10 pochettes de rap

10 pochettes de rap

Le rap est un genre musical qui ne cesse d’évoluer, et son imagerie en fait partie intégrante. Au fil des années, les pochettes d’albums sont devenues des œuvres d’art à part entière, traduisant l’univers des artistes et les émotions que leur musique véhicule. Elles permettent parfois d’anticiper le ton ou le message de l’album, et d’autres fois, elles nous surprennent par leur originalité. Qu’elles soient minimalistes, conceptuelles ou riches en symbolisme, ces pochettes restent gravées dans nos esprits au même titre que les morceaux qu’elles illustrent.

Dans ce top 10, nous vous proposons de découvrir ou redécouvrir quelques-unes des plus marquantes pochettes de rap, où l’esthétique visuelle s’accorde parfaitement avec l’identité musicale de chaque projet. De Russ à Zamdane, en passant par MF Doom et Kendrick Lamar, chaque couverture est une porte d’entrée vers l’univers unique des artistes.

À l’occasion de la sortie de ce top, nous avons le plaisir de vous annoncer un jeu concours exclusif sur notre compte Instagram, en partenariat avec Diggers Factory. À la clé : un vinyle de Russ – CHOMP 2 [Black Edition] à gagner. Ne manquez pas cette opportunité pour ajouter cette pièce à votre collection !

Russ – CHOMP 2 [Black Edition]

L’équipe de Backpackerz était à l’Olympia le 8 septembre dernier pour assister au concert de Russ. Ce live a ravivé de nombreux souvenirs et nous a replongés en 2020 avec, notamment, son projet CHOMP 2. Cet album, qui fait suite à l’EP CHOMP sorti en novembre 2020, est une véritable démonstration de technique et de maîtrise artistique. Avec CHOMP 2, Russ prouve qu’il excelle en tant que rappeur, en s’entourant des plus grands noms du rap game. Ce projet réunit des légendes telles que Snoop Dogg, The Game, DJ Premier, et Joey Bada$$, créant ainsi une rencontre entre différentes générations et styles du hip-hop.

Ce qui nous séduit chez Russ, au-delà de son talent musical, c’est aussi son approche visuelle toujours minimaliste et épurée. La pochette de CHOMP 2 en est un parfait exemple. On y retrouve la figure récurrente du loup, un symbole cher à l’artiste. Ce dernier représente non seulement l’indépendance et la ténacité, mais également l’individualisme de Russ et sa capacité à tracer sa propre voie dans l’industrie musicale, loin des sentiers battus et des conventions du mainstream. Le loup, emblème d’une existence solitaire mais puissante, incarne parfaitement la philosophie de Russ, un artiste qui a bâti sa carrière par ses propres moyens, sans l’aide des grands labels.

L’univers graphique de Russ se distingue ainsi par un savant mélange de minimalisme et de symbolisme animalier, soulignant son indépendance artistique et son authenticité dans un genre souvent dominé par des visuels flamboyants et ostentatoires. Avec CHOMP 2, Russ confirme que son esthétique visuelle, tout comme sa musique, repose sur une véritable cohérence et une identité marquée.

— Manon Virsolvy


MF Doom – Operation Doomsday

Sorti en 1999, Operation Doomsday fait partie de ces albums qui ont changé le cours du rap. Il est l’œuvre de Daniel Dumile que l’on découvre alors sous le pseudo de MF DOOM. Tout comme le méchant de Marvel dont il s’inspire, Daniel a connu la descente aux enfers. Promis à une belle carrière dans le rap sous le nom de Zev Love X avec son groupe KMD, sa vie bascule lorsque son frère décède en 1993 et que son label Elektra le lâche dans la foulée. Abattu et quasiment SDF, Daniel mettra 4 ans pour se relever avant de sortir cet opus désormais culte. 

Musicalement, Operation Doomsday est un ovni. MF DOOM y fait tout : rap, production, mix. Il crée un univers alors inédit rempli de samples de soul des années 70, de dialogues de dessins animés et de clins d’œil obscurs au cinéma japonais. Le tout illustré par un rap technique bourré de références et un flow lancinant. Ce patchwork trouve sa cohérence dans le fil d’une narration qui mélange détails autobiographiques et fiction inspirée du comics. Daniel est devenu DOOM. 

La pochette du disque illustre cette mutation : la silhouette du Dr Doom de Marvel devient désormais MF DOOM avec son masque en métal, sa capuche et son micro. Les couleurs puisent leur inspiration dans le graffiti, discipline que le rappeur New Yorkais a longtemps pratiqué. La légende raconte d’ailleurs que MF DOOM aurait esquissé la pochette à partir d’un arrêt sur image d’une VHS du dessin animé avant de laisser le soin à l’artiste Blake Lethem aka KEO de finaliser l’artwork. Culte.

— Florent Hacq


Kendrick Lamar – To Pimp a Butterfly

En mars 2015 Kendrick Lamar publie To Pimp A Butterfly, qui fait immédiatement l’unanimité auprès de la critique et du public. Moins accessible que son prédécesseur Good Kid, M.A.A.D City, TPAB est plus complet, plus complexe et plus politique. On peut parler de chef-d’œuvre tant la qualité, la créativité et le courage artistique de ce travail sont impressionnants et la pochette illustre à merveille ce propos.  

Sur l’image bi-chrome capturée par le photographe français Denis Rouvre, Compton s’est invité à la Maison Blanche. Kendrick y est entouré des siens, euphorique et fédérateur. On pourrait croire à un lendemain de soirée trop arrosé (l’alcool, les liasses) mais c’est sans compter sur le personnage du juge blanc au sol à gauche. Il s’agit en fait d’une révolution, le renversement d’un système dont les noirs sont largement exclus et pour qui la justice ne fonctionne pas. Pour rappel l’album sort quasiment un an après l’assassinat de Michael Brown par un policier blanc qui sera ensuite acquité. 

Grandes absentes de la cover, les femmes noires ne sont pas représentées, comme si la révolution pouvait se faire sans elles, une vision qui semble archaïque aujourd’hui. Cependant TPAB reste, dix ans plus tard, toujours aussi pertinent et même parfois tristement visionnaire. Son auteur, lui, est au sommet du rap et vient d’être annoncé pour le concert de la mi-temps du Super Bowl 2025. En attendant son prochain chef-d’œuvre.

— Florent Hacq


Jazzy Bazz – Memoria

Trois ans après la sortie de son album Nuit, Jazzy Bazz revient en janvier 2022 avec Memoria, son troisième album solo. Ce projet marque une étape importante dans sa carrière, approfondissant des thématiques telles que la mémoire, la nostalgie et l’introspection. On y retrouve plusieurs collaborations, notamment avec Alpha Wann, Nekfeu et EDGE, des artistes avec lesquels il a déjà travaillé, mais aussi des nouvelles collaborations avec Laylow et Josman, deux pionniers qui axent également leur art sur des thématiques similaires à celles de Jazzy Bazz.

La pochette de Memoria a été réalisée par le designer graphique Rægular, connu pour son travail sur des albums marquants du rap français tels que Cyborg de Nekfeu, UMLA d’Alpha Wann, ou encore L’Amour de Disiz.

Le premier élément frappant de la pochette de Memoria est l’effet de flou qui entoure le visage de Jazzy Bazz, rendant son identité presque méconnaissable. Cette photo est accompagnée d’une typographie à empattement particulièrement soignée pour le titre Memoria. Les lettres, aux courbes élégantes et entremêlées, s’ajoutent à l’esthétique raffinée de la pochette. L’ensemble visuel dégage une ambiance douce mais également mystérieuse, renforcée par le flou artistique, les couleurs délicates et la typographie stylisée.

— Soazig Nouailles


Luther – Garçon

Sorti en juin 2022, le projet Garçon de Luther s’inscrit dans le mouvement de la nouvelle scène musicale francophone, souvent associée à la “new wave”. Avec ce projet, Luther explore des thématiques profondes telles que l’identité masculine, les relations humaines et la quête de soi. Il s’éloigne des codes traditionnels du rap pour se diriger vers un univers plus introspectif et mélodique, offrant un projet personnel et authentique.

La pochette de Garçon se distingue par son style artistique abstrait et monochrome, dominé par des nuances de noir et blanc. Elle dégage une ambiance à la fois mystérieuse et mélancolique. On y aperçoit trois figures abstraites, caractérisées par des yeux stylisés. La figure centrale, dont les larmes semblent couleur, renforce l’idée de souffrance et de tristesse, amplifiant l’atmosphère mélancolique de l’œuvre. 

Cette cover, à la fois captivante et énigmatique, reflète parfaitement l’univers introspectif et émotionnel de Garçon, en résonance avec les thèmes abordés dans l’album.

— Soazig Nouailles


 Eminem – Relapse

Le 15 mai 2009 n’est pas une date comme les autres dans l’histoire du hiphop. Si les fans de Slim Shady attendent alors avec impatience le retour en solo du roi du rap américain du début des années 2000 (The Slim Shady LP (1999), Marshall Mathers LP (2000), The Eminem Show (2002), Encore (2004)), peu nombreux sont ceux qui avaient prédit le tournant que marquerait cet album exceptionnel dans la carrière du rappeur de Detroit.

Or, cette attente longue de cinq ans (certes Em a sorti Eminem Presents the Re-up en 2006 pour présenter les nouvelles signatures de Shady Records) n’est pas anodine. Elle marque en réalité une longue période de dépression pour un Eminem sous l’emprise des drogues et du succès. Néanmoins, les années passent et tout va dans le sens d’une rédemption. Le retour de Dr. Dre à la production rassure les fans et tout le monde s’attend au retour de la recette qui avait fait le succès phénoménal des classiques d’Eminem susmentionnés.

Or, Relapse est aux antipodes de toutes ces attentes. Album concept où Eminem rechute dans son addiction pour commettre les pires atrocités, Relapse est la chronique d’une destruction intérieure avec une direction artistique souvent proche des films d’horreurs. Tout, de la pochette au livret de l’album, apparaît sous la forme d’une prescription d’un docteur machiavélique que l’on retrouve en introduction de l’album “Dr. West (skit)”. Dès lors, Julian Alexander, qui a réalisé des pochettes pour de nombreuses grosses têtes de l’écurie Aftermath de l’époque (50 Cent, The Game, D12, G-Unit, Lloyd Bank), y met en exergue une mosaïque de pilules reconstituant le visage d’un Eminem inquiétant.

Dans ses moindres détails, cette pochette annonce la couleur. Si le rouge rappelle d’emblée le sang, les inscriptions encadrées en disent long. Typiquement, il y est écrit : “prenez une tablette une fois par jour à 3 heures du matin”. Or, dans les films d’horreur, cette heure coïncide souvent avec l’arrivée du tueur. Difficile de croire à la coïncidence lorsque le deuxième vrai morceau de l’album s’appelle “3 a.m”. Prescrit par Dr.Dre (“me and Dre have just finished splitting the pill”) cet album, trop souvent méprisé dans la carrière exceptionnelle d’Eminem, est un véritable classique. Marquant l’avènement d’un nouvel arc et la fin du personnage Slim Shady (seulement entériné officiellement en 2024), Relapse est un véritable voyage conceptuel dans l’imaginaire parfois monstrueux d’un Eminem sensationnel au micro. Simplement il faudra prendre 313 pilules, fidèle au code géographique de la zone de Detroit. 

— Hugo Branche


Tyler The Creator – Flower Boy

En 2017, Tyler, The Creator sort son cinquième album, Flower Boy, marquant une étape cruciale dans sa carrière. Après des débuts controversés et provocateurs avec des albums comme Goblin et Wolf, cet album témoigne d’une évolution artistique et personnelle majeure.

Pour cet album, Tyler a collaboré avec plusieurs artistes qui apportent des touches vocales et émotionnelles, tels que Frank Ocean, Kali Uchis et Steve Lacy. Il y montre une grande maîtrise des mélodies et des ambiances, créant une œuvre cohérente où chaque morceau semble s’enchaîner de manière fluide et harmonieuse.

Jusqu’à présent, Tyler réalisait lui-même les pochettes de ses albums, adoptant une direction artistique parfois déroutante pour ses fans. Cependant, pour la première fois, il a confié l’artwork de Flower Boy à un autre artiste, Eric White. La pochette montre Tyler entouré de fleurs et d’abeilles, avec la nature comme métaphore centrale. Certains détails de cet artwork sont difficilement identifiables lors d’une écoute sur des plateformes de streaming, ce qui renforce l’intérêt de posséder l’album en format vinyle pour apprécier pleinement l’œuvre visuelle.

Flower Boy est désormais considérée comme une pochette emblématique du rap US et l’un des projets les plus aboutis et matures de la discographie de Tyler.


Oxmo Puccinno –  Opéra Puccino

En 1998, tandis que le rap de rue aux airs engagés bat son plein, Oxmo Puccino, alors connu pour ses frasques mafieuses dans Time Bomb, décide de sortir Opéra Puccino, son premier album studio. Il y délivre un album extrêmement personnel (“L’enfant seul”, “peur noire”, “24 heures à vivre”…) où les émotions sont omniprésentes.

Dès lors, Jean-Baptiste Mondino met en scène la confrontation entre ces émotions sur cette pochette. En effet, les deux masques rappelant l’ère de la commedia dell’ arte synthétisent les deux facettes d’un homme stoïque, perdu sur un fond trouble. Si l’album se veut être un opéra, il se rapproche en réalité bien plus du théâtre aussi bien sur cette pochette que dans son contenu. En témoigne Oxmo déclamant des vers bien sentis devant un public enthousiasmé sur “Black Cyrano de Bergerac (interlude)”. De plus, ce personnage vulnérable se confronte constamment aux autres personnages, dégageant une certaine assurance.

A cet égard, “La loi du point final” (ft. Lino), “Hitman” ou encore “Alias John Smoke” synthétisent cette dualité. Ainsi, Jean-Baptiste Mondino, ayant collaboré avec Madonna ou Alain Bashung entre autres, allie toutes ses contradictions dans une seule et unique pochette. En ce sens, le fond trouble suggère une imbrication de ses multiples facettes au sein de la personnalité d’un dramaturge qui peine à jongler entre les deux. Ainsi, cette pochette épaule à merveille ce classique du rap français, par sa simplicité et son jeu sur les lumières. 

— Hugo Branche


Rohff – La fierté des nôtres 

Comment se passer de cette pochette si iconique ? Sortie en 2004, cette pochette et ce disque ont tout simplement retourné le rap français ; au point de toujours être d’actualité en 2024. En ce sens, sur “Formule 1” de Stavo, Alpha Wann en featuring rappait : “Philly Flingue sur la France, comme la pochette de Rohff”.

Celle-ci est le résultat de la collaboration de Rohff avec un des très grands monsieurs de l’histoire visuelle du hiphop : Jonathan Mannion. Connu pour ses portraits des plus grands du début des années 90 à aujourd’hui (Jay-Z, Eminem, Lil Wayne, Oxmo Puccino, Notorious B.I.G, Akhenaton, Rick Ross…), Jonathan Mannion offrait des garanties plus que solides pour un Rohff, alors au sommet de son art.

D’emblée, l’ambition musicale de cet album se téléporte sur un visuel mémorable. Un Rohff gigantesque y surplombe la capitale trônant sur un arc de triomphe; devenu allégorie du rap game pour l’occasion. Par ailleurs, les contrastes entre les couleurs sont tout bonnement parfaits. Le bleu du ciel laisse place au blanc des nuages et du survêtement. Ces derniers surplombent un sol bien plus sombre où la paire de Nike viennent conclure une posture transpirant le charisme. Était-ce là une manière de suggérer que cet album embellirait la sombre réalité des rues de Paris et de ses alentours?

Quoi qu’il en soit, la légende de cet album tient autant à son volet musical qu’à son parti pris visuel. 20 ans plus tard, la pochette de “La fierté des nôtres” n’est peut-être pas la plus belle pochette de l’histoire du rap français. Pourtant, elle demeure assurément la plus iconique. 

— Hugo Branche


Zamdane – Solsad

Le 23 février 2024, Zamdane dévoile la première partie de Solsad, son deuxième album studio. La sortie est accompagnée d’une pochette intrigante représentant un personnage à la tête de soleil, dont l’œil laisse échapper une larme. Ce « soleil triste » — qui devait initialement donner son nom à l’album — tient une fleur en flammes, se détachant sur un décor sombre et énigmatique.

Une semaine plus tard, l’artiste livre la deuxième partie du projet, avec une nouvelle cover. Le même personnage y figure, mais cette fois, la larme semble être tombée, et la rose est entièrement consumée. Le décor, lui, s’illumine doucement avec l’apparition des premières lueurs d’un matin ensoleillé. La phrase clé de l’album prend alors tout son sens : « Même les soleils tristes peuvent illuminer le monde. »

Cet album, en partie réalisé pendant la convalescence de Zamdane à la suite d’un grave accident de voiture, délivre un message fort et optimiste : même dans les moments les plus sombres, une lueur d’espoir persiste. Cette symbolique, en totale harmonie avec l’histoire personnelle de l’artiste, renforce la puissance du projet. Il est donc impossible de ne pas inclure Solsad dans notre sélection, tant le lien entre les visuels et les thèmes de l’album est fort.

Les pochettes de l’album, réalisées par Dexter Maurer, sont un véritable atout artistique. Ce graphiste suisse, devenu incontournable dans le milieu du rap francophone, est réputé pour son style unique mêlant fantastique et réalisme. En collaboration avec Antoine Vella et Antoine Laurent pour la direction artistique, il a su capturer l’essence du projet de Zamdane avec brio.

— Manon Virsolvy


Mentions Spéciales

MairoDéjeuner en paix (Dexter Maurer) & Omar Chappier (Dexter Maurer), Alpha WannUne main lave l’autre (Raegular), DamsoLithopédion (Romain Garcin), Snoop Dogg – Doggystyle (Darryl Daniel), 50 CentGet Rich or Die Tryin’ (Julian Alexander, Sacha Waldman), LaylowTrinity, IAM L’Ecole du Micro d’argent, TuerieBleu Gospel, PNL Dans la Légende, Saian Supa Crew X Raisons, Infinit’Ma vie est un film II, LuidjiTristesse Business, Vald, Heuss l’Enfoiré Horizon Vertical, Jazzy BazzNuit, SCHJVLIVS II, Luv ResvalEtoile Noire, Green MontanaMelancholia 999, NinhoJefe, La FèveErrr, IshaFaites pas chier, j’prépare un album, Prince WalyMoussa, Deen Burbigo OG San II, Esso LuxueuxLiaisons Dangereuses, Jewel UsainOù les garçons grandissent, Isha, LimsaBitume Caviar vol.01, Jey BrownieMélodie Céleste, Nipsey HussleVictory Lap, Kendrick Lamar DAMN, Metro BoominHeroes & Villains, EminemThe Eminem Show, Jay-ZReasonable Doubt, The GameThe Documentary