Ugly Heroes affirme son talent et dépose avant l’été une galette sur laquelle il fera toujours bon de tomber. Si on peut déplorer son absence d’originalité, on peut aussi en voir l’autre aspect : il permet à l’oreille de se reposer sur des valeurs sûres et Ugly Heroes ne s’y sont pas trompés : elles ont bien été livrées.