Le nouvel et dixième album d’IAM s’appelle Yasuke. Ce titre dit beaucoup. Sur la philosophie du groupe, sur son parcours, sur le monde d’hier et d’aujourd’hui.
Yasuke était un esclave africain, qui, au 16ème siècle, devint samouraï au Japon.
C’est l’impossible qui devient possible. C’est le refus de déposer les armes, le désir de dépasser l’irrémédiable. IAM vient de loin. Aux plaintes d’assistés, il a toujours préféré la lutte, la survie, la passion. IAM n’avait rien et il ne s’est pourtant jamais rien interdit. Ce qui n’existait pas encore, IAM l’a façonné, patiemment, intensément, collectivement. Avancer, coûte que coûte, avancer et vaincre la peur, le doute, les frontières invisibles, qu’elles soient sociales, politiques, artistiques.
Ce disque à la fois fidèle et d’exploration, combatif et mélancolique, émouvant et rigolard, de laboratoire et de conviction, est peut-être le disque d’IAM le plus dense, le plus introspectif, le plus éclectique, le plus vibrant depuis… On ne dit pas qu’IAM avait stagné ces dernières années, non. Rêvolution, en 2017, annonçait déjà Yasuke. Avec cette envie brûlante de ne pas confondre cynisme et réalisme, manichéisme et objectivité.
IAM a toujours incarné le mélange, les croisements, l’amour d’une musique qui lui a permis de vivre intensément, sans filet ni compromission. Et cet album est une nouvelle borne sur la route de l’intelligence, de la lucidité, de l’enthousiasme sans cesse réactivé. Aussi une énième déclaration d’amour à une musique pas comme les autres, autrefois taxée de caprice d’adolescence, voire même d’anti-musique, aujourd’hui populaire et trop souvent dénaturée. IAM, lui, n’est pas du genre à dire que c’était mieux avant, à agiter son drapeau légitime de pionnier comme d’autres secouent leurs médailles. Non. IAM ne connaît ni l’aigreur ni le rétroviseur.
Le groupe sera en tournée dans toute la France au printemps 2020 et passera par Paris avec un concert à l’Olympia le 24 avril.