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Mac Miller – The Divine Feminine

La rumeur a bouleversé l’instasphère il y a de ça quelques semaines et ce n’est désormais plus un secret pour personne : oui, Mac Miller et Ariana Grande sont en couple. En compagnie de sa dulcinée, le rappeur, chanteur et producteur semble enfin trouver son équilibre et toucher du doigt pour la première fois un bonheur simple et authentique. Auréolé de son nouvel amour, Mac livre The Divine Feminine, un album conçu pour être écouté à deux, fruit d’un processus d’écriture plus personnel et rapide qu’à l’accoutumée. Les tourtereaux comme les amoureux de rap peuvent d’ores et déjà se réjouir : tout au long de ce disque, c’est bel et bien l’amour qui coule entre les microsillons et les flux de méga-octets.

© 2016 Warner Bros. Records

Septembre, un vendredi soir. La pluie parisienne bat contre les carreaux, les trottoirs mouillés brillent sous la lumière des réverbères et les passants se croisent d’un pas pressé sous leurs longs imperméables. En ce mois de rentrée, les enfants ont retrouvé les bancs de l’école, et les plus grands leur tasse de café, leur carnet de notes et le cliquetis machinal des touches de leur clavier de laptop.

C’est un de ces jours, à cheval entre l’été et l’automne, que l’ex-gamin de Pittsburgh a choisi pour livrer son quatrième album studio. Avec The Divine Feminine, Mac Miller livre une ode à la femme, un disque qui vient placer l’amour, tant au sens charnel que spirituel, au coeur de son art. Un choix créatif somme toute déroutant, qui semble pourtant s’être imposé comme une évidence.

Il faut dire que le garçon est doué pour lier chaque album à son présent, capturer un moment de vie et le mettre sous cloche. Dans son cas, une cloche en forme de cabine de studio, remplie de claviers, de guitares et d’une sensibilité artistique bien particulière. Or ces temps-ci, le rappeur semble envahi par un amour radieux, pour lequel sa moitié Ariana Grande n’est à l’évidence pas pour rien.

L’album est court – seulement une dizaine de titres – et relativement versatile malgré le sentiment de calme et de sérénité qui le parcourt de la première à la dernière note. Une sorte de comédie romantique en dix scènes, souvent émouvante, parfois cheesy, toujours sincère. Il y est question d’amour, de romance, de désir, de disputes et de sexe. En bref, de relations humaines, comme le dit si bien l’ami Solaar.

L’intro en featuring avec Bilal annonce immédiatement la couleur, bleue en l’occurrence, avec un piano proche de la bande originale d’Amélie Poulain. Sûrement ce qui explique pourquoi l’album du pennsylvanien résonne tant avec le ciel menaçant de Paris. À la première écoute, on n’aspire guère à autre chose qu’à un après-midi sous la couette avec sa petite copine.

Premier single de l’album dévoilé en juillet, le titre « Dang! », en duo avec Anderson .Paak, nous sort ensuite la tête des nuages, et nous rappelle en un clin d’oeil nos souvenirs de vacances les plus fous. Le temps d’une chanson, on songe même à repartir. « Skin » prolonge l’ambiance, allant jusqu’à évoquer de façon plutôt explicite les ébats d’une chaude nuit d’été. Et nous voilà pris au piège…

Les deux autres singles « We » avec CeeLo Green et « Favorite Part » en compagnie de sa nouvelle chérie, sont indéniablement très aboutis. Dommage qu’ils aient déjà autant tourné dans mon casque, car dévoilés un peu trop tôt à mon goût en période de promo. Heureusement, la découverte du so funky « Soulmate », forgé au fer rouge par le maître du groove Dâm-Funk, et de « God Is Fair, Sexy Nasty »  avec le tout-puissant Kendrick Lamar, compense amplement cette frustration.

L’outro, qui laisse la parole à une vielle dame que l’on devine être un parent de Mac Miller, rappelle curieusement les oeuvres de Common, où le discours vient souvent enrichir la réflexion en contrepoint de la musique. Robert Glasper, contributeur sur ce morceau, n’est pas tout blanc dans l’affaire… La vieille dame en question conclut l’album avec une histoire simple et touchante : la sienne et celle de son mari.

Bien que très éloigné du style habituel de Mac Miller, The Divine Feminine est un disque humble et spontané, qui offre à découvrir une nouvelle facette de l’artiste. Peut-être la plus belle jusqu’à présent. La démarche originale et honnête dans laquelle cet album s’inscrit justifie à elle même d’y jeter une oreille attentive. Seul ou avec sa moitié, au soleil ou sous la pluie, à midi ou à minuit.

Écouter le nouvel album de Mac Miller – The Divine Feminine

L’album est également disponible sur iTunes.

Florian Perraudin-Houssard

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