Si à 20 ans, vous peiniez à comprendre vos cours de philo à la fac, Chester Watson, lui, manie la plume comme personne. Loin de faire figure de petit nouveau, le rappeur de Saint-Louis, Missouri, compte déjà trois mixtapes à son actif. Entre discrétion, sons bruts et prods sombres, le jeune emcee a déjà tout d’un grand.
Issu d’une famille de neuf enfants, Watson débute son parcours comme une épopée de Mark Twain. Entre un père absent, de lourds problèmes d’argent tendant parfois vers une vie de sans abri, le jeune Chester semblait bien mal parti. Mais c’était sans compter une ambition et une précocité sans faille qui le poussent à exceller sur les bancs de l’école et à être diplômé en seulement trois ans de l’université de Floride, où il étudie le ballet, son premier amour et sa première connexion avec les arts de la scène.
S’il était un grand fan de heavy métal et de rock durant la pré-adolescence, son amour pour le rap se manifeste plus tard. Il reçoit le déclic après être tombé sur un freestyle d’Earl Sweatshirt, rappeur auquel il sera très souvent comparé par la suite. Il se passionne alors pour Odd Future dont il s’inspire pour Carnie, qu’il enregistre et produit alors qu’il n’avait que 14 ans.
Des débuts balbutiants faisant office de rampe de lancement. L’année suivante, il lâche sa mixtape Phantom dont le clip éponyme deviendra viral avec des milliers de clics chaque jour.
Malgré son jeune âge, le talent est indéniable et les premiers retours le conforteront encore plus dans son idée : ça y est, Chester va faire du rap.
Cependant, le MC ne suivra pas les tendances et décidera plutôt de forger son propre univers sonore. Loin du rap propre et lisse envahissant les ondes radios aujourd’hui, Chester lui, aime rendre une copie plus brouillonne de l’exercice.
Un son brut qui sort directement des machines, sans la moindre couche de vernis, mais qui, pourtant, mélange savamment créativité et structuration. Preuve en est, sur le projet Tin Wooki, 28 morceaux divisés en 4 grands actes (« The prophecy », « Land of the monsters », « The witch and the forest », « The villain’s creed » et « The war ») pour déjà, raconter son histoire comme les grands.
Dès le premier morceau, il interpelle par sa voix suave et la profondeur de ses productions. On se retrouve rapidement conquis dès le second, et nous voila pris au piège dans la toile Chester Watson. Une faculté à rendre le rap captivant dans la plus primaire de ses formes pour le plus grand bonheur des amateurs du style. Le Emcee qualifie lui même son art de « Weird Rap » et l’enseignement laissé par les écoutes de ses congénères Earl Sweatshirt ou encore MF Doom planent sur ses projets.
Côté textes, là ou d’autres préfèrent être dans l’exhibition permanente de la réussite à coup de bataille d’égos, Chester lui, adopte une plume plus discrète et un art de la rime déjà confirmé. Avec des lyrics truffées de références cinématographiques, aux poèmes, à l’art et à la religion, son maniement de la langue et la profondeur des histoires qu’il cherche à raconter en ferait déjà jalouser plus d’un.
« As I reflect on this life I do pity it, ponder psyche restoration cancel light with his wittiness. omniscient being. Verbage vector spirals no ending it, psychic violence, rule as tyrant see no light in the mistiness »
Mais Chester ne se cantonne pas seulement à la partie vocale de ses titres et passe également derrière les machines pour bon nombre de ses morceaux. Aussi habile derrière le micro que derrière les pads de sa drum machine, il réalise majoritairement des productions très sombres, composées principalement de courtes boucles de samples au ton psychédélique sur un fond de drums aussi profondes qu’étouffantes.
Recouvrez le tout d’une atmosphère dominée par le craquement chaud du diamant parcourant les sillons du disque vinyle et vous obtiendrez une alchimie parfaite avec la voix et le flow nonchalant de Chester. Dans un style proche du lo-fi, on retrouvera également comme marque de fabrique des morceaux assez courts (très rarement au dessus de 4 min) où des extraits de films/séries viennent s’ajouter en début ou fin de production.
Si vous ne connaissez pas encore Chester mais que le rap sans strass ni paillettes vous parle, nous ne pouvons que vous encourager à foncer découvrir ce jeune prodige qui va sans aucun doute continuer à grandir et faire parler de lui dans les mois à venir. Une pépite.
Cover : Noisey
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