Aaah 2007… vous vous souvenez ? Cette année-là, Rihanna dominait les charts avec son tube « Umbrella », Steve Jobs dévoilait le premier iPhone, Tony Parker était élu MVP des finales NBA, tandis qu’en France, Nicolas Sarkozy devenait le nouveau Président de la République. Niveau hip-hop, on ne se trouvait clairement pas dans la meilleure époque de l’Histoire du genre, mais on a quand même réussi à vous dégoter 10 bons albums Rap US sortis en 2007, et qui fêtent donc (déjà) en 2017 leurs dix ans. Time flies…
Quatrième de notre classement des huit albums de Kanye West , Graduation est dernier épisode de sa trilogie estudiantine. Propulsé par les énormes succès de The College Dropout et Late Registration, Ye vire quelque peu de bord pour ce projet en abandonnant les productions gorgées de samples soul au profit de véritables anthems en mode stadium music, comme pour mieux s’adapter à la nouvelle ampleur de sa célébrité. Avec ce tournant pop et mélodique totalement assumé, Ye a par la même signé l’arrêt de mort de l’ère Gangsta Rap, notamment symbolisé par 50 Cent, qui sortait le même jour l’album Curtis, et qui dut s’incliner face au raz-de-marée du hip-hop « Good Life » de Kanye. Dix ans plus tard, des titres comme « Can’t Tell Me Nothing » ou « Flashing Lights » n’ont toujours pas pris une ride.
Chez Common, un nouvel album est toujours synonyme de renouveau. Sa discographie en atteste : du boom bap au rock, de la soul à l’electro, le chicagoan donne à chaque projet une teinte musicale bien particulière, souvent imputable à la patte d’un seul et même producteur, ici il s’agit de Kanye West qui produit 8 des 12 tracks du projet. Les featurings, les visuels et les choix instrumentaux ne trompent pas : Finding Forever se veut résolument pop que son prédécesseur, l’excellent Be. Le hit « The Game », co-produit par DJ Premier, y côtoie des titres comme « I Want You », produit par will.i.am, et « Drivin’ Me Wild », en featuring avec Lily Allen. Malgré ces expérimentations, le rappeur garde toute sa crédibilité et livre un album cohérent et actuel, incontournable dans le paysage du hip-hop des années 2000.
Après le décevant The Beautiful Struggle en 2007, Talib Kweli revient plus détendu et confiant en 2007 avec Eardrum. Aidé par la crème des producteurs (Madlib, Kanye, Pete Rock, Just Blaze, Hi-Tek), Talib façonne alors un album cohérent et fortement empreint de spiritualité, aux sonorités situées entre hip-hop, soul et gospel, rappelant ses plus belles heures. Même si tout n’est pas parfait dans cet album (« Holy Moly », « The Nature »), il y a plus de bon que de moins bon et l’on sent que Kweli a cessé de prétendre être quelqu’un qu’il n’était pas (un dur), et on apprécie. Les invités, enfin, ratissent large, de UGK à Norah Jones en passant par Justin Timberlake, KRS-One ou encore Strong Arm Steady.
En 2007, Blu n’est que backer des lives de Slum Village ou Emanon, le groupe d’Exile. Pour la première fois à 24 ans, il passe en studio et sort Below The Heavens, un album d’une exceptionnelle maturité. Blu y affirme un flow n’ayant rien à envier à Mos Def ou Common. Mais ce sont les lyrics qui feront de Blu la révélation underground de l’année 2007. Il offre des textes aussi personnels que sincères. Parfois autobiographiques, souvent spirituels, les écrits de Blu se trouvent en parfaite adéquation avec les productions d’Exile. Ce dernier multiplie les samples pour créer des productions chaleureuses et organiques. Peu de bangers dans cet album et aucun tube taillé pour les clubs, mais des beats lumineux. Depuis, Blu & Exile développent leur propre projet mais se sont retrouvés pour un autre album de très haute voltige en 2011 : Give Me My Flowers While I Can Still Smell Them.
Le dixième album studio de Jay Z est quelque peu atypique : l’histoire raconte que Hova fut si inspiré par une projection en avant-première du film American Gangster (avec Denzel Washington) qu’il décida de créer son parallèle musical (à ne pas confondre avec la bande originale officielle). Produit par Diddy, The Neptunes ou encore Jermaine Dupri, cet American Gangster marque également le retour de Jay dans le coeur des critiques, un an après le flop Kingdom Come. Il est vrai que dans cette ambiance très New York seventies sur fond de trafic de drogue, Jay est comme chez lui, accompagné par Beanie Sigel, Lil Wayne et Nas.
Si on comparait le game au Far West, nul doute que UGK figurerait au sommet du rap. Originaire du Texas, le duo UGK composé de Bun B et Pimp C nous délivre un rap authentique et rempli de Soleil. Dans cette fournaise texane, Pimp C en est le diable, respecté de tous, il démontre une fois de plus sur ce Undeground Kingz sa qualité derrière le mic et ce même après avoir passé un court séjour derrière les barreaux. Quant à Bun B, il reste fidèle à lui-même et règne en maître sur le Sud tel un prince mafieux en terrain conquis. Même si la majorité des succès de UGK interviennent avant les années 2000, ce Undeground Kingz n’en reste pas moins un excellent cru.
Après plusieurs succès des Dilated Peoples dans la sphère underground, le talentueux Evidence devient assez logiquement le premier de la bande à se lancer en solo en 2007, avec The Weatherman LP. Sur ce projet, comme un écho à son titre, Ev manie avec autant d’aisance les ambiances pluvieuses que les plus ensoleillées, tout en assumant sa réputation avec le testimonial « Mr Slow Flow ». Même s’il est aussi un redoutable beatmaker, la Californien a choisi de davantage se concentrer sur le rap pour ce premier effort (il compose tout de même 4 tracks), laissant la production à The Alchemist, bien sûr, mais aussi Jake One, DJ Khalil ou encore Sid Roams. Sans trop de surprise, dans la continuité des Dilated Peoples, les sonorités sont plutôt boom bap, appuyées sur des longs samples de soul comme on les aime. Même si l’on peut lui reprocher un petit manque de prise de risque, The Weatherman LP reste un opus maîtrisé de bout en bout.
The Undisputed Truth étend la notoriété de Brother Ali, déjà prisé des spécialistes, au grand public. Entièrement produit par son acolyte Ant du groupe Atmosphere, il dresse le portrait d’un homme humble, responsable et optimiste. Au fil des mots, le rappeur albinos raconte les moqueries de ses pairs durant toute son enfance (« Daylight »), sa vie de père célibataire sans domicile fixe (« Faheem »), et son expérience de la réalité économique aux États-Unis (« Uncle Sam Goddamn »). La sincérité touchante et l’incontestable talent de compteur d’histoires du rappeur font de cet opus un album à part. Sans doute la plus belle définition de ce qu’on appelle à tort et à travers le rap conscient.
Après s’être fait un nom (surtout en tant que producteur) au sein de la bouillonnante scène de Detroit au début des années 2000, le polyvalent Black Milk se décide en 2007 à sortir son premier album solo, Popular Demand, un peu sous la pression de ses supporters, d’où le titre. Même s’il est évident que le kid est influencé par J Dilla, Black Milk tient à imposer son style avec notamment des patterns de drums et des découpes de samples bien à lui, donnant lieu à quelques petits chef-d’œuvres comme par exemple « Action » avec tout Slum Village. Au mic, le flow de Lait Noir tient la route, par contre son écriture atteste d’une grande marge de progression, qu’il comblera au fil des années. Popular Demand laisse entrevoir l’énorme potentiel de son auteur, qui a su au fil des années incarner le renouveau de la Motor-City.
Cinq ans après The Magnificent, DJ Jazzy Jeff revient en force et en bonne compagnie sous la forme d’un deuxième volume : The Return of the Magnificent. Rhymefest, J-Live, Jean Grae, Big Daddy Kane, Method Man et CL Smooth, entre autres, viennent défier les beats jazzy du producteur de Philly. Entrecoupé de skits bourrés d’humour et d’auto-dérision, The Return of the Magnificent raconte sans aucune prétention des moments de vie de notre DJ : passage au McDo du coin, bidouillage de radio, coups de fil aux potes. Sur des tonalités légères et qui paraissent ne pas y toucher, on se marre, on passe un bon moment de hip hop. De quoi nous rappeler la belle époque d’un certain prince… de Bel-Air.
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