Pour son neuvième album, Rick Ross n’a pas fait les choses à moitié. Si le disque ne contient pas de surprises impressionnantes, le bawse livre quand même un opus compact, dense et particulièrement bien produit.
Trap and soul
La première chose que l’on peut dire sur Rather You Than Me, c’est que c’est un disque qui ne contient pas forcément de singles aussi évidents que ceux que l’on pouvait trouver sur ses précédents opus. L’album est particulièrement homogène, quasiment partagé par moitié entre gros street bangers à basse de trap qui frappe (« Trap Trap Trap », « She On My Dick », « Lamborghini Doors »…) que de sons soulful soyeux (« Apple on my Eye », « I Think She Like Me », etc.), classiques chez Ricky Rozay, mais tellement bien fait, à se demander si le rappeur de Miami n’est pas celui qui maîtrise le mieux ce style à l’heure actuelle.
En tout cas, il est certainement un des meilleurs sur ce type de beats et le son conjugué à sa voix si reconnaissable se développe harmonieusement dans nos oreilles. Musicalement c’est sûr, Rick Ross ne prend pas vraiment de gros risques, restant dans une espèce de zone de confort qu’on lui connaît. La différence, c’est qu’il le fait tellement bien que c’est mieux que chez les autres. Que l’on aime ou que l’on n’aime pas, Rick Ross reste le boss et il est au sommet de son art, ce disque en est une nouvelle preuve.
Nouveauté lyricale
Le changement est certainement à chercher du côté des lyrics. Pas forcément reconnu pour la puissance de son écriture, Rick Ross a progressé, ce qui est assez exceptionnel quand on signe son neuvième album et qu’on a plus de dix ans de rap game dans les pattes. A ce stade de sa carrière, on aurait pu penser qu’il allait tranquillement se reposer sur ses lauriers. Finalement, c’est là que le Bawse étonne car ses lyrics sont plus pointus, plus lourds, mieux écrits que ceux de ses récents morceaux. Et ça, c’est quand même une performance notable. Peut-être que cette fois, il n’a pas peur de dire ce qu’il pense clairement, comme lorsqu’il s’en prend directement à Birdman ou Nicki Minaj. L’un est accusé de brimer Lil Wayne tandis que l’autre n’aurait jamais dû s’en prendre à son poulain, Meek Mill (« Idols Become Rivals »).
Mais le plus impressionnant est aussi la façon dont il le fait et comment il démonte un à un ou presque les artifices, la façade du rap game, des voitures aux femmes en passant par le bling bling alors que lui-même en largement usé et le fait toujours. Il convoque aussi le nationaliste noir Mutulu Shakur sur « Santorini Greece » pour asseoir sa position de black qui a réussi, revenant en partie sur une enfance difficile et le sentiment bien-être qu’il ressent aujourd’hui grâce à la position qui est la sienne, même s’il n’occulte pas le travail que cela lui a demandé pour en arriver là. Rien n’a été simple pour Rick Ross et il tient à le souligner. Ça aussi c’est nouveau, Ricky qui parle de lui, qui se découvre une conscience sociale. Sa force ? Réussir à concilier ça avec des morceaux bien gangsta qui reprennent des thèmes plus « classiques » : l’argent, les femmes, le hood ou la vente de drogue. On ne se refait pas totalement non plus…
La conclusion pour le Boss
Comme on n’est jamais aussi bien servi que par soi-même, Rick Ross a introduit lui-même son album via une lettre ouverte, quelques jours avant sa sortie. Pour lui, « cet album est plus qu’un simple nouveau projet. C’est le produit de la force, de la persévérance et de la détermination. Rather You Than Me est un témoignage. Mon témoignage et si vous êtes un vrai, vous pouvez vous y raccrocher. Ecoutez le message qui raconte une vraie histoire, ressentez la douleur et la lutte dans ces lyrics, mais plus important, comprenez qu’il y a une vie plus grande derrière les cauchemars ». On n’aurait pas dit mieux…