Avec la sortie de KOD, J. Cole en est désormais à cinq albums studio. Une discographie officielle entamée en 2011 avec Cole World: The Sideline Story, qui succédait déjà à quelques mixtapes en guise d’échauffement. Cela fait donc plus de sept ans d’expérience dans la game, soit assez de temps pour nous donner envie de faire le point et de classer ces opus, finalement assez distincts les uns des autres, à l’identité bien marquée, symbolisant à chaque fois l’évolution artistique assez fascinante du boss de Dreamville.
Sortie : 27 septembre 2011
Dix ans presque jour pour jour après The Blueprint, le protégé de Jay Z sort son premier album studio après des mixtapes lui ayant conférées un statut de petit prodige. J. Cole se frotte alors aux contraintes des majors, avec notamment la sortie du single « Work Out » qu’il portera comme un fardeau, loin de ses qualités de storyteller intimiste. L’album prend alors une forme assez bâtarde entre des morceaux déjà connus, des passages obligés (le morceau raté avec le mentor Jay Z) et de véritables pépites plus proche de ses inspirations (« Sideline Story », « Dollar and a Dream III », « Breakdown »,…). Un album presque anachronique dans sa façon de vulgariser un rap exigeant et dense, aux antipodes de la direction que prendra l’autre acteur majeur des années 2010, Drake (d’ailleurs en featuring sur l’album). Un album sous-estimé qui souffre de son agencement et d’une production anti-spectaculaire, mais qui aura permis de mettre en forme le talent d’un artiste qui cherchera par la suite à revenir à un contrôle total de sa musique, dans une quête d’intimisme toujours plus poussée. – Benjamin Boyer
Sortie : 9 décembre 2016
Même s’il marque le début de sa légende (et des memes qui l’accompagne) du « disque de platine sans aucun featuring », force est d’avouer que cet album, malgré quelques fulgurances comme « Neighbors », est juste… chiant. Avec deux ans de recul, 4 Your Eyez Only apparait finalement comme un album de transition, dans lequel Cole s’enferme dans son personnage de rappeur en retrait de l’industrie (voire de la société), avant l’ouverture et l’éclosion symbolisée plus tard par KOD (voir plus bas). Une sorte de mal nécessaire dans son évolution artistique, qui n’a heureusement pour lui eu aucune incidence sur son aura commerciale. – Hugo Ferrandis
Sortie : 18 juin 2013
Bien décidé à ne pas commettre les mêmes erreurs de son debut album, J. Cole revient reboosté comme jaja en 2013 avec son sophomore, Born Sinner. Sur ce projet peu conceptuel et blindé pour la dernière fois de collaborations (Kendrick Lamar, Miguel, Jhené Aiko, James Fauntleroy, Bas, TLC, 50 Cent…), Jermaine parvient cette fois-ci à en donner un peu à tout le monde (radio, street, backpackers…) mais sans pour autant trahir son intégrité artistique. Ce qui eut l’avantage de nous offrir quelques pépites comme « Villuminati », « Forbidden Fruit », « Let Nas Down » ou encore « New York Times », qui ont également et définitivement permis d’installer Cole parmi les grands leaders de la nouvelle génération. – Hugo Ferrandis
Sortie : 20 avril 2018
Qu’on se le dise, KOD, dernier-né de la discographie de J. Cole, n’a rien de révolutionnaire dans sa construction. Sur cet album, le natif de Francfort prend le pari d’approfondir une formule largement éprouvée, qui ancre encore plus son statut de rappeur à part, au sein de la galaxie des poids lourds du rap. Production autarcique, promo et invités inexistants, album concis de douze titres, et toujours ce (bon) goût pour un storytelling intimiste, qui constitue sa marque de fabrique. Une marque de fabrique qui nous offre un album fouillé, qui plonge l’auditeur dans les déboires du Jermaine enfant sans le perdre en route, et qui montre que J. Cole est, malgré sa posture, un rappeur parfaitement conscient des évolutions de l’industrie. Projet destiné à se bonifier avec le temps, KOD a connu un succès commercial retentissant, malgré des critiques au final moins dithyrambiques que l’album qui le devance dans notre classement… – Basqui
Sortie : 9 décembre 2014
S’étant offert à nous il y a quatre ans jour pour jour et inspiration pour cet article, 2014 Forest Hills Drive est un album qui offre la quintessence de ce que J. Cole peut proposer de mieux. Du banger « G.O.M.D. » au kilométrique « Note To Self », en passant par le rageur « No Role Modelz », ou encore le toujours désarmant « Hello », il est difficile de trouver un défaut à 2014 Forest Hills Drive. C’est aussi un album charnière pour le boss de Dreamville, qui prend alors une autre dimension, désormais reconnu à sa juste valeur, c’est-à-dire l’un des rappeurs les plus talentueux et l’un des storytellers les plus passionnants de sa génération. Une maestria au service d’un projet de treize titres brillants, à la production polie et à la narration soignée, où rien n’est superflu, où tout est calibré selon la direction artistique d’un homme désormais sûr de son fait. Pour faire concis, on parle là d’une pièce maitresse du rap américain des années 2010. – Basqui
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