Découvert en 2014 avec son excellente Thirst 48, que nous étions parmi les premiers à vous présenter, le jeune Boogie a lâché le 14 octobre dernier le second volume de la mixtape qui l’a fait connaître, dans une étonnante discrétion.
Still Thirsty
Le jeune espoir de Compton avait annoncé son retour aux affaires avec le hood anthem « No Way » sorti quelques mois avant la mixtape qui n’avait pas manqué d’animer nos soirées d’été.
« New Year, New Boogie » comme il le clame dans le titre « Just Might » car le jeune papa n’a pas de temps à perdre et compte bien développer au plus vite la fan base conséquente qu’il a su constituer au fil de mixtapes très réussies (Thirst 48 en 2014 mais aussi The Reach en 2015).
Dans « Still Thirsty« , le sublime crescendo piano qui ouvre la mixtape, Boogie rappelle qu’il faudra plus que le petit succès d’estime dont il a bénéficié ces dernières années pour le sortir lui et son fils Darius de la merde ambiante de Compton.
This shit turned me to a different dude
And most the time I won’t be in the mood
We went from tears at the bottom ‘til we almost top 10
And my biggest fear is I don’t finish through
« Still Thirsty »
Une mauvaise humeur quasi chronique à force d’encaisser les coups durs de la vie de quartier qui laisse toute de même place à la légèreté comme sur le chantonnant « Two Days » et son ambiance « gospel rap » qui n’est pas sans rappeler le dernier album de Chance The Rapper.
I love you like the westside
Comme nombre de ses confrères, Boogie entretient une relation ambiguë avec son quartier qu’il ne rêve que de quitter mais auquel il voue quand bien même une quasi-admiration comme il le raconte sur l’excellent « Sunroof », véritable ode à la ville des anges.
I love you like the westside
Figure out the sunroof won’t you let your wings loose
Look at how your stress flight
Can’t take west outside of me
Even when I’m far away
« Sunroof »
Boogie est un véritable enfant du pays et jouit d’une popularité énorme dans son quartier de Compton, qui compte tout de même près de 100 000 habitants. D’ailleurs, les anciens de CPT ne s’y trompent pas et n’hésitent pas à prêter main forte au jeune rappeur comme DJ Quik que l’on retrouve sur l’excellent « Fuck ‘Em All », un titre génial, dans la plus pure tradition du G-Funk californien popularisé par Quik sur ses album Rhythm-al-ism (1998) et Balance & Options (2000).
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Comme sur ses précédents projets, Boogie confirme qu’il est de ces rappeurs qui savent s’entourer. Pas de gros noms côté invités mais tous les refrains et chœurs sont bien sentis et parfaitement au diapason avec l’univers de l’artiste comme vous pourrez l’apprécier avec Ayo Olatunji sur « Won’t Be The Same » ou avec KB Devaughn sur « Fall Before The Climb« .
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Ce Thirst 48 II compte également sur une production ultra solide assurée par les beatmakers Keyel, Swiff D, Joey Levesque, C Ballin & Dart ou encore The MeKanics. A l’aise tant sur des purs bangers trap (« No Way », « Just Might ») que sur des productions plus soulful (« Prideful », « Won’t Be The Same »), Boogie est à l’image de cette nouvelle génération de rappeurs (Kendrick, Bada$$, Chance, Bronson…), c’est-à-dire capables de jouer sur tous les terrains et de plaire à toutes les générations de fans de rap… parfois même au-delà.
Cette capacité à rassembler les générations, c’est d’ailleurs une des forces de Boogie qui depuis ses débuts a su développer un rap à la fois moderne et authentique qui plait autant à la jeunesse de Compton avide de sonorités trap qu’aux anciens biberonnés au G-Funk de Dre. Un sacré avantage à une époque où de jeunes rappeurs subissent la fronde de certains puristes pour avoir refuser de rapper sur une instru de Preemo…