Ministère A.M.E.R. à l’Olympia
Lundi 22 septembre 2014, Paris. Le Ministère A.M.E.R. fête les 20 ans de leur disque « 95200 » et décide pour l’occasion de se reformer et d’envahir l’Olympia. J’en suis partie prenante et cela me rend particulièrement heureux tant ce groupe fait partie de ceux qui ont marqué ma jeunesse. Je rate la première partie pour cause d’apéro prolongé et m’installe dans la fosse quelque minutes avant le début du concert. Je profite de ces quelques instants de calme avant le début des hostilités pour observer le public. Celui-ci est venu en nombre (la salle est pleine) et se compose essentiellement de trentenaires et quadragénaires qui sont soit des fans de la première heure, soit de ceux qui comme moi ont découvert Passi et Bugzy via le Secteur Ä. Quelque célébrités du game sont mélangées à la foule tels qu’Olivier Cachin, Tonton Marcel ou bien encore les Sages Poètes De La Rue qui passent à un mètre de moi.
Il est 21h quand la lumière s’éteint et quand la voix de Kenzy, manager du groupe, résonne. C’est la même voix et le même discours que pour l’ouverture de 95200. Celle-ci est d’origine puisque l’homme à lunettes comme l’appelle Stomy n’est pas là ce soir. Sur scène, on retrouve aux platines DJ Guetch, l’homme de main du Ministère et Dj Lord Issa. Ils sont accompagnés d’un live band composé d’un batteur, d’un bassiste et d’un guitariste qui n’est autre que le célèbre Iso, connu pour avoir accompagné moult membres du Secteur Ä et ce depuis de longues années. Une fois l’intro terminée, le live band enchaîne avec « Plus vite que les balles », titre sur lequel Stomy et Passi font leur entrée. Le moins qu’on puisse dire c’est que les deux comparses débordent d’énergie et que l’Olympia est déjà en feu au bout de deux morceaux. Ils enchaînent assez vite avec « GAV » issu de leur premier album Pourquoi tant de haine, ce qui laisse penser qu’ils vont interpréter des titres de toutes les époques. Et c’est effectivement le cas puisque seront joués tour à tour des titres tels que « Traitres », « Brigitte » (1 et 2) avec la participation de Karl The Voice ou bien encore « J’ai fait un rêve » et « Les Rates aiment les lascars » qui sur scène prennent encore plus d’épaisseur que sur disque. Sur « Pas venus en touristes » on a eu (l’agréable ?) surprise de voir arriver Youssoupha en featuring. Je ne suis pas particulièrement fan du rappeur mais le voir débarquer ainsi m’a fait espérer que d’autres rappeurs (hors Secteur Ä, j’entends) allaient débarquer sur scène. Or ce ne fut pas le cas. Youssoupha fut bien le seul et unique invité hors Secteur à s’être présenté sur les planches de l’Olympia ce soir-là. Pourquoi lui ? J’avoue que pour moi le mystère reste entier. S’en suit un passage à l’ancienne où le duo interprète un medley des prestations qu’ils avaient effectuées à l’époque sur Nova, le tout accompagné par Saxo, rappeur old school de Sarcelles.
Ce titre est suivi de « Le Savoir » puis de « Chap 2 Acte 20 ». À la fin de celle-ci, Stomy déclare que s’il y avait eu un troisième album du Ministère A.M.E.R., un chapitre 21 aurait été écrit puis se tourne vers Passi pour lui demander s’ils sait à quoi ce chapitre aurait ressemblé. A cet instant, le Double S commence a capela le texte des flammes du mal ce qui d’office réveille le public de l’Olympia, légèrement endormi à cet instant. Une fois l’instru lancée, c’est un véritable ouragan qui envahit la salle, le public chante en chœur les paroles et chaque refrain sent la poudre. Même le balcon, comme toujours très calme, s’emballe et se lève. C’est à cet instant que débute un final de folie. Une fois le titre terminé Stomy fait remarquer à Passi que c’est un titre solo et non un du ministère A.M.E.R. Celui ci lui réponds qu’il peut très bien chanter Mon papa à moi est un gangster, chose qu’il refuse en 1er lieu jusqu’à que son fils débarque sur scène afin de le chanter en duo avec lui. Ce morceau sera le seul titre solo de Stomy et fait naitre en moi une légère déception. Je n’ai rien contre Mon papa mais je ne le trouve absolument pas représentatif de ce que Bugzy est capable de faire. Un petit J’avance pour ma famillia ou même un medley de ces albums solos m’auraient fait bien plus plaisir. Qu’importe au fond, tant la suite me fera oublié cette légère déception.
En effet, puisque sur le prochain titre c’est tout simplement le Secteur Ä (comprenez Les Neg Marrons et Arsenik) qui rejoint le groupe afin d’interpréter un titre inédit et disponible sur leur future compilation et intitulé Combien on est ? Le titre est moyen mais l’énergie déployée et le plaisir de les voir tous sur scène font le reste. S’en suivra deux moment d’anthologie puisque les Neg Marrons puis les Arsenik interpréteront chacun deux morceaux. Lino en profitera même pour jouer son nouveau titre VLB qui s’avère être très efficace en live. A cet instant du concert, la scène est envahi par tous les proches du groupe et on peine à savoir comment tout cela va terminer. On notera d’ailleurs la présence en loge puis sur scène de Papillon (ex La Clinique) qui malheureusement ne prendra pas le micro. Le Secteur Ä réuni interprétera un second morceau intitulé Pas de limite puis le Ministère revenu à deux aux mics mais toujours aussi entouré conclura la soirée avec le légendaire Sacrifice de poulet.
Que faut il en retenir ?
- Premièrement que Passi et Stomy ont toujours la forme sur scène et qu’ils n’ont jamais été ridicules où à la traine. Cela peut paraître anodin mais ce n’est malheureusement pas le cas de tous les old timers. A noter que Bugzy sur l’excellent Je flirt avec le meurtre fut particulièrement bon.
- Deuxièmement que la présence du live band était une excellente idée ayant permis de rajouter encore un peu de plus folie à cette setlist.
- Troisièmement que Lino demeure un des rappeurs le plus apprécié et le plus respecté de sa génération. La clameur qui accompagna son premier couplet ce soir là le confirme.
- Quatrièmement que le Secteur fait partie à jamais des collectifs majeurs du rap français. La folie qui envahissait l’Olympia lors du medley l’a prouvé.
Finalement, le seul point négatif de cette soirée concerne l’absence de certains. En effet ni Kenzy ni Gynéco et pas plus Hamed Daye que Moda ne furent présents ce soir là. On aurait tant aimé que cette réunion soit complète mais j’imagine que réunir tout ce beau monde après tant d’années et de multiples embrouilles ne doit pas être chose simple. Pour autant, c’était un très bon concert même si parfois (surtout sur la fin) il virait à la séance de nostalgie un tant un peu niaise.
Setlist
- Intro
- Cours plus vite que les balles
- GAV
- Nègres de la pègre
- Un été à la cité
- Traitres
- J’ai fait un rêve
- Brigitte 2 puis Brigitte 1 featuring Karl The Voice
- Pas venu en touriste featuring Youssoupha
- Medley feat Saxo
- Le savoir
- Je flirt avec le meurtre
- Chap 2 Article 20
- Les flammes du mal
- Mon papa à moi est un gangster feat Bilal
- Partie secteur Ä :
- Combien on est ?
- Tout le monde debout par les Neg Marrons
- La monnaie par les neg marrons ( extrait a cappella)
- Le bilan par les Neg Marrons
- On fait les choses par Neg Marrons et Pit Baccardi
- Sexe, pouvoirs et biftons par Ärsenik
- Je boxe avec les mots par Ärsenik
- VLB par Lino
- Pas de Limite
- Fin de la partie secteur Ä
- Sacrifice de poulet