Découvrez ‘Aorte’, le premier EP de Voquab
Voici les conclusions de notre autopsie d’Aorte, le premier EP officiel du jeune rappeur parisien Voquab.
Chers confrères chirurgiens/docteurs/bouchers du rap, beaucoup d’entre vous me connaissent assez pour savoir que je ne me permets de sortir de ma réserve professionnelle que lorsque cela m’apparaît comme vital et nécessaire. Ainsi, il serait peut-être temps de se pencher plus sérieusement sur le cas du patient Voquab.
Déjà diagnostiqué du Cœur par le passé, le jeune homme a de nouveau été admis ce 26 juin en soins émotifs pour un cas peu commun de « Maladie Bleue »; celle-ci étant fortement corrélée à une sévère défaillance de l’Aorte. Je vous prie, chers confrères, de vous enquérir au plus vite de mes notes sur son cas consignées ci-après.
Causes et symptômes
Cinq ans après deux lourdes procédures médicales au cœur, le patient Voquab s’est présenté ce jour dans nos services (de streaming) avec son premier EP de 8 pistes. Le patient a montré des signes évidents d’inflammation de l’Aorte, organe central irriguant l’ensemble du corps humain. Il est aujourd’hui certain que la cause est à rechercher du côté de son passif familial et personnel : le divorce, l’hôpital, le deuil et la mort sont le lot quotidien du patient depuis son très jeune âge.
Mari et femme pour la vie au fond qu’importe
Car ma maman pleure et mon papa prend la porte.
– « Aorte »
Son cœur est trop petit, faut quand même qu’on l’opère,
Même guéri, il ressent encore l’angoisse de son père.
– « Maladie Bleue »
La faucheuse, armée de son scalpel et de son imprévisibilité, l’épargne par deux fois lorsqu’il se réveille avec des tubes dans la bouche dans cette fameuse pièce aseptisée et blanche. Électrochoc. Le patient prend la décision de monter sur Paris pour se (re)construire, mais surtout pour faire ce qu’il aime par dessus tout : poser ses textes à cœur ouvert puis les scander à gorge déployée. Cela n’empêche pas le jeune homme d’avoir encore fréquemment des « Coups d’blues » et son état actuel oscille ici entre questionnement sur son avenir et incrédulité devant ce spectacle consternant d’une société qui se languit à regarder son nombril, donc foncièrement sur la pente descendante.
Bête et égocentrique
Yeux sur le selfie stick
Mal donc excentrique
Bref, quoi de plus basique
– « Respire »
Heureusement, le patient démontre sur l’EP des signes d’amélioration encourageants qui le mèneront, j’ose l’espérer, vers une rémission complète. Je serai même tenté de dire vers une probable élévation spirituelle.
Traitement et préconisations
L’EP, entièrement produit par Matcyde, est d’inspirations multiples, et sert à merveille la plume acérée de Voquab : à la précision et la puissance de basses synth trap sur « Respire », on retrouve des ambiances plus délurées comme sur « Nez Rouge » et son piano distordu, endiablées avec « Fais-moi Danser » et sa gratte caractéristique, ou avec le candidat au titre pour le banger de l’album « Faut l’Faire », dans lequel notre patient dresse une carte de la France plus précise que le dernier guide Michelin, et y namedrop Angoulême et Gap pour la postérité mais aussi pour la première (et probablement dernière fois) dans l’histoire du namedropping.
Ainsi, il est évident que profiter de la vie reste la préconisation et la toile de fond de ce projet. Danser et rire en sont d’ailleurs ses deux principales composantes ; comme en témoignent les trois (trop) vrais passages extraits de chroniqueurs télévisuels poubelle aussi pédants que complaisant à la fin de « Nez Rouge ». Il serait donc salvateur, d’après les recommandations de Voquab, de prendre les choses avec recul et légèreté, plutôt que de les prendre trop à cœur parce qu’on encaisse, on encaisse, et puis un beau jour on termine à l’hôpital avec une artère bouchée.