Influencé inconsciemment par sa ville de Saint Étienne et son passé minier, Zed Yun Pavarotti construit sa musique comme un western désertique. Invoquant autant Johnny Cash que Famous Dex et ASAP Rocky, le jeune Pavarotti élabore une mélancolie technique avec un puzzle de pensées automatiques, définissant son identité par petites bribes. Parfois désabusé, souvent sardonique, il erre doucement dans son univers peuplé de corps bousillés, de prolos mode anglaise et de freaks mi-gothiques.
Ses comptines surréalistes transpirent la recherche du succès, de l’argent, de l’ascension sociale comme porte de sortie autot(h)unée. Mais elles ne sont pas une fin en soit, seule importe l’émotion qui dégage de son interprétation comme Tom Hardy qui voit rouge en prison dans Bronson. Entier, laconique et poétique, Zed Yun Pavarotti incarne complètement cette alliance folle entre la cloud trap actuelle et l’icône d’opéra présent dans son nom. Bercé par la voix transperçante du ténor Luciano, Zed y puise sa détermination sans faille, son envie de toucher l’impalpable, le précieux sans étiquette. Comme le roi du contre-ut, Zed cherche la note sauvage, celle qui rend unique.
Inspiré par l’image du vautour que tout le monde repousse malgré sa puissance, Zed Yun Pavarotti fait parti de ceux qui pensent que les derniers seront les premiers jusqu’à se tatouer le Grand Zero sur son visage. A la fois tout et rien du tout, Zed désoriente ceux qui cherchent à le percer, usant de sa fougue implacable pour imposer sa marque iconoclaste. Cosmopolite, il se nourrit aussi de l’esthétique des nouvelles égéries d’Europe de l’est, y trouvant le mélange de violence et d’étrange qu’il affectionne, entre imagerie du bloc soviétique et ultra-capitalisme débridé. Le coup de grâce est pour bientôt, Zed s’ouvre à de nouveaux horizons. Il teste ses petites pièces dans un théâtre de post-apocalypse, usinant de nouvelles chansons sans formes établies, laissant un goût néo-métallique dans la bouche.