Bluestaeb, le groove au corps avec GISEKE
Rencontre avec Bluestaeb, producteur aux multiples talents qui partage sa vie entre Berlin et Paris. Le 23 juillet est sorti GISEKE, son dernier LP qu’il évoque comme un aboutissement faisant écho à son précédent projet Everything Is Always A Process. Et c’est encore lui qui en parle le mieux.
Tu disais que tu étais un artiste complet maintenant …
Non je ne dirais pas complet. C’est plutôt que mon identité de musicien n’est plus une identité à part. Je dirais que ce n’est plus un « personnage-artiste » comme ça pouvait l’être avant. Bluestaeb et Leon sont devenus un peu la même personne. D’ailleurs, je ne l’aime plus trop ce nom Bluestaeb. Je l’ai créé quand j’avais 18 ans, il y a très longtemps maintenant …
Ça correspond à quoi ?
C’est tout bête, en fait staeb ça correspond à l’inverse de beats. Du coup, c’est blue beats, un peu un truc genre mellow jazz … Je faisais beaucoup de trucs un peu jazzy à l’époque. Mais c’est tout bête comme truc : Bluestaeb – blue beats. J’aimerais bien choisir un autre nom si je pouvais le recréer aujourd’hui. Mais bon c’est un peu trop tard …
C’est vrai que dans la présentation que tu nous as envoyée, c’était effectivement plus ton nom civil qui était mis en avant. L’idée c’est de pouvoir te représenter et de mettre un peu plus en avant ton nom par rapport ton pseudo ?
Oui, mais je pense d’ailleurs qu’à l’avenir quand je serai amené à produire un album pour quelqu’un d’autre, ce sera plutôt écrit ”produit par Leon Giseke” que Bluestaeb … ou les deux. Je ne sais pas encore … Mais disons que quand ça passera en mode production à l’ancienne, en mode Quincy Jones (rires), je pense que je mettrai plutôt Leon Giseke.
Je pense que c’est ce côté basse qui donne beaucoup plus de groove et de funk dans la musique de manière générale.
Cela fait quelques années que je suis un peu ton évolution et j’ai toujours aimé le côté hyper jazzy des beats que tu proposes. Mais j’ai l’impression que dans cet opus, de par les artistes que tu sollicites, de par les productions que tu proposes, il y a une évolution plus soul, plus funk, plus r&b. Plus groovy en fait.
Bah déjà merci d’avoir suivi depuis aussi longtemps ma musique. Ca fait plaisir…
Oui je dirais que c’est le point qui m’a le plus marqué dans le process, mais déjà depuis quelques années maintenant… En gros, quand j’étais plus jeune, j’avais toujours du mal à jouer les bass lines. Mais souvent les producteurs qui débarquent, les beatmakers, ils ne savent pas trop quoi faire avec la basse. Surtout quand tu samples, après tu cherches juste à reproduire et souvent on le fait mal quand on démarre … Tu cherches un peu des notes, mais ce n’est pas sur la vraie key du morceau en fait. Pour quelqu’un qui s’y connaît vraiment en musique, ça doit pas être particulièrement horrible d’écouter des morceaux avec genre une bass line dans une autre key que le sample … Enfin bref, j’ai remarqué que j’arrivais bien à faire la basse sur le clavier déjà.
Du coup, j’ai commencé la vraie basse il y a un an. Et je pense que c’est ce côté basse qui donne beaucoup plus de groove et de funk dans la musique de manière générale. Je pense aussi que c’est juste une évolution de ce que j’écoute. En fait, je n’écoute plus du tout du beatmaking quand je suis chez moi. Je n’écoute plus de beats tapes, mais plutôt du funk, du r&b. Je dirais que dans les beats, dans les loops qui tournent en boucle sans qu’il n’y ait de chanteur ou de rappeur, il y avait un truc qui me manquait mais déjà depuis longtemps. Et c’était un peu l’ambition de faire de vrais morceaux sans compromis où tu ne te dis pas ”Mais il manque la voix” ou ”Mais il manque quelque-chose”… Je ne sais pas genre quelqu’un dit : ”Tu as écouté le nouveau morceau de Bluestaeb. C’est trop bien ?”, il n’y a plus de ”Ouais … mais il me manque quelque chose”. Et c’était un peu ça le but.
Ça veut dire que tu avais l’impression que les morceaux que tu proposais avant étaient encore perfectibles ? Tu voyais toujours une marge de progression ?
C’est vrai que moi je l’ai toujours ressenti. Sur mes projets solos, j’ai toujours eu ce moment où je n’étais pas content avec un truc. Et sur cet album-là, je n’ai vraiment presqu’aucun regret. J’ai juste fait ce que je voulais faire. Et j’ai eu la possibilité de travailler avec tous ces gens qui ont vraiment fait que c’est l’album que j’ai toujours voulu faire quoi. Avant, mais c’est peut-être même plutôt moi même que les autres d’ailleurs … Je trouvais toujours qu’il manquait un truc, que ce n’allait pas jusqu’au bout des choses.
J’ai juste fait ce que je voulais faire. Et j’ai eu la possibilité de travailler avec tous ces gens qui ont vraiment fait que c’est l’album que j’ai toujours voulu faire.
C’est quoi la genèse de cet album ?
La motivation c’était juste d’être dans la suite de mes précédents projets … en gros mon dernier projet Everything Is Alaways A Process s’appelle comme ça parce que je savais que ce n’était pas la fin de l’histoire. Le point de départ, c’était que j’avais sorti un album qui rétrospectivement était peut-être plus une mixtape. D’ailleurs, je m’en veux de ne pas avoir appelé les morceaux juste ”Demo …” ou alors d’avoir donné des titres un peu bidons pour encore plus travailler cet aspect mixtape.
Mais bref, du coup l’album maintenant c’était vraiment la quête d’un projet un peu à la hauteur de mes ambitions … Et ça a commencé il n’y a pas si longtemps que ça, en septembre-octobre 2019. Après, il y a eu le COVID, mais ça veut dire qu’il y a eu plein de temps en studio. Et tout le monde était assez joignable du coup… Je pense qu’au final, ça a été bénéfique parce que j’ai contacté quasiment tout le monde sur Instagram. C’était un peu galère et je déteste Instagram … Mais tout le monde était là et tout le monde a réagi assez rapidement. Donc je pense que c’était le bon moment pour le faire.
Justement dans ton process créatif, l’idée c’était : ”Ok je vais faire un album et je vais y mettre telle patte, telle empreinte …”. Tu avais déjà le projet en tête au moment où tu te lances dans sa réalisation ou à l’inverse tu avais juste une idée et tu t’es dis que ça pourrait être cool de travailler avec tel artiste et tel autre … Comment as tu abordé tout ça ?
Le titre et le concept avec mon vrai nom, ca je l’avais déjà en tête depuis longtemps. Et après musicalement parlant, je savais que je voulais faire un truc -en partie au moins- très funky. Et je voulais que ça soit bien groovy et aussi estival. Après, c’est vraiment un mélange de tout ce que j’aime. En gros, ça ressemble aux playlists que j’écoute tout le temps. C’est exactement la même vibe quoi : du funk, du r&b, un peu de hip hop sans que ça fasse trop boom bap non plus. Du coup, c’était vraiment l’idée dès le départ de faire ce mélange des genres et de faire un truc sans compromis. Je voulais juste faire ce que j’aimais sans me poser la question à chaque fois de savoir si ça allait dans le contexte ou pas. Et les artistes avec qui j’ai travaillé sont des gens que j’écoute déjà beaucoup à la base. Du coup, j’ai juste envoyé plein de messages (rires).
Et c’est ça que j’aime le plus dans la production, c’est de vraiment pousser les morceaux au bout, d’aller plus loin.
C’est toi qui donne au moins un cadre sur ce qu’il faut faire, ce que tu attends de la contribution ?
Je ne donne aucune directive sur le contenu des lyrics sauf à la fin quand le projet est déjà bien avancé. Mais en soit les artistes, je ne vais pas leur dire : ”Je veux un morceau qui parle de ça”. C’était plutôt : je donne des directives sur là où je veux aller avec le morceau. Par exemple, l’un des morceaux qui représente bien la manière dont je travaille c’est ”TTWL” avec Jerome Thomas et Uno Hype. A la base, il y avait juste une loop avec un peu de drums et la basse qu’on entend au tout début du morceau. Uno Hype avait fait un couplet juste sur ça sans vraiment savoir ce qui allait se passer. Mais il a juste fait son couplet. Je lui avait dit que je voulais aller plus loin avec le morceau et du coup il m’a fait confiance. C’est seulement après que j’ai travaillé avec Christopher Johnson le guitariste pour toute la partie B où Jerome chante. C’était donc un véritable puzzle d’éléments qui dans ma tête existait déjà, mais qu’il était assez difficile d’expliquer avant. Mais j’avoue que les gens m’ont fait assez confiance. Ils étaient motivés, ils ont fait leurs trucs. Après j’ai fait ce que je voulais faire avec le morceau.
Il y a un concept qui m’intéresse dans la présentation du projet que nous avons reçu, c’est l’aspect travail de curation qu’il y a derrière l’album. Et c’est vrai qu’on a l’impression que ce que tu essayes de mettre en avant, c’est surtout une certaine vision du groove. Quand j’ai lu ses phrases là, je n’ai pas pu m’empêcher de faire le rapprochement avec « TTWL » et « THAT’S OK » sur lesquels tu invites deux artistes r&b émergents que j’aime beaucoup, respectivement Jerome Thomas et Phabo. Peux nous en dire un peu plus sur la démarche que tu avais en tête derrière cette idée de curation et de promotion d’une vibe plus que toute autre chose.
Je pense que c’est un aspect qui est souvent un peu sous-estimé dans la création d’un album. Souvent les gens partent un peu juste comme ça, sans trop avoir d’idée précise sur l’album ou même sur un morceau. Et je dirais que par exemple « TTWL », c’est un peu l’exemple parfait pour cet aspect curation. Limite, je dirais que j’étais plus curateur que producteur sur ce morceau, parce que j’avais l’idée en tête : le clash entre cette partie hip hop et la partie avec la guitare. Et il fallait vraiment réunir toutes ces idées pour que ça donne quelque chose. Si j’avais arrêté après le couplet d’Uno Hype juste sur le beat, ça aurait donné la partie C d’un autre morceau. Ça n’aurait rien donné de spéciale. Ce n’était rien au début ! Et c’est ça que j’aime le plus dans la production, c’est de vraiment pousser les morceaux au bout, d’aller plus loin. Et sur « THAT’S OK » après c’est un peu une autre histoire : Phabo il a juste complètement détruit le beat. C’était incroyable ! C’était une boucle qui durait une minute, il l’a loopé lui-même en studio avec un ingénieur du son, il a fait 2 verses et le refrain. Et c’était… En fait, il a fait que ce soit devenu un morceau 100% r&b. Avant le beat, tu aurais même pu faire autre chose avec. Mais là, j’avoue que je dois le créditer beaucoup beaucoup pour ce morceau.
Par rapport à cette vision d’album justement, dans une interview faite à la sortie de ton album avec JuJu Rogers, tu expliquais que c’était un peu le projet qui t’avait pleinement fait prendre conscience de la valeur ajoutée du format album. Est-ce que tu peux revenir sur la façon dont tu as appréhendé la nécessaire complémentarité entre cohérence de l’album et diversité des tracks ?
Je pense que ce qui est très important c’est de travailler dès le départ dans un contexte album. En gros, même quand je n’avais que deux-trois morceaux finis, j’avais déjà un projet bottom où c’était les morceaux dans l’ordre. Et j’imaginais déjà un peu des transitions ou des trucs comme ça. Parce que je pense que ce qui fait qu’on ressente ce fil conducteur sans rupture se joue très souvent, en tout cas pour beaucoup, sur les transitions entre les morceaux et sur l’ordre des morceaux. Si tu écoutes le même album en mode shuffle, je pense que ça ne donnera pas du tout la même impression. Ça partirait dans tous les sens sans qu’il y ait le truc qui te ramène dans le projet. Je pense que c’est vraiment ça que j’aime bien faire dès le départ : voir un peu dans quelle direction ça peut aller, où faire des retours, placer les interludes aux bons moments … Ca joue beaucoup.
Et souvent, même quand c’est juste une boucle, j’ai déjà un univers visuel qui vient assez tôt dans le process de création d’un morceau.
Pour revenir sur ton positionnement artistique, comment le sens visuel intègre ta conception de la musique? Est-ce que pour toi la musique c’est aussi visuel ?
Oui je dirais que dès le départ, au moins dans ma tête, le côté visuel est déjà présent. Souvent quand je crée un morceau, j’ai déjà des couleurs qui me viennent naturellement. J’associe souvent un morceau à une couleur. Et souvent, même quand c’est juste une boucle, j’ai déjà un univers visuel qui vient assez tôt dans le process de création d’un morceau. Et sinon, le fait de mettre toutes ces images d’architecture, avec des formes géométriques et tout … c’est juste une préférence. C’est juste mon identité à moi et du coup, je la pousse à fond parce que ce serait faux de ne pas le faire. Et je peux mettre aussi le côté visuel là-dedans.
Du coup, c’est quoi la couleur de cet album pour toi ?
Je dirais que c’est un genre de jaune. C’est un peu le jaune repris sur la couverture. Comme le pull que je porte. Mais ça change … L’album dans son intégralité, oui je dirais qu’il est jaune. Mais ça change d’un morceau à l’autre. Et si tu l’écoutes en shuffle, ça donnera une autre couleur.
Et dans la conception visuelle en elle-même (par exemple l’artwork), est ce que c’est quelque chose d’hyper important pour toi ?
Je dirais que quand j’écoute un album de quelqu’un d’autre c’est genre 50-50. Je peux tout à fait écouter un album même si la couverture est moche. Si la musique est bonne, je m’en fous un peu … Mais c’est vrai que c’est un truc que je remarque tout de suite quand même. Et oui, c’est très important pour moi. Mais je dirais d’ailleurs que même sur cet album-là, je ne suis pas encore aller au bout de mes idées visuelles. Parce que le problème c’est qu’avec toutes les deadlines et tout, à la fin d’un album tu es toujours tellement dans le rush qu’il y a quand même plein de trucs que tu n’arrives pas à finir. Mais ouais je dirais que c’est très important et d’ailleurs j’avais cette idée dès le départ de cette fois vouloir faire une couverture full frame, une photo en pleine page. J’ai toujours fait des cadrages, des trucs machins et là je voulais juste que ce soit une image qui s’impose. Et aussi le fait qu’il y ait Giseke écrit en haut c’était dès le départ dans ma tête. Et sur ce côté architectural, je dirais que c’est encore le fait de ne pas vouloir dire « Mais … ». Je voulais juste jouer vraiment cette carte à fond et montrer ça sans le cacher ou le contextualiser.
Par rapport à ton identité, il y a un mot qui ressort beaucoup – et d’ailleurs quand tu explique l’origine de Bluestaeb ça renforce encore plus cette idée – c’est le côté beatmaker que tu mets beaucoup en avant. Est ce que tu peux revenir sur ton appétence pour le beatmaking ? Et l’importance que ça peut encore avoir dans ton travail aujourd’hui, malgré le fait qu’on ne puisse plus te résumer à un simple beatmaker. Car on a quand même l’impression que ça reste un domaine sur lequel tu prends du plaisir et sur lequel tu axes beaucoup ton travail.
Oui d’ailleurs je déteste le terme beatmaking parce que je trouve qu’il est un peu ….
Réducteur ?
Oui dans le sens où c’est le beatmaker qui s’est auto-réduit avec toute la vague lo-fi et la banalisation de ce genre de musique. J’ai du mal à m’associer à ce terme parce que je n’ai pas l’impression que ça représente ce que je fais ou ce que l’on fait d’ailleurs avec tous les gens avec qui je travaille. Ca ne représente pas bien cet univers. Mais bon bref, il n’y a pas d’autres termes, du coup on reste sur beatmaking … je dirais que la première inspiration c’est souvent du simple beatmaking. Quand je suis au studio avec par exemple K, Le Maestro à Berlin, c’est vraiment on fait 5 beats en deux heures. Il n’y a pas d’aspect de producteur là-dedans. Ça, ça vient après quand tu commences à penser album, penser qui peut chanter sur le morceau … Mais au départ, oui, je dirais que c’est toujours du beatmaking. C’est ce que je fais depuis 10 ans maintenant, voire plus …
Pour revenir sur cet album, j’ai eu l’impression à l’oreille que tu utilisais un petit moins de sample et qu’il y a un peu moins de machine que d’habitude. C’est beaucoup plus organique et chaleureux, ce qui colle beaucoup à la vibe justement bien groovy que tu as voulu mettre en avant sur le projet. Est-ce que c’est juste une perception de ma part ou est-ce que c’est vraiment une direction artistique que tu avais en tête dès le début ?
Alors, déjà le fait de ne pas mettre de samples, ou en tout cas très peu de samples, c’était prévu de faire ça comme ça. D’ailleurs, ça représente aussi la manière dont je travaille. Maintenant de manière générale, il y a moins de samples dans tous les morceaux que je fais. Enfin, il y a quand même souvent des samples de drums, des drums loops, des trucs comme ça. J’aime bien les travailler pour en prendre des petites parties, mais il y a moins une mélodie ou un sample qui domine tout le morceau. En fait, il y a juste « GRANTED » un interlude où le sample est le centre du morceau. Et ouais, c’était prévu de faire ça pour aussi aller dans cette direction plus « musicale ». Mais je ne déteste pas la sampling, si c’était plus simple sur le côté droits … je pense que ce serait autre chose. Concernant l’apport électronique dans ma musique, je pense que c’est parce que je travaille aussi avec beaucoup plus de musiciens qui jouent. Déjà moi, je joue beaucoup plus moi même qu’avant.
Oui c’est ce que tu expliquais tout à l’heure au niveau de la basse, tu es beaucoup plus sur des lignes de basse que tu joues toi-même …
Oui, du coup je pense que ça donne un aspect beaucoup plus organique, au lieu de faire simplement boum boum boum boum sur une MPC … Mais je ne suis pas seul, il y a aussi beaucoup de musiciens. Et c’est là aussi où l’aspect production rentre en jeu. Souvent, je fais juste une basse et après je la laisse jouer. Ou alors, il y a des gens qui viennent faire des keys et tout ça. La guitare surtout … Il faut que je mette en avant Miles Singleton et Christopher Johnson. Parce que Miles a joué sur 4-5 morceaux et ça a donné une nouvelle vie, une nouvelle identité que je n’avais pas avant. Ca m’a beaucoup aidé de travailler avec lui. C’étaient d’ailleurs les premiers morceaux de l’album, donc c’étaient un peu la base de tout.
Je vais aussi chez Jakarta, on va manger des pizzas au bureau. C’est vraiment une ambiance de travail assez agréable. Et je suis assez sûr qu’il n’y a pas beaucoup de labels comme ça …
Vu de l’extérieur on a l’impression que, peut être plus qu’ailleurs, il y a une réelle émulation et une saine émulation au sein de Jakarta Records. Vous collaborez beaucoup ensemble, vous faites même des projets entiers ensemble. On pense notamment à la relation privilégiée que tu peux avoir avec S. Fidelity. Quelle est ta perception onboard de cet esprit de famille Jakarta Records ?
Comment dire… c’ est vrai que ce qui est vraiment bien j’avoue, c’est le fait de pouvoir travailler avec des gens « in house », que tout soit regroupé « sous le même toit » avec un peu S. Fidelity, Melodiesinfonie et aussi JuJu. Et tout le monde se connaît en fait. Quand je vais à Berlin, je vois tout le monde. Je vais aussi chez Jakarta, on va manger des pizzas au bureau. C’est vraiment une ambiance de travail assez agréable. Et je suis assez sûr qu’il n’y a pas beaucoup de labels comme ça … En tout cas moi je n’en connais pas un autre, en Europe au moins, qui regroupe autant les gens. Je me rappelle il y avait eu plusieurs concerts Jakarta au splash! Festival il y a 2-3 ans où on était tous sur scène. Il y avait tout le monde. Il y avait Ivan Ave et JuJu qui ont joué l’un après l’autre. Et du coup, c’est vraiment agréable d’être dans ce genre de contexte avec tous les autres musiciens. Après, je dirais quand même qu’il y a beaucoup de choses qui viennent aussi du côté des artistes. Le fait que je travaille autant avec S. Fidelity ce n’est pas à cause de Jakarta.
Oui c’est un lien amical qui s’est créé au fil des années. Je crois avoir lu sur ce que tu nous avais envoyé que tu avais un studio en commun à Berlin avec lui.
Ouais c’est ça. On a un studio qui est officiel maintenant aussi. Ca s’appelle Manolo Purple Studio et on peut le louer pour des sessions. S. Fidelity travaille aussi comme ingénieur du son. Donc voilà c’est assez officiel.
Il nous reste encore quelques minutes, j’ai encore deux petites questions pour toi.
C’est quoi le projet que tu rêverais de faire ou celui qui est déjà sorti et que tu aurais aimé faire en disant : » Laisses tomber je vais écrire mon nom dessus ». Et l’autre question qui est peut-être liée à ça : est ce que tu aurais des artistes à nous recommander ? C’est bien de croiser un artiste, c’est cool s’il peut nous enrichir encore plus sur sa musique, mais aussi sur ses inspirations ?
OK laisses moi réfléchir deux secondes (rires). Bah déjà, et c’est un peu la conclusion de tout ce que j’ai raconté, je dirais que cet album c’est vraiment tout ce que je voulais faire moi-même. Après bien sûr je ne vais pas m’arrêter là, mais si j’arrêtais là, je serais nettement moins stressé. Avant, j’avais toujours le stress de vouloir faire ce projet.
OK tu as l’impression d’avoir fini un cycle ? D’avoir clos quelque chose pour pouvoir commencer autre chose ?
Oui je pense que le cycle que j’ai commencé avec Everything Is Always A Process où je disais que ce n’était pas la fin, là je peux dire oui c’est ce que je voulais en fait. En fait, Giseke c’est ce que je voulais faire avec Everything Is Always A Process sauf que je ne l’ai pas réussi à l’époque. Si je pars avec un autre nom d’artiste demain ce n’est pas grave, parce que j’ai fait ce que je voulais faire avec Bluestaeb. Et sinon, est ce qu’il y a un album que j’aurais bien aimé produire … récemment certainement ….
Ou pas récemment. Tu parlais de Quincy Jones, ça peut être un album de Michael Jackson pa0r exemple …
Bah j’avoue qu’à long terme je vais viser un peu plus des projets comme ça où je serai moins Bluestaeb et plus en mode production. Après, il faut trouver des gens qui sont motivés pour faire des trucs comme ça. Et des gens qui ressentent ce besoin de direction artistique, parce que ce n’est pas évident non plus. Et souvent il manque aussi le budget pour quelqu’un comme ça. Aujourd’hui, les gens font un peu tout à leur propre sauce. Mais je pense que ça peut aider pour des projets d’avoir quelqu’un qui supervise un peu la direction artistique. Donc ouais j’aimerais bien faire des trucs comme ça.
Mais en recommandation je ne sais pas si vous avez déjà écouté Wesley Joseph ? C’est incroyable ! Il est jeune. Il a 23 ans je crois. Et en plus, en parlant de direction artistique, il réalise lui-même ses propres clips. C’est écrit partout « directed by Wesley ». Il a l’air de travailler dans un délire assez complet. Sinon, il est sur mon album, mais je pense que personne ne le connais : le rappeur Lance Jackson. Il a sorti un projet vraiment cool l’année dernière (There’s a War Going On) qui est un peu sous estimé. Et enfin, il y a Gaby Duran de LA qui était censée être sur le projet, mais ça n’a finalement pas pu se faire … Elle a sorti un EP qui s’appelle Triangles. Et c’est vraiment bien !
Très cool ! Merci. On ira checker ça.