Gangrene – You Disgust Me

août 2015

Gangrene

You Disgust Me

Note :

Pour son troisième album studio poliment intitulé You Disgust Me le duo Californien Gangrene (Oh No & The Alchemist) réuni un line-up ambitieux et prometteur. Un disque de potes entre épaisse fumée et baffles qui tressautent.

La difficulté avec Gangrene c’est qu’on a affaire à deux producteurs bien installés dans le game dont on ne sait pas trop bien s’ils vont s’enfermer en studio et nous gratifier d’une production monobloc, usinée à quatre mains avec une idée bien précise en tête ou si chacun va ramener sa petite collection de beats qui vont bien histoire d’allumer quelques pétards, de descendre une paire de bouteilles et de voir ce qui ressort de tout ce mélange.

Et c’est sans doute cette deuxième option qu’ont choisi nos deux compères pour ce deuxième disque de l’année (le premier, Welcome To Los Santos, a été concocté pour la sortie du jeu vidéo GTA V) puisqu’aucun des treize titres de cet opus ne semble avoir été produit par l’un et l’autre en même temps. Mais qu’à cela ne tienne après tout, Gangrene n’est pas qu’un combo de beatmakers et ces deux natifs du golden state ont suffisamment de métier pour savoir où ils vont.

Dès l’intro, le clapotti d’un bong indique qu’on assistera sans doute pas à l’éveil des consciences (encore que) mais certainement plus à une soirée de biture qui tourne en open mic avec une belle brochette de guests en prime.

En bon élève de l’école d’Oxnard et digne héritier d’une fameuse lignée, Oh No s’en va tapper dans le jazz funk qui gratte et les grooves poussiéreux pour construire les morceaux qu’on attend de lui tandis qu’Alchemist fait de…l’Alchemist sans forcer…Pas de surprise donc, ni mauvaise ni bonne, sauf peut être lorsqu’il nous fait presque du Madlib sur «The Man With The Horns » avec sa boucle de cuivre uniquement ponctuée par une caisse claire et quelques cymbales pour nous raconter la redescente de fin de soirée, quand le jazz club ferme et que la rue humide et froide ramène de force à la réalité…sans doute le track de l’album.

Pourtant du côté des invités (de marque) le résultat est relativement mitigé. La prestation d’Action Bronson sur « Driving Gloves » est fidèle à ce qu’on peut en attendre, même si le problème du Bronsolini commence à être le Bronsolini lui-même. Un schéma de rimes répété à l’infini et sans doute trop souvent depuis les cinq dernières années.

 

Havoc, venu donner la main à son pote Alchemist se contente du refrain de « Sheet Music » et le regretté Sean Price livre un couplet presque indigne de sa légende, s’enfermant dans des gimmicks qu’il a déjà retournés dans tous les sens. Service minimum également pour Evidence et Chuck Strangers sur la basse vrombissante du bien nommé « Just for Decoration ».

Il n’y a guère que Your Old Droog, dont il faut décidément voir les prestations pour se persuader qu’il ne s’agit pas de Nas après une bouteille de Bourbon, pour fournir un 16 propre…mais sans fioritures sur « Gluttony » l’autre track de l’album, assemblage de guitare jazzy et de cuivres plaintifs.

You Disgust Me est agréable à écouter…sans plus, les beats sont bien construits…sans plus et l’habileté au mic de nos deux gangreneurs, si elle ne fait pas d’étincelles, tient la route…sans plus mais avec un gros avantage quand même pour Oh No qui, malgré certains égarements du genre « Even David Blaine out the ice box couldn’t chill with me / Literally, give him the boot like Italy » fait figure honorable sur la majorité des titres. Il manque avant tout ce petit coup de rein qui donne envie de revenir encore et encore sur certains passages voire sur la totalité du disque. Le genre de disque qui s’écoute en faisant autre chose…mais par les temps qui courent ça n’est déjà pas si mal.

 Tracklist

  1. The Filth (intro)
  2. Reversals
  3. Sheet Music (feat. Sean Price & Havoc)
  4. Flamethrowers Pt 2
  5. The Man With The Horn
  6. Better Things
  7. Driving gloves (feat. Action Bronson)
  8. Gluttony (feat. Your Old Droog & Fashawn)
  9. The Scrapyards
  10. Noon Chuckas
  11. Just for decoration (feat. Evidence & Chuck Strangers)
  12. Hazardous Material
  13. The Hidden Hand