Rappelez-vous en 2008 : Kanye West défrayait déjà la chronique avec son album 808s & Heartbreak, T.I. et Lil Wayne étaient au sommet des charts alors que certaines gloires du passé comme Nas ou Pete Rock s’accrochaient avec plus ou moins de réussite à une audience nostalgique d’un boom bap déjà en perte de vitesse.
2008, c’est également les débuts de la démocratisation du home studio et d’une nouvelle accessibilité à la production, ouvrant ainsi la porte à une myriade d’artistes indépendants évoluant dans des scènes locales telles que Detroit, D.C ou Seattle… Bien plus qu’un simple classement des meilleurs albums de cette année 2008, c’est toute la diversité de cette époque que nous avons voulu mettre en lumière à travers cette sélection.
Après un sans faute pour ses trois premiers albums, tout le monde attendait Kanye West au tournant pour la sortie de son quatrième projet. Seulement voilà, c’est avec cet opus, 808s & Heartbreak que Yeezy va renverser les codes du rap. Marqué par sa rupture amoureuse ainsi que la disparition de sa mère, le rappeur de Chicago livre un album rempli d’émotion et de regrets le tout enveloppé d’autotune maîtrisé à la perfection. Nombreux sont ceux qui ont critiqué cet album en raison de l’utilisation du logiciel de correction de voix alors que Kanye West reste, à l’époque, un des rares artistes à utiliser ce procédé avec justesse. On ressent sur 808’s toute la déchirure dans le coeur de Ye (à l’image de la cover) lors de ses refrains chantés qui sonnent comme des lamentations. Il ne fait aucun doute que cet album a marqué un tournant dans le rap et inspiré bien des artistes pour les années à venir. – Lex Luthor
The Renaissance porte bien son titre. Après neuf d’absence, Q–Tip entame un retour discographique pour le moins remarqué. Cet album coïncide avec une période, où l’ex Tribe établit un bilan de sa carrière musicale. Effectivement, The Renaissance contient autant les éléments basiques de Tribe que ses expérimentations solistes. A ce titre le single « Gettin Up » reste l’exemple le plus parlant. Ayant produit l’ensemble de la scène rap et néo Soul, il délègue une partie de la production au génie J Dilla, et l’anglais, Mark Ronson. La présence du producteur britannique donne un coté pop à certains morceaux, qui n’édulcore en rien le contenu. Q Tip semble aussi bénéficier des bienfaits de son expérience au sein des Soulquarians, qui donne un groove seventies, parfois salvateur. Avec le temps, The Renaissance représente la meilleure synthèse de la carrière de Tip, une figure majeure de la musique noire américaine. – Rémi
Cinquième album du duo composé de Slug et Ant (respectivement rappeur et producteur), When Life Gives You Lemons... entame une micro révolution au sein du groupe. Pour la première fois, Atmosphere abandonne le sampling pour la pure composition, ouvrant de nouvelles perspectives. Les synthés de Ant donnent une nouvelle vie aux talents de narrateur de Slug (notamment avec le sublime « Yesterday » sur son père décédé), emportant le tout dans une teinte quasi onirique, comme une concrétisation de toutes leurs ambitions musicales (invitant même Tom Waits en guest). Le point de départ d’un renouveau qui continuera jusqu’à aujourd’hui, assumant par la suite des facettes plus rock ou acoustiques, faisant d’Atmosphere un modèle de vétérans toujours inspirés. – Benjamin Boyer
En 2008, Pete Rock n’avait déjà plus grand chose à prouver et appartenait déjà à la légende de l’age d’or des 90s. Pour autant, le Soul Brother #1 ne prend pas sa position de producteur star pour acquise et semble bien décider à enfoncer le clou lorsqu’il revient avec NY’s Finest, soit la crème de la crème du rap new-yorkais. Avec cet album le tonton PR réussit le tour de force de rassembler sur un même projet les cadors de la décennie précédente (Redman, Lords of The Underground, Raekwon) ; aux côtés de la relève qui, à l’époque, tente de redonner au rap new-yorkais ses lettres de noblesse (Papoose, Styles P, Jim Jones…). Un disque à la production impeccable qui, malgré ses airs de compile, a su traverser la décennie et reste un témoignage de plus de la science du sample de Pete Rock. – Antoine Bosque
Après une première partie de carrière sous influence directe du regretté J Dilla, Black Milk, jeune rappeur-beatmaker de Detroit, semble trouver sa voie avec Tronic, tournant de sa discographie. Comme le montre la pochette, le producteur se tourne vers ses synthétiseurs pour obtenir un son plus en phase avec l’héritage sonore industriel de sa ville et de son influence électronique. Une instrumentalisation plus brutale, des choix de samples pertinents (Alan Parsons Project, Gary Numan, Tangerine Dream entre autres), une influence mieux digérée viennent donner une couleur plus singulière, quasi expérimentale, à un producteur qui se cherchait véritablement. Black Milk en profite également pour améliorer ses qualités de rappeur, en invitant des locaux (Dwele, Royce da 5’9″) et d’autres invités réputés (Pharoahe Monch, Sean Price). En ressort un album marquant qui lança définitivement la riche carrière solo de son auteur. – Benjamin Boyer
Au delà d’être le plus gros succès commercial de T.I.. Paper Trail montre surtout la large palette musicale du rappeur d’Atlanta. Considéré jusqu’à présent comme un artiste limité à la trap, T.I. arrive à conquérir un public, plutôt réticent à son style très marqué. Il se révèle aussi être un lyriciste, capable d’une analyse et d’une sensibilité insoupçonnées. La réussite de Paper Trail réside surtout dans son casting de producteurs, aussi divers que qualitatifs. Les contributions de Kanye West, Just Blaze ou Drumma Boy ne sont sûrement pas étrangères à la fluidité d’une œuvre complète. La liste d’ invités tels Rihanna, Justin Timberlake ou Usher, pourrait noyer cet album dans un océan pop délavé. L’ensemble s’écoute sans aucune embûche, malgré un côté très mainstream. T.I. réussit donc son pari de rallier son public de base et un auditorat grand public. Une gageure, qui réussit encore son tour de passe-passe aujourd’hui. – Rémi
Quatre ans après A Long Hot Summer et sa supposée retraite, Masta Ace revient avec un « supergroupe » composé d’un de ses protégés, Strick, et de deux rappeurs déjà respectés, Punchline et Wordsworth. Épaulés par une solide équipe de beatmakers (Ayatollah, Nicolay, Marco Polo), l’album sonne comme un chant du cygne pour un type de rap alors en déclin. Celui de l’album concept (un groupe en tournée), de l’amour du story-telling, de l’interlude, des baggys et Timberlands. Exploitant un motif toujours efficace (la route/tournée), l’alchimie du groupe fait mouche dans un album très généreux (23 pistes). Parfois un peu mineur sur l’aspect production, l’album reste comme le classique éphémère d’un groupe en mesure d’encore agiter le milieu du rap indépendant à la fin des années 2000. – Benjamin Boyer
Est il possible d’être passé à coté de Tha Carter III il y a maintenant dix ans? Après le street single « A Milli », et le raz de marée « Lollipop », l’album de Lil Wayne, troisième volet de sa trilogie Carter, allait conquérir l’été et faire rentrer son auteur un peu plus dans la légende. Derrière sa pochette déjà mythique et son score exceptionnel de ventes en première semaine (plus d’un million), le sixième album de Dwayne Carter est surtout un étrange objet, quelque part entre la compilation à la va vite et le blockbuster incontournable. Laissant définitivement derrière lui l’influence de Mannie Fresh (producteur du premier volet), le rappeur s’affirme comme une force de frappe en variant les créneaux, faisant preuve d’une versatilité quasi machinale. Un album marquant pour toute une génération, à la fois point final d’une époque de rappeurs rois, et point de départ d’une période de flou artistique pour le rap U.S. En echo de cet anniversaire, Lil Wayne vient de sortir avec succès le cinquième volet de sa saga, après de multiples changements de peau en dix ans. – Benjamin Boyer
En cette année 2008, un fourgon blanc vient stationner devant chez vous. N’ayez pas peur les enfants, il s’agit juste de Jake One, l’un des meilleurs beatmakers des années 2000, qui fait une pause. Avec ce White Van Music, le producteur de Seattle vient inscrire un peu plus profondément son nom dans la liste des beatmakers talentueux. Il livre un premier opus percutant, autant en terme de productions que dans les apparitions qui sont faites. Jake One ramène la crème de l’underground américain d’alors : MF DOOM, Prodigy, Brother Ali, Evidence, Elzhi, Royce Da 5’9″ ou encore Black Milk, pour ne citer qu’eux. – Lex Luthor
Après trois albums dans les années 2000 avec Slum Village, groupe emblématique de J Dilla, Elzhi se lance finalement en solo avec The Preface. Fort d’un bagage de plusieurs années et d’une réputation de rappeur virtuose, il s’associe avec la valeur montante de l’époque, Black Milk, à la production sur quasi l’entièreté du projet. Entouré d’autres rappeurs de la ville (Royce, Guilty Simpson,…), Elzhi livre une leçon de technique sur des productions variées, clôturant en beauté la période « boom bap » de Black Milk, qui se réinventera la même année avec son propre solo Tronic. Rien de révolutionnaire sur la papier mais un album marquant pour les amoureux d’un rap qui va à l’essentiel et un projet marqueur pour deux artistes qui repousseront leurs limites par la suite. – Benjamin Boyer
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