Deux ans après leur premier album L’heure des Loups, le duo de Montreuil est de retour et ouvre son Épicerie Coréenne avec de grosses promos sur le chill.
« On est plus des rookies c’est sur nous qu’il fallait parier »
Prince Waly et Fiasko Proximo ont légèrement remodelé la formule Big Budha Cheez pour ce nouvel opus. Les rôles sont bien définis : Waly au micro, Fiasko à la prod. Cela n’empêche pas Fiasko Proximo de prendre le micro sur des refrains (« Puffy », « Momo ») et de s’offrir un morceau en solo sur « Maison Blanche ». Le choix de limiter la parole à un seul MC montre une certaine maturité chez le duo qui a choisit l’efficacité en mettant en avant le meilleur rappeur des deux, tout en faisant briller le beatmaker.
Sur la partie production, on remarque une volonté de se renouveler. Alors que le premier album avait des sonorités plutôt old school avec des beats qui tapaient très fort, ici les instrumentaux deviennent plus mélodiques à l’image des titres « Hell » ou « Murphy Dog ». Des samples jazzy et soulful plutôt chill, qui se marient parfaitement avec la voix de Prince Waly. Attention, ce changement n’est pas radical, on retrouve toujours quelques morceaux (« Chez Ace », « Une balle dans un flingue ») aux kicks assez violents et sombres pour vous faire hocher la tête comme il se doit. Fiasko profite aussi d’avoir la casquette de beatmaker pour offrir une introduction (« Belle Mer ») et une interlude (« Jack N’a Qu’un Oeil ») exclusivement instrumentales.
« Je vois la vie comme un film, à toi de le réaliser »
L’autre gros point fort sur Épicerie Coréenne c’est bien évidemment Waly. Alors qu’on connaissait déjà ses grands talents d’écriture, il développe sur cet opus un style très imagé en dépeignant des scènes de la vie quotidienne. Les rimes sont toujours aussi bien ficelées et agrémentées d’un name dropping qui touche à des références populaires (Shaquille O’Neal, Hugh Hefner) et bien sûr à des références du milieu hip-hop telles que Puff Daddy, The Wire, ou encore Menace II Society, d’où provient le titre de l’album.
Des coups de feu dans une épicerie coréenne,
Tu connais O’Dog, ouais tu connais Cayne,
On ne plaisante pas avec les mamans, c’est sacré
Associés aux prods mélodiques, les refrains chantés par Waly participent au côté plutôt smooth de l’album. Derrière un rap assez cliché en façade qui évoque entre autre la réussite à travers l’argent et les biens matériels, le goût pour les belles femmes, Waly traite de sujets très actuels, comme celui des violences policières, qui revient à plusieurs reprises au cours de l’album.
J’ai plus la tête à faire des blagues
Depuis que les keufs s’amusent à se faire des blacks
Ce nouvel album est un concentré de onze très bons morceaux, puisque le seul qui sort un peu du lot c’est en fait le morceau « Jennyfer » qui vient clore l’album, sur lequel Oxmo Puccino fait un passage pas franchement en harmonie avec le reste du projet. En fin de compte, Épicerie Coréenne montre que le duo Big Budha Cheez ne s’est pas endormi sur ses lauriers et a plutôt travaillé sérieusement pour proposer une musique fraîche et neuve.
Big Budha Cheez – Épicerie Coréenne
Pour nos lecteurs parisiens, Big Budha Cheez sera en concert à La Place ce vendredi 23 mars. Plus d’information sur l’événement Facebook.