Vald s’est fait connaître via deux projets gratuits qu’il a offert sur le net ainsi que par l’intermédiaire de nombreux freestyles tous aussi dérangés et percutants les uns que les autres. Repéré par Tunisiano de Sniper et par le prolifique Tefa (pousseur de disques chez Hanouna à l’occasion) il s’est rapidement retrouvé sur le devant de la scène notamment grâce à « Autiste », premier titre extrait de cet EP qui n’en est pas un et dont l’ambiance du clip allait de paire avec la personnalité du rappeur, c’est à dire qu’il était particulièrement provocant et un tantinet dépressif. Musicalement, le style oscille entre ancienne et nouvelle école sans pour autant flirter avec l’omniprésent son trap qui envahit le rap français depuis plus d’un an. Coté flow, Vald fait preuve d’une énergie et d’une jonglerie des mots plutôt rare ces temps-ci.
S’en suivra un deuxième extrait tout aussi réussi et provocateur, j’ai nommé « Shoote un ministre » qui par son titre, son contenu et son clip polémique à souhait (on y voit un ministre mort faire une quenelle) s’inscrit dans cette même veine provocatrice. L’instru nage à nouveau entre deux âges mais colle parfaitement aux mots et à la diction si personnelle du rappeur. Quant à « Toutatis » troisième extrait de cet E.P. il marque une légère déception comparé aux deux premiers titres tant il sent la redite que ce soit d’un point de vue textuel, musical que technique.
Le reste de l’EP (qui n’en est pas un mais qui aurait dû l’être) est du même acabit. C’est à dire inégal. Si l’écriture de Vald est quasiment toujours du même tonneau, on note beaucoup de répétitions dans les thèmes abordés ou dans l’approche que Vald peut avoir vis-à-vis de ces derniers. Musicalement par contre, le disque demeure cohérent et donne une véritable identité au projet notamment par son aspect intemporel.
Plus concrètement en dehors des titres cités en début d’article les morceaux à retenir sont les suivants :
– « Sullyvan » dans lequel Vald nous parle de son double démoniaque et où il nous livre un refrain, certes simple mais ô combien efficace. En effet, la voix aiguë qu’il utilise renforce particulièrement la folie qui imprègne ce morceau.
– « Flowjob » où techniquement le rappeur excelle même si parfois la qualité d’écriture n’est pas toujours au rendez vous.
– « Aulnay-sous-Bois » qui, bien que particulièrement réussi, nécessite plusieurs écoutes pour être parfaitement compris. Un titre complexe qui mériterait une analyse plus poussée que cette simple chronique.
– Et surtout « Vie de cochon » qui pour moi demeure le titre le plus intéressant de ce disque. D’une part parce que c’est le morceau sur lequel la voix de Vald colle le mieux à l’instru et d’autre part parce que c’est le texte le plus abouti, le plus complexe et le mieux écrit du disque. A l’écoute de « Vie de cochon » on a tendance à penser que si Vald avait bossé les autres titres autant que celui ci, on ne serait pas loin d’avoir un classique.
Malheureusement, ce n’est pas le cas. La faute peut être à une sortie prématurée de ce qui aurait du être un simple EP et non un album de 11 titres, voir 13 avec les deux bonus. On sent en effet que son entourage et sa maison de disque ont légèrement poussé l’artiste au taf, histoire d’être sûrs d’atteindre les 13 titres nécessaires à la sortie d’un album digne de ce nom. Il en ressort un album inégal qui finalement ne mérite pas le prix d’un album complet. Un E.P. 6 titres aurait été suffisant histoire de laisser à Vald le temps d’installer son univers.
Malgré tout, le disque reste agréable à écouter et Vald demeure un rappeur à suivre. Si j’avais un conseil à lui donner (mais qui suis je pour ça ?) je lui dirais de plus s’écouter et de laisser sa maison de disque blablater dans le vide.