Sorti au printemps dernier chez KFE en collaboration avec de nombreux ouailles de Rhymesayers Entertainment (Aesop Rock, Brother Ali, Homeboy Sandman, …), le dernier projet du MC californien Abstract Rude porte un joli nom : Keep the Feel : A Legacy of Hip-Hop Soul.
S’il est dit que cet album est un hommage au hip-hop et à la soul music, alors attendons-nous à entendre quelque chose de classique, de bien fait, et dont le groove est finalement le seul impératif de résultat. Ne nous mentons pas, c’est le cas, c’est du classique mais la folie qui rend la créativité d’un artiste attrayante et sublime son projet est assez peu présente dans cet album, à quelques exceptions près.
Hop hop hop, flashback et retour aux présentations, politesse oblige. Abstract Rude est un artiste élevé au grain et sous le soleil de Los Angeles. Si on ne peut pas parler de vétéran puisque sa carrière musicale a débuté en 1992, disons que le sieur a bourlingué des open mics du Good Life Cafe aux studios de Rhymesayers Entertainment. Pour situer le personnage et son environnement d’expression artistique, précisons que le Good Life Cafe est un café mythique de la scène West Coast alternative où étaient organisées des soirées open mics et qu’ont fréquenté quelques connaissances comme Cut Chemist, Chali2Na ou plus récemment Pigeon John. Un excellent documentaire sur cette scène et plus particulièrement sur son théâtre qu’était le GLC a été réalisé par Ava DuVernay en 2008 et est sobrement intitulé « This is The Life ».
D’une scène ouverte de LA à la sortie de Keep the Feel…, le chemin a été long pour notre compère (23 ans de carrière) et c’est donc en témoin privilégié de tout un pan de l’histoire du hip-hop US qu’il se présente à nous avec son dernier projet. Pour finir les présentations, celui qui se fait aussi appeler Ab Rude sur scène ou Aaron Pointer à la ville s’est commis dans des projets comme Haïku d’Etat au côté d’Acelayone ou Myka9 et a élevé le freestyle au rang d’art de vivre et de rimer.
En jetant un œil à son dernier projet, c’est clairement l’œuvre d’un habitué de l’exercice, jouant de son expérience pour proposer quelque chose de nouveau. Pas vraiment ou pas seulement rap, on ne s’écarte jamais de la ligne hip-hop qui fait l’oxygène de cet artiste. Des doutes? Jetez donc une oreille à l’acoustique et aux textes de vieux bourlingueur du morceau « Halfway Around The Globe ». Sur une boucle inspirée d’un ogre de barbarie, il emporte ses notes de forain d’un roll qui donne le la de modernité et joue de sa voix sur ce morceau rappé dont le refrain est chanté. Dans ses textes, la Musique. En tous les cas, ce qu’elle lui a apporté en termes de découvertes et de rencontres autour du monde. Joli morceau à l’écoute facile. Jugez plutôt.
A l’image de ce track, chaque morceau de l’album bénéficie d’une recherche musicale aboutie, preuve que notre homme n’attend pas seulement que le mic lui soit rendu pour faire vivre sa musique. On y trouve une belle recherche harmonique, une instrumentation soignée et des arrangements de connaisseurs qui démontrent, s’il est besoin, que son amour de la musique est le moteur de ce projet au titre sans équivoque.
D’ailleurs à mieux écouter, son projet joue vraiment avec les genres et se place à la limite de ce qui pourrait définir le rap : des breaks, des rimes, des messages et un tempo soigné pour apporter le groove nécessaire à faire bouger les têtes et dévergonder les booties les plus timides.
Avant de conclure pour vous laisser profiter de l’ambiance particulière de cet album, je me dois de mentionner le joli « Relay » sur lequel Ab Rude s’entoure d’une armée de MCs (Abbey, Maya Jupiter, Just Brea, Pigeon John, Medusa, Busdriver, Olmeca) repérés au GLC pour dérouler autour d’une boucle de piano en gamme et une ligne de basse archi efficaces un, que dis-je, DES flows bien posés. Le morceau est aussi celui qui avait servi d’accroche pour le public et mérite clairement qu’on y prête attention.
Maintenant que les présentations sont faites et que tout le monde est plus à l’aise, il est temps de se parler en toute transparence. Il y a de la qualité dans cet opus. Qualité musicale, artistique, rappistique, c’est indéniable. Il y a aussi une carence dans la cohérence du projet. Le mix des morceaux est pour le moins laborieux, c’est peut être dû à la volonté de rendre hommage à des influences musicales qui n’a pas incité la production à être attentive à ce détail. C’est d’ailleurs bien dommage. Il y a également beaucoup de morceaux. Trop. Ce n’est pas tant la longueur du vinyle qui dérange (après tout, qui se priverait de 75 minutes de plaisir ?), c’est plutôt que cette longueur ne se justifie pas sur tous les morceaux. Musicalement, c’est propre et bien travaillé. Artistiquement, tout est dans le titre et objectivement, nous est servi ce qui a été commandé. Subjectivement, hormis quelques titres qui gagnent à être connus, l’avenir de cet album sera sûrement l’oubli et certainement l’éveil de bons souvenirs quand je retomberai dessus. Je note déjà les morceaux.
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