On n’arrête plus l’ascension de Nadia Rose
Au départ présentée comme la cousine de Stormzy, Nadia Rose surprend à n’en plus finir. A 27 ans et malgré de nombreux obstacles, elle s’affirme et devient incontournable dans le paysage Hip-Hop et Grime d’outre-manche.
Rappeuse de Croydon, au sud de Londres, d’origine ghanéenne et jamaïcaine ; très active sur les réseaux sociaux et pleine d’humour, elle croit en sa musique autant qu’en ses idées. Très tôt, son père DJ lui transmet son amour de la musique, allant de la jungle aux Spice Girls.
Aujourd’hui : dancehall, références à l’univers Comics, chignons à la Mickey Mouse et phrasé reconnaissable entre mille constituent le cocktail explosif de la recette « Nastiest Rose ». Agée de 21 ans, Nadia s’ennuie dans son quotidien pourtant bien chargé. Entre ses cours de management des industries musicales à l’université et les jobs qu’elle enchaîne avec parfois des shifts de 12 heures, elle ne trouve pas le temps de se consacrer à l’écriture.
En 2015, elle décide de démissionner sans aucune certitude sur son futur. Elle se lance pleinement dans la musique et multiplie les freestyles, avec des frappes en guise de basses et des jeux de mots bien trouvés.
Hot and cold, such a fucking gemini
But look close and you’ll see the gem in I
— Too Bad
Le succès ne tarde pas puisqu’en 2016, elle est lauréate du prix de la meilleure vidéo au MOBO Awards pour le clip de « Skwod ». Peu après, la playlist BBC Sound of 2017, qui déniche les artistes émergents les plus prometteurs, la consacre aux côtés de Jorja Smith, Ray BLK et Anderson .Paak. 2017 marque aussi l’année de sa première scène française au Macki Music Festival.
Wow, she’s sick and she’s bad
She sings and she raps
She’s shit and she’s wack
They talk all that chat
— Skwod
Elle n’hésite pas depuis à s’exprimer au-delà de sa musique, comme pour encourager les jeunes britanniques issus des minorités à aller voter lors des élections générales de 2019. Ainsi, en novembre de la même année, elle manifeste son soutien au parti travailliste de Jeremy Corbyn en rédigeant un article dans un média national. Elle réalise également une performance live sur Instagram sous le hashtag #Grime4Corbyn.
Cela lui a valu quelques accrochages, notamment avec son ancien label Relentless Records (filiale de Sony Music). Des minces informations ébruitées à ce sujet, il en ressort qu’ils auraient été en désaccord sur la ligne artistique à suivre. Se sentant brimée en tant qu’artiste et ne rentrant pas dans les carcans imposés par le label, elle met fin à leur collaboration. Elle connait à ce moment-là une période plus sombre, au cours de laquelle elle disparaît des radars. Ce n’est réellement qu’en 2020, auprès d’un journaliste de la BBC, que l’artiste évoquera pour la première fois cet épisode compliqué : « Être incapable de partager ma musique a été l’un des sentiments les plus déchirants que j’ai connu ».
Si ces années ont été difficiles pour Nadia Rose, ce n’est que plus forte qu’elle est revenue il y a peu avec des bangers dignes d’une artiste mature, qui est restée fidèle à sa musique. Elle frappe un gros coup et tient à prévenir tout le monde qu’elle est de retour en sortant en août dernier son EP de 5 titres First Class contenant les singles « Sugar Zaddy« , « Too Bad » et « Bad N Boujee ». Il constitue un tournant dans sa carrière, puisqu’il est signé Qwerky Entertainment, son tout nouveau label indépendant, qu’elle fonde au début de l’été 2020. Alors que sa mixtape Highly Flammable sortie en 2017 respirait la Grime authentique, elle explore ici de nouveaux registres. Elle n’abandonne pas pour autant ce qui, musicalement fait sa signature : des refrains percutants, des mélodies soignées et un savant mélange de chant et de rap.
You wanna swim in da ocean
Catch a flight overseas
Take a rocket to our space
But you get higher with me
— Higher
Son dernier morceau « Fearless » sorti le 16 septembre dernier, en featuring avec une de ses idoles et ex-membre des Spice Girls Melanie C., laisse présager que l’artiste n’en a pas fini de multiplier les collaborations inattendues.
Une discographie qui reflète les multiples personnalités de Nadia Rose et sa capacité à se réinventer afin de nous – et de se – raconter une nouvelle histoire. Elle n’a peur de rien, provoque allègrement dans ses textes et tient à s’essayer à tous les styles. Proche de son public, elle se met très souvent en scène dans ses lives Instagram. Elle fredonne quelques secondes l’air d’un nouveau projet, se met furieusement à danser ou répond aux questions des quelques followers connectés sans même hésiter.
Pleine d’ambition, elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. On la compare à Lady Leshurr ou Stefflon Don. Elle préfère quant à elle citer des pionnières du Hip-Hop UK comme Ms Dynamite et tire ses influences de légendes comme Alicia Keys, Eminem, Missy Elliott ou Busta Rhymes, sans distinction de genres. Dans une interview datée de 2016 donnée à The Guardian, elle déclare à ce propos : « Je n’aime pas le fait que les femmes MC soient mises à l’écart : les mecs sont aussi nos concurrents »
Artiste talentueuse et prometteuse, au caractère bien trempé, elle laisse depuis peu planer le doute sur une potentielle apparition dans le très attendu prochain album de Rihanna : Qui pourra stopper Nadia Rose ??
Ce dossier est une contribution libre de Selma Nem que nous avons choisi de publier. Si vous aussi vous voulez tenter d’être publié sur BACKPACKERZ, n’hésitez pas à nous envoyer vos articles via notre page de contact.