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Rapper Big Pooh & Nottz – Home Sweet Home

Deuxième album de l’année pour Rapper Big Pooh, toujours sur Mello Music Group et cette fois en collaboration avec le producteur Nottz. Une fois de plus un disque très attendu.

Avant de s’attaquer à ce nouvel opus, on ne peut manquer d’avoir une pensée pour Little Brother, le groupe de Big Pooh et Phonte au début des années 2000: assurément une des meilleures formations de la dernière décennie et le tremplin parfait pour le fameux producteur 9th Wonder – dont on connaît le succès par la suite (de Destiny’s Child à Talib Kweli). Auteur d’une demi-douzaine de disques solo depuis dix ans, Big Pooh lâche donc son deuxième album de l’année en collaboration avec un producteur. Là où le solide Words Paint Pictures mettait en avant le talent d’Apollo Brown, Home Sweet Home a été concocté avec Notzz. Ce dernier s’est fait repérer dès 1998 sur la célèbre compilation Lyricist Lounge de Rawkus Records et s’est construit une réputation aux côtés de Busta Rhymes, Rah Digga, M.O.P et autres Krumbsnatcha. Il compte même parmi ses fans 9th Wonder – qui le considère tout simplement comme le meilleur producteur actuel et l’a accueilli dans son crew de producteurs, le Soul Council – et Dr. Dre qui, pour l’anecdote, a samplé comme lui « If Tomorrow Never Comes » des Controllers et l’a déjà invité à bosser avec lui.

Comme on le devine rapidement au travers de la pochette – la mère de famille tatouée qui pose fièrement avec un plat sorti du four devant une maison pavoisée du drapeau américain – ce Home Sweet Home se veut l’équivalent d’un bon petit plat maison, classique mais indémodable. D’ailleurs Pooh ne s’en cache pas sur « Welcome Home« , l’un des premiers morceaux: “momma cooking up collard greens, fried chicken, macaroni, yams…you know the menu.” Les deux compères sont de Virginie et les habitants de cet Etat s’y connaissent en soul food. Donc dès le début de l’album, on sait qu’on est parti pour une bonne bouffe. De celles qui inspiraient déjà Goodie Mob dans le bien nommé Soul Food il y a vingt ans.

La thématique est posée – le foyer familial et tout ce qui tourne autour – et Nottz déroule des productions de haute volée tant et si bien qu’on a presque l’impression que Pooh a un peu de mal à se caler sur les premiers morceaux. Il faut dire que ça claque sec: breaks à l’ancienne, de bons vieux chœurs soul voire gospel (« Preach« , « Jesus« ) et de l’orgue et des cuivres à gogo. On remarque aussi que la structure de l’album comprend un certains nombre d’interludes liées à la thématique (« Welcome Home« , « Homemade« , « Home Sweet Home« ) et que certains auraient gagné à devenir de véritables morceaux.

Quoiqu’il en soit, l’album trouve assez rapidement son rythme de croisière. Le single « 300Z », par exemple, démontre à quel point la collaboration peut porter ses fruits: une production orchestrale impeccable et des lyrics brillants dans lesquels Pooh se glisse dans la peau d’un dealer de drogue des années 80 pour dénoncer les travers d’une vie axée sur la recherche permanente du gain, au détriment de tous ceux qui l’entoure (pour l’anecdote la 300Z est une modèle de Nissan de l’époque). Pooh excelle toujours autant dans cette description du quotidien, en particulier celui d’une grande famille et des déboires ou mauvaises passes qu’elle peut traverser. Sur un plan plus personnel, il évoque aussi ses amours – sur l’accrocheur « Alone » avec en featuring Jared Evan – et son enfance sur le superbe « Memory » (dans lequel Nottz sample avec talent Minnie Ripperton).

Le dernier tiers de l’album est particulièrement réussi. « Prom Season » avec en featuring Kenneth Whalum III – jeune saxophoniste de Memphis qui a déjà bossé avec Big K.R.I.T. – rappelle les bonnes heures où Jimmy Jay samplait Gainsbourg pour le « Nouveau Western » de Solaar. « Fries » sample le classique et somptueux « That’s All Right With Me«  d’Esther Philips et le très bon « El Fin » clôt l’album sur un featuring du crooner Erik « Blakksoul » Keith.

Au final ce Home Sweet Home s’avère être un album très solide, un peu au-dessus de Words Paint Pictures, et assurément un des meilleurs disques de Pooh depuis Little Brother. Avec un peu plus de trente minutes au compteur, on ne peut qu’espérer que cette collaboration se renouvelle prochainement sur un opus encore plus dense et peut-être un peu mieux structuré. En tout cas ce Home Sweet Home est une valeur sûre l’année hip-hop 2015. Ne passez pas à côté.

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Max Dembo

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