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Captaine Roshi : « Les fous sont les plus grands de ce monde »

Rares sont ceux qui réussissent en s’aventurant sur l’océan du Rap Game. Captaine Roshi, lui, est à la barre d’un navire voguant au fil des eaux avec une aisance déjà affirmée. Plusieurs freestyles sur les chaînes Neeno et Benibla, une série de 8 épisodes appelée SDD et voilà que tous les projecteurs se tournent vers lui. Rencontre avec l’ambitieux trappeur de Villeneuve-Saint-Georges qui dévoilera son premier EP intitulé Attaque le 15 novembre prochain.

BACKPACKERZ : Pour débuter, peux-tu nous dire d’où tu viens, et ce qui t’a amené au rap ?

Captaine Roshi : Pour faire rapide, je m’appelle Captaine Roshi (LaRosh pour mes potes) et je viens de Villeneuve-Saint-Georges. Je crois que j’ai toujours aimé la musique depuis tout petit, je chante et je danse beaucoup. Dans la vie, j’avais trois options : l’école, le foot et le rap. J’ai commencé à écrire vers 12 ans et j’ai commencé à enregistrer mes premiers sons vers 18 ans. Quand j’ai balancé mon premier extrait, je me suis dit : “si je ne fais pas 5 000 vues en un mois j’arrête le rap”. J’ai réussi et c’est ce qui m’a vraiment poussé à continuer.

On sent immédiatement dans ta musique une grosse influence mangas, et ça commence par ton blaze Captaine Roshi…

Complètement ! Alors ce blaze vient d’Orochimaru dans Naruto. C’est un personnage qui recherche la jeunesse éternelle et qui fait extrêmement jeune. Je m’identifie bien à lui car on me dit toujours que je fais beaucoup plus jeune que mon âge, j’ai simplement conservé le Roshi. Après, les mangas c’est comme une petite drogue pour moi, j’en regarde énormément, je lis partout et aujourd’hui ça fait partie intégrante de ma musique.

On voulait aussi connaître l’histoire derrière le surnom « Le Serpent de Pigalle ».

[Rires] Ce blaze représente vraiment l’aspect “connaisseur de la rue”. Il n’y a aucun coin de Pigalle que je ne connaisse pas, j’y ai vécu huit ans et j’aimais traîner partout, m’y perdre. Après, le Serpent c’est aussi parce qu’on a tous nos petits péchés… et le serpent c’est la finesse !

Tu as commencé à rapidement faire grimper ta notoriété sur Internet avec des clips sur des chaînes comme Neeno et Benibla. Qu’est-ce qui a fait la différence selon toi ?

Je dirais l’aspect « danse » de ma musique. Je n’arrive pas à faire un son où je ne danse pas… et si ça me fait danser, c’est censé faire danser les autres ! Au début c’était plus compliqué car je n’avais pas encore mon style ni spécialement de gimmicks. Avec le temps, tout ça s’est développé et donne le résultat que tu connais aujourd’hui.

C’est intéressant que tu évoques tes gimmicks car c’est vraiment un élément différenciant chez toi. Comment tu développes cet aspect-là ?

C’est un peu arrivé au hasard en studio un jour où j’ai commencé à imiter le rire de Brook (ndlr : personnage One Piece connu pour son célèbre “Yohoho”) et l’ingé-son m’a demandé de recommencer parce qu’il trouvait ça intéressant. J’ai continué à développer les suivantes autour du rire. Par exemple, je vais placer le rire de Barbe Noire (ndlr : Personnage dans One Piece) ou encore Hidan (ndlr : personnage de Naruto) qui rigole à chaque fois qu’il attaque avec sa faux. J’essaie de les placer volontairement en fin de phase pour rendre ça plus marquant et frappant sur le morceau. 

Quelles étaient tes inspirations à tes débuts ? 

Quand j’ai vraiment commencé le rap j’étais très intéressé par cette vague de jeunes rappeurs qui a commencé à s’imposer (PSO Thug par exemple) même si j’ai aussi beaucoup été influencé par les grands (Rohff, Booba etc…). Ils m’ont vraiment poussé à me lancer mais j’ai toujours cherché à développer mon propre style. Sur mes premières écritures j’essayais de mélanger du Diam’s et Booba sans que ce soit forcément parfait. J’essaie à tout prix d’éviter de ressembler à quelqu’un et je veux vraiment cultiver quelque chose d’unique.

L’unicité de ton style vient également du fait que tu marches en équipe depuis le début et, notamment au niveau du beatmaking (Cartier ou FullTrap pour ne citer qu’eux). Comment tu fonctionnes avec eux ? 

Déjà, ce sont des grands potes. Je pense qu’on a tellement passé de temps ensemble que ça devient naturel quand on fait de la musique. On se retrouve, on lance des idées dans tous les sens et c’est comme ça que la sauce prend. Après, je me dis que chaque beatmaker a commencé en étant petit et a dû se faire un nom. Si je peux aider mes gars et voir des super connexions entre eux et d’autres artistes dans le futur, alors j’aurais réussi !

C’est aussi pour ça que tu les intègres à tes gimmicks et que tu les mets autant en avant ?

A fond ! La prod aujourd’hui c’est très important. Quand j’écoute des sons je trouve souvent que les prods se ressemblent et quand je suis avec eux, j’essaie de les sortir de leur zone de confort et de tirer le maximum d’eux. J’ai une perception humaine des prods et à l’écoute ça va m’affecter directement sur la façon dont je vais vouloir poser. C’est à eux de façonner mon univers à la manière d’un Héphaïstos avec Pandore. 

« Je vois mes fans comme Hugin et Munin avec Odin »

Tu sors ton premier EP le 15 novembre, il s’appelle Attaque. Tu peux nous raconter le processus de production et le ton que tu as voulu donner à ce premier essai ? 

Au niveau de la direction artistique, j’ai vraiment voulu m’écouter et endosser le rôle du capitaine qui mène la barre. Quand je fais un morceau et que je sais qu’il est bon, j’écoute mon avis en priorité. Après je n’aime pas trop écrire en studio, j’essaie de bosser partout, tout le temps. J’ai sans arrêt des prods dans les oreilles, je gratte et enregistre des maquettes. Pour le projet j’avais environ 55 morceaux et je voulais vraiment quelque chose avec beaucoup d’énergie. Attaque, ça percute, ça va vite et ça frappe fort comme le numéro 9 au foot. Je voulais parler de moi, de ce que je suis vraiment et avec qui je suis. Les potes c’est très important pour moi et c’est pour ça qu’ils sont aussi présents sur la cover. Chacun a une expression différente (sourire, cagoule, visage fermé) pour montrer qu’on peut attaquer mais de différentes manières.

Sur certains titres comme « Roubz », j’arrive plus à me confier et à parler de moi. La prod est différente et j’ai vraiment essayé de mélanger des titres plus introspectifs avec des morceaux trap qui feront danser. C’est ma mission. Vous allez avoir quelques surprises, des morceaux qui claquent, d’autres où je parle même d’amour, de la création de flows, mais je n’en dis pas trop avant la sortie… Le son dont je suis le plus fier c’est « Papillon », car la création était difficile mais je suis content du résultat. En tout cas, je compte parler de choses différentes pour le prochain projet, ce que la musique a changé dans ma vie, ma signature, etc…

Tu as déjà le prochain projet en tête ?

Le 2 sera encore mieux ! J’ai déjà beaucoup réfléchi à la suite, avec la même équipe de beatmakers. J’ai besoin de rester avec eux, de les connaître autant qu’ils me connaissent. Je veux qu’on en arrive au point où on peut s’insulter parce qu’on à plus rien à se cacher ! C’est là qu’on fera la meilleure musique possible.

Tu prendrais la prod d’un inconnu dans ta boite mail ?

Oui complètement, je guette de temps en temps parce que s’il y a des petites pépites, je ne peux pas laisser passer le truc. Pareil, pour la suite j’aimerais bien retravailler avec certains beatmakers que j’ai pu côtoyer, comme DJ Weedim par exemple.

Et au niveau des featurings ?

Si Attaque marche bien, c’est sûr que je referai un feat avec Key Largo sur Attaque 2 et je pense aussi avoir un grand nom mais on verra comment les choses se déroulent. Le feat avec Youv Dee sur Attaque s’est fait aussi parce qu’on a un peu le même caractère, les mêmes centres d’intérêt et j’écoute pas mal ce que peuvent me dire les fans, et tout le monde me l’avait mentionné donc ça s’est fait comme ça. On s’est bien entendu et je ne regrette pas du tout notre collaboration, j’espère qu’on le refera dans le futur. 

Tu sais que le peuple réclame également un feat avec Freeze Corleone….

[Rires] C’est vrai ! Moi je vois mes fans comme des pirates, on est tous sur un grand bateau. Un capitaine, c’est têtu mais ça doit savoir écouter ce que va lui dire son équipage, et c’est vraiment ce rapport-là que je veux avec eux. Ils sont comme Hugin et Munin avec Odin tu vois et, si on me rapporte que Freeze Corleone pourrait coller, je vais écouter et prendre ça en compte. Après, Freeze je l’écoute depuis très longtemps et, avec Ultimate Boyz, le seul qui avait des scores de malade sur SoundCloud et qui était toujours là, c’était lui. 

Aujourd’hui, quelles sont tes attentes par rapport au rap ?

J’ai quitté un père au Congo à 11 ans avec une situation plutôt bonne et je suis passé à une situation très mauvaise en arrivant à Paris. Si la musique peut m’aider à sortir de tout ça alors j’irai sans hésiter. C’est aussi une façon pour moi d’extérioriser derrière le micro et je rendrai au centuple ce qu’on me donne. Je suis le genre de gars qui dit tout le temps je t’aime à ses fans parce que sans eux je n’en serais pas là. 

En tout cas, pas de limites ! J’ai envie de faire pleins de choses différentes, un EP qui s’appellera 9, ça c’est sûr (pour la référence) mais je sais déjà aussi que l’album s’appellera LaRosh. Après, pour voir plus loin, j’ai vraiment envie de faire un album avec toute une histoire autour d’un personnage qui rappe. Un vrai pirate qui lâche des punchlines. Pour moi la musique s’écoute mais peut aussi se voir, même sans clip. 

Autour de tes clips, tu montres beaucoup de scènes de rue et ton équipe est très présente. Est-ce que c’est un format que tu voulais et que tu comptes garder ?

Ça dépend du morceau je dirais. Sur les sons très trap forcément j’ai envie de m’ambiancer, j’ai moins envie de faire quelque chose de très scénarisé. Après avec ce projet d’album autour d’un personnage, cela me laisserait beaucoup plus de créativité visuelle et me permettrait de mettre vraiment en scène des histoires. Voir Captaine Roshi sur un bateau avec des pirates, ça ça me parle !

© JuPi

Et tu te verrais explorer d’autres horizons autour de cette idée ?

Carrément ! Déjà j’ai un gros projet dans ma vie. Je veux absolument aller au Japon, rencontrer un dessinateur et faire quelque chose avec lui. Je ne sais pas quand, comment, ni avec qui mais c’est un de mes buts dans la vie. Je lis tellement de mangas et je vois tellement d’histoires que j’ai vraiment envie de construire la mienne.

Qu’est-ce qui, selon toi, fait un bon morceau de rap aujourd’hui ?

C’est compliqué parce qu’il y a beaucoup de morceaux dans lesquels j’aime les couplets mais pas les refrains. Je suis plutôt un mec de couplets, et pour moi le challenge c’est de les rendre aussi dansants que le refrain. Pour ça, il te faut un fou de la prod ! Je ne peux bosser qu’avec des fous, ce sont eux qui ont les meilleures idées, ce sont les grands de ce monde.

Il y a des artistes particuliers avec qui tu voudrais collaborer ?

Beaucoup. Déjà, forcément il y a Freeze Corleone mais je vais attendre que mes corbeaux m’apportent encore un peu plus d’informations. Il y a Alpha Wann que j’écoute depuis que j’ai 15 ans, et j’aimerais beaucoup bosser avec lui. Après si je devais te donner une liste de gros noms, j’ai déjà pensé à Booba, Gims et Jul. Si je devais faire un son avec Jul par exemple, c’est moi qui tenterait de m’adapter à son univers donc j’irais plutôt sur une prod type Jul mais toujours en faisant du Roshi.

Captaine Roshi – Attaque

Cet interview a été préparé avec l’aide de Kévin Berthouly

Antoine Fournier

Gosse des 90's et enfant du boom-bap. Remercie Dieu chaque jour pour Alchemist.

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