Zamdane – Solsad

Date de sortie : 23/02/24 & 29/02/24

Le 23 février 2024, Zamdane révèle la première partie de son deuxième album studio, Solsad, un projet ambitieux et profondément personnel. Une semaine plus tard, il en dévoile la seconde moitié, offrant une expérience complète et immersive. Ce double album se distingue par ses collaborations audacieuses avec des artistes aux univers variés, tel·les que Pomme, Josman, So La Lune, Kekra, Niska, Sofiane Pamart ou encore Zaho. Ensemble, ils gravitent autour d’un thème central : la rencontre entre mélancolie et espoir.

L’album a immédiatement séduit par son aspect visuel, qui figure parmi notre sélection des 10 plus belles pochettes de rap. Mais au-delà de l’esthétique, c’est la profondeur artistique et émotionnelle de l’œuvre qui captive. Solsad est en grande partie le fruit d’une période de convalescence que Zamdane a traversée après un grave accident de voiture. Cette expérience a insufflé au projet une dimension intime et résiliente, avec un message poignant : même dans les heures les plus sombres, l’espoir peut éclairer le chemin. L’artiste résume cette idée avec une phrase chargée de symbolisme : « Même les soleils tristes peuvent illuminer le monde ».

Ce message, profondément ancré dans l’histoire personnelle de Zamdane, donne au projet une puissance émotionnelle rare. Musicalement, l’album explore une large palette de sonorités, mêlant influences marocaines et rap à des arrangements plus doux ou orchestraux. Malgré sa diversité, Solsad reste fidèle à l’identité artistique singulière de Zamdane, qui continue d’imposer sa marque sur la scène musicale franco-marocaine.

Avec ce projet, Zamdane ne se contente pas de raconter son histoire : il transcende ses épreuves pour livrer une œuvre universelle, à la fois poignante et inspirante, consolidant ainsi son rôle d’artiste phare et de conteur d’émotions.

Morceau à écouter d’urgence : ”Monstres” 

— Manon Virsolvy

SCH – JVLIVS III : AD Finem – JVLIVS Prequel

Date de sortie : 31/05/24 & 06/12/24

A l’aube de 2024, peu nombreux étaient ceux et celles en mesure d’anticiper ce que laissait présager la direction artistique de Julien Schwarzer. Après quelques années en demi-teinte sur le plan solo pour un artiste de son calibre, SCH se devait de marquer 2024 de son empreinte, afin de réaffirmer son statut de pointure du rap francophone.

12 mois plus tard, le constat est simple. SCH vient de régner sur 2024 comme peu d’artistes sur les dernières années. À l’heure d’une standardisation inquiétante des albums des stars (Gazo, Werenoi, Niska & Ninho, Jul …), SCH a proposé pour notre plus grand bonheur une année pleine de créativité.

D’abord l’exceptionnel JVLIVS Prequel : Giulio (dont l’analyse est disponible ici) pour revitaliser la trilogie, puis le grandiose JVLIVS III : Ad Finem. Au-delà de ces deux très grands disques, SCH a marqué l’année sur tous les terrains. En ce sens, le court-métrage accompagnant le Prequel et les multiples clips (“Cannelloni”, “Batterie vide”, “Les hommes aux yeux noirs”, “La pluie”), dont le sensationnel “Stigmates”,  ont réaffirmé ses talents derrière la caméra. De plus, ses œuvres ont permis la renaissance visuelle d’un récit en perte de vitesse et de crédibilité. Enfin, les concertos proposant une découverte instrumentale du tome III avant sa sortie, ainsi que les deux dates à Bercy, ont parachevé sur scène avec brio une stratégie globale imaginée par SCH et son équipe.

En somme, en l’espace d’un an, SCH a infirmé tous les doutes qui pouvaient planer autour de son nom. Face à des stars incapables de s’affranchir des codes commerciaux, SCH continue de tirer le rap francophone vers le haut en proposant des œuvres innovantes à la confluence entre la grande histoire du rap français et l’héritage de la variété française.

S’il est encore un peu tôt pour mesurer l’impact qu’aura cette série JVLIVS, la trilogie s’achève en apothéose. Déjà composée d’un premier volume classique (JVLIVS), 2024 vient probablement d’assister à la naissance de deux disques qui entreront assurément dans la postérité d’ici quelques années. Le rap français cherchait son numéro 1. Il l’a trouvé et cela semble parti pour durer. 

Morceau à écouter d’urgence : “Beaux arts » sur JVLIVS Prequel et « Soldi Famiglia » ft. Sfera Ebbasta sur JVLIVS III : AD Finem

— Hugo Branche

Jungle Jack – Jungle des illusions vol. 2

Date de sortie : 02/08/24

En 1835, la préface du roman Mademoiselle de Maupin bouleversait les conceptions contemporaines autour de la visée même de l’art. En effet, le poète Théophile Gautier s’y faisait le chantre de “l’art pour l’art”, dans ce qui deviendra par la suite le texte fondateur d’un nouveau courant artistique prénommé l’esthétisme.
Autrement dit, l’artiste n’aurait d’autre but que de proposer une œuvre qui suffirait à contenter un public par son seul intérêt contemplatif. Si ce mouvement d’abord littéraire (Verlaine, Rimbaud, Baudelaire, Oscar Wilde), puis pictural outre-manche (Whistler, Moore), a connu son heure de gloire au XIXe siècle, il semblerait que sa portée en demeure parfaitement intacte en l’an 2024.

En ce sens, Jungle des illusions vol.2 transpire une volonté d’ériger l’esthétisme au sommet aussi bien musicalement que lyricalement. Véritable descendant du message de Gautier 200 ans plus tard, Jungle Jack tisse une toile composée de 16 titres, tous liés par une ambiance musicale précise.
À cet égard, les samples aux multiples influences (jazz et funk majoritairement) œuvrent tous dans l’optique de créer un son intemporel. Ces derniers, rythmés par une écriture très imagée et par des rimes toujours plus riches, donnent la sensation d’être plongés dans un univers bien défini que l’on ne cesse de contempler, afin d’y percevoir à chaque écoute une nuance supplémentaire.
Alors oui, certains diront que ces textes peuvent parfois sonner creux, trop impersonnels ou sans réel sens. Ce n’est finalement là que le revers de la médaille d’une consécration d’un art dont l’utilité n’est rien d’autre que celle cherchant à consacrer le Beau.

Ainsi, Jungle des illusions vol.2 est un excellent disque qui confirme tout le talent de Jungle Jack. Porté par des featurings de haute volée (Alpha Wann, Souffrance, Mairo), l’album est fait pour demeurer; tant celui-ci sonne d’ores et déjà intemporel. Reste à voir si Jungle Jack réussira à se renouveler pour sortir de ces flows précis mais peut-être un peu répétitifs à terme. La collaboration avec JeanJass à la production annoncée pour 2025 devrait nous offrir des réponses intéressantes.

Morceau à écouter d’urgence : “XX files” (ft. Alpha Wann)

— Hugo Branche

Sean – Où est passé Zeudog ?

Date de sortie : 22/03/24

Sorti le 22 mars 2024, Où est passé Zeudog ? marque un tournant dans la carrière de Sean, rappeur discret mais incontournable de la scène parisienne. Originaire du vingtième arrondissement, il s’est immergé très tôt dans le rap à travers des freestyles de rue avant de construire une identité musicale unique, mêlant intensité émotionnelle et audace artistique. Fidèle à sa méthode, Sean a travaillé méticuleusement pendant un an et demi sur ce projet, afin d’allier cohérence thématique et innovation sonore.

Dans cet opus, Sean navigue avec aisance entre des morceaux percutants et des ballades évocatrices. Explorant des thèmes complexes, tels que les tensions sociales et politiques, il se livre également sur des sujets plus intimes. Avec des titres comme « Les Oiseaux tombent du ciel » ou « Les Crocodiles », il alterne entre des morceaux sombres et des récits émouvants. Sa voix, modulée par des effets précis, s’accorde parfaitement à des productions léchées signées par des figures reconnues du rap français, offrant une expérience musicale à la fois brute et organique.

Plus qu’un simple album, Où est passé Zeudog ? s’impose comme une œuvre complète, visuellement et musicalement captivante. En mêlant rap, électro et pop, Sean cherche à rendre hommage à la French Touch tout en revendiquant une place sur la scène internationale. Avec ce projet, le rappeur prouve une fois encore que son art ne se limite pas à la musique, mais qu’il embrasse une vision globale, reflet de son époque et de ses inspirations.

Morceau à écouter d’urgence : “Pourquoi moi” 

— Manon Virsolvy

Dany Dan & Kyo Itachi – Pièces Montées

Date de sortie : 09/02/24

La sortie d’un nouveau projet de Dany Dan était déjà un événement en soi. Souvent considéré comme l’un des GOAT du rap français, Le Pape de Boulogne effectuait cette année son grand come back en nous proposant un album collaboratif avec le producteur Kyo Itachi.  Et le moins que l’on puisse dire, c’est que cette association de bienfaiteurs nous a sorti le grand jeu.

Véritable éloge de l’art hip hop, Pièces Montées ravit par son authenticité et la richesse de sa proposition. Les deux hommes semblent en effet avoir pris le parti de se challenger mutuellement pour sortir toute la substantifique moelle de leur union. Une volonté de sortir de leurs zones de confort respectives qui vise juste à chaque track.

Un bien bel ouvrage qui semble en plus avoir redonner le goût de l’effort discographique au membre des Sages Po’… il se murmure qu’un sophomore album ainsi qu’un nouveau projet collaboratif avec le beatmaker québécois Nicholas Craven cette fois-ci serait dans les tuyaux pour 2025 !!! 

Morceau à écouter d’urgence : “Maître des lettres”

— Christophe Freitas

Rounhaa – JAAFAR

Date de sortie : 24/01/24

JAAFAR est le deuxième album de Rounhaa, sorti en ce début d’année 2024, deux ans après Möbius. Ce projet se distingue par sa profondeur émotionnelle et son exploration de thèmes universels tels que l’amour, la foi et l’identité. La force principale de JAAFAR réside dans son authenticité. Rounhaa aborde l’amour familial et romantique avec une poésie touchante, comme dans “Yasmeen”, un hommage à sa compagne et à ses proches. Sa plume est à la fois mélancolique et réfléchie.

Entouré de producteurs tels qu’Amne, Abel 31 et LUCAS V, Rounhaa propose des sonorités audacieuses et singulières. L’album se caractérise par une ambiance sombre, des variations sonores au sein des morceaux et des effets vocaux subtils, travail méticuleux pour créer une atmosphère intimiste.

JAAFAR marque une nouvelle étape dans la carrière de Rounhaa, révélant l’évolution et la maturité de l’artiste. En 2024, ce projet a été accompagné d’une tournée de concerts, avec notamment une performance remarquée à l’Olympia. Présente lors de cette date, l’équipe de Backpackerz a pu assister à un show captivant, sublimé par une scénographie marquante imaginée par Sublime.

Morceau à écouter d’urgence : “LOVE DEATH ROBOTS” 

— Soazig Nouailles

Zinée – OSMIN

Date de sortie : 17/05/24

Nous évoquions déjà Zinée il y a six mois dans notre sélection des “10 artistes rap féminines à écouter”, et il était impensable de ne pas inclure son premier album dans ce top de fin d’année. Portée par sa “baby voice” si caractéristique, un univers artistique singulier et un parcours aussi inspirant que résilient, Zinée s’impose en 2024 avec OSMIN, un projet marquant et chargé d’émotions.

Sous la direction artistique de Sheldon, qui signe une production subtile et immersive, Zinée nous invite à un voyage mêlant mélancolie et espoir. Cet album, empreint d’une sincérité rare, puise sa profondeur dans les épreuves personnelles que l’artiste a surmontées, et notamment son combat contre la maladie. Dans OSMIN, Zinée tombe le masque et dévoile avec authenticité ses douleurs, ses failles, mais aussi ses forces et ses solutions pour avancer.

-Ce projet introspectif, véritable miroir de ses émotions, marque une étape importante dans sa carrière et sa vision artistique. Il sera porté sur scène avec un live qui s’annonce puissant et cathartique, prêt à sublimer cette œuvre intime et universelle. Zinée ne fait pas que raconter son histoire ; elle transcende ses épreuves pour livrer une musique qui résonne profondément en chacun de nous. OSMIN est bien plus qu’un album : c’est une déclaration de vie, une plongée dans l’âme d’une artiste hors norme.

Morceau à écouter d’urgence : “Mezzel” 

— Manon Virsolvy 

Caballero – Dose héroïque

Date de sortie : 13/06/24

Si le chevalier espagnol du rap francophone est présent dans le paysage depuis près de quinze ans, rien ne garantissait que Dose héroïque lui aurait finalement permis de se retrouver en solo dans ce top. En effet, rappeur d’exception dont le talent n’est plus à discuter, Caballero avait pourtant eu du mal à faire la transition de l’épopée Double Hélice réalisée avec JeanJass vers son premier album solo.
À cet égard, OSO avait été une petite déception. Néanmoins, ce projet a vite été oublié, tant la qualité des sorties suivantes l’ont effacé au rang de fausse note. D’abord l’EP Osito, en passant par les nouveaux volumes Zushi Boyz et finalement Dose Héroïque.

Sur 12 morceaux, Caballero dévoile l’étendue de sa polyvalence derrière le micro et surtout devant la feuille blanche. Egotrip, introspection amoureuse et évolution physique guident les thématiques de 34 minutes d’excellents textes se regroupant sous le chapeau de l’euphorie procurée par la fameuse Dose Héroïque.
Accompagné des excellents Dinos, Lesram, Edge et Benjamin Vndredi, Caballero est désormais proche d’avoir maîtrisé tous ses katas de rappeur, en bon étudiant qu’il se dit être. À cet égard, il distille d’ailleurs quelques jolies références à Ludacris ou encore à 50 cent sans oublier la magnifique chanson “Bésame mucho” de João Gilberto.

En somme, Caballero a réussi à faire un album sincère et cela ne pourra que ravir son fidèle acolyte JeanJass. 

“Elle m’accompagne partout, je ne peux pas dire que ma colère me manque. Je ne peux pas non plus dire que je vis correctement. J’attends encore qu’elle me demande comment je vais, que je puisse répondre “mal”. Mais comme dit Jassim, ça va m’aider à faire un vrai bum-al.” (phrase citation)

Morceau à écouter d’urgence : “Rose orangé”

— Hugo Branche

Huntrill ft. Hologram Lo – Replica 2

Date de sortie : 17/05/24

Deux ans après la sortie du trois titres REPLICA, Hologram Lo’ et Huntrill remettent le couvert pour nous proposer une version longue de ce projet collaboratif.

Sobrement intitulé REPLICA 2, les deux hommes de Don Dada Records nous gratifient pour l’occasion de 8 nouveaux tracks tous plus forts les uns que les autres. Il faut dire que l’alchimie entre les luxueuses productions de l’ancien architecte sonore de 1995 et le richissime flow du rappeur essonnien fonctionne tellement bien qu’il eût été dommage d’en rester là.

L’homme au gimmick de machine à billet en profite pour nous faire une  véritable démonstration de sa science de la punchline. Car s’il se défend d’être lyricist, il ne saurait cacher bien longtemps sa fine plume derrière le clinquant de son propos et la nonchalance de son phrasé. En témoigne la puissance de Nouvelle Trap 2, son dernier projet solo sorti il y a quelques semaines seulement …

Morceau à écouter d’urgence : “Le biff et moi”

— Christophe Freitas

TH – E-TRAP

Date de sortie : 07/06/24

Décor apocalyptique, textes macabres, placements de flow atypiques (voir dérangeants pour certains) et productions trap aux influences diverses, le rap de TH ne laisse pas indifférent. C’est cette DA singulière et parfaitement maitrisée, combinée à un maniement expert de la rime qui font d’E-trap l’un des projets francophones les plus intéressants de 2024.

Le rappeur de Bondy y tient le rôle d’une sorte d’anti-héro, caillera du futur évoluant dans un univers sombre et sans espoir. Intelligent, un peu paumé et parfois attendrissant, le rap de TH n’est blasé qu’en apparence. Car lorsqu’on prend le temps d’écouter le projet on se rend compte qu’aucun détail n’est laissé au hasard. De la texture des productions aux adlibs en passant par les clips réussis de “Pilule” ou d’“Isuzu”. Cette esthétique sombre est au service de lyrics plus profonds qu’on ne pourrait le penser : malgré son ton nonchalant, TH crée des émotions (ou e-motions) lorsqu’il dénonce froidement le long de 12 titres les conditions de vies et le cruel manque d’espoir auxquels font face les habitants de Bondy, du 93 et par extension de nombreuses cités en France.

Sur E-Trap, TH paraît à la fois bien entouré (productions, featurings, équipe) et en même temps inévitablement seul. Il montrera le temps de deux featurings (avec Alpha Wann  et Stavo) qu’il est capable de tenir tête aux meilleurs rappeurs.

Côté tracklist, impossible de ne pas mentionner l’ovni musical “Le Terrain” et sa production saccadée aux accents dancehall. Sur “Pilulle” TH s’adresse à son potentiel futur enfant dans un morceau qui rappelle l’excellent “Letter to My Unborn Child” de 2Pac. Et puis il y a “Cannette energisante”, rare morceau aux influences jersey réussi du rap français, les macabres “Le malheur des uns fait le bonheur des autres” et “E-motion” ou encore “Bluestorm” et son refrain entêtant.

C’est nous les quartiers de France.

Au final la mixtape E-trap est une vraie réussite qui vient renforcer un peu plus le personnage mystérieux et inaccessible développé par TH ces trois dernières années. On a envie de voir, et surtout d’écouter la suite.

Morceau à écouter d’urgence : “Délinquance juvénile” ft Stavo

— Florent Hacq

Les autres projets qu’on a aimés : Jolagreen23 – +99XP, Ben PLG – Dire je t’aime, NeS – Pour 2 vrai, JeanJass – Tous ces ongles rongés, Infinit – 888, B.B Jacques – Blackbird, SDM – ALVALM, Green Montana – Saudade, Wit – Le jour d’après, La Fève – Biglaf, Green Money – The Six Vol2, So La Lune – Numero 11, Eloquence – Extravaganza, Jeff le Nerf – Dark Green Tape, Nessbeal – Black Summer, Shay – Pourvu qu’il pleuve, Dinos – KINTSUGI, Myra – PASSION CÂLINS, Danyl – KHEDMA 3, PLK – Chambre 140, Beeby – LA BOHEME, Sadandsolo – FACTORY PRESET, Chanje – HUMAIN, Di-Meh – OV3 2, Dau – ÉTATS D’ÂMES, Shien – Obsession, Slimka – Le Grand Mystico, 8ruki – POURquoi !!!, Luther – Exit, Nelick – MON CŒUR BAT, Wallace Cleaver – Merci, Sameer Ahmad – La Vie est bien faite, Booba – Ad Vitam Aeterna.

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